Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

lundi 29 novembre 2010

Apocalypse Snow II

La neige aura finalement duré un peu plus de trois jours.

Trois jours de bonheur pour moi: je suis resté travailler à la maison Lundi, Mardi et Mercredi. Comme Jeudi nous partions pour l'Oregon pour fêter Thanksgiving, cela m'a permis de passer une semaine loin du bureau, ce qui fait du bien.

J'avais de vagues remords de ne pas avoir tenté de prendre le bus, et puis des récits quelques peu effrayants me sont parvenu: une de nos amies est allée chercher sa mère à l'aéroport et a passé 9h30 dans sa voiture. Elle a finalement du dormir sur place. Un collègue est resté coincé 6 heures au lieu des 15 minutes que lui prend son trajet habituellement.

Le coup de grâce c'est la vidéo suivante, prise à Capitol Hill lundi soir. Je vous conseille de regarder le clip en entier pour voir le magnifique dérapage d'un bus bourré à craquer (c'est vers le milieu de la vidéo je crois), ou une voiture faire un 360 parfait et repartir comme si de rien n'était.


Mardi, nous avons fait une pause en milieu de journée pour aller se promener dans et autour l'Université et dans les beaux quartiers de U-District. L'ambiance est un peu irréelle: les rues résidentielles ne sont pas déneigées, il n'y a presque pas de voitures, tous les sons sont étouffés, la neige crisse sous nos pas. On pourrait aussi bien être en pleine montagne à 2000 mètres d'altitude.

Il faut faire attention où l'on marche: le trottoir est souvent gelé ce qui nous pousse à nous promener en plein milieu de la rue. C'est à peine moins dangereux: des étudiants font de la luge, profitant des dénivelés importants du quartier. D'autres nous dépassent en ski de fond. En haut d'une colline, des jeunes ont improvisé une piste de ski alpin. Bref, les gens en profitent et s'éclatent.


Je vous laisse aller regarder les photos sur Facebook, ça vaut le détour.

lundi 22 novembre 2010

Apocalypse Snow

Bon ok ça fait deux posts dans la même journée sur le même thème mais honnêtement je n'ai jamais vu ça.

En lisant ce qui va suivre, rappelez vous que Seattle est une ville au niveau de la mer, où il neige environ une fois tous les dix ans (et qu'on est seulement le 22 novembre).

Il a neigé ce matin de notre réveil vers 7h (donc cela a surement commencé avant) jusqu'à environ 10h, puis il a neigé par intermittence le reste de la journée.

Depuis 18h il neige à nouveau, et pas qu'un peu: c'est une véritable tempête. Honnêtement je n'ai jamais vu çà, à part à 2000m d'altitude. Les flocons sont énormes, et il y a un vent surpuissant.


De notre appartement, on entend en permanence un espèce de vrombissement sourd causé par les rafales de vent contre la balustrade de la terrasse du toit. Regardez l'amoncellement contre la porte.


Les rares voitures qui roulent sont au pas, les routes sont presque intégralement blanches.

L'université a officiellement fermé ses portes, et une ligne spéciale a été mise en place dans ma boite, avec pour seul but de nous avertir si les bureaux sont fermés demain où pas.

Ça peut sembler hallucinant, mais il neige tellement rarement que rien n'est prévu pour gérer... Moi je reste à la maison en télétravail, quoi qu'il advienne. Même si les bus fonctionnent demain, ce dont je doute, pas envie de me retrouver coincé dans un accident à la con.

Il neige

Et ben, c'était pas de la blague ce que je vous racontais sur "la Nina".

le toit de notre immeuble est couvert de neige
Ça fait au moins deux heures que cela tombe à gros flocons, sans faiblir. On est le 22 novembre dans une ville ou il ne neige normalement jamais. Cela promet...

Bon quelque part, moi ça m'arrange, cela me donne une raison pour travailler à la maison. J'espère juste que cela ne va pas trop perturber les plans de Thanksgiving...

jeudi 18 novembre 2010

Produits du terroir

Surprise chez Trader Joe's ce soir:

le beaujolais nouveau est arrivé

Le beaujolais nouveau est arrivé! On remarquera la petite pancarte constellée de fautes (on dirait un de mes posts), pas être capable de recopier un mot, il faut quand même le faire...

Come on, c'est comme le port salut, c'est écrit dessus!

On est aussi tombé sur du camembert le Rustique! Pas trop cher en plus. Un trésor pour un normand!

Miam!


mercredi 17 novembre 2010

Le jour où je me suis fait draguer

Le jour où je me suis fait draguer, j'étais en polaire. Et cela m'a un peu traumatisé.

J'essaie de toute mes forces de résister à la mode locale et de continuer à m'habiller comme à Paris, même si j'ai été obligé de réduire un peu la voilure afin de ne pas trop trancher avec mon environnement. J'évite par exemple de porter des bottines en cuir ou une chemise trop cintrée.

Inversement, je ne succomberai jamais à la mode locale comme porter un t-shirt en coton blanc en dessous de sa chemise en toutes circonstances, faut arrêter de déconner cinq minutes, merci bien.

Pour mon manteau d'hiver, je vous avoue tout net, j'ai galéré. On est dans la patrie de Patagonia et The North Face, des vêtements hyper fonctionnels pour le ski et la rando, mais qui se ressemblent tous et qui ne ressemblent pas forcément à grand chose, il faut bien l'avouer.

J'ai fini par jeter mon dévolu sur un manteau "686" mieux coupé et et plus original que la moyenne dont je suis assez satisfait. Seul problème, ce n'est pas un vêtement chaud: je lui ai donc adjoint une doublure en polaire noire Patagonia, que je porte uniquement en dessous de mon blouson, comme un secret honteux.

Sauf il y a deux semaines.

J'étais chez le médecin, pas forcément super dans mon assiette. Du coup, je suis resté en polaire. J'avais froid, même à l'intérieur du dispensaire. Je sais, ça explique, mais ça n'excuse pas...

Arrive une infirmière, qui doit me faire une prise de sang. Elle commence à me faire la conversation, vous savez le traditionnel décompte "A trois! Un, deux... Aie!". Sauf que plutôt que de me refaire ce coup vieux comme le monde, elle commence à glousser en relevant ma manche.

"C'est tellement doux... Vous savez, c'est tellement doux, c'est comme une peluche... On voudrais vous faire des câlins... On vous fait des câlins? Oh! Mais vous êtes marié! Vous devez en avoir, des câlins... Et votre accent, c'est d'où?".

L'estocade: "Je suis français".

Je vous explique pas dans quel état ça l'a mis... "Oh my gosh, this is so cooool!", avec passage à l'octave et petits rires en prime. Une peluche française, ça a du lui faire sa semaine. A sa décharge, même toute émoustillée, elle m'a piqué vite et bien, je n'ai rien senti.

Je suis sorti du dispensaire complètement scié. Je me suis fais chier pendant un temps certain à dégoter LE vêtement d'hiver qui soit un tant soit peu élégant et qui me distingue de la masse, afin de passer l'hiver sans avoir l'air d'un bibendum Michelin.

Et c'est quand je me balade en polaire que je me fais draguer.

Parfois, faut pas chercher à comprendre.

lundi 15 novembre 2010

Couleurs d'automne

Depuis quelques temps, je suis relativement maussade. Pris par la routine et le rythme soutenu du boulot, fatigué par un été stressant et quelques ennuis de santé, j'ai un peu perdu cette magie d'être dans un pays étranger à dix mille kilomètres de là où je suis né.

Je suis à 8h45 au boulot, tous les matins. Je bosse mes 8h d'affilées en prenant à peine le temps de manger et en cherchant à toujours montrer plus, que je m'améliore, que je j'apprends, que je suis le meilleur. Je décolle à 17h comme tout le monde, et comme tout le monde je ne pourrais de toute façon pas aller plus loin parce que je suis cuit. J'attends mon bus dans le froid, sous la pluie. Il est une fois de plus bondé et je me retrouve coincé contre une porte à me faire engueuler pour la n-ième foi par le conducteur parce que je suis devant la ligne jaune. Dans mon deuxième bus, je m'endors comme d'habitude, malgré mes tentatives pour lire un peu.

Mon quotidien n'est plus une expérience amusante et exotique. Parfois, fatigue aidant, il me fait même chier, comme le quotidien de n'importe quelle personne dans n'importe quelle ville de n'importe quel pays ayant gravement besoin de vacances.

Mercredi, petit changement de routine: un rendez-vous chez le dentiste m'a donné un prétexte pour travailler à la maison. J'aime bien ces journées: je travaille autant, sinon plus, mais je ne perds pas de temps dans les transports et je n'ai pas à me composer un masque professionnel toute la journée, c'est reposant.

Je sors de mon immeuble vers onze heures. J'en ai pour une petite demi-heure de marche pour aller chez le dentiste en coupant au travers des plus belles parties d'U-District. Agréable surprise, il fait un temps magnifique. Froid, mais un ciel bleu immaculé.

Quelques centaines de mètres plus loin, j'arrive au point le plus haut du quartier. Je m'apprête à descendre de l'autre coté de la colline, quand Seattle me colle une énorme baffe.

J'ai une vue hallucinante sur le lac Washington, avec la chaine des Cascades en fond. Je me tourne vers le sud: la vue sur le mont Rainier est à couper le souffle. Derrière moi, on voit les Olympics, couronnées de nuages.


Tout ça, c'est l'écrin. Mais le diamant, l'émeraude devrait-on dire, c'est la ville et ses rues. Quelle que soit la période de l'année, mais particulièrement à l'automne, les rues de Seattle sont un festival de couleurs d'une diversité éblouissante.

L'année dernière, à cette même période, je faisais déjà une comparaison avec le monde de Tolkien et je vais recommencer, tellement la beauté brute de la nature évoque la Terre du Milieu.


Ce quartier c'est Hobbiton dans la Comté, et ces maisons cossues, parfois complètement dissimulées derrière un rideau végétal, ce sont les trous de Hobbits. Ce sont de grosses maisons ventrues qui transpirent le feu de bois, la veillée au coin de la cheminée, la pipe et les ronds de fumée, les enfants qui font une cabane et qui rentrent boire du chocolat chaud.

Tout le long de ma descente de la colline, je suis un peu hors du temps. Cette ville est tellement magnifique que j'en ai du mal à comprendre comment les américains peuvent être un peuple si pressé, si belliqueux, si constamment stressés. Ils ont tellement de beauté juste sous leur nez que c'en est incompréhensible, presque pénible.

J'arrive au cabinet. Je suis en avance, sans m'en rendre compte je suis passé par une série de raccourcis, des escaliers qui permettent de couper à flanc de colline. C'est marrant, je suis un local maintenant, je connais les chemins cachés. Et j'adore ma ville.

mercredi 10 novembre 2010

Grossièretés

J'ai déjà parlé dans un autre post (que je n'arrive pas à retrouver d'ailleurs, honte sur moi) de mon amour pour l'argot, quel que soit la langue.

Le problème aux U.S c'est que les grossièretés sont très très mal vues: la T.V est censurée drastiquement, tous les mots sont blippés et dans l’environnement professionnel il est super mal vu de jurer. Un simple "merde" est déjà déplacé.

Tout ceci est d'ailleurs d'une hypocrisie qui me hérisse le poil. Quand une bordée de juron est blippé à la TV, tout le monde sait très bien quels sont les mots censurés, et quand on veut dire que quelque chose est "Fucked up" au boulot, on dit "it's effed up", transcription phonétique de "It's F...d up".

A mon grand regret donc, nous évoluons en général dans un environnement aseptisé linguistiquement parlant.

Et puis Vendredi nous sommes allé manger chez des amis que je connaissais assez peu n'ayant pas leur langue dans leur poche et usant libéralement du F word quand le moutard est couché.

A ma grande surprise, j'ai constaté que j'étais choqué. Doublement choqué en fait.

Choqué par leur langage, d'entrendre un simple "Fuck", et la surprise passée, choqué d'être choqué.

Ce pays déteint sur moi. Putain de bordel de merde, ce pays déteint sur moi. Je rentre dans cette saloperie de moule bien pensant politiquement correct de mes couilles.

Ou pas.

mardi 9 novembre 2010

La réforme des retraites II

Avant de continuer à parler de la réforme française, il faut que l'on s'intéresse au système américain.

Petit disclaimer: j'ai fait pas mal de recherches pour ne pas dire n'importe quoi, il y a cependant surement des erreurs dans mon laïus et j'en suis conscient. N'hésitez pas à m'en faire part.

Contrairement à une idée fréquemment répandue, les US possèdent un système de retraite fédérale qui ressemble au système français: les gens cotisent via leurs impôts et reçoivent une pension au moment de leur retraite, à 65 ans (ou peut-être 67, je crois que cela a changé récemment). S'ils décident de partir en retraite plus tôt, leur pension diminue d'un certain pourcentage par année d'anticipation jusqu'à l'âge minimum de 60 ans. Relativement classique.

Pourtant, si vous demandez à un américain comment fonctionne la retraite, il est probable qu'il ne vous parlera pas de cette pension et qu'il vous entretienne à la place de son plan 401k. Très rapidement, c'est un plan d'investissement, sur lequel vous pouvez mettre un certain pourcentage de votre salaire (avant impôts); je vous laisse lire l'explication du Piou qui a écrit un post sur ce sujet récemment.

Les américains avec qui j'en ai parlé pensent que leur retraite ne sera financé que par leur fameux 401k. J'ai du mal à évaluer dans quel mesure c'est le cas; ce qui est sur c'est qu'il a fallu que je creuse pas mal pour avoir des infos à ce sujet: les gens en général ne pensent même pas à leur pension versée par l'état. Pour quelle raison?

La plus évidente c'est que le montant (maximum) de la pension est de 40% du salaire (contre 50% en France), ce qui est peu, surtout dans ce pays où les soins médicaux sont hors de prix. Pour les salaires moyens, cela doit être suffisant pour vivre mais il est clair que c'est nettement trop peu pour les frais de santé qui augmentent inévitablement avec l'âge.

Je pense aussi que les gens ne pensent pas à la pension de retraite versée par le gouvernement par fierté: tout le monde est bien content de pouvoir toucher le chômage ou d'avoir une petite retraite, mais ce serait très mal vu de l'avouer, trop "socialiste". Et cette pension est vue comme le minimum vital mais tous les américains caressent le rêve de vivre comme des pachas en Floride sur les intérêts d'un 401k bien gras.

Il y a d'ailleurs une partie de la population qui se démerde comme elle peut pour sa retraite: les professions libérales. Nous avons un ami qui est musicien et prof de piano et qui se demande comment il va faire: il n'a pas d'employeur qui verse un bonus sur son 401k et il doit verser l'intégralité de sa cotisation retraite lui-même (cette cotisation est payée en partie par l'employé et en partie par l'employeur) ce qui n'est pas donné et qui passe un peu à la trappe quand les finances sont tendues... Il est intégralement responsable de sa retraite, ce qui est un peu effrayant.

Notez d'ailleurs une différence très importante entre les U.S et la France: ici, on a le droit de travailler quand on est à la retraite, du moment que les revenus ne dépassent pas un certain seuil, ce qui explique que l'on voit pas mal de personnes âgées qui font des petits boulots ou ont un petit business à coté pour mettre du beurre dans les épinards. Cela ne peut évidement pas durer éternellement...

Globalement, les américains ont une attitude très pragmatique qui consiste à se dire qu'étant donné les finances actuelles de l'état fédéral ainsi que la démographie et l'allongement de la durée de la vie (quoique, aux US, actuellement la durée de la vie baisse...),  il ne faut pas trop compter sur une quelconque retraite versée par l'état. Durant mes recherches sur ce sujet, j'ai trouvé un document stipulant qu'actuellement, l'état américain peut assurer les retraites jusqu'en 2040. Ce document datait de 2003 et il semblerait que depuis les prévisions sont revues à l'horizon 2030, bref il est clair que notre génération à du mouron à se faire.

Les américains ont donc tous déjà plus ou moins dans l'idée qu'ils devront financer leur retraite eux-même, ce qui fait un peu froid dans le dos quand on connait les habitudes de consommation des ménages moyen... Apparemment un nombre non négligeable de personnes partent maintenant en retraite avec de la dette sur leur carte de crédit, sans être propriétaire de leur bicoque et avec un plan 401k vidé soit par la crise financière, soit pour payer les études des moutards (et une santé plus que douteuse...). Scary.

(à suivre).


dimanche 7 novembre 2010

Jour de chance

Aujourd'hui à Whole Foods, mon fromage préféré (le gruyère) est en promo: 10$ la livre (453 grammes) au lieu de 15$. Pour comparaison en ce moment le gruyère Président c'est 15 dollars le kilo, soit environ deux fois moins cher. Autant vous dire que j'ai fait du stock.



Ce soir, on fait bombance! 

Par contre ne vous y trompez pas le gruyère que j'achète ici à beau être hors de prix, il est nettement meilleur que du Président tout bête... Le seul problème c'est que c'est tout ou rien: il y a aussi du gruyère industriel moins cher, à un prix plus raisonnable  (10$ la livre) mais il est infect, même pas bon à mettre dans des pâtes.

mardi 2 novembre 2010

Halloween 2010

Avant de commencer ce post sur Halloween qui nous détendra des sujets sérieux d'hier, il faut que je vous explique pourquoi je suis systématiquement en retard sur les évènements. J'aimerais vous dire que c'est que je prend le temps de réfléchir aux sujets sérieux, pour écrire le post d'hier sur les retraites par exemple.

La réalité est tout autre: j'ai un chat.

Qui considère que si l'on peut passer du temps à taper sur un clavier, c'est que l'on peut la caresser. Et qui vient donc systématiquement s'installer entre moi et mon portable, limitant du même coup ma productivité de façon assez drastique...


Revenons à nos moutons. Halloween, donc.

Comme l'année dernière, nous sommes allé récolter nos citrouilles à la ferme. Cette année, ils ont mis les petit plats dans les grands: le petit train confectionné à partir de bidons et tiré par un tracteur a profité d'un sérieux lifting, il y a maintenant deux labyrinthes dans les champs de maïs dont un hanté les vendredi soir. Plus important les deux canons à citrouille sont toujours là et plus actifs que jamais: on s'est encore défoulé en tirant une dizaine de citrouilles dans les airs.


Après avoir choisi amoureusement nos citrouilles, nous sommes rentré les tailler entre amis; ce qui est d'ailleurs probablement ce que je préfère dans Halloween, une soirée à patauger dans la chair de citrouille en se faisant un super apéro entre amis, il n'y a que ça de vrai.


Cette année, c'était aussi mon premier Halloween au boulot et je n'ai pas été déçu du voyage. Il y a une proportion non négligeable de mes collègues qui est venu travailler en costume. C'est un peu surréaliste de faire une  réunion avec un mec en pyjama, un autre déguisé en Captain Awesome et une nana avec un accoutrement de pirate.

Tout le monde se prend au jeu: le midi nous sommes allé manger dans les locaux du siège de Starbucks et l'on a vu défiler un certain nombre de spécimens, super héros en tout genre, bouteilles de bières, Oompa-Loompas, en rentrant dans notre immeuble l'équipe de gestionnaire est aussi déguisée, bref c'était une journée assez hallucinante.

Vers 15h30, nous sommes descendu dans notre auditorium pour faire la fête, avec bonbons, pizzas, films d'horreur des années 50 et élection des meilleurs costumes.  Le contraste avec le sérieux habituel est assez frappant, mais l'illusion reste de courte durée: à 17 heures, tout le monde met les voiles comme d'habitude...

Malheureusement, pas de photos: le boulot, c'est sacré! (Et je n'avais que mon téléphone pourri donc elle sont vraiment laides de toute façon).


lundi 1 novembre 2010

La réforme des retraites I

Je m'étais juré de ne pas parler de la réforme des retraites.

En effet, quelqu'un de très sage m'a dit un jour: "Les opinions politiques, c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un et souvent il n'est pas très propre". Ou quelque chose d'approchant. Du coup, mes opinions sur la politique (française) j'essaie de les garder pour moi.

Et puis depuis que l'on est aux US, je suis un peu largué: difficile de suivre à la fois l'actualité US et française dans le détail, alors le contenu exact de la réforme des retraites, quand les grèves ont commencé, je n'étais pas super au point.

Alors pourquoi faire une exception et en parler si j'estime que le terrain est miné?

Tout simplement parce que depuis le début des grèves, je me fais chambrer par mes collègues à ce sujet, que j'en ai un peu marre, et que je trouve que faire le parallèle entre la vision US et la vision française est assez intéressant.

La première grosse vanne que j'entend quasiment tous les jours c'est en résumé: "Come on Loic, don't be so angry, it's only two years, sixty-two is no big deal!". Traduction: "Du calme Loïc, arrête de t’énerver, c'est seulement deux ans."

C'est un petit peu plus compliqué que cela mais je ne les blâme pas: j'étais aussi un peu dans le flou avant que l'on m'explique tous les détails (merci!). Je me permets de vous faire remarquer que c'est assez révélateur du niveau du débat en France: si je ne sais pas complètement comment fonctionne la retraite, étant pourtant un individu relativement intéressé (la retraite, c'est une problématique forte pour les expats), informé et livré avec le mode d'emploi de son cerveau, j'imagine qu'une portion significative des français est aussi à la ramasse que moi. D'ici à en conclure que nos opinions ne sont rien de plus que des croyances, il n'y a qu'un pas.

Bref, j'essaie de les détromper mollement, mais même en parlant d'une retraite à 67 ans, ils ont un peu du mal à comprendre de quoi on se plaint: dans l'ensemble, pour eux on continue à être des fainéants et juste perdre deux ans, on a pas trop de quoi se plaindre. Difficile en tout cas d'expliquer que l'age de la retraite est maintenant plus élevé en France qu'aux US, on ne me crois pas. L'idée préconçue que nous sommes des glandeurs privilégiés (rapport à nos vacances, rtts, 35 heures...) a la vie dure. Et de toute façon, les américains s'arrêtent rarement à 65 ans comme on le verra dans le post suivant.

Je pense aussi discerner un peu d'envie dans ces vannes, même s'ils se priveraient de donuts plutôt que de l'avouer. On sent une certaine amertume quand ils comparent leur mode de vie avec le modèle européen et même avec la réforme, on reste bien mieux loti qu'eux.

Le deuxième sujet de raillerie, ce sont les grèves en elle-mêmes et le merdier typiquement français qui en résulte.

Disons le tout net, les américains avec qui j'en ai parlé ont l'impression que la France est à feu et à sang. Plus exactement ils avaient ce sentiment le lundi, quand les grèves n'avaient pas encore trop dégénéré. Depuis j'ai évité soigneusement le sujet, un peu épuisé par les poncifs que l'on me sert à tour de bras, mais j'imagine que les évènements de Lyon leur font croire que le pays est en guerre.

Il faut dire que les américains en général ne comprennent pas bien le concept de la grève. Faire la grève, c'est empêcher des entreprises de fonctionner et des gens de travailler, et vu l'importance qu'a le travail ici (c'est le gagne pain, la retraite, l'assurance santé, la reconnaissance sociale, dans le désordre), c'est quelque chose de très grave. Pour un américain, c'est le paradoxe Français: des gens qui ne bossent pas (beaucoup) empêchent les autres de travailler, et c'est inacceptable.

Soulignons aussi que chez l'Oncle Sam, on ne déconne pas avec l'autorité. Je pense que les scènes de casse lyonnaises se passeraient très mal ici. La police tirerais probablement dans le tas. Merde, je pense que les simples citoyens, voyant leur voiture se faire incendier, sortiraient leur flingue et tirerais quelques bastos pour défendre leurs biens (n'oublions pas que dans l'état de Washington, l'on a droit de porter une arme -dissimulée- avec un permis). Vu par des yeux américains, ces photos sont très choquantes (je précise: vu par les miens aussi).

Il faut quand même remarquer que l'on lit pas mal de commentaires d'américains qui nous admirent et qui critiquent très durement l'attitude américaine où les petites gens se font tondre par les puissants sans broncher en continuant de rêver l'American Dream, comme par exemple ce commentaire issu du Big Picture sur les grèves:
I'm an American. These pictures make me weep. In the U.S. we don't strike. We work harder and hope to win the lottery. We thank the rich for creating jobs. We believe we are all equal and that those who don't have high-paying jobs deserve the "sh*t jobs" they do have. This is a lesson. God bless the French. May we aspire one day to follow their example and say "no" to the neoliberalist a-holes who want to run the world. [...] All human rights come from fights. Nothing is given
J'aime beaucoup ce commentaire, qui souligne très bien l'attitude américaine vis à vis du travail. C'est un excellent rappel, que l'on soit pour où contre cette grève en particulier que les écarts entre "riches" et "pauvres" n'ont jamais été aussi grand, et qu'il est très important de ne jamais perdre notre capacité à nous révolter. Si la condition des travailleurs est aussi pourrie aux U.S c'est qu'ils sont culturellement résignés. (D'ailleurs, pour ceux que cela intéresse, Alain Damasio a écrit un livre magnifique, "La zone du dehors" qui traite de cette thématique, que je citerai bien si mon exemplaire n'était pas en France).

(à suivre)

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