Avant le départ, une de composantes majeure de l'expérience d'expatriation c'est la peur.
Cette peur, c'est avant tout une peur du changement qui peut-être décomposée en plusieurs variétés. J'en retiendrais deux: la peur de l'inconnu et la peur de l'insécurité, qui sont subtilement différentes.
La peur de l'inconnu est à priori plutôt saine, c'est l'instinct de conservation de base. Paradoxalement, c'est à la fois celle qui est ponctuellement la plus intense est la plus facile à combattre. Je m'explique.
Avant le départ nous étions accroc à Grey's Anatomy. La série se passant à Seattle, on regardait des épisodes en essayant de voir des bouts de la ville, ce qui est d'ailleurs assez compliqué vu que la série se passe essentiellement en intérieur (et donc dans des studios à LA). Un soir donc, nous avons regardé l'épisode de trop, un épisode avec un long plan de Downtown Seattle de nuit, avec le trafic en accéléré.
Ce plan en particulier nous a littéralement tétanisé de trouille. Cela nous a mis face à l'ampleur de ce que l'on s'apprenait à entreprendre, à l'étendue du décalage culturel et géographique qu'impliquait toute l'entreprise. On s'est regardé en, faute d'une meilleure expression, faisant dans notre culotte.
On n'est pas resté longtemps dans cet état: l'un de nous à dit un truc du genre « Au moins, on verra ptet des orques dans la baie du Puget Sound, c'est de la balle! », l'autre à dit « waip » en se réservant une vodka et ce moment de panique est vite passé.
Petite note au passage, quand on est parisien, être terrorisé par Downtown Seattle, c'est un peu crétin, parce que c'est pas une si grande ville que ça. Encore, si vous venez de Noirmoutier les Charrues en Limougeaud, peut-être que ça peut vous impressionner, mais si vous avez habité en ville, normalement c'est bon. Salut, Fred, Chris, no offense :).
Cette peur là est plutôt saine et pour la combattre, il suffit de s'armer en prenant les précautions idoines et en prévoyant les issues de secours qui s'imposent.
La deuxième peur qui va vous tenailler est beaucoup plus insidieuse parce qu'elle se dissimule en d'autres peurs beaucoup plus raisonnables et elle est du coup beaucoup plus dur à comprendre et à combattre. Elle est aussi moins intense, moins ponctuelle, plus diffuse. Je ne sais pas trop comment l'appeler alors dans l'introduction je l'ai nommé peur de l'insécurité, mais c'est plus une peur de perte de confort pour nous occidentaux.
Dans mon cas, cela signifiait quitter un boulot stable, un appartement que je venais d'acheter et de repeindre entièrement, des meubles design que j'ai amoureusement accumulé pendant quelques années, des babioles diverses et variées. Bref en gros tirer un trait sur le confort matériel que m'ont apporté sept années de travail et revenir à un mode de vie proche de celui que j'avais quand j'étais étudiant où en simplifiant ce que je possède tient dans une valise et où je dors ou je peux, quand je peux.
Le problème dans notre monde moderne, c'est qu'il est facile de confondre ce que l'on est avec ce que l'on possède et ce dont on a besoin avec ce dont on (nous as donné) envie.
Dans les commentaires au post de Celia sur ce qu'elle a appris pendant ces six mois à Seattle, quelqu'un dit (je paraphrase) « Je vivrais bien une vie plus simple, mais c'est difficile à Paris ».
Oui... Mais. Ce qui est difficile c'est de se débarrasser de ses habitudes et des couches de besoins illusoires dont on est enduit, pas de le faire « à Paris ».
Et pour moi cette phrase est révélatrice d'une peur sous jacente de lâcher prise, de laisser aller des attaches matérielles. Finalement, c'est un peu une peur de la dissolution qui s'exprime.
Cette peur sous toute ses formes, a véritablement été la plus dur à vivre en préparant notre départ, en tout cas pour moi. Cela va peut-être vous sembler étrange, voir insultant, mais le plus difficile à été de ranger mon appartement au fond d'une cave et de partir avec mon baluchon, pas de dire au revoir aux copains. Vous commencez surement à comprendre pourquoi je n'aime pas cette peur. Contrairement à l'autre elle est nuisible, nocive, et pas facile à gérer.
Et comme Celia, j'ai assez vite compris que j'avais besoin de peu de choses pour être heureux: m'endormir avec elle, garder un contact avec ma famille et mes amis, et avoir une stimulation intellectuelle. Et basta.
Cette peur, c'est avant tout une peur du changement qui peut-être décomposée en plusieurs variétés. J'en retiendrais deux: la peur de l'inconnu et la peur de l'insécurité, qui sont subtilement différentes.
La peur de l'inconnu est à priori plutôt saine, c'est l'instinct de conservation de base. Paradoxalement, c'est à la fois celle qui est ponctuellement la plus intense est la plus facile à combattre. Je m'explique.
Avant le départ nous étions accroc à Grey's Anatomy. La série se passant à Seattle, on regardait des épisodes en essayant de voir des bouts de la ville, ce qui est d'ailleurs assez compliqué vu que la série se passe essentiellement en intérieur (et donc dans des studios à LA). Un soir donc, nous avons regardé l'épisode de trop, un épisode avec un long plan de Downtown Seattle de nuit, avec le trafic en accéléré.
Ce plan en particulier nous a littéralement tétanisé de trouille. Cela nous a mis face à l'ampleur de ce que l'on s'apprenait à entreprendre, à l'étendue du décalage culturel et géographique qu'impliquait toute l'entreprise. On s'est regardé en, faute d'une meilleure expression, faisant dans notre culotte.
On n'est pas resté longtemps dans cet état: l'un de nous à dit un truc du genre « Au moins, on verra ptet des orques dans la baie du Puget Sound, c'est de la balle! », l'autre à dit « waip » en se réservant une vodka et ce moment de panique est vite passé.
Petite note au passage, quand on est parisien, être terrorisé par Downtown Seattle, c'est un peu crétin, parce que c'est pas une si grande ville que ça. Encore, si vous venez de Noirmoutier les Charrues en Limougeaud, peut-être que ça peut vous impressionner, mais si vous avez habité en ville, normalement c'est bon. Salut, Fred, Chris, no offense :).
Cette peur là est plutôt saine et pour la combattre, il suffit de s'armer en prenant les précautions idoines et en prévoyant les issues de secours qui s'imposent.
La deuxième peur qui va vous tenailler est beaucoup plus insidieuse parce qu'elle se dissimule en d'autres peurs beaucoup plus raisonnables et elle est du coup beaucoup plus dur à comprendre et à combattre. Elle est aussi moins intense, moins ponctuelle, plus diffuse. Je ne sais pas trop comment l'appeler alors dans l'introduction je l'ai nommé peur de l'insécurité, mais c'est plus une peur de perte de confort pour nous occidentaux.
Dans mon cas, cela signifiait quitter un boulot stable, un appartement que je venais d'acheter et de repeindre entièrement, des meubles design que j'ai amoureusement accumulé pendant quelques années, des babioles diverses et variées. Bref en gros tirer un trait sur le confort matériel que m'ont apporté sept années de travail et revenir à un mode de vie proche de celui que j'avais quand j'étais étudiant où en simplifiant ce que je possède tient dans une valise et où je dors ou je peux, quand je peux.
Le problème dans notre monde moderne, c'est qu'il est facile de confondre ce que l'on est avec ce que l'on possède et ce dont on a besoin avec ce dont on (nous as donné) envie.
Dans les commentaires au post de Celia sur ce qu'elle a appris pendant ces six mois à Seattle, quelqu'un dit (je paraphrase) « Je vivrais bien une vie plus simple, mais c'est difficile à Paris ».
Oui... Mais. Ce qui est difficile c'est de se débarrasser de ses habitudes et des couches de besoins illusoires dont on est enduit, pas de le faire « à Paris ».
Et pour moi cette phrase est révélatrice d'une peur sous jacente de lâcher prise, de laisser aller des attaches matérielles. Finalement, c'est un peu une peur de la dissolution qui s'exprime.
Cette peur sous toute ses formes, a véritablement été la plus dur à vivre en préparant notre départ, en tout cas pour moi. Cela va peut-être vous sembler étrange, voir insultant, mais le plus difficile à été de ranger mon appartement au fond d'une cave et de partir avec mon baluchon, pas de dire au revoir aux copains. Vous commencez surement à comprendre pourquoi je n'aime pas cette peur. Contrairement à l'autre elle est nuisible, nocive, et pas facile à gérer.
Et comme Celia, j'ai assez vite compris que j'avais besoin de peu de choses pour être heureux: m'endormir avec elle, garder un contact avec ma famille et mes amis, et avoir une stimulation intellectuelle. Et basta.