Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

vendredi 26 avril 2013

Crottes de chiens, clopes et harcèlement de rue I

Bon, comme pour un retour de vacances, on va reprendre doucement: plutôt que de vous faire un gros post avec une magnifique réflexion sur la vie d'expatrié, le mal du pays et l'étrange dédoublement de personnalité induit par le retour au pays, je vais vous parler de sujets très pragmatiques: les crottes de chien, la cigarette, et puis un truc un peu moins rigolo: le harcèlement de rue.

Vous connaissez surement l'histoire de la grenouille dans une casserole d'eau: si on augmente progressivement la température, elle s'habitue et se laisse cuire toute vive, alors que si la température augmente d'un coup elle saute hors de la marmite. Nous fonctionnons un peu de la même façon, et nous avons beaucoup de mal à percevoir des petits changements cumulatifs alors que nous percevons très bien des grosses différences. J'en profite d'ailleurs pour vous recommander "Persepolis" de Marjane Satrapi, qui montre très bien cette érosion progressive et imperceptible des libertés en Iran, où le peuple a accepté des lois liberticides les unes après les autres car les changements étaient minimes, jusqu'au jour où ils se sont retrouvés tout cuits dans une dictature.



Quand on rentre dans son pays après une longue absence c'est un peu la même chose. Ce qui a changé nous pète à la figure, et les différence avec notre pays de résidence nous sautent aux yeux.

L'un des trucs qui m'a le plus choqué, c'est les crottes de chien. Amis parisiens, je vous voie venir, mais vous n'êtes pas les pires... C'est dans le sud de la France que j'ai été le plus choqué, probablement parce que dans une petite ville rurale il y a plus de chiens par habitant qu'à Paris. Mais alors je vous garanti que j'ai vraiment été écœuré par le nombre de merdes sur les trottoirs, c'est vraiment immonde de chez immonde, et pour un pays dont le tourisme est une des ressources les plus importantes et qui se félicite de son sens de l'élégance, du style et du savoir-vivre, c'est vraiment répugnant et affligeant. Vraiment.

Vous savez, on a cette image de l'américain de base, obèse, son coca à la main, le bide qui dépasse du t-shirt, les doigts gras parce qu'il vient de manger des frites à la mayo et on se félicite d'être bien au dessus de ça. Mais punaise, il suffit de regarder nos trottoirs pour se dire qu'on est vraiment des gros dégoutants! En deux ans à Seattle, je ne me rappelle pas une fois où j'ai vu une crotte sur un trottoir. Les gens ramassent derrière eux, et si votre chien chie sur la chaussée et que vous ne ramassez pas, je suis presque certain qu'un passant va vous rappeler à l'ordre. Et si un flic passe par là, vous prendrez une prune, systématiquement. Il y a une espèce de tolérance 0, dans l'inconscient populaire, c'est impensable de faire cela.

Pour rester dans les images.... imagées, cela ne sert à rien d'être bien habillé, propre sur soi, si l'on n'a pas changé de slip depuis 15 jours. Et c'est comme ça que je vois la France: nous avons ces magnifiques villes chargées d'histoire, qui sont des joyaux que le monde nous envie, aux trottoirs couverts de merde. C'est triste. Et vous ne me croirez peut-être pas, mais je pense qu'il est plus gratifiant, au jour le jour de vivre dans un endroit propre. Il y a une espèce d'exigence envers soi même, qui dépasse le simple fait de se maquiller pour être beau/belle, d'être bien tenu même si cela ne se voit pas qui impacte à mon avis fortement la manière dont on se perçoit, l'estime que l'on a pour soi-même, et je pense que c'est valable au niveau de l'individu comme au niveau de la nation.

Je ne voulais d'ailleurs pas parler de maladie, mais c'est un peu pareil pour un malade: même quand on est coincé chez soi ou à l'hosto, il y a quelque chose de très puissant dans le fait de ne pas se laisser couler, d'être toujours propre, bien habillé (c'est à dire proprement, je ne parle pas d'avoir les derniers vêtements à la mode), bien soigné. C'est une manière de rester digne, fier, la tête haute. On peut d'ailleurs souvent reconnaitre les gens dépressifs au fait qu'ils se négligent, et je pense qu'au niveau d'une nation, cela doit fonctionner un peu pareil. On sent que l'on est dans un espèce de marasme quand on perd cette espèce d'exigence envers nous-mêmes, en temps que société, de faire quelque chose d'aussi simple que de maintenir nos rues propres. Honnêtement, j'aimerais que les flics alignent systématique les gens qui ne ramassent pas derrière leur clébard. Peut-être que cela aurait des conséquences inattendues sur ce dont on se plaint beaucoup en ce moment, comme les incivilités, en devennant plus exigeant envers nous même et en nous inculquant que non, ce n'est pas un comportement normal et tolérable. Si vous voulez, comment peut-on enseigner à des jeunes que c'est mal d'insulter son prochain à tout bout de champs quand soi même on laisse son chien chier partout? Il faut être un peu cohérent.

(à suivre).



mardi 23 avril 2013

Bien rentré

Et voilà, après un peu plus de 3 semaines d'absence, nous sommes bien rentrés dans nos pénates.

Honnêtement, j'ai un peu mal au cheveux là, je trouve que le décalage horaire est bien plus violent à gérer dans ce sens que dans l'autre. Il va probablement me falloir quelques jours pour récupérer d'une part et digérer toute l'expérience d'autre part.

J'ai une impression étrange de dislocation, je venais à peine de me réhabituer à la France qu'on est reparti, c'est une sensation très bizarre, difficile à décrire, Seattle, France, Seattle, à force d'osciller entre l'un et l'autre, je ne sais plus bien où je suis. La fatigue n'aide pas, du coup petit coup de blues, j'avoue.

En même temps il fait un temps magnifique et Seattle est resplendissante, cela remonte le moral et cela aide de se rappeler pourquoi on aime vivre ici. Est-ce que cela vaut les sacrifices que l'on consent pour cela? Là, tout de suite, j'ai envie de dire, pas sur... Mais dans quelques jours quand j'aurais à nouveau la pêche, je vous dirais le contraire!

En tout cas, je suis assez content de retrouver mon chez moi, c'est quand même plus facile à vivre quand j'ai toute la structure "sanitaire" qui me permet d'évoluer sans stresser en permanence de me chopper une saloperie. On s'est plutôt bien débrouillé pour répliquer cette structure en voyage et tout c'est vraiment bien passé mais cela commençait à devenir fatiguant.

Bon, voilà, je suis fatigué, je radote et tout. Il faudra attendre quelque jours pour que je vous sorte quelque chose de plus cohérent et surtout de moins teinté par les émotions forcément fortes qu'occasionnent ce genre de voyage.

mercredi 3 avril 2013

Vacances

J'ai un peu oublié de vous dire parce que c'était un gros truc à préparer: Je suis en France depuis le 29 mars jusqu'au 20 avril.

C'était vraiment une grosse étape à franchir, dont la préparation logistique comme mentale a bien occupé la majeure partie de Mars. Je vous en dirais plus dans un post sur le sujet, vous savez comme je suis bavard et c'est intéressant d'analyser un peu quelles étaient mes craintes, fondées et infondées. Je vous rassure, j'ai eu l'aval du médecin avant d'entreprendre ce voyage, en gros elle m'a dit: "Dans l'absolu, je préférerais que vous ne voyagiez pas, mais comme vous allez peut-être rester sous immunosupressants quelques années...". Et donc comme il y avait un anniversaire très important à fêter et que cette année je suis vacciné (contrairement à l'année dernière où j'ai raté le mariage de mon frère, et d'ailleurs avec le recul et comment j'en chie ce matin au réveil, c'était justifié), j'ai pris le risque.

Un passage en France, quand on est loin de sa patrie pendant plus de deux ans, c'est forcément riche en émotions, mais là, ça a vraiment un gout particulier. Je suis en train de vous écrire de la maison d'où j'ai grandi, dans la cuisine, et honnêtement ça fait un peu bizarre sachant que je m'étais préparé à ne jamais revenir ici.

Bon bref, toute l'auto analyse, je vous réserve ça pour un jour ou je serais moins décalqué, je voulais faire un petit post pour dire que voilà, si j'ai disparu de la circulation, c'est juste que je suis en vacances pour la première fois depuis 2 ans et que j'en profite donc. Mais ce n'est pas de cela dont je voulais vous parler à la base, en fait je voulais juste vous raconter deux petites anecdotes marrantes qui se sont passées à l'aéroport Charles de Gaulle à l'atterrissage.

Première constatation, c'est très perturbant de se retrouver entouré de gens qui parlent français. Normalement, la seule personne avec qui je parle français c'est Celia, et avec n'importe qui d'autre, le mode de communication c'est bien sur l'anglais. D'ailleurs à ce sujet, mon grand-père me demande toujours "Alors, l'anglais, comment ça va, tu comprend bien?", et j'ai du mal à lui faire comprendre que je parle bien sûr complètement couramment. En fait la meilleur manière que j'ai trouvé, et un truc dont je suis assez fier il faut bien l'avouer, c'est que quand j'étais malade, même sous sédation consciente, je parlais naturellement, sans réfléchir, avec l'infirmier qui était à mes cotés pendant la pose du Hickman. C'était un truc qui m'inquiétait d'ailleurs: est-ce que je serais capable de m'exprimer, si j'ai 40 de fièvre et 400 mcg de fentanyl dans les mirettes? Et bien la réponse est oui, c'est c'est quand même plutôt la classe. Prochain entretien d'embauche que je passe où l'on me demande de préciser mon niveau d'anglais, je raconterais ça tient, ça calmera tout le monde. Bref, tout ça pour dire que j'ai eu vraiment du mal à repasser en français en allant commander un café lors du transfert, et qu'il m'a fallu plusieurs heures pour que cela arrête de me faire bizarre que tout le monde parle français autour de moi.

Ensuite, gros moment de solitude au moment de payer mon café. Le serveur me demande d'insérer ma carte bancaire dans le boitier. Alors il faut savoir que j'ai toujours un compte en France et que je m'en sert quand je suis ici, pour éviter de payer des frais à chaque transaction. Donc, je fais glisser ma carte dans la fente du boitier. L'écran digital indique "Lecture de la puce en cours". Un peu décalqué je me dis, punaise, c'est classe maintenant les cartes, elle ne touche même pas la machine, ça doit lire la puce à distance par RFID, c'est beau la technologie.... Et la le vendeur me rappelle à la réalité: "Monsieur, il faut insérer la carte dans la fente en bas de l'appareil!".

Et oui, la machine (mais comment on appelle ça, ces trucs d'ailleurs) était manifestement à la fois prévue pour le marché US (pas de carte à puce) et français, avec une fente ou l'on "swipe" sa carte, et une fente où on l'insère pour lire la puce. Par réflexe  j'ai donc fait à la façon américaine, pire, je suis resté con, sans comprendre même en voyant que rien ne se passait. Alors, bon, ok, il y a la fatigue qui joue, j'avais quand même dix heures de voyage dans les bottes, mais bon cela m'a fait bizarre de me dire, punaise, ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venu ici que je suis comme un touriste à galérer avec des trucs ultra simples... Je me suis senti bien con sur le moment!

Voilà la suite des aventures plus tard. Aujourd'hui je vais faire du shopping dans Rouen. On va voir si j'arrive à me débrouiller tout seul sans guide touristique :D.

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