Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mardi 24 septembre 2013

L'Araucaria, le désespoir des singes

Il y a un truc que je trouve magique avec ce blog: je parle d'un truc qui m'obsède et dont j'ai l'impression que tout le monde se fout, mais je le fais quand même parce que moi ça me parle et c'est surtout ça l'important, et puis quelque jours plus tard, soit quelqu'un me contacte pour me donner une tonne d'informations sur le sujet en question, soit cela abouti à une super rencontre. Cela m'est par exemple arrivé avec les posts concernant le livre "Squaring the Circle", traduit par Ursula Le Guin, suite auxquels j'avais été contacté par Mariano Martin,le traducteur de la version espagnole, puis par l'auteur de l’œuvre originale, Gheorghe Săsărman.

Quand j'ai fais la petite vidéo sur l'arbre surnommé "Le désespoir des singes", je pensais que j'étais le seul à cogiter dur à chaque fois que je voyais cette arbre si particulier. Et bien non!

Souvenez-vous, dans la vidéo, je disais que je n'avais jamais vu cet arbre en France... Grosse erreur, que m'a fait remarquer mon père: il y avait un énorme Araucaria dans le parc de la mairie de la petite bourgade où vivaient mes grands-parents. C'est marrant, je suis surement passé des dizaines de fois devant sans le remarquer, sans jamais me faire la reflexion que cet arbre était vraiment particulier.

Nous nous faisions la reflexion récemment que mon regard sur le monde avait vraiment changé depuis que nous sommes expats. Comme nous sommes à l'étranger, et comme je suis toujours à l'affut de choses à raconter pour le blog, je suis beaucoup plus attentif à mon environnement qu'avant.  Mais en fait si l'on regarde bien, c'était une qualité qui avait commencé à se développer avant, grâce à ma pratique de la méditation, je pense. Moins de commentaire mental, plus d'attention tournée vers le monde. Et puis depuis le diagnostic de la leucémie, c'est une qualité qui s'est encore exacerbée. Je fonctionne beaucoup plus lentement que la plupart des gens, j'ai beaucoup moins de stress (enfin j'ai un stress complètement différent), du coup je prend le temps de regarder le monde vivre sous mes yeux. D'ailleurs parfois je suis stupéfait de voir à quel point la plupart des gens ne voient pas vraiment le monde qui les entoure, si je devait lister l'un des bénéfices de la maladie, cela en ferait partie: j'ai appris à regarder les gens et le monde. Et puis il n'y a pas que cela: non seulement je vois, mais je m'émerveille. Maintenant, lorsque je passe devant des arbres bizarres, comme les madronas ou les araucarias, cela me touche.

Bref, bon, que je sois passé devant un araucaria sans le voir pendant toute mon enfance, soit. Mais quelques jours après avoir publié la vidéo sur les araucarias, j'ai reçu un mail d'une lectrice expatriée au Chili (que je salue au passage, merci beaucoup!) qui m'a expliqué les choses suivantes.

En fait, l'Araucaria est un arbre natif du Chili. Il y en a tellement là-bas qu'une région s'appelle même l'Araucanie car il y a plus de 200.000 hectares d'Araucarias... Cet arbre est tellement symbolique du pays qu'on le trouve même sur les billets chiliens!


Je trouve ça génial. Moi, petit français, je m'esbaudis devant cet arbre "super méga rare" que je n'avais jamais vu de ma vie, alors qu'en fait il couvre des régions entières en Amérique du Sud.

Vue sur le volcan Llaima dans le parc Conguillio

Vous aurez peut-être remarqué que les arbres sur la photo envoyée par Delphine ont une apparence très différente de ceux que l'on trouve à Seattle (qui ressemblent plus à des sapins qu'a des pins). Une théorie de Delphine et de ses amis Chiliens, c'est qu'au Chili, il y en a tellement qu'ils doivent se battre pour le soleil, alors qu'ici à Seattle, en général ils sont solitaires et plus grands que tous les autres arbres.

Quelques précisions sur cet arbre: il a aussi donné son nom à un peuple: les Pehuenche (de la même branche que les Mapuche, peuple indigène présent au Chili et en Argentine qui tente de résister et défendre sa culture). Et donc les Pehuenche s'appellent comme cela parce que dans leur langue, le mapudungun, l'Araucaria se dit Pehuen. Et ce peuple récolte son fruit, le pignon, qui fait partie intégrante de leur alimentation. (On ne met pas de S au nom des peuples parce qu'en mapudungun, le mot "che" signifie peuple -mapu/che = peuple de la terre, pehuen/che= peuple du pignon).

Delphine m'a aussi envoyé des liens vers des vidéos sur la récolte traditionnelle des fruits d'Araucaria: ici, et . Plutôt cool, non?

3 commentaires:

  1. Ahh l’épicurisme !

    Quel bel arbre d’ailleurs, c’est en effet atypique vu depuis la France, mais toute une forêt de ces arbres doit être très belle…

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  2. bien sûr qu'il y en a en France, mais pas sauvages, dans les jardins..
    il y en a un qui fait mon admiration dans un jardin de la petite ville à côté de chez moi!
    bon dimanche

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