Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

vendredi 25 octobre 2013

De la détente

Je vous parlais dans l'article précédent du fait que je m'étais récemment engueulé avec un gars sur internet. La raison? J'expliquais que je trouvais que la musculation n'étais pas un sport sain pour le corps (en fait, surtout pratiqué -très- intensivement), l'une des raisons les plus faciles à comprendre (du moins je le croyais) étant que l'on ne peut pas travailler la musculation et la détente en même temps, et comme je cherche à détendre le plus possible mon corps, c'est forcément antinomique.

Ce débat a été l'occasion de me rendre compte qu'un concept ultra clair pour moi (la détente)  ne l'est en fait absolument pas, et j'ai eu envie d'expliquer un peu d'où cet article.

Ne pas confondre détente et souplesse


La première erreur à ne pas commettre, c'est de confondre détente et souplesse. Je connais des gens extrêmement souples, qui sont pourtant des boules de tensions musculaires. Je vais prendre mon propre exemple: je suis hyperlaxe d'à peu près partout et en particulier des bras, ce qui ne m'empêche pas d'être extrêmement tendu du dos et des épaules, tensions qui diffusent dans ma nuque, mes avants bras et mes mains. Vous devez voir ce dont je parle, ce mal de dos lancinant, cette fatigue des mains, la nuque raide, toutes ces tensions, ces douleurs que parfois on ne sent même plus tellement on y est habitué.  

En fait, on a déjà un problème, car dans notre civilisation occidentale, toujours pressée et stressée, nous ne savons pas bien ce qu'est la détente. Beaucoup de gens de se rendent pas compte qu'ils se tiennent avec les épaules en permanence contractées et que l'on peut avoir les épaules complètement relâchées, même en plein mouvement et en plein effort. Ce n'est pas du domaine de l'expérience des gens du commun, car il faut bien être clair: c'est tout sauf évident d'arriver à ce résultat. Je parlais ce soir avec un ami, qui me disait: "mais je ne suis pas tendu", la contraction évidente à l'oeil nu de ses épaules démentant son affirmation. Le truc, c'est que pour lui, cette posture, c'est la posture normale et détendue. C'est normal, la vraie détente, cela ne vient qu'après un vrai travail, comme on va le voir.

Attention aussi à ne pas confondre détente et mou... et la meilleure image que j'ai à vous donner c'est un chat. Regardez un chat marcher... Il est parfaitement détendu, mais il n'est pas mou. En un instant, il peut mobiliser toute sa musculature et passer à l'action.


Pourquoi chercher la détente?


Dans ma pratique, on cherche à détendre l'ensemble des muscles du corps, pour deux raisons simples.

La première c'est que cela permet au corps de mieux fonctionner, de dépenser moins d'énergie au quotidien, d'être en meilleure santé. Dans la pratique martiale, cela permet aussi une action des muscles sans perte d'énergie à cause de tensions dans les muscles antagonistes, et d'arriver à ces frappes spécifiques aux arts martiaux chinois, tout en détente mais qui engagent tout le poids du corps, avec tous les muscles en coopération, un peu comme un coup de fouet (l'analogie est incorrecte car un coup de fouet n'a pas d'assise sur le sol, or il y a une notion importante de transfert de force en s'appuyant sur le sol, mais je ne vais pas rentrer dans les détails sinon on ne va pas en finir).

 La deuxième, c'est que dans la pensée orientale (mais cela vient de plus en plus dans la pensée occidentale), le corps et l'esprit sont en perpétuelle interaction. Si l'on souhaite détendre l'esprit, la méditation ne suffit pas, il faut aussi détendre le corps. Impossible d'avoir un esprit calme si on a des crampes dans les jambes, en simplifiant à l'extrême... Mais l'inverse est vrai: pour détendre certaines tensions, on ne va pas que pratiquer certains exercices physiques, on va aussi attaquer le problème en calmant certaines tensions de l'esprit.

Certaines tensions du corps ne sont même qu'attaquable en résolvant des problèmes spirituels, car elles sont générées par l'esprit... Toujours en simplifiant, si vous êtes toujours anxieux et que vous grincez des dents (toute ressemblance avec un bloggeur existant est fortuite), vous pourrez étirer votre mâchoire tant que vous voudrez, la tension reviendra toujours... Seul moyen, résoudre l'anxiété pour évaporer la tension.

Bref, dans la vision taoïste, on ne peut pas arriver à détendre l'esprit et donc arriver à notre objectif ultime (le bonheur, l'éveil, le retour à l'un, la non dualité, là encore, on ne va pas rentrer dans les détails, sinon on n'en finira jamais), sans d'abord et en parallèle détendre le corps. D’où la pratique martiale chez les moines (ça et le fait d'éviter de se faire trucider par les bandits intéressés par les richesses du temple, d'ailleurs ce n'est pas tout à fait vrai, pour certains monastères c'était avant tout un moyen de contrer les effets délétères de l'inactivité due à la méditation, et leur pratique martiale était dure; pas souple).

Pourquoi est-ce que la musculation ne permet pas de détendre le corps


Il y a une croyance répandue chez les gens pratiquant la musculation qui est qu'en faisant des étirements, ils vont pouvoir arriver à détendre leurs muscles et ainsi compenser les effets de leur entrainement (qui, rappelons le pour les martiens, se fait en contractant à l'extrême les muscles), voir même, en faisant suffisamment d'étirements, à vraiment se détendre.

C'est faux.

En fait, c'est vrai pour eux, mais c'est faux pour moi, tout simplement parce que nous n'avons pas du tout le même concept de détente, et afin de vous expliquer ce que je veux dire, je vais employer une petite métaphore.

Le supplice de Sisyphe


Imaginez que le fait de travailler la détente de votre corps soit comme le supplice de Sisyphe: il faut rouler une pierre jusqu'en haut d'une montagne. Arrivé en haut, votre corps est entièrement détendu.

Pendant qu'il fait ses exercices de muscu, le pratiquant de musculation laisse la pierre rouler dans la pente. Il doit alors aller la chercher, et compenser cette perte, mais malheureusement il est déjà fatigué par son travail de musculation (et l'analogie fonctionne bien: ses muscles sont tendus par la musculation, il faut commencer par supprimer cette tension avant de s'attaquer aux tensions sous-jacentes).

Si le pratiquant de muscu est vraiment assidu, il arrivera à remonter un peu plus haut qu'il n'était parti, au prix de beaucoup d'efforts... Et le lendemain le même travail recommencera.

Le pratiquant d'une voie interne (taichi par exemple, pour simplifier), pendant ce temps là, n'a jamais cessé de pousser la pierre dans la pente. Pendant que le pratiquant de muscu laissait reculer la pierre, le pratiquant de taichi poussait la pierre vers le haut. Quand le pratiquant de muscu s'est mis, épuisé, à pousser la pierre vers le haut, le pratiquant a continuer à pousser sa pierre. Et comme il ne fait que cela, tous les jours il devient plus endurant, il pousse la pierre plus vite, en se fatiguant de moins en moins. Non seulement il progresse plus que le pratiquant de muscu, mais sa progression s'accélère.

Vous comprendrez facilement que pendant que le pratiquant de muscu gravit péniblement une colline, le pratiquant de taichi est arrivé en haut d'une montagne, et pense à l'Everest. Bien sûr, le pratiquant de muscu arrive lui à lever 3 fois son poids au développé couché (lâchant parfois une caisse au passage, on ne peut peut pas tout avoir), le pratiquant de taichi ne peux pas faire cela... Chacun ses objectifs, nous parlons ici de détente.

Nous arrivons d'ailleurs où je voulais en venir: on a beaucoup de mal à communiquer sur ce concept, car quand quelqu'un qui est en train gravir une colline pense sommet, il pense au maximum à une montagne. Quand quelqu'un qui est en haut d'une montagne pense sommet, il pense à l'Everest. Il y a une différence d'échelle qui est normale: on ne peut pas comparer les résultat de quelqu'un qui ne fait que cela, à quelqu'un qui commence par défaire pour ensuite refaire (contracter puis étirer).

On ne parle pas le même langage


Dans cette discussion sur la musculation (ou j'expliquais donc, vous l'aurez compris, que je ne suis pas fan parce que cela va contre ma recherche de détente, entre autres nombreuses raisons), quelqu'un me disais: "Comment sais-tu que ces gens ne sont pas détendus?".

J'espère que mon post aura réussi à vous faire comprendre la raison de ma certitude: je le sais parce que je pratique une voie dont la détente est le but principal et j'ai donc une conception de la détente qui va bien au delà de ce qui se conçoit normalement, et je sais, par expérience directe que c'est déjà extremement difficile quand on a une voie ou l'on ne fait que cela, alors que l'on ne peux pas arriver à notre objectif si de l'autre coté on s'amuse à contracter les muscles "pour le plaisir".

Si vous voulez c'est un peu dans les arts martiaux: l'aikidoka est spécialiste absolu des clés, le judoka des projections, le boxeur des coups de poing... Comparez un crochet d'aikidoka et un crochet de boxeur, cela s’appelle pareil, mais cela n'est juste pas la même chose. Ce n'est pas grave, chacun sa recherche, je ne suis pas en train de dire que des voies sont supérieures (encore qu'il ne faut pas se mentir, des voies sont clairement supérieures, en particulier celles qui prolongent la vie de leurs pratiquants ;)). Quand on parle de crochet, on écoute le boxeur.

Alors on fait quoi?


Je vais toujours vous conseiller de faire du sport par rapport à la sédentarité, toujours. Mais la deuxième chose que je vais vous dire c'est de faire très attention à ne pas vous abimer au passage.

Malheureusement, dans la plupart des sports modernes, pratiqués à une intensité plus que modérée, c'est quasiment impossible. Alors il vaut surement mieux s'abimer en faisant du sport que ne rien faire, les bénéfices dépassant les inconvénients et je préfère très largement que vous fassiez de la muscu que rien du tout... Mais faites attention à vous. C'est encore mieux de pratiquer quelque chose ou l'on ne s'abime pas et où l'on peut progresser toute sa vie. Quelques idées? Natation, yoga, taichi, tir à l'arc, certains arts martiaux, marche, qi qong...

Histoire de vous faire réfléchir, quand j'ai été transplanté, j'ai perdu 20 kilos. J'ai perdu toute ma masse musculaire. Pourtant, un jour, dans un couloir, j'expliquais le concept d'enracinement du taichi à mon frère, qui a halluciné car debout, face à face, il n'arrivait pas à me faire bouger. Bon j'étais tellement fatigué que s'il avait forcé, il aurait surement pu simplement m'écraser et m'envoyer valser, mais il aurait fallu qu'il force ce qui est quand même étonnant étant donné mon état de faiblesse extrême, étant donné que j'avais du mal à marcher par ailleurs.

Malgré la perte musculaire, j'ai acquis dans ma pratique des qualités qui restent malgré la maladie et j'ai pu continuer à pratiquer tout au long de celle-ci. C'est quelque chose à garder à l'esprit. La vie est courte, très courte, trop courte... Autant pratiquer quelque chose qui ne se perde pas au moindre accident et qui apporte un bénéfice tout au long de celle-ci, et qui apporte un bénéfice à l'esprit aussi bien qu'au corps.

3 commentaires:

  1. En effet voilà qui est très intéressant…
    /me va noter ça dans sa liste de lifehacking quelque part entre l’agriculture verticale, l’entomophagie et le sommeil polyphasique

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  2. Je te lis toujours avec intérêt, tu es tellement positif et convainquant!
    Pour moi c'était la natation et les grandes marches dans la nature qui m'amenaient la détente...avant...
    Avant cette foutue leucémie aigüe (LAM 3), couronnée par une réaction allergique grave (DRESS syndrome).

    J'en suis au traitement d'entretien de la LAM par chimio orale. Hier les résultats de la prise de sang hebdomadaire sont tombés: je suis en aplasie. Tu connais...Alors pas de piscine, et marcher est difficile car mes tendons ont été abimés par un antibio (Oflocet, je vous le déconseille fortement!).
    ça devient difficile, moralement et physiquement.
    Je sais (j'espère!) que ça ira mieux, un jour. Pour le moment il faut que je continue de lutter contre cette LAM, en essayant de garder une petite forme.
    Tu parlais de "fatigue", le terme est faible, c'est de l'asthénie en fait, et seuls ceux qui l'ont ressentie ou connu quelqu'un très proche dans cet état peuvent comprendre ce que c'est vraiment...
    Le soleil illumine la campagne, je vais aller marcher avec mon chéri...
    Prends soin de toi!

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  3. Grand voyant marabout Feticheur ISAC SAUVEUR peut intervenir dans les domaines suivants :

    - Amour :
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