Avec les nouvelles mesures de sécurité, cela veut dire qu'il faut arriver vers 7h du matin à l'aéroport, et donc partir vers 6h30 du centre de Paris. La leçon de l'arrivée est apprise, on ne va pas se faire suer à prendre le RER; ce coup-ci on prend le taxi.
Je vous recarde le contexte.
Nous avons réveillonné le soir précédent chez des amis, fini la soirée vers 3h du mat', nous nous sommes couchés vers 4h du matin et avons dormi environ 2h. Enfin pour ma part, je n'ai pas dormi du tout, je suis excité comme une puce. Bref, quand le taxi arrive, nous sommes tout sauf frais.
Nous ne sommes pas les seuls, apparemment: il y a énormément de monde dans les rues, des gens hélant des taxis pour rentrer chez eux, des jeunes, des moins jeunes, des gens crevés, des gens bourrés, des gens qui comme nous vont à l'aéroport... Je n'ai jamais vu autant de taxis dans Paris et la compétition est rude: les gars se tirent la bourre pour décrocher les courses.
Notre taxi remonte le boulevard de Sébastopol et s'arrête à un feu. Autour de nous, il y a au bas mot une dizaine de taxis.
Notre attention est attirée par un grand gaillard, un bon mètre 90, complètement bourré. Le gars est en plein milieu du boulevard, planté devant un taxi, en train de hurler des imprécations plus ou moins cohérentes comme quoi les taxis ne s'arrêtent jamais pour le prendre, c'est un scandale, mais qu'est ce qu'il faut faire pour qu'un taxi s'arrête, c'est dingue, bande d'enculés.
Je comprend un peu son énervement, c'est vrai que les taxis parisiens ont la tendance désagréable de filtrer leurs clients de façon un peu arbitraire. Ce qui n'empêche que je suis à peu près certain que se planter devant un taxi en l'insultant avec un gramme dans chaque bras n'est pas la meilleure manière de s'y prendre.
Le feu passe au vert mais le gars est encore au milieu de la route, en train de monter en pression. Aucun taxi ne démarre. Notre conducteur s'excuse platement et nous demande de patienter.
Tout à coup, le bonhomme donne un grand coup sur le capot du taxi en face de lui et fait mine d'aller ouvrir la portière. Pas besoin: le chauffeur sort en braillant, on le comprend un peu. Le gars bourré fait alors mine de l'attraper.
Très mauvaise idée.
Déjà, le conducteur pris à parti ne mange pas de ce pain là, lui colle une grosse tarte dans sa tronche et enchaine avec un bon coup de pied dans le tas. Mauvaise pioche.
Deuxièmement, tous les taxis aux alentours jaillissent comme un seul homme de leurs véhicules, encerclent le gars qui se débat, et commencent à lui pourrir la tronche.
Quelques secondes plus tard, le soulard est assis par terre, entouré par une dizaine de chauffeurs passablement énervés. Bon réflexe, plutôt que de régler cela sur place, le chauffeur pris à parti demande à l'assistance d'appeler les flics. Il se trouve qu'un passant est un flic en civil, manifestement légèrement agacé de devoir s'y coller alors qu'il rentre chez lui, qui prend en charge la situation de mauvaise grâce.
Notre chauffeur réintègre son véhicule, s'excuse à nouveau: "Entre taxis, on est solidaire, désolé pour le retard".
Pas de problème, moi je trouve ça plutôt respectable ce genre de solidarité, et même si le compteur à continué de tourner pendant toute l'altercation, j'ai du mal à lui en vouloir.
De toute façon, avec ma paranoïa habituelle, on a quand même une demi-heure d'avance sur l'horaire prévu. Comme quoi, ça sert! ;)