Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

samedi 2 avril 2011

Romance et jeux vidéos

Allez, aujourd'hui on va se changer les idées de mes sujets habituels.

J'ai lu il y a quelque jours un excellent post de Geneline (gestalt de deux expats vivant à San Francisco) sur la vie d'une famille homoparentale à SF, concluant que "nous sommes sur la bonne voie", que les droits des homosexuels (et le regard de notre société) avance, lentement certes, mais surement.

Cet article m'a spécialement frappé car je me faisais exactement la même réflexion en suivant l'actualité d'un domaine qui me tient à coeur et qui est pour moi un média très important: le jeu vidéo.

La société Bioware est spécialisé dans la production de jeux de rôles, un type de jeu vidéo où l'on contrôle un personnage qui doit accomplir des quêtes pour faire avancer l'histoire, en interagissant avec l’environnement et les personnages qui le peuple. Souvent, le héros doit recruter une équipe pour l'assister dans sa quête, et l'on peut évidement interagir avec ces compagnons de façon plus ou moins poussée.

La plupart des jeux récents de Bioware (et d'autres éditeurs, probablement) permettent notamment d'établir une romance entre le héros principal et certains de ses compagnons, épaississant ainsi les relations et les motivations des différents protagonistes.

Dans la série Mass Effect (2008) par exemple, le joueur peut choisir le sexe de son héros, ce qui influence les options de romance possible: si le héros est masculin, il peut s'impliquer romantiquement (se taper quoi) avec la belle Ashley Williams. S'il est de sexe féminin, il a un peu plus d'options: soit le très masculin Kaldan Alenko, soit la très féminine mais néanmoins très extra-terrestre Liara T'Soni.

Je suis d'accord avec vous: cela tient plus du fantasme d'adolescent que d'avancée dans la reconnaissance des droits des gays. Il n'empêche que c'est déjà un premier pas, et dans Mass Effect 2 (2009), ce sont non plus un mais trois personnages féminins qui peuvent établir une relation homosexuelle avec le héros. On reste toujours dans la relation homosexuelle femme-femme, qui tient probablement une place certaine dans les fantasmes d'un public de joueur essentiellement masculin, mais cela reste une avancée à mon sens.

"Dragon Age: Origins" (fin 2009) va plus loin: chaque sexe peut développer une romance avec trois compagnons différents; deux hétérosexuels et un homosexuel. Pour la première fois, à ma connaissance, un jeu vidéo de ce type permet à un joueur (comprendre avatar) "masculin" d'avoir une relation homosexuelle avec un personnage masculin. Je n'ai pas de souvenir de réactions particulières de la communauté du jeu, ces relations étant de toute façon largement optionnelles et à l'initiative du joueur, mais il me semble que c'est un pas important.

"Dragon Age 2" (mars 2011) va plus loin: chaque compagnon peut avoir une relation avec le héros, quel que soit son sexe. Tout les types de relations, h/f, h/h, f/f, sont donc représentées à égalité, une première à ma connaissance dans l'histoire du jeu vidéo.

Mais Dragon Age 2 va plus loin. Pour la première fois, en effet, l'une des romances n'est pas à l'initiative du joueur: c'est l'un des personnages qui initie une conversation avec le héros, lui signifiant un éventuel intérêt romantique. Suivant la configuration, on se retrouve donc potentiellement avec un compagnon masculin qui drague un avatar masculin... d'un joueur statistiquement masculin (et statistiquement hétéro).

Personnellement, j'applaudi des deux mains. Si vous êtes étranger au monde du jeu, dites-vous que Mass Effect 2 a été écoulé à deux millions d'exemplaires en une semaine. Imaginez l'audience et l'impact de ces jeux, et donc la portée de ce genre de prise de position de l'éditeur.

D'ailleurs, Dragon Age II a causé des réactions chez les joueurs et comme il fallait s'y attendre, certains se sont estimés agressés par cette sollicitation homosexuelle. A nouveau, on ne peut que saluer l'attitude de Bioware qui les a en gros envoyé se faire voir chez les grecs en leur signifiant que s'ils n'avaient pas envie d'avoir de relation homosexuelle avec ce personnage, il suffisait de sélectionner l'option de dialogue idoine pour ne plus être "importuné".

Bref, dans un autre domaine que celui du droit, les mentalités changent, lentement mais surement, et je trouve ça plutôt pas mal.

9 commentaires:

  1. Dans final fantasy 7 (Square - 1997) il était possible d'orienter Cloud -Le héro- vers l'un où l'autre des personnages (http://www.finaland.com/?rub=ff7&page=personnages) Comme vous pouver le voir, l'un des membres de l'équipe est un gros costaud qui répond au nom de Barret (1m97 - black - avec un fusil à la place du bras droit ). Ce personnage n'est, à la base, pas du tout gay et a même une femme et une enfant. Ceci étant, le système de jeu permet de faire faillir son hétérosexualité (http://ff7.fr/rendez_vous.php).
    Même si cela n'avait pas de réelle influence sur le jeu, mais il fallait faire attention à chaque question et à chaque choix de destination... bref un vrai combat!

    Pour un jeu qui a 14 ans et qui a fait plus de 9,8 millions de ventes (playstation + PC) le clin d'oeil n'est forcément pas passé inaperçu.

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  2. Hello Antoine,

    Honte sur moi, je n'ai jamais joué a FF7, pourtant surement l'un des meilleur JDR jamais produit!

    J'ai lu l'article, la romance est quand même super light, il y a peu d'interaction vraiment homosexuelle. C'est un premier pas en tout cas, c'est sur!

    Merci pour cette précision en tout cas!

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  3. Sinon dans les Sims, on peut être hétéro, bi ou gay depuis toujours ;)

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  4. Tiens, je n'avais pas pensé aux Sims! C'est bien vu.
    Une remarque tout de même, dans les sims, toutes les interactions sont initiées (si je ne m'abuse) par le joueur. Il est donc possible pour un joueur hétéro de ne jamais se poser de question et de ne jamais être confronté à l'homosexualité.

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  5. Je ne connais rien aux jeux video, et donc cet aspect encore moins. Merci de l'info!... et sur le lien sur le témoignage de mon article.

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  6. Oui vous avez raison. Cela tient au côté "simulateur de vie"... vous ne nouez que le type de relations que vous souhaitez nouer :) En revanche, de mémoire, il me semble les Sims gay n'ont pas la possibilité de se marier...

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  7. Mon commentaire est incomplet : dans les Sims 3, la ville est ouverte et les personnages (vos voisins) vivent leur propre vie sous vos yeux, sans action du joueur. Cela dit si j'ai vu des couples fricoter sur la place publique, je n'en ai jamais vu de gay... Peut être que les programmateurs l'ont fait exprès... où que je n'ai pas été assez attentive ;)

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  8. l'anonyme qui dit des sottises, c'est moi. mille excuses pour cette fausse manoeuvre.
    je n'y connais pas grand chose aux jeux vidéo cependant je trouve très astucieux de la part des concepteurs de fabriquer des jeux qui sollicitent nos fantasmes, puisque, parait-il, nous en avons tous! et qu'ils sont reconnus comme étant bénéfiques. la cliéntèle potentielle est donc très importante.
    c'est très rigolo que certains utilisateurs de ces jeux se sentent agressés par les diverses possibilités; ces jeux permettent sans doute à ceux qui n'ont pas assez d'imagination de progresser dans leurs fantasmes!
    alors le fantasme de King-kong est-il dépassé?

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