Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

lundi 15 novembre 2010

Couleurs d'automne

Depuis quelques temps, je suis relativement maussade. Pris par la routine et le rythme soutenu du boulot, fatigué par un été stressant et quelques ennuis de santé, j'ai un peu perdu cette magie d'être dans un pays étranger à dix mille kilomètres de là où je suis né.

Je suis à 8h45 au boulot, tous les matins. Je bosse mes 8h d'affilées en prenant à peine le temps de manger et en cherchant à toujours montrer plus, que je m'améliore, que je j'apprends, que je suis le meilleur. Je décolle à 17h comme tout le monde, et comme tout le monde je ne pourrais de toute façon pas aller plus loin parce que je suis cuit. J'attends mon bus dans le froid, sous la pluie. Il est une fois de plus bondé et je me retrouve coincé contre une porte à me faire engueuler pour la n-ième foi par le conducteur parce que je suis devant la ligne jaune. Dans mon deuxième bus, je m'endors comme d'habitude, malgré mes tentatives pour lire un peu.

Mon quotidien n'est plus une expérience amusante et exotique. Parfois, fatigue aidant, il me fait même chier, comme le quotidien de n'importe quelle personne dans n'importe quelle ville de n'importe quel pays ayant gravement besoin de vacances.

Mercredi, petit changement de routine: un rendez-vous chez le dentiste m'a donné un prétexte pour travailler à la maison. J'aime bien ces journées: je travaille autant, sinon plus, mais je ne perds pas de temps dans les transports et je n'ai pas à me composer un masque professionnel toute la journée, c'est reposant.

Je sors de mon immeuble vers onze heures. J'en ai pour une petite demi-heure de marche pour aller chez le dentiste en coupant au travers des plus belles parties d'U-District. Agréable surprise, il fait un temps magnifique. Froid, mais un ciel bleu immaculé.

Quelques centaines de mètres plus loin, j'arrive au point le plus haut du quartier. Je m'apprête à descendre de l'autre coté de la colline, quand Seattle me colle une énorme baffe.

J'ai une vue hallucinante sur le lac Washington, avec la chaine des Cascades en fond. Je me tourne vers le sud: la vue sur le mont Rainier est à couper le souffle. Derrière moi, on voit les Olympics, couronnées de nuages.


Tout ça, c'est l'écrin. Mais le diamant, l'émeraude devrait-on dire, c'est la ville et ses rues. Quelle que soit la période de l'année, mais particulièrement à l'automne, les rues de Seattle sont un festival de couleurs d'une diversité éblouissante.

L'année dernière, à cette même période, je faisais déjà une comparaison avec le monde de Tolkien et je vais recommencer, tellement la beauté brute de la nature évoque la Terre du Milieu.


Ce quartier c'est Hobbiton dans la Comté, et ces maisons cossues, parfois complètement dissimulées derrière un rideau végétal, ce sont les trous de Hobbits. Ce sont de grosses maisons ventrues qui transpirent le feu de bois, la veillée au coin de la cheminée, la pipe et les ronds de fumée, les enfants qui font une cabane et qui rentrent boire du chocolat chaud.

Tout le long de ma descente de la colline, je suis un peu hors du temps. Cette ville est tellement magnifique que j'en ai du mal à comprendre comment les américains peuvent être un peuple si pressé, si belliqueux, si constamment stressés. Ils ont tellement de beauté juste sous leur nez que c'en est incompréhensible, presque pénible.

J'arrive au cabinet. Je suis en avance, sans m'en rendre compte je suis passé par une série de raccourcis, des escaliers qui permettent de couper à flanc de colline. C'est marrant, je suis un local maintenant, je connais les chemins cachés. Et j'adore ma ville.

5 commentaires:

  1. 1 an et quelques mois.
    T'as dure un peu plus que la moyenne.
    C'est le blues de l'expat.
    Dans 3 a 6 mois, tout ira a nouveau nickel.
    T'inquiete. Mais en meme temps ne lute pas trop ca pourrait faire encore plus mal. Surtout avec l'hiver qui arrive et qui deprime un peu plus.
    Fait toi un pause vacnces des que possible.
    Et bon courage,

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  2. Hello, merci pour ton message.

    En fait, ca va plutot mieux maintenant, comme la deuxième partie du post peux laisser penser.

    C'est clair que je m'attendais a ce genre de coup de blues, même si j'en ai déjà eu des minis. On essaie de les laisser passer, pas toujours facile.

    On a aussi eu un été vraiment dur, pour des raisons (privées) non liées a l'expatriation. Du coup là on fatigue un peu.

    Bref, on rentre a noel, ca va nous changer d'air quand même.

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  3. Est-ce que ce que tu nous décris dans la deuxième partie de ton post ne vaut pas tout le reste ? Je vois bien que tu en es conscient. Penses-tu que même "chez toi", en France, ta vie de travailleur serait plus envieuse ? Métro-boulot-dodo ! Bien sûr tu aurais des journées plus courtes, des rtt, de longues vacances... et plein de grèves !!! Mais là j'arrête, je fais te redonner la nostalgie de notre beau pays !
    Allez courage, et à travers les vitres de tes bus, regarde la nature si belle dans cette région. Tu aurais pu t'expatrier dans un endroit plus moche.

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  4. hello la bricole,

    C'est un peu le message que je voulais faire passer... Quelque soit l'endroit, facile de se laisser abrutir par le quotidien. J'aurais pu écrire le premier paragraphe à Paris.

    Faut un peu ouvrir les yeux et se rendre compte de la beauté qui nous entoure. Et prendre un peu le temps.

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  5. Le blues de l'automne me prend à chaque fois et cette année n'a pas fait défaut, la faute à un temps pourri fait de pluie et de tempête mais ce matin de ma fenêtre du bureau je vois la mer calme, le ciel bleu, la brume qui finit de se lever et j'ai le sourire même si on se pèle. La magie de la lumière automnale qui requinque et recharge, mon hibernation est en suspens pour quelques jours encore... Bises à vous deux, Corinne Lili P

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