Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

lundi 25 février 2013

Fuites radioactives sur le site de Hanford

C'est partout dans l'actu, vous avez du en entendre parler, les cuves de stockages de déchets nucléaires du site de Hanford fuient.

Et pas de bol, Hanford, et bien c'est vraiment pas loin de chez nous, deux heures de route maximum. C'est juste de l'autre coté de la chaîne des Cascades. Autant vous dire que cela nous fait très moyennement rigoler. Je pense que ça inquiéterait tout le monde à la base, mais en plus quand tu as subit une irradiation totale du corps pour traiter une leucémie, tu n'as pas super envie de bouffer des radiations supplémentaires, le taux de cancer secondaire des transplantés étant nettement plus élevé que la normale.

Ce que je trouve intéressant dans le cas de cette fuite, et la raison pour laquelle je vous en parle, c'est le contexte qui l'entoure. A première vue, si on lit les journaux français sans bien connaitre la politique énérgétique de l'état de Washington, on aurait tendance à dire, "Bouh, pas bien le nucléaire, il faut en sortir vite, cela fait des déchets, etc etc.". Et bien dans la réalité c'est encore pire que ça, comme vous allez le voir.

Le site de Hanford est tristement célèbre pour être le site où a été produit le plutonium des bombes d'Hiroshima et de Nagasaki, et il a été utilisé durant toute la guerre froide pour contribuer à l'arsenal nucléaire américain. Il a été fermé en 1987, et il ne reste actuellement plus que deux réacteurs ouverts sur le site, celui de Columbia qui est un réacteur conventionnel et un réacteur au plutonium qui est préservé comme musée. Cela fait donc un réacteur actif pour 7 millions d'habitants de l'état, a comparer à la France où il y en a un pour 2.5M d'habitants.



Et c'est là que je trouve que cela devient flippant: il faut bien se rendre compte que l’électricité de l'état de Washington est essentiellement d'origine "propre" (entre guillemets, parce que les barrages, ça ne pollue pas mais cela détruit des sites historiques sans états d'âme). On produit 8 fois plus d'énergie via des sources renouvelables que via le nucléaire, d'ailleurs jusqu'à il y a cinq minutes où j'ai fait quelques recherches pour ne pas vous dire de conneries (éthique, le garçon), j'étais persuadé que 100% de l'énergie de l'état provenait de sources "vertes", tellement l'état est focalisé la dessus. Alors, on y est pas tout à fait, mais bon 70% cela commence à faire, et cela fait un moment que c'est le cas! L'état de Washington est d'ailleurs l'état le plus propre énergétiquement des US, et les développements en cours visent à passer au niveau supérieur, dans le sens où sont en développement, entre autres, de nouvelles techniques de micro-hydro, qui ont moins d'impact sur l'environnement (pas besoin de noyer une vallée). Oui, vous avez bien lu, les barrages, ce n'est plus assez clean pour nous!

Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir. Cela fait 25 ans que cet état est quasiment totalement sorti du nucléaire. On peut difficilement faire plus propre énergétiquement parlant. Et pourtant, 20 ans plus tard, on est face à une situation sanitaire extrêmement grave. Et oui, le fleuve Columbia, qui traverse deux états, passe à 8km d'Hanford. A une cinquantaine de kilomètres on trouve d'immenses étendues agricoles, avec en particulier la plus grosse production de pommes du monde. A 200 km on trouve une agglomération de 4 millions d'habitants. La pollution des nappes phréatiques serait dramatique.

Alors ma question c'est: qu'est ce qui va se passer en France, dans 10, 20, 30 ans, quand nos dizaines de sites d'enfouissement vont commencer à fuir de la même manière sachant que l'on produit chaque année 10 fois plus de déchets?

Question subsidiaire: comment se fait-il que l'on ne sache pas précisément depuis quand ce site a commencé à fuir? Pour rappel, ce site est exploité par... Areva. Qu'il y ai une fuite, j'arrive à le concevoir, mais ne devrait-elle pas être détectée presque immédiatement?

Question bonus, comment est ce que ça se fait que j'ai l'impression que les Seattleites s'en foutent? En première page (online) du Seattle Times et de Komo News, rien. On parle du cheval dans les boulettes Ikea (et autant vous dire que ça fait très moyennement rigoler les gens apparemment, tant mieux si cela peut faire prendre conscience aux gens de la merde que l'on mange), mais pas d'Hanford. Ça me sidère un peu que cela n'ai fait les gros titres que dimanche dernier.

Edit: Et coïncidence, un ami bloggeur, expatrié dans le Montana en parle aussi, il a d'ailleurs filmé sa vidéo avant que l'on ai des infos sur cette fuite, bien en phase avec l'actualité le gaillard. Il fait un excellent boulot ou il parle de préparation personnelle, c'est à découvrir par là!

jeudi 21 février 2013

Ne pas s'approprier la leucémie

Dans le post sur les questions, un commentaire m'a interpellé, et en en parlant à Celia je me suis rendu compte que je n'avais jamais verbalisé ce concept, ce qui est étrange car c'est quelque chose qui est très clair pour moi et toujours présent à mon esprit quand j'écris sur ce blog.

Ce qui m'a interpellé c'est que Nadine a écrit "TA leucémie".

Or c'est quelque chose que j'évite depuis le début, d'utiliser le possessif en parlant de la maladie. Vous remarquerez d'ailleurs que je ne l'utilise pas dans la phrase précédente et que je ne l'utiliserai pas, sauf erreur de ma part, quitte à avoir à faire des phrases plus compliquées. C'est une chose que j'ai en permanence à l'esprit quand j'écris et je suis parfois obligé de me reprendre pour l'éviter, tellement cela fait partie du langage courant que de parler de sa maladie. Si vous revenez en arrière sur le blog, je ne pense pas que vous puissiez trouver une instance où j'ai utilisé le possessif, et si c'est le cas il faut me le dire, c'est une erreur!

Pourquoi? Et bien il y a en fait plusieurs raisons à cela.

L'un des conseils les plus utiles que m'a donné le Dr. Estey quand je suis tombé malade, c'est de faire attention à ne pas devenir un patient professionnel, c'est à dire quelqu'un qui se défini par "sa" maladie, qui s'en sert comme gagne pain, comme moyen d'attirer l'attention, comme moyen de faire du chantage affectif,  de se faire connaitre, aimer, plaindre, que sais-je encore. C'est une attitude qui est très tentante, et on tombe tous plus ou moins dans le piège, d'autant que la frontière est ténue entre le fait d'exprimer une souffrance légitime et d'être à la recherche du soutien de son entourage et le fait de juste pleurnicher car c'est un moyen très facile de susciter l'attention des gens. J'en suis d'ailleurs d'autant plus conscient que je tiens ce blog, et que je suis donc en contact avec beaucoup plus de personnes que la normale. Toute cette attention autour de notre (ma) petite personne, il ne faut pas se mentir, c'est agréable, c'est souvent bienvenu pour tenir le cap, mais c'est aussi dangereux si cela devient un besoin.

D'ailleurs, après la transplantation, j'ai connu une période noire, avec une sensation de vide. Je ne suis techniquement plus malade (enfin, si, le GVHD c'est une pathologie, mais qui marque moins les esprits de la leucémie, le risque n'étant pas mortel en général), mais je continue à en baver pas mal. On a l'impression justement de se faire voler "sa" maladie, les gens passent à autre chose, arrêtent de s'occuper de nous, de nous plaindre, alors que l'on est toujours dans une souffrance physique et morale certaine mais moins évidente au premier abord. C'est un passage très dur, et je pense qu'il est d'autant plus dur que l'on s'est défini au travers de "sa" maladie. Je crois que cela se sent un peu dans le texte que j'ai écris au moment du bilan d'un an post transplantation.

Alors oui, la maladie me défini, maintenant, il ne faut pas se mentir. Je ne suis pas le même qu'il y a deux ans, je ne serais plus jamais le même. Marqué physiquement, marqué psychiquement, plus fragile et plus fort à la fois. Toute ma vie, cela me définira, c'est sur. Mais c'est quelque chose que je cherche à dépasser. Je cherchais une image pour expliquer ce concept, et la meilleure qui me vient à l'esprit, c'est la forge et la trempe d'une lame. La maladie, comme un marteau, m'a tapé dessus, forgé, trempé. Et comme l'acier trempé, je suis à la fois plus "affuté", dans le sens où j'ai énormément appris sur moi, sur la vie, mais aussi plus fragile (pour ceux qui ne savent pas, de l'acier trempé coupe mieux, mais est moins résistant aux chocs, raison pour laquelle on ne trempe que le tranchant d'une lame). Mais surtout, comme une lame, une fois que je suis sorti de la forge, je n'ai plus rien à faire avec le forgeron et son marteau. J'ai peut-être sa marque sur ma peau et au plus profond de mon être, mais comme un couteau, je me défini maintenant par l'usage que fait de moi mon propriétaire, c'est à dire... Moi-même.

Ma griffe Perrin/Monnet, avec la patte de renard de Pierre-Henry Monnet

Et pour le plaisir des yeux, le coté avec la marque de Fred Perrin.

En plus de toutes ces raisons objectives, j'avoue qu'il y a aussi une forme de superstition. Les mots ont un pouvoir certain, et j'ai très peur que de verbaliser une relation entre moi et la maladie via le possessif, cela l'attache à moi d'une manière ou d'une autre. Cette maladie n'est pas la mienne, c'est un phénomène naturel, pas forcément un ennemi puisque c'est quelque chose sans conscience, mais quelque chose qu'il faut que je gère et que je combatte. Ce n'est pas quelque chose qui m'appartient, qui fait partie de moi. C'est une chose que je refuse absolument. Je refuse catégoriquement d'utiliser le possessif en parlant de la maladie, qu'il y ai un lien verbalisé dans le monde manifesté entre elle est moi. Cela vous semble peut-être étrange, mais c'est quelque chose que je ressens profondément. Ce blog et tout ce que j'écris sur la leucémie, cela solidifie déjà bien trop ma relation avec la maladie pour qu'en plus j'utilise le possessif.

Ceci étant dit, quand j'écris "ne pas s'approprier la leucémie", ce n'est pas totalement correct. Il faut à mon avis absolument connaitre parfaitement la pathologie dont on souffre, ses causes et ses conséquences, afin de naviguer au mieux le monde médical, afin de comprendre au mieux son traitement, afin de se donner le maximum de chances et de pouvoir prévoir le pire comme le meilleur. Vous devez connaître intimement la pathologie qui vous affecte. Mais surtout, ne vous définissez pas au travers d'elle. Et toi non plus, Loïc, bordel.

@Nadine, merci de cette occasion de parler de cette chose qui est très importante pour moi et que j'avais totalement oublié.

mercredi 20 février 2013

Obsolescence programmée

S'il y a un truc qui m'énerve dans notre monde moderne, c'est bien l'obsolescence programmée (notez que demain ça sera l'immunité des banquiers et qu'après demain ça sera le Coca, en bon bobo que je suis...).

Je suis complètement à l'opposée du consommateur geek de mon âge, surement parce que je suis radin économe. Quand j'achète un truc, je veux que ça dure, j'espère tirer 4 ou 5 ans de chaque téléphone que j'achète, entre 6 et 8 ans pour un écran et un ordinateur portable... En fait, quand j'achète un truc, je n'ai pas envie d'en changer à moins d'une révolution technologique significative (pour les écrans, passage du CRT au LCD par exemple).

Bref, quand rien ne s'est passé quand j'ai appuyé sur le bouton pour allumer mon écran Dimanche matin, inutile de vous dire que j'ai sacrément fait la gueule. Premièrement, je n'ai pas vraiment l'argent pour m'acheter un nouveau moniteur, rapport au fait que les médocs, ça coute cher. Deuxièmement un moniteur ça doit durer entre 6 et 8 ans, minimum, bordel, pas 3 ans.

oui, ce siège est laid, mais putain la sieste dedans, c'est le bonheur
Qu'à cela ne tienne, foutu pour foutu, j'ai décidé de démonter l'engin pour voir si je ne pouvais pas le réparer tout seul. Fort heureusement (sinon on m'aurait entendu pester sur Mars), l'ouverture du boitier s'est avérée être très facile. Il ne faut juste pas avoir froid aux yeux, parce qu'il faut faire sauter le capot en plastique de proche en proche avec la pointe d'un couteau, mais une fois que c'est fait, la zone de l'interrupteur est directement accessible. Juste deux vis à enlever pour accéder au PCB. Et la sans surprise, c'est juste une petite languette de plastique qui est censée faire ressort qui a laché. Tout marche très bien, le bouton est juste hors service. Une seule solution: sortir le PCB par le trou du capot et l'y scotcher afin de pouvoir accéder à l'interrupteur. Aussitôt dit, aussitôt fait, et en 10 minutes mon moniteur est réparé.

le bout de plastique cassé
Tout est bien qui fini bien donc, mais je ne peux m’empêcher de vous en parler. Qu'est ce qui se serait passé si c'était arrivé à Madame Michu? J'ai fait rapidement une recherche sur Internet pour voir si je pouvais améliorer ma réparation en trouvant la pièce détachée, et apparemment je suis loin d'être le seul a avoir eu le problème: ce bouton lâche systématiquement au bout de quelques années. Parmi tous ces gens, une portion comme moi se dit que vu que de toute façon le moniteur est mort, autant l'ouvrir, mais une portion significative à trop peur (de quoi? des lutins qui peignent les pixels?) et jettent juste leur écran ALORS QU'IL MARCHE PARFAITEMENT. Erreur de design accidentelle, ou volontaire? Je me le demande.



et ma réparation de fortune, trop la classe.
Tout ça pour faire passer un message qui ne sauvera pas le monde mais qui y contribuera peut-être: si un produit électronique casse, en général c'est réparable facilement. Un écran de téléphone, ça se change à bas prix. Un disque dur ou une batterie d'iPod, idem, même si c'est super pénible à ouvrir, croyez moi, ce qui est d'ailleurs proprement scandaleux. Il y a un site, iFixit qui contient des plans pour démonter et réparer la plus part des gadgets du quotidien, c'est une excellente ressource. Au passage, ils viennent de démonter le SurfacePro de Microsoft, et c'est un cauchemar à démonter (et donc à réparer). Sans outils spécifiques et de l'expérience, c'est quasiment impossible.

Sauvez le monde, réparez vos bidules vous même.

mardi 19 février 2013

Quelques modifications de look!

Suite à certaines de vos remarques, j'ai fait des changements dans la présentation du blog.

Il est pour moi impensable de créer un blog uniquement sur la leucémie et un autre uniquement sur Seattle. Les deux sont liés dans ma tête, et je n'ai pas forcément envie de créer un espèce de sanctuaire sur la leucémie, une part du message étant justement qu'il faut continuer à vivre. Les posts moins sérieux qui s'entremêlent avec la leucémie racontent quelque part aussi la leucémie et le fait que l'on peut vivre et faire des trucs cools même après avoir subit ce genre de maladie.

Néanmoins, cette remarque m'a paru importante car elle illustre un réel besoin, celui de s'y retrouver facilement dans ce fouillis de plus de 400 posts. C'est pourquoi j'ai ajouté des onglets en haut du blog, afin de faciliter le plus possible la navigation des différents sujets.

Dans "Notre parcours", vous retrouverez un mode d'emploi des labels du blog ainsi qu'une brève histoire du temps, enfin de notre parcours, année par année avec quelques post marquants. Pour ceux qui débarquent tout juste, c'est un résumé éclair de l'histoire jusqu'à ce point.

Dans "Leucémie", j'ai commencé à compiler les post les plus marquants... sur la leucémie, et dans "Seattle", ceux sur l'expatriation en général et Seattle en particulier.

Enfin vous pourrez retrouver quelques infos importantes de copyright dans "Contact", ainsi bien sur que les divers moyens de me (nous) contacter.

Comme d'habitude, c'est pas grand chose ces tabs, mais j'en suis assez fier car je suis une vrai quiche en css + HTML et que j'ai tout fais moi-même. Pour la petite histoire, c'est normalement intégrable en deux clicks à un thème Blogger, sauf que j'ai tellement customisé mon thème au fur et à mesure qu'il m'est maintenant impossible de passer sur les nouveaux thèmes dynamiques de Blogger, et donc je suis obliger de faire toutes ces modifs à la main, maintenant. L'ironie c'est que d'avoir été fainéant il y a deux ans, ça me donne plus de boulot maintenant (comme souvent). Mais bon, je commence à maitriser, c'est un exercice sympa.

Voilà, comme d'hab vos remarques sont les bienvenues, si vous avez des suggestions, n'hésitez pas! C'est encore en cours d'élaboration, il faut que je développe les pages, mais le squelette est là!

mercredi 13 février 2013

Vos questions sur la leucémie, le traitement, etc...

Il y a littéralement 5 minutes, j'étais en train de réfléchir au fait que je ferais bien des interviews d'autres malades afin de recueillir d'autres expériences que la mienne et ainsi peut-être éclaircir des "trous"  dans mon expérience qui est forcément très partielle, et pour aussi vous présenter d'autres parcours de gens qui luttent comme des forcenés et qui sont des inspirations pour beaucoup de gens.

Sauf que justement je suis tellement dans mon sujet que je manque de perspective sur ce qui peut intéresser le grand public, les gens qui ne baignent pas jours après jour dans l'univers médical et qui ne sont pas capables de déchiffrer un bilan sanguin eux-mêmes (sérieusement, vous savez pas faire ça, pfft... ;) ), bref, vous quoi.

Bref, je me disais qu'en fait, si vous avez des questions, ça m’intéresse de les connaitre (et je pourrais d'ailleurs en profiter pour me prêter au jeu de l'interview en y répondant par la même occasion). Si j'ai l'air de vous demander de faire le travail à ma place, et bien oui, c'est exactement ça, et toc.

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaises questions, n'hésitez pas à les poser dans les commentaires, que ça soit lié à la leucémie ou à l'expatriation ou à totalement autre chose  d'ailleurs, je préfère la leucémie parce que mon projet est centré la dessus, mais on peut parler de tout.

Et si vous n'avez pas de question parce que j'explique trop trop bien c'est bien aussi!  ;)

lundi 11 février 2013

Les armes à feu aux US III

(suite de la série sur les armes à feu aux US).

A chaque fois que j'entends parler d'armes à feu, le plus souvent quand les gens s'indignent violemment suite à une n-ième tuerie monstrueuse, j'ai toujours la même réaction d'agacement résigné. C'est très bien de s'indigner entre gens bien pensants, mais au jour le jour, que fait-on pour réduire la violence de nos sociétés? Qu'est ce qui fait que des individus un jour prennent une arme en se disant, "Tiens si j'allais me faire sauter le caisson en emportant avec moi le plus de gens possibles", et que faisons nous pour l'éviter?

J'ai déjà dit dans certains posts que je trouvais la société US très dure, très violente, et on m'a demandé des exemples de cette violence. Et bien en voici quelques un. Le lien avec la violence par armes à feu ne va peut-être pas vous sembler évident au premier abord, mais dans mon esprit, il est extremement clair.

Prenez l'affaire HSBC, par exemple. Une banque qui a blanchi pendant des années l'argent de la drogue mexicain, et qui s'en sort actuellement avec juste une amende qui semble colossale, mais qui ne représente qu'un mois de profits, les dirigeants, au courant, n'étant pas le moins du monde inquiétés. Pendant ce temps des jeunes passent la nuit en prison parce qu'ils ont un joint sur eux, ou des gens se font virer de leur boulot parce qu'un "drug test" (légal aux US) est revenu positif. 

Prenez Starbucks, qui ne paye pas de taxes en Angleterre, car ils déclarent des pertes artificielles en s'approvisionnant à un prix exagéré dans les filiales Starbucks situées dans des pays aux impôts plus légers. Pendant ce temps, en temps qu'expat, on me soupçonne d'évasion fiscale (pas moi hein, les expats en général) alors que je paye des taxes dans deux pays tout en ayant moins de services qu'un citoyen dans chaque.

Prenez un gars qui passe 3 jours à l'hôpital, aux urgences. Il reçoit une facture de 20000 dollars, alors que le coût réel est la moitié de ça, juste parce que l’hôpital surfacture pour permettre une marge de négociation avec l'assurance. Si ce gars n'a pas d'assurance, il va payer la totalité d'une somme gonflée artificiellement, alors que le gars qui a une assurance va payer une fraction de la somme négociée par l'assurance (on en reparlera et vous n'en reviendrez pas). Oui, vous avez bien lu, le pauvre gars qui n'a pas de boulot ni d'assurance va payer 2 fois plus avant assurance que celui qui gagne une somme à 6 chiffres, et 100 fois plus après passage de l'assurance. Qu'est ce que vous trouvez plus violent, le nouveau "Call of Duty" ou ça?

Est-ce que vous commencez à voir le thème récurrent? Allez un dernier pour la route. Ça va vous sembler peut-être idiot, mais le meilleur exemple que j'ai trouvé de la violence de la société US, c'est un jeu télévisé débile qui me l'a fourni. Il s'agit de "Take it All", présenté par Howie Mandel.

Le principe est très simple: au début, il y a 5 candidats. A chaque round, Howie offre un cadeau à chaque candidat, et celui qui a le cadeau de la valeur la plus basse est éliminé. Chaque candidat a le choix de garder son cadeau, ou d'échanger avec le cadeau d'un autre, et chacun dispose d'un véto par partie. Jusqu'ici, tout va presque bien, c'est un espèce de "Juste Prix" en plus pervers.

Sauf qu'à la finale entre les deux derniers candidats, tout change. Chaque candidat se voit offrir une somme d'argent, variant entre 100.000 et 250.000 dollars. Le plus souvent l'un reçoit une somme un peu plus basse, et l'autre une somme approchant le max. Les candidats doivent ensuite choisir, secrètement, s'ils veulent "Garder" ou "Partager". Et c'est là que ça devient franchement pervers. S'ils "partagent" tous les deux, ils repartent chacun avec la moitié de la somme combinée. Si l'un choisi "Garde" et l'autre "Partage", alors celui qui a choisi "Garde" garde tout. Si les deux choisissent "Garde", ils perdent tout l'argent.

Je ne sais pas ce que ça vous inspire, présenté comme ça. Moi, j'étais curieux, comment vont réagir les gens? Le seul choix sensé à mon humble avis, c'est de "partager", mais justement comme c'est le seul choix sensé, pourquoi ne pas "garder" et gagner plus? Surtout que si je partage je prend le risque que l'autre garde, comme de toute façon les gens sont des salauds, autant être plus salaud, c'est qu'un jeu après tout... mais... mais... bref vous voyez le topo.

Et bien le jeu tient toutes ses promesses: sur 7 épisodes, les candidats ont partagé une fois, tout perdu deux, et les 3 restantes,  l'un des candidats a entubé profond son adversaire. Mention spéciale à une jeune femme professeur des écoles, qui a fait un numéro d'actrice phénoménal, pleurant sur le podium en jurant qu'elle allait se servir de l'argent pour acheter des livres pour les enfants dont elle s'occupe et qu'il fallait donc absolument partager, et qui a décidé de "garder", trahissant de façon grandiose son adversaire, et se justifiant ensuite de façon écœurante en prétendant que cet argent supplémentaire, ça représente plus de bouquins pour ses gamins.

Mais ce n'est pas tout. Je ne sais pas ce qui me rend le plus malade, la logique perverse de ce jeu, la mauvaise foi, la culpabilité manifeste qui ronge les gagnants comme les perdants, ou la réaction du public qui félicite avec enthousiasme le gagnant, surtout quand celui-ci a "Gardé" victorieusement. Car c'est célébré comme étant une manière de gagner audacieuse! Bravo, vous avez joué le jeu, vous avez prix un risque maximum, bien joué! Non mais sans déconner... Bien joué d'être une vraie crevure? Félicitation, d'avoir piqué 100.000$ à quelqu'un qui en à autant besoin que vous?

Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir, alors je vous aide. Dans ce jeu, on a poussé à l'extrême trois valeurs fondamentales de la société américaine, l'individualisme, l'argent, et la "gagne" en un mélange particulièrement gerbant. A partir du moment ou l'on suit les règles (même si elles sont iniques) alors tout est justifiable pour gagner de l'argent. Aussi, en gagner le plus possible, même au détriment de quelqu'un d'autre, est presque mieux vu que de le partager. Après tout, l'autre n'avait qu'à avoir des couilles, et l'important n'est pas de participer, c'est de gagner, et si c'est gagner de l'argent, plus c'est toujours mieux. Personne ne se rappelle des seconds. Et je vous promet, ce genre de raisonnement sous tend tous les shows de reality TV US, et même si la TV ce n'est pas la vraie vie, je suis persuadé que cela sous tend l'inconscient américain.

Le lien avec les armes à feu est tenu, je vous l'accorde.  Sauf qu'il existe, sous la forme d'un film, "God Bless America". Attention, ce film va très loin et on peut légitimement, dans le sillage de Sandy Hooks, se dire que faire un film sur ce sujet, traité à la façon de l'humour noir, c'est un peu too much. Et en même temps, ce film tappe tellement juste...

C'est l'histoire d'un  gars qui fait un boulot aliénant dans un cubicle, le 9-to-5 à l'américaine dans toute sa splendeur, et qui un jour se fait évincer et licencier par un collègue stupide mais aux dents raclant le parquet. Il apprend dans la foulée qu'il a un cancer au stade terminal, et sombre dans la dépression. Son ex-femme et sa fille pourrie gatée n'en ont rien à foutre, et il se retrouve à passer la journée à picoler en regardant la TV... Et il se tape toutes les merdes que produit la TV US, tous ces shows complètement cons comme celui dont je vous ai parlé mais aussi  les déformations politiques de Fox News  et de gars comme Rush Limbaugh, et de manière générale la quantité de bruit et de merde incroyable que l'appareil médiatique américain est capable de produire. Et il décide un jour qu'il en a marre, qu'il va aller sur le lieu du tournage d'American Idol coller une balle dans la tête des "protagonistes" les plus insupportables. S'ensuit un road-trip où il est rejoint dans son épopée par une ado aussi désenchantée que lui. Ensemble, ils dessoudent à tout va les cons, les grincheux, les aigris et les égoïstes et l'entière production d'American Idol.

Il y a d'ailleurs une scène particulièrement intéressante qui se passe dans un cinéma, où ils sont emmerdés par des jeunes qui n'arrêtent pas de parler. Il leur demande de se taire, se fait envoyer chier, sors son flingue et dessoude tous les bruyants sauf la seule fille qui demandais aux autres de la fermer. Scène particulièrement marquante quand on sait qu'elle a été filmée avant la tragédie d'Aurora....

Alors je ne suis pas en train de dire que les mass shooters sont des gens normaux comme le "héros" de ce film, et que l'on on peut justifier leurs actions parce qu'ils se vengent de la connerie ambiante, hein. Je ne suis pas non plus en train de dire que la realTV est l'unique responsable de la violence de notre société, ni qu'il ne faut rien faire pour contrôler plus finement l'accès aux armes.

Mais tant que notre société sera basée sur des valeurs d'individualisme à tout prix, où l'argent est la seule métrique du succès, le justificatif ultime, l'alpha et l'oméga, où la consommation de masse est sa grande messe et la seule pratique pouvant nous mener à la Joie, où la bêtise et la médiocrité sont célébrées, je ne serais pas étonné qu'elle produise ici et là des individus perdus, n'ayant plus de valeurs, et donc ce genre de drame. Honnêtement, je suis presque surpris que cela n'arrive pas plus souvent.

Et si on commençait par rendre notre société humaine au jour le jour pour 99.99% des gens avant de s’intéresser aux 0.01% d'attaques de psychopathes?

(à suivre et pour conclure, quelques anecdotes sur le débat).

mardi 5 février 2013

Les armes à feu aux US II

(Ce post est le deuxième d'une série sur les armes à feu aux US)

Avant de commencer, il faut dissiper le mythe tenace qu'aux US il suffit de se rendre dans un supermarché pour acheter une kalach.

Chaque état a en effet des lois spécifiques concernant les armes à feu, et ces lois sont extrêmement variables, et peuvent d'ailleurs varier par comté et même par ville au sein d'un état. Dans certains états, il est très difficile voire impossible pour un particulier de se procurer légalement une arme à feu (bon il faut avouer que c'est l'exception). Dans d'autres certains types d'armes sont interdits, et puis dans certains état, c'est la fête du slip et on peut se procurer à peu près n'importe quoi. Vous comprendrez donc que c'est assez vite difficile de s'y retrouver, et que résoudre le problème de la violence par armes à feu aux US sur le plan légal, c'est bien plus compliqué qu'il n'y parait, puisque ce n'est pas une législation qu'il faut changer, mais 50. Du coup je vais vous parler uniquement de ce que je sais des lois de l'état de Washington. Attention, accrochez vous.

Première chose qui va vous faire bondir (et qui m'a fait bondir quand je l'ai appris), nous sommes dans un Open Carry State. Ce qui veut dire qu'il est légal de se balader dans la rue avec une arme à feu à la ceinture, du moment qu'elle est visible. Ce qui veut dire que si vous êtes citoyen américain, vous pouvez aller dans une armurerie, acheter un flingue, le mettre à votre ceinture et sortir dans la rue pour faire votre shopping. Hallucinant, non? Bon en pratique c'est limité par deux choses: tout d'abord il est interdit de porter une arme dans la plupart des endroits publics (bibliothèques, hôpitaux, écoles, parcs municipaux, stades...) ce qui limite un peu les délires. Deuxièmement, il y a une loi qui vous interdit d'intimider des gens dans la rue, et donc en pratique si vous vous baladez dans le centre de Seattle déguisé en Lucky Luke, il y a fort à parier d'un flic va gentiment venir vous demander de ranger votre matériel pour éviter de faire peur aux gens.

Deuxièmement, nous sommes dans un CCW State, ce qui veut dire qu'il faut un permis pour porter une arme (chargée) sur soi ou dans son véhicule. Sauf que c'est un "shall-issue state", ce qui veut dire qu'en gros l'obtention de ce permis est automatique du moment que vous répondez à certains critères qui tombent un peu sous le sens (avoir plus de 21 ans, ne pas avoir été condamné, ne jamais avoir fait de séjour en HP...). Donc, en pratique, et avec les restrictions sus mentionnées, n'importe quel citoyen "normal" peut s'armer pour sa protection personnelle, moyennant l'obtention de ce permis, et se balader avec en permanence une pétoire sur sa personne.

Avec Celia, nous avons pris un cours d'introduction au tir. Ce cours était décomposé en deux parties: 2 heures de théorie sur la sécurité et les aspects légaux, et une heure de pratique. Pendant la partie théorique, l'instructeur à demandé à un peu tout le monde leur motivation pour participer à ce cours, et la réponse d'un couple m'a complètement fait halluciner. En gros, ils ont acheté un pistolet pour la protection de leur domicile... Et une fois arrivé à la maison, ils se sont rendu compte qu'ils n'avaient absolument aucune idée de comment manipuler leur arme. Et là, le seul truc qui me vient à l'esprit, c'est "Mais vous êtes complètements cons, ou quoi?". Vous sauteriez en parachute sans avoir lu la notice? Vous feriez de la moto sans avoir pris de cours? Non? Bon et bien alors, comment ça se fait que les gens aient le droit d'acheter une arme sans avoir à démontrer leur maitrise de l'outil et des aspects légaux afférents?

Alors, encore une fois, je n'ai a priori rien contre le principe du citoyen armé. Seulement, quand on me parle de "droit", je pense immédiatement à la "responsabilité" correspondante. Droit de vote, responsabilité d'aller voter. Droit de se marier, responsabilité de l'éducation de ses éventuels enfants. Droit de posséder une arme, responsabilité de la sécurité de soi-même et des personnes. Et ce qui me gonfle dans l'attitude des lobbys pro armes américains, c'est qu'il me semble qu'ils brandissent bien haut leur droit inaliénable d'avoir une arme pour se défendre, mais que personne ne parle jamais de la responsabilité colossale qui en découle.

Citoyen armé, je veux bien mais cela présuppose un certain état d'esprit, un entrainement constant, avec travail des situations de stress, une maitrise parfaite de l'arme, de son fonctionnement, de la loi, de la sécurité, des premiers secours (parce que ça me semble d'une débilité absolue de se dire, je vais défendre les gens en tuant les méchants mais de ne pas être capable d'éviter que quelqu'un ne claque d'une hémorragie). Le droit de porter une arme, pourquoi pas, mais soumis à un permis évaluant toutes ces compétences. On a bien un permis de conduire soumis à test! Pour avoir le droit d'acheter une arme, on devrait avoir à passer 10h d'instruction théorique, 10h d'instruction pratique, avoir tiré un minimum de 1000 cartouches, avoir passé le diplôme de premier soin sur un week-end, et avoir passé un examen devant un instructeur évaluant notre attitude et notre respect des consignes de sécurité au long d'une séquence d'entrainement sous stress. Soit dit en passant, c'est un peu comme ça en France, il faut démontrer l’appartenance à un club de tir depuis un moment pour avoir le droit d'acheter une arme.

Mais non. Aujourd'hui, on a plein de Rambo des bacs à sable (ou, ces temps ci, des claviers), qui revendiquent ce droit d'acheter des armes "pour se protéger" (de qui ou de quoi, ce n'est pas toujours clair d'ailleurs), et qui n'ont absolument aucune idée de ce qu'est une confrontation, qui ne se sont jamais mangé une tarte dans la tronche, qui n'ont jamais fait d'exercice de mise en situation, qui n'ont aucune conscience des conséquences légales de leurs actes si par chance ils arrivaient à coller une balle dans le buffet d'un criminel et pas dans le passant d'à coté, et qui sont incapables de venir en aide aux victimes éventuelles. Je trouve cela à la fois profondément con, révoltant, et incompréhensible. Sans parler des tarés qui pensent pouvoir se soulever contre l'état si jamais celui-ci outrepassait ses droits, qui ont fumé un bon kilomètre de moquette étant donné la disproportion entre la puissance de feu des armes militaires et civiles.

Bref, vous comprendrez ma perplexité quand au débat actuel. On a les "Pour", sans conditions. Les "Contre", sans conditions. Les culs entre deux chaises, qui demandent un peu plus de vérifications sur le casier des acheteurs, et autres conneries. Mais personne qui ne lève la main en disant, "Et si on instaurait pour commencer un vrai permis démontrant une réelle compétence", pour mettre fin à cette vaste connerie d'idée qu'une midinette de 22 ans va pouvoir faire face à un violeur parce qu'elle à un Glock 19 neuf, jamais servi, dans le sac à main. Je ne sais pas, ça me semble être la base et cela permettrait surement qu'il y ai un peu moins d'armes en circulation étant donné la paresse naturelle de l'être humain.

Mais allons un peu plus loin. Parce que finalement, droit d'acheter des armes, permis ou pas, je ne pense pas que le problème soit là. Il y a plein de pays (France, Suisse et Canada en tête) qui ont presque autant d'armes que les US et qui pourtant ont moins de violences par armes à feu. Je pense personnellement que c'est avant tout un problème de valeurs, un problème culturel, et que finalement ce n'est vraiment qu'un symptôme de quelque chose de plus profond.

(à suivre dans Les armes à feux aux US III).

lundi 4 février 2013

Les armes à feu aux US I

Vous suivez surement un peu l'actualité US et en particulier le débat actuel (re)lancé par Obama sur les armes suite à la fusillade de Sandy Hook et aux quelques incidents suivants qui ont été bien moins médiatisé par la presse. C'est un peu étrange d'ailleurs, il y a toujours un truc que j'ai du mal à comprendre: une bonne grosse tuerie avec un malade qui tue 30 gamins, ça choque plus que 10 "faits divers" où dix malades tuent trois personnes chacun. Quelque part, ça devrait être l'inverse, les premiers étant de l'ordre de l'exceptionnel, au rang de la catastrophe naturelle, et les seconds une habitude. Ce qui est choquant ce n'est pas ce qui arrive ponctuellement parce que la nature à un hoquet, c'est ce qui arrive au quotidien de façon répétitive, à mon avis. Mais bon, cela n'engage que moi.

Je voulais en parler un peu parce que je suis assez "perplexifié" par le niveau du débat: je trouve qu'il frôle vraiment les pâquerettes, et ce d'un coté comme de l'autre, ce qui est assez navrant.

Au risque de choquer mon lectorat, qui est, si j'en crois facebook, à 75% féminin, perso, je ne suis absolument pas contre les armes à feu, je suis même plutôt pour. Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que ce n'est pas le but et que si on commence, on ne sait pas trop ou ça va s'arrêter, mais je considère que chaque être humain à le droit de se défendre ainsi que ses proches. Les armes, qu'elles soient blanches ou à feu faisant partie du monde, elle devraient être accessibles, dans la mesure du raisonnable, au citoyen honnête désireux de se protéger dans une situation de perte de normalité (ce qui arrive quand même régulièrement, n'en déplaise à madame Michu) ou simplement aimant le tir en tant que tel. J'aime assez bien la phrase "Les guerriers peuvent être pacifiques, les autres y sont contraints", qui résume assez bien une partie de mon opinion sur le sujet. Notez bien que je vous dis cela alors que 4 personnes sont mortes par balle à 500 mètres de chez moi, à un endroit où je passe tout le temps. Ce n'est pas comme si je n'étais pas sensibilisé au problème.

Ceci étant dit, je suis profondément choqué quand je vois la réponse de la NRA à la tragédie de Sandy Hooks. Leur grande idée, c'est de dire que si tous les profs avaient eu un flingue, le tireur aurait pu être neutralisé plus rapidement, sauvant ainsi de nombreuses vies. Le pire, c'est que dans ce cas particulier, ils ont peut-être raison. Sauf qu'il y a deux bonnes raisons, rationnelles, pour lesquelles pousser le raisonnement à l'extrême et le généraliser comme il le font me parait d'une stupidité écœurante problématique. Et puis une troisième purement émotionnelle pour la route.

Premièrement, on parle ici d'un évènement statistique. Si l'on regarde le nombre de morts dues à un tueur psychopathe et que l'on compare aux accidents de tirs commis par des gens honnêtes mais incompétents, il n'est pas difficile de se rendre compte que si chaque personne honnête se met à porter un flingue en permanence, la deuxième catégorie va (très) vite dépasser la première. Comme une mort est toujours un drame, quelle que soit sa cause, ben perso je préfère qu'il y ai moins de morts et qu'ils soient causés par des fous. C'est horrible ce que je dis, mais c'est des maths, je n'y peux rien.

Deuxièmement, considérant qu'il y a toujours une fraction de la population assez tangente psychologiquement (si j'en crois les élections, ça va chercher dans les 15%), si on équipait tout le personnel des écoles d'armes, "What could possibly go wrong?" comme on dit ici. C'est moi ou filer un flingue à un gars sous payé qui se fait traiter comme une merde toute la journée dans une école des "projects", c'est presque passer commande pour un drame? Soyons sérieux deux minutes.

Et puis troisièmement, à un moment, c'est un peu un choix de société: est-ce que vous voulez que vos enfants grandissent dans un environnement où tout le monde a une arme en permanence? Le pro flingue de base va me répondre, "moi je veux déjà qu'ils grandissent", ok mais bon démagogie mise à part je ne sais pas, ça me fait mal au cœur de me dire que l'on est impuissant à tirer (ah ah) suffisamment l'humanité vers le haut dans son ensemble au point de n'avoir plus que comme solution d'armer tout le monde pour maintenir un statut quo prudent façon guerre froide. Parce que c'est de ça qu'il s'agit, si l'on pousse le raisonnement assez loin.

Bon et de l'autre coté on a les anti flingues, pour lesquels les armes c'est le mal incarné, qui vivent dans un monde complètement déconnecté de la réalité, où il suffit de fermer les yeux en conjurant des images de "Mon Petit Poney" pour que tout aille bien et pour que tout le monde devienne gentil d'un coup comme ça. Franchement, ça m'horripile presque autant que les pro flingues extrémistes, les gens qui ont un avis dur comme fer sur la question alors qu'ils n'ont jamais fait l'expérience de la violence, qu'ils n'ont absolument aucune idée de quoi ils parlent et des données du problème.

Par exemple, se dire, il faudrait interdire à la vente les armes aux US, c'est complètement con. Il y a dans ce pays au moins une arme par personne en circulation, et les armes et les munitions, ça dure sacrément longtemps si on en prend soin. Autrement dit, même si on arrêtait les ventes d'armes aujourd'hui, le problème ne se résoudrait pas dans les 100 prochaines années, soyons réaliste deux secondes. Et puis les malfaisant continueraient à trouver leurs armes, de toute façon.

Bon alors, qu'est ce qu'on peut faire? Et ben on verra ça la prochaine fois (je sens que cette semaine va  être la semaine du flingue).

vendredi 1 février 2013

La loi des séries

Rapidement, je voulais préciser des trucs par rapport au post d'hier.

Déjà, bon je chouine parce que je suis fatigué mais faut vraiment se dire que justement au jour le jour je fais bien attention et je suis en général plutôt en forme. Ce post avait plutôt comme but de mettre en valeur le coté très fragile de cette forme. En fait, au jour le jour je suis plutôt heureux, et il y a un seul truc que j'ai vraiment du mal à vivre, c'est le fait d'être limité pour voyager et pour faire certains trucs. Par exemple, concert de Muse ce soir, j'adore Muse, mais je ne pense pas que cela soit une bonne idée d'y aller. Ça, ça gonfle un maximum. Le reste, vraiment, je suis patient et j'ai plein, mais alors plein, de trucs à faire chez moi, je ne m'ennuie pas du tout!

Sinon, je voulais vous en raconter une bien bonne... Dans la série pas de bol, après une insomnie en début de semaine, je me remet doucement. Et cette nuit, à 4h du matin le téléphone sonne. S'ensuit un dialogue hallucinant (en Anglais).

"Elle: Mmhmhmhmhmh
-Moi: Pardon?
- E: Pourquoi vous m’appelez?
- M: Mais je ne vous appelle pas, c'est vous qui m'appellez!
- E: Mais si vous m'appellez, pourquoi vous m'appellez?!
- M: Mais enfin non, je vous assure que je ne vous ai pas appellé
- E: Ecoutez, on vient de m'appeller, ça a raccroché, j'ai appuyé sur bis, ça vous à appellé, c'est bien que vous m'appelliez!
- M: Mais enfin non, j'étais en train de dormir il doit y avoir un problème quelque part!
- E: Moi aussi j'étais en train de dormir, pourquoi vous m'avez réveillé?
- Moi (la pression commençant à bien monter): Bon maintenant ça suffit, j'étais en train de dormir, je vous dis que je ne vous ai pas appelé, il doit y avoir un problème quelque part, bonne nuit!
- E: [click]".

Putain je vous jure. Le réveil en sursaut et la vieille montée de pression que je me suis tappé! Du coup, impossible de me rendormir avant 6h du mat, à 7h30 Celia se lève, à 9h30 les chats ont la dalle et se plaignent bruyamment... C'est pour me punir de me plaindre, c'est ça? Et ben ça marche pas, voilà!

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