Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

mardi 22 octobre 2013

Fatigué

Un blog sur la leucémie, mais...

  
Il y a quelques jours, j'écrivais un post disant que ce blog serait de plus en plus un blog sur la leucémie, que l'énergie me revenant, je voulais de plus en plus m'orienter vers la vision que j'avais quand je suis tombé malade, c'est à dire de venir en aide aux malades, de faire connaitre cette maladie (non qu'elle ai besoin de pub, mais les moyens que l'on a de lutter contre elle, si).

Et puis je vous avoue que depuis, j'ai un énorme coup de barre. On est en train de refaire une tentative de baisse de la prednisone, et une fois de plus, alors que l'on arrive au seuil fatidique des 15mg par jour, je m'écroule complètement. En ce moment, je suis complètement épuisé, je dors littéralement (on peut compter) 12h par jour, j'ai en permanence la nausée, je ne mange rien... Il y a quelques jours, je me suis réveillé en plein milieu de la nuit, je me suis jeté dans la salle de bain, et j'ai passé une heure à vomir. J'avais l'estomac vide en plus, donc vous savez j'ai juste vomi de la bile, de la bile, et encore plus de bile.

La constante, chez moi (je suppose que je ne suis pas le seul) c'est que quand je suis fatigué, je déprime.  Alors vous imaginez que j'en ai un peu marre, et que là, tout de suite, le blog, la leucémie, tout ça, j'aimerais bien que ça n'ai jamais existé. D'ailleurs, je me disais, on peut voir quand cela va ou pas en regardant le nombre de posts par mois dans les archives... Regardez les creux, c'est quand j'en bave plus que de coutume.

Fatigué, pourquoi?


 Le truc c'est que pour le moment on ne sait pas bien pourquoi je suis aussi éclaté.  Quand on est longtemps sous prednisone, le corps arrête de produire ses propres hormones (puisque l'on n'arrête pas de lui en fournir des artificielles. Cependant, il y a un seuil, à environ 7mg pour moi, ou la prednisone remplace totalement les hormones du corps. Donc je ne devrais pas vraiment voir de différence pour le moment, en tout cas d'après les médecins.

Il y a peut-être d'autres explications qu'une faillite de mes surrénales: la prednisone a un effet stimulant, donc en diminuant, cet effet s'estompe, donc je dois plus sentir la fatigue du à l’agression constante de mon système immunitaire contre mon corps. Comme j'ai eu un rhume (qui a duré 3 semaines, merci l'immunosuppression), cette fatigue est probablement amplifiée...

Quoiqu'il en soit, c'est probablement idiot, mais je préfèrerais que cela soit mes surrénales qui soient en carafe. Cela va vous sembler délirant, mais il y a un problème récurrent auquel j'ai à faire face qui est démontrer aux diverses assurances que je suis bien incapable de travailler. Pour quelqu'un qui vit avec moi, ie Celia, c'est une évidence: il suffit de me faire marcher une heure, ou de me voir aligner les nuits de 12h les unes après les autres sans jamais être reposé, ou de me voir vomir en pleine nuit sans raison. Mais pour une assurance, des signes objectifs, mesurables, ça aide..

Alors pour une fois, j'aimerais bien que l'on ai une réponse claire à pourquoi est-ce que je suis aussi fatigué, même si elle n'est pas agréable à entendre. L'avantage des réponses claires, en plus, c'est que cela donne une idée de plan d'attaque... La réponse dans quelques jours.

Cela aussi passera


La semaine dernière je me suis engueulé avec quelqu'un sur un forum internet (la raison importe peu ici) et cette personne m'a sorti ceci:
C'est un peu ce qui différencie les perdants des gagnants. Les uns se laissent abattre, les autres non. Certains aiment la facilité, d'autres, la difficulté.
Bon outre le coté un peu marrant du gars qui se croit malin et qui sort ça sans le savoir à un gars qui s'est gentillement coltiné une leucémie, ainsi que le coté brève de comptoir, la bonne phrase que tu sors après avoir fait 20 répétitions aux squat en ayant laché une caisse tellement t'as chargé, elle m'a beaucoup frappée car elle est à la fois très vraie en première approximation mais en fait complètement idiote. Le problème de compréhension venant surement du fait que différentes personnes comprennent le mot difficulté différemment.

La différence entre un fort et un faible c'est que le fort profite et savoure les moments de calme avec délectation et respect car il sait qu'ils sont bien trop rares et précieux, que la vie est dure et qu'elle n'hésitera pas à lui envoyer les pires épreuves, que ces moments passeront bien trop vite. Et dans la difficulté, le fort endure et profite de cette opportunité pour apprendre et progresser le plus possible, en sachant bien que s'il garde le sens de l'humour, s'il endure avec courage, cela aussi passera.

C'est le problème de la fatigue (enfin à ce niveau, ce n'est même plus de la fatigue, c'est de l'épuisement): cela fait voir tout en noir, mais j'ai conscience de la chance que j'ai, et je pense à certaines personnes de ma connaissance qui sont à nouveau sur les bancs de la clinique, et je me dit que cela pourrait être pire.  J'en profite pour faire un coucou à la crabahuteuse, qui a bien du courage.

20 commentaires:

  1. Accroche-toi, Loïc. Tu es dans un gros creux, en ce moment, très dur à vivre. Je suis impuissante face à ton épuisement physique, mais pour tenter de te remonter le moral, je peux te dire que, même complètement crevé, tu es toujours aussi passionnant à lire, que je vote pour ton blog tous les jours sans exception (oui, oui, j'y pense chaque matin ou chaque soir et, parfois, je vote deux fois entre mon iPhone et mon ordi :) ) et qu'à mes yeux, tu fais partie des forts et des gagnants. Il suffit de connaître tout ce que tu as traversé et de te suivre à travers ton blog pour le comprendre.
    Ça vaut ce que ça vaut, mais ça vient du coeur. Ah oui, j'oubliais : je t'envoie mon stock d'ondes positives.
    Prends soin de toi et courage pour te remettre en forme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Pascale.

      C'est pas le premier, et je sais que ca passe, ca passe toujours, d'une manière ou d'une autre... Ce qui est dur, c'est dvoir à mettre en pause tous les projets que j'ai, ça ça me fait vraiment chier.


      Aussi, Celia est partie a un congrès, et sans elle, c'est pas tout à fait pareil. Moins facilement le sourire, faut être bien clair.

      Supprimer
  2. Je me sens toujours un peu ridicule à commenter un post comme ça.
    Je ne suis pas passé par toutes tes épreuves et je ne fais qu'imaginer ce que tu peux encore endurer.
    Mais j'ai quand même envie de dire quelques mots à mon pote dans l'espoir qu'une de mes banalités lui file une piste, la pêche ou juste le sourire.
    Rien que tu ne saches déjà, mais je me suis rendu compte que notre malheur est d'autant plus grand qu'on oublie toutes nos petites joies.
    Alors réapproprie toi toutes les micro-bonheurs ou tu peux les prendre : Un plat que tu aime, le sourire d'une personne aimée, la chaleur d'un rayon de soleil ou d'un café...
    Quand tu as la pêche il y a plein de choses que tu aimes que tu ne fais pas, peut être est-ce le moment pour le faire :
    Lire des textes courts, prendre le temps d'écouter de la musique, pratiquer...
    Et puisque je suis dans les banalités :
    Courage mon poto ! Ce n'est qu'une partie du cycle, un jour en bas, un jour en haut.
    Tu es fort, je te fais confiance pour toujours mieux vivre ces transitions (j'ai pas dit changement ;-) )

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. merci ca fait vraiment chaud au coeur et tu as tout a fait raison c'est vraiment comme ca que je l'aborde aussi. La magie dans les petites choses.

      D'ailleurs suis en train de lire le dernier kim stanley robinson, shaman, c'est un délice.

      Le fait que celia soit pas la, c'est juste un peu plus dur, c'est sur.

      Supprimer
  3. Juste plein de pensées, plein de bonnes ondes, plein de tendresse,
    Juste envie de partager un peu de cette force que rien de grave n'est encore venu épuiser en moi...
    Juste mon admiration totale pour ce que tu es, ce que tu partages, tous tes projets, tout ce que tu nous apprends...
    Juste l'envie de t'apporter quelque chose à mon tour, mais le constat de mon impuissance...
    Je t'embrasse.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Nadine: tu vois que tu es tout sauf impuissante, puisque tu me redonnes le sourire avec un commentaire:)

      Supprimer
  4. Hello
    Je me reconnais beaucoup dans ton post alors je viens te soutenir entre "combattants". On diminue la Prednisone aussi depuis quelques semaines, j'en suis à 11mg, et en effet j'ai eu de gros coups de barre et quelques effets indésirables notamment digestifs et cutanés.Pour le moment, on diminue de 1mg par semaine jusqu'à 5, et après on avise. Je peux comprendre aussi ta déprime, certains jours j'aimerais appuyer sur un bouton et tout faire disparaître, moi y compris. Dans ces moments, je ne vois pas d'issue, je n'ai envie de parler à personne, je déprime, je m'isole. Mais je peux, comme toi, compter sur le soutien sans faille de mon conjoint et la joie de voir notre fils grandir. Et jusque là, à chaque fois, quand je me croyais au bout, je touchais le fond du pied et hop j'ai rebondi. De mon côté, depuis quelques jours j'enchaîne les examens car on me soupçonnais une infection pulmonaire (en gros je montais deux marches j'avais le souffle coupé et j'avais de très violentes quintes de toux), ça n'est pas fini mais il semblerait que ça soit en fait...la coqueluche! donc pas bien grave mais fatiguant. A confirmer tout de même, je vois un pneumologue demain avec mes résultats de prise de sang. Je suis aussi en train de rédiger un long article sur les 10 jours de merde que je viens de passer, avec quelques coups de gueule sur le système français, ça pourra t'intéresser (ou te divertir!). Je termine mon roman, et je rejoins ton ami Arnaud pour les "petites choses", voici les miennes, on ne sait jamais si ça peut te donner envie: faire des gâteaux, manger un carré de chocolat noir, relire Stephen King, écouter du vieux rock'n'roll (chuck berry & co), regarder des films de Halloween, faire ma wishlist de Noël.
    Voilà, reviens nous en forme très vite!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors par contre, si ya bien un truc que j'ai pas envie de faire disparaitre: c'est bien moi ahaha j'en ai trop chié pour rester là!

      Le truc c'est que je sais pertinement que c'est une déprime passagère. Je ne suis pas plus inquiet que ça.

      Par contre je suis un peu anxieux vis a vis de notre statut d'expat et de l'incertitude que cela représente, ça c'est sur, et cela ne va pas en s'améliorant.

      Courage a toi aussi!

      Supprimer
  5. Salut Loïc,
    Je le pense à chacun de tes posts et je ne l'écris presque jamais en commentaire, car je me sens bête de ne rien trouver d'autre à dire : merci pour ton blog tellement enrichissant, pour ton écriture que j'aime beaucoup, merci de partager ce que tu vis. Et bon courage, je sais que tu n'en manques pas...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. merci Laure, tu vois c'est comme Nadine qui se dit impuissante, mais il suffit d'un commentaire comme ca pour me redonner la peche :)

      Supprimer
    2. Je pense exactement comme Nadine… et je me sens aussi bête de n’avoir que « je compatis et j’adore lire ton blog » à dire…
      En tout cas bon courage, de ma part aussi :) non pas que tu en aie besoin, hein

      PS : divers smileys tel que le « clin d’oeil », le « double accent circonflexe » ainsi que sa variante avec un guillemet double droit anglais invalident le commentaire et on ne peut donc pas en mettre dans le message… avant ça ne le faisait pas ça…
      PPS : la ligature du « e » dans l’« o » n’est pas acceptée non plus, on peut pas écrire français correctement avec ça…

      Supprimer
  6. C'est comme pour tout en fait: c'est ceux qui l'ont pas vecu qui en parlent le plus et ceux qui savent de quoi il en retourne qui en parlent le moins.
    Il faudra un jour que tu nous sortes un post "rigolo" quand meme... J'attends avec impatience celui sur ton medoc prefere pour ces effets... rigolos... Doit bien y'en avoir un, non????

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Y a bien la morphine ou un jour celia m'a sorti d'une sieste hallucinée, ou je lui ai sorti un truc du genre 'Attend, attend me dérange pas, je suis au téléphone avec les tortues ninjas'.

      Supprimer
  7. Les faibles, c'est pas ceux qui se sentent obligés en permanence de prouver qu'ils sont forts ? ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En première approximation, oui, en deuxième approximation non...C'est juste une manifestation d'une peur...

      On ne peut vraiment savoir de quoi on est fait que dans l'épreuve.

      Et encore, parfois, dans certaines épreuves, on s'effondre, et dans d'autre, on endure. C'est pas une science exacte.

      C'est aussi ça la grande erreur de cette phrase: son coté péremptoire et binaire.

      Supprimer
  8. Moi j'ai un wagon de blagues Carambar qui redonnent le sourire.
    La preuve :
    "Que se fait un Schtroumf quand il tombe ?
    Un bleu !"

    :)

    RépondreSupprimer
  9. Tous mes encouragements pour passer ce coup de mou. A te lire, tu as toujours tout traversé comme un roc, cette fosi aussi.
    On le sait, la fatigue, c'est limite un corollaire de l'après greffe. Avant, je pétais le feu quand je dormais 6h par nuit, maintenant je me traine après 12h de sommeil.

    Bon et puis c'est octobre...mais à Seattle: il y a certainement une météo bien maussade et ça n'est pas réjouissant, d'autant plus que la période des virus commence, donc moins de sorties, etc...

    Allez ta chérie va revenir bientôt, les docs vont finir par te trouver un cocktail de médocs satisfaisants, et puis tes projets seront menés à bien, ça mettra juste un petit peu plus de temps à (re)démarrer.
    Plein d'ondes positives et au plaisir de te lire.

    RépondreSupprimer
  10. Et pour la prednisone, plutôt que de tenter de diminuer la dose linéairement dans le temps, serait-il possible de tenter de diminuer la dose inversement exponentiellement ? de façon à mieux observer les effets de la diminution et de mieux identifier l’état optimal ? Et c’est par gélules ? Est-il possible de prendre une fraction du contenu d’une unité, pour régler la quantité avec plus de précision ?

    Et curieusement ta citation me semble le genre de trucs tout droit sorti de séries étasuniennes, ou de quelqu’un ayant une mentalité très influencée par la culture étasunienne (loosers/winners, strong/weak, etc.) …je me trompe ? Cette citation elle provient d’un étasunien non ?

    Je dois également dire que si ce blog est devenu plus orienté vers la leucémie/GVHD, les articles sur l’expatriation et les étasuniens, leur pays et leur culture ont beau être rares, mais ils sont tout de même excellents !

    PS : c’est curieux maintenant même les espaces insécables invalident les commentaires… il y a deux secondes ça le faisait pas…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Marrant tes commentaires passent toujours en spam, je sais pas pourquoi.
      Je ne sais pas d'ou ca sort, c'est un francais, mais très winner... Un bon gars dans le fond je pense d'ailleurs, juste un peu trop dans la fougue de la jeunesse je crois. Ca passera avec l'expérience.
      La prednisone, oui, c'est des gélules, maintenant on baisse plus lentement. On baissait par 2mg par 2 semaines, maintenant de 1mg par mois.

      Sinon, merci a toi aussi de tes encouragements, comme pour Nadine, cela vous semble peu, mais pour moi ces petits mots, c'est énorme, vous ne vous rendre pas compte.

      Supprimer
  11. Le bonjour d'un expat à l'île Maurice, je t'envoie un peu de soleil, des encouragements et des félicitations.
    F.

    RépondreSupprimer

Un petit mot fait toujours plaisir!
Si vous ne savez pas quoi choisir dans la liste déroulante, choisissez "Nom/Url". L'url est optionnelle.

Search Results


Free Blogger Templates by Isnaini Dot Com and Architecture. Heavily modified beyond all recognition by Lo�c. Social icons by plugolabs.com .Powered by Blogger