Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

mercredi 22 mai 2013

Immunosuppression et aplasie, et le lien avec les traitements des leucémies

Aujourd'hui, je voulais écrire un sujet plutôt marrant, enfin si on a un sens de l'humour un peu extrême comme le mien en tout cas,  mais en fait je m'excuse par avance car je vais être obligé avant cela de faire quelques rappels médicaux pour ceux qui ne voient pas bien comment se déroulent les traitement de chimiothérapie et la vie post greffe.

Je vais comme toujours essayer de simplifier, déjà parce que je ne suis pas forcément une lumière moi-même, et puis parce que le but n'est pas non plus de se faire chier  s'enquiquiner (on m'a dit que je jurais trop, vous trouvez?). Ah, aussi, si il y a plein de mots en gras, c'est que j'essaie de voir si je ne peux pas améliorer le référencement sur ces sujets, désolé, personnellement ça m'agace mais apparemment c'est important. Je ne vous prend pas pour des truffes en soulignant les mots importants en tout cas.

Tout d'abord, qu'est ce que c'est que l'immunosuppression? C'est très simple, c'est le fait d'avoir pour une cause ou une autre, un système immunitaire plus faible que la normale  ce qui nous met face à un risque plus important d'infection bactérienne ou virale, et un risque vital plus important en cas d'infection.

L’immunosuppression peut être de deux types:  non-délibérée ou médicalement induite.

L'immunosuppression non-délibérée

 

Il s'agit de toutes les immunosuppressions causées par un affaiblissement du système immunitaire. Les causes peuvent être multiples et très simple,  comme  l'âge ou la malnutrition. Elle est cependant le plus souvent causée par des maladies. C'est par exemple la 'spécialité' du virus du SIDA qui fonctionne justement en contaminant et désactivant les cellules du système immunitaire de son hôte.

C'est aussi une conséquence de nombreux types de cancers dits 'du sang', leucémie, lymphome, myélome. Dans le cas que je connais de plus près ("Salut, mon corps, comment tu vas aujourd'hui?"), la leucémie, ce qu'il se passe, c'est qu'une des lignées de cellules immunitaires devient cancéreuse, et prolifère de façon complètement incontrôlée et non fonctionnelle, en étouffant par la même occasion les lignées saines. Ce qui fait que l'on meurt (enfin pas nous, nous qui lisons et écrivons ce blog, nous ne mourons pas, par principe) soit d'une insuffisance respiratoire, soit d'hémorragie, soit d'infection, pas vraiment du cancer en fait. 

L'immunosuppression peut aussi être la conséquence indésirable d'un traitement immunosupresseur, où l'on cherche par exemple à diminuer les risques de rejet de greffe d'organe en diminuant l'efficacité du système du système immunitaire, et où en fait on ne peut pas vraiment régler le curseur sur "attaque les méchants, pas moi". On parle alors d'immunodéficience, me souffle Wikipédia dans l'oreille, mais bon, c'est couper les globules en quatre.

Enfin, un des types les plus graves d'immunosuppression est celui des patient de leucémie en cours de traitement. En effet, la chimiothérapie détruit toutes les cellules qui se divisent rapidement, et dans notre cas, elle cible en particulier celles de notre système immunitaire et ce qu'elles soient malades ou saines, ainsi que les cellules souches, celles qui sont dans nos os et qui produisent toutes ces cellules. Ce qui fait que quelque jours après la chimio, toutes nos cellules sanguines sont mortes (d'où un besoin constant de transfusion de sang et de plaquette puisque l'on met environ 2 semaines à recommencer à en produire) et l'on n'a plus aucune cellule immunitaire. On est même plus immunosupprimé: on a plus de système immunitaire du tout, c'est l'aplasie.

Alors en fait c'est une phase qui arrive dans toutes les chimios pour tous les types de cancers, car ces molécules ciblent de façon très large les cellules qui se divisent rapidement. Pour les cancers du sein, par exemple, je sais que l'on passe 3-4 jours avec les globules blancs en berne, pas à 0 mais très faibles  (500-1000 au lieu de 4000, je crois) . Pour les chimios de leucémie, c'est 2 semaines d'aplasie, avec absolument aucune cellule blanche pendant la première semaine et une cure de facteur de croissance pour que cela revienne... En deuxième semaine en général j'atteignais péniblement le 50, et la troisième semaine on soufflait quand je remontait au dessus de 500 (à 500 on estime que tu ne risque plus de claquer au moindre rhume, mais la normale c'est 4500, 5000).

Pour la transplantation, la greffe de moelle osseuse, c'est encore une autre histoire... La c'est 15 jours d'aplasie totale, avec 0 cellule, vu que l'on a TOUT tué, c'est même le but. En France, c'est pour ça que l'on vous colle en chambre stérile. Aux US, non, ils ont déterminé que cela ne changeait pas grand chose du moment que des précaution élémentaires d'hygiène étaient respectées, mais on en reparlera. Ensuite, cela met encore 2 bonnes semaines à ce que la greffe prenne et remonte dans les 1000, 1500. Ensuite, cela varie entre les individus, moi j'ai mis un an à avoir un bilan sanguin 'relativement' normal.

L'immunosuppression délibérée


L'immunosuppression délibérée, c'est autre chose. C'est quand on cherche, volontairement, à réduire l'efficacité du système immunitaire. Le cas le plus connu concerne bien sur la greffe d'organe solide, où l'on est obligé de calmer le système immunitaire pour éviter la destruction de l'organe, considéré par celui-ci comme un corps étranger.

Dans le cas de la greffe de moelle osseuse c'est l'inverse, on met un nouveau système immunitaire dans un corps pas étranger du tout, mais le pauvre il n'en sait rien et donc il peut se mettre à rejeter le corps entier, c'est le fameux GVHD... Donc une fois de plus il faut avoir recours à des médicaments, les plus ciblés possible évidement (cyclosporine, tacrolimus, sirolimus, parmi ceux que je connais), ou moins ciblés comme les corticostéroïdes qui fonctionnent extremement bien mais qui ont une liste d'effet secondaire longue comme le bras (nécrose avasculaire des articulations, ostéoporose, changements d'humeur, rétention d'eau, et en plus un goût en général infect; et j'en passe...).

Bref, vous avez un système immunitaire qui fonctionne, mais on lui met des boule quiès et on lui colle des épées en mousse dans les mains à la place des matraques, pour vous donner une image. Alors, c'est pratique, il s’énerve moins au moindre bruit fait par le chat dans la maison, et quand il s'énerve il casse moins de choses, mais quand il y a un vrai voleur, il est vachement moins flippant.

Voilà, je pense que vous savez tous à propos des causes de l'immunosuppression et de l'aplasie, ce qui va nous amener dans un prochain post à parler de comment on le vit, au quotidien. Forcément, suivant les types, c'est très différent, comme vous vous en doutez!

4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Lectrice fidèle depuis un an et demi, je commente rarement, mais là, il faut que je le fasse ! Cet article est très bien écrit, didactique et instructif. De façon générale, j'aime beaucoup le ton, j'espère que vous aurez l'occasion de mettre ce talent pour l'écriture en pratique dans le futur, soit dans le journalisme, soit dans l'écriture d'un livre.
    Bonjour de Grasse, Alpes Maritimes !
    Cécile

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  3. Tout pareil que Cécile. Merci, Loïc, pour cette explication très claire et instructive.
    Bises de Nice, Alpes Maritimes ! ;-)

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