Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mercredi 29 février 2012

Candy Cane Lane

Encore un long silence... Et ce coup-ci c'est parce que j'ai été super occupé dernièrement. C'est long a expliquer et plutôt barbant, en très résumé j'ai beaucoup de tracasseries administratives à m'occuper en ce début d'année et n'étant pas familier de toutes les ruses du système américain, cela prend beaucoup de temps... Surtout quand on ne peut y passer que quelques heures par jour.

Bref, bref, bref. 29 février, ça serait quand même dommage de ne pas avoir un post à cette date non?

Je vous disais autre part que si je n'écrit pas grand chose en ce moment, ce n'est pas faute de matière. Par exemple, il faut que je vous raconte Candy Cane Lane. C'est plutôt une histoire de Noël, mais cela fera l'affaire pour un 29 Février.


Chaque année, les habitants d'une petite rue de notre quartier décorent leurs maisons avec des lumières de Noël, mais ils ne s'arrêtent pas comme vous et moi à une guirlande à la fenêtre: c'est la rue entière qui est complètement transformée en royaume du père Noël. On dirait les vitrines des grands magasins Haussmaniens, mais à l'échelle d'une rue: Candy Cane Lane.


Pendant deux semaines avant Noël, la rue devient une attraction locale. Ce qui est d'habitude une voie à double sens devient une rue à sens unique, avec un départ et une arrivée. Dès la nuit tombée, une file de voitures se forme pour admirer chaque maison, certaines voitures font d'ailleurs plusieurs fois le tour! Quand à nous, nous avons fait le tour à pied, Candy Cane Lane n'étant qu'à quelques minutes de notre appartement.


Candy Cane Lane est une tradition qui remonte aux années 50, qui résulte d'un concours de décorations de Noël. La rue avait gagné, et les habitants du quartier ont décidé de perpétuer la tradition. C'est devenu quelque chose de tellement important pour la communauté que quand une maison est mise en vente, les vendeurs font passer un entretien à l'acquéreur pour s'assurer qu'ils perpétueront la coutume, et les décorations sont vendues avec la maison! Cela forme une communauté très soudée dans cette petite rue: apparemment, il fait bon vivre à Candy Cane Lane même lorsque ce n'est pas Noël :).


En règle générale, j'ai toujours un peu (beaucoup) de mal avec ce genre d'initiative synonyme de dépense énergétique insensée, je trouve cela scandaleux. Pourtant, impossible de condamner Candy Cane Lane. C'est complètement magique, le monde a bien besoin de ce genre de fantaisie. Et puis, Seattle est entièrement alimenté par de l'hydroélectrique, c'est donc de l'énergie propre. Bref rien à dire, à part que j'aimerais avoir une maison dans cette rue!

(certaines photos - 2 et 3 - proviennent de www.blake-manning.com et de http://seattle.findwell.com/million-things-to-do-seattle/, please don't hesitate to contact me if that bothers you, I'll remove them)

jeudi 16 février 2012

Le musicien, l'infirmière et le positivisme

J'écoutais la BBC en revenant de ma prise de sang hebdomadaire (qui est clean, au passage), et, le hasard comme par hasard, je suis tombé sur une émission traitant de l'impact du positivisme dans le traitement du cancer.

 Forcément, je tends l'oreille et je hausse le son (j'ai failli écrire je hausse l'oreille, ça se dit ou pas?).

Le journaliste avait invité un patient ayant survécu à un cancer non spécifié, qui a changé de profession après sa maladie pour réaliser son rêve de faire de la musique. Et pas n'importe quelle musique: de la musique drôle et positive qu'il va jouer dans les hôpitaux pour essayer de redonner le moral aux patients. Bref un gars et une initiative plutôt sympa.

Était aussi invitée une infirmière spécialisée en oncologie, censée être la caution scientifique de l'émission.

Petit aparté, j'ai tendance à être rapidement énervé lorsque l'on pose une question du type "est-ce que le positivisme aide dans le traitement au cancer?". On m'a par exemple proposé de participer à une étude visant à démontrer que l'exercice et la relaxation sont bénéfiques post-transplantation. J'ai bien évidement signé, mais en faisant remarquer un peu vertement que ça paraissait être une évidence et que ça me gonflait prodigieusement qu'il faille le démontrer via une étude. Passons.

L'ancien malade raconte son expérience, chante une chanson rigolote, fais passer son message J'ai été complètement abasourdi quand l'infirmière a coupé court au débat avec peu ou prou la phrase suivante "J'ai plus de 25 ans d'expérience et je peux vous assurer que les gens positifs meurent autant que les gens dépressifs".

Sans. Déconner. Vraiment?

Premièrement il y a un faisceau d'évidence scientifique croissant tendant à prouver exactement le contraire, avec nombre d'études montrant par exemple que les individus participants à des groupes de support ont plus de chance de survie à cinq ans.

Deuxièmement, il connu que le stress est toxique pour le corps. Quand on fait face à un traitement d'une maladie comme le cancer, chaque arme compte, et supprimer le plus de toxicité possible ne peut à mon avis que faire du bien. Il me semble que cela relève du bon sens, et j'en reparlerai, d'ailleurs.

Troisièmement, affirmer un truc pareil devant dix millions d'auditeurs, c'est scandaleux. Abandon all hopes, humans, you are doomed. Super, le message.

Mais admettons une seconde que cette charmante infirmière ai raison. Que quel que soit notre état d'esprit, nos chances face à la maladie sont égales, et que donc peu importe que l'on soit positif ou négatif. Ce que l'infirmière ne comprend pas c'est que l'impact du positivisme sur les chances de survie, on s'en moque un peu en définitive.

Il est important, quelle que soit la maladie (et la Vie est une maladie, avec un pronostic fatal dans 100% des cas, si vous voyez où je veux en venir), d'être positif. Juste pour bien vivre. Juste pour être heureux. Punaise, si on a plus que cents jours à vivre, autant les vivre le sourire aux lèvres, non? et ce n'est pas parce que l'on en a 9000 à vivre qu'il faut les passer triste comme la pierre non plus!

Croyez moi ou pas, mais j'ai des bons souvenirs de mon traitement. Mettre des photos crétines sur la porte de ma chambre pour faire rire les infirmières, bricoler la TV pour pouvoir jouer avec mon ordinateur portable, regarder mon frangin jouer aux jeux de notre enfance sur cet ordinateur (j'étais trop fatigué pour jouer avec lui, mais ça me faisait plaisir de regarder), surprendre ma femme en flagrant délit de squattage dans la salle de repos des infirmières pour voir la fin de Bachelorette... Je me suis bien marré par moments!

Je ne vous dit pas que c'était facile, que je n'ai pas eu des moments de déprime (le plus récent date de la mi-Janvier et a duré deux bonnes semaines), mais bordel (et la vulgarité est volontaire, c'est comme de taper du poing sur la table mais par écrit) j'ai toujours essayé de garder le sourire, et j'essaierai toujours.

Finalement, je suis un peu triste pour cette infirmière. Elle a l'impression d'être une experte du cancer, une autorité en la matière, mais elle ne voit les choses que d'un point de vue technique... Et donc elle rate complètement une vérité très importante, tout en étant complètement convaincue d'être dans le vrai.

C'est d'autant plus triste que je comprend que l'on puisse en arriver là: c'est un métier fatiguant, de voir des gens mourir régulièrement et se construire une carapace faite de logique brute est surement un moyen de gérer cette pression. Pourtant, si elle positivait, justement, elle vivrait surement mieux...

Enfin bref. Rassurez vous tout le personnel soignant n'est pas comme cela, et même si elles ne liront probablement jamais ces lignes, je ne peux que remercier mes infirmières, qui ont toujours eu un sourire éclatant en ma présence. Et je vous reparlerai du "positivisme", car selon moi (et des gens bien plus intelligents et qualifiés que moi) c'est un facteur important de guérison, pour une multitude de raisons.

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