Il y a dix ans, j'ai passé deux mois à travailler dans la banlieue de New-York. A mon retour en France, j'avais ramené comme il se doit un chagrin d'amour, et un CD d'un groupe inconnu dans l'hexagone.
Comme de juste, le chagrin s'en est allé plus vite que je ne l'aurais cru, par contre le petit CD que m'avait offert en souvenir un ami a pris une importance certaine dans ma vie. Les années passant, je suis tombé profondément amoureux de la musique de ce groupe dont vous n'avez certainement jamais entendu parler:
Dave Matthews Band.
Pour moi c'est le mélange parfait: un violoniste, un saxo et un batteur Jazz. Un bassiste et un guitariste/chanteur pop/rock. Un sens de la mélodie simple et catchy, un feeling live, des musiciens d'exception dont la qualité technique n'est éclipsée que par le plaisir évident qu'ils ont à jouer ensemble.
Vous avez surement tous un groupe ou un morceau, ou une œuvre musicale qui vous transcende.
Pour la ménagère française, c'est Johnny. Pour moi, c'est ce groupe. Je ne vais pas m'étendre là dessus: soit vous aimez la musique et vous comprenez ce que je veux dire, soit non et alors je vous demande de l'admettre: cette musique est extrêmement importante pour moi.
Je n'avais jamais eu l'occasion de les voir en concert en France: malgré leur notoriété considérable aux U.S, ils sont quasiment inconnu dans notre pays, ce qui ne m'étonne pas d'ailleurs quand je vois la pauvreté du paysage musical Français. Ils ont du passer une ou deux fois en France ces dix dernières années, la plus récente étant cet été à l'Olympia.
Pas de chance, vous allez me dire. Pour une fois qu'ils viennent en France, je suis à l'autre bout du monde. Oui... Sauf que le Tao est bien fait. Dave Matthews habite à Seattle (à une vingtaine de minutes à pied de chez moi d'ailleurs), et la ville est donc une étape importante de chaque tournée du groupe.
Et part un hasard heureux, le groupe jouait justement dans
l'amphithéâtre mythique de The Gorge le 4 Septembre 2009, le lendemain du jour de mes 30 ans. On peut difficilement rêver mieux!
(photo prise ici)
The Gorge, c'est la scène la plus incroyable qu'il m'ait été donné de voir. Honnêtement, seules des photos peuvent lui rendre justice. Je ne peux que vous recommander d'aller voir plus d'informations sur Wikipédia. Pour vous donner une idée rapidement, c'est un amphithéâtre naturel qui donne sur la rivière Columbia et la chaine de montagne des Cascades. Imaginez un amphithéâtre romain entièrement naturel, d'une capacité de 25000 personnes (contre 15000 pour Bercy et 7000 pour le Zénith), ciselé dans la falaise d'un canyon.
The Gorge, c'est ça. Honnêtement, rien que pour voir ce lieu, cela valait le coup de se déplacer.
Et le concert, me direz-vous?
Ah, c'est compliqué. Comme toutes les formations de Jazz, DMB est avant tout un groupe de scène, et leurs disques sont d'ailleurs souvent inférieurs aux prestations live, vu qu'il est difficile de capturer l'improvisation permanente qui est au centre de leur musique.
Pourtant, deux choses ont impactés la prestation du groupe de façon importante. Le chanteur, Dave, se remettait tout juste d'une laryngite (le concert du premier Septembre a été annulé) , et on sentait clairement qu'il n'était pas au mieux de sa forme.
La deuxième chose c'est que le groupe a perdu LeRoi Moore, son saxophoniste, l'année dernière lors d'un accident. Jeff Coffin, un saxophoniste prodigieux et d'ailleurs probablement meilleur que LeRoi assure la relève... mais dans le contexte particulier de la musique de DMB, on sent que ce n'est pas LeRoi. Coffin a beau être exceptionnel, il lui manque le vécu de LeRoi avec la musique du groupe, et il manque forcément quelque chose.
Malgré ces nuances, ce concert était exceptionnel, avec des moments complètements hallucinants, comme un solo de Boyd Tinsley (Dancing Nancies) qui démarre exactement comme sur le CD et qui se modifie petit à petit pour transformer la chanson en une autre complètement différente, ou le solo de Jeff Coffin ou l'on se rend compte au bout d'un certain temps qu'il joue avec DEUX saxos à la fois ou encore cette chanson en hommage à LeRoi Moore jouée avec une énergie et une « présence » incroyable...
J'ai tellement à dire sur ce concert et cette journée que je continuerais demain... Parce qu'il faut aussi que je vous raconte l'organisation d'un concert à l'américaine. C'est quelque chose!
A demain donc, et comme d'habitude, nous allons mettre en ligne sur facebook (dans la journée) des photos du concerts. Je vous conseille d'y jeter un œil, cela vaut vraiment le détour.
Vous pouvez aussi retrouver sur Youtube
quelques extraits du concert.