Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

mercredi 30 mai 2012

Fusillade dans U-District

Aujourd'hui, vers 11h du matin, un individu a ouvert le feu dans un bar situé à 5 minutes à pied de chez nous.

Bilan: 2 morts sur le coup, 3 blessés grave dont une femme qui est décédée de ses blessures quelques heures plus tard. Les deux autres sont en chirurgie.

J'ai appris ça vers midi en écoutant la radio dans ma voiture en revenant de la clinique. Forcément, c'était un peu l'angoisse, surtout que le suspect était en fuite dans le quartier. Il s'est depuis fait sauter le caisson, mais s'est raté et a été appréhendé par la police (et je viens d'apprendre qu'il habitait le bloc d'à coté du notre, dans une maison que l'on voit depuis notre appartement...).

Nous sommes un peu choqués, comme vous pouvez l'imaginer. Hier, à l'heure du drame, j'étais au garage juste en face de ce bar. Plus tard dans la journée, je suis allé chez le chiro, juste à coté du garage et juste en face de ce même bar. D'ailleurs je (nous) passe en face de ce bar, à pied, quasiment tous les jours lorsque je vais faire les courses ou lorsque je vais au parc. D'ailleurs, nous sommes passé devant ce soir en revenant des courses...

au fond, le garage. a droite, ma chiro. a gauche, le bar en question...


Depuis un mois, je ne sais pas ce qui se passe mais il y a une recrudescence d'incidents violents. Il y a un mois, un père de famille est mort par balles, tué sans raison dans Central District, en pleine journée (un quartier un peu dangereux le soir, mais pas en journée normalement).

Samedi, au Seattle Center, un homme à ouvert le feu sur un autre suite à une altercation, bilan un mort et un blessé (une balle perdue). Un de mes amis était présent (en haut de la Space Needle) et a assisté à toute la scène.

Aujourd'hui donc, 3 morts et 2 blessé dans U-District. Mais ce n'est pas tout: aujourd'hui, dans le centre de Seattle, une femme a été abattue par balle, vers midi. Je revenais de la clinique et je suis passé à 500 mètres de l'endroit, quelques minutes plus tard. La police pense que c'était le même tireur.

Ceci est d'autant plus dingue que Seattle est une ville vraiment calme... C'est une des villes de plus de 100.000 habitants ou il y a le plus faible taux d'homicide des U.S (4 morts par an en moyenne). Les seuls problèmes d'insécurité que nous avons c'est pas mal de deal de drogue (cannabis, principalement) et parfois des clochards déglingués un peu agressifs, pas de quoi fouetter un chat... En tout cas je suis nettement plus détendu dans la rue ici que quand j'habitais dans le 18ème (75018 represent!).

Bon il y a 3 ans une banque à coté de chez nous a été braquée à mains armée, mais il n'y a pas eu de coup de feu de tiré.  Environ une fois pas an, il y a une histoire de règlement de compte entre gangs, mais ils se tirent dessus la nuit, dans des quartiers qui sont connus comme étant dangereux, bref la violence est globalement évitable si on connait un tout petit peu la ville.

Pour relativiser, il faut se dire que dans l'immense majorité des cas, ces fusillades ne sont pas aléatoires: ce sont entre des gens qui se connaissent et qui ont une bisbille ... Mais bon, il y a régulièrement des blessés qui se prennent une balle perdue.  Dans la fusillade d'aujourd'hui apparemment c'était un malade mental, ce qui est un peu plus flippant.

Enfin bref, pour la famille, faut pas que ça vous stresse non plus... Statistiquement, vu le nombre de fusillades dans Seattle par an, on est tranquille pour un moment! Enfin, j'espère.

L'article du Seattle Times.

mardi 29 mai 2012

L'Histoire Sans Fin

J'ai un petit problème quand je parle de livres avec quelqu'un: j'ai tellement de livres qui sont le "meilleur livre que j'ai jamais lu" que parfois quand je parle d'un livre, à Celia notamment, je ne suis pas super crédible. "Eh, il faut absolument que tu lises ça, c'est un des meilleurs bouquin que j'ai jamais lu, vraiment"... Ouais, ouais. Comme les deux milles autres à propos desquels je t'ai bassiné les oreilles.

Dans ma liste des "meilleurs bouquins de la terre entière", il y a quand même une liste spéciale des quelques livres les plus géniaux de l'univers, des livres tellement géniaux que le monde ne serait pas pareil s'ils n'existaient pas. Ce sont des livres que je relis périodiquement, tout les cinq ans environ.

Parmi ceux-ci, j'ai une affection particulière pour "l'Histoire Sans Fin" de Michael Ende. Gamin, j'ai tout d'abord été fasciné par le film (qui a probablement mal vieilli), puis j'ai été fasciné à nouveau quand, des années plus tard, j'ai lu le livre et découvert que le film ne couvrait qu'environ la moitié de l'histoire (et prenait d'ailleurs des libertés considérables avec l’œuvre originale).

Il y a quelques jours, je l'ai emprunté à la bibliothèque pour le lire, en Anglais bien sûr. Or, comme vous le savez peut-être, chaque chapitre commence par une lettre, de A à Z, dans l'ordre. Là ou cela devient amusant, c'est que le livre original est en allemand. Et dans les éditions française et anglaise, cette particularité est respectée. Je me suis toujours demandé comment c'était possible.

Bon, il est clair que l'auteur a facilité la tâche des traducteurs (et la sienne) en utilisant une astuce toute simple: certains des chapitres démarrant par une lettre trop compliquée (X, par exemple) commencent par un nom propre. Cependant il y a des chapitres avec des vraies lettres bien rares qui ne font pas appel à cet artifice, ce qui me fait me demander comment les traducteurs ont pu accomplir ce tour de force.

J'aimerais par conséquent comparer les 26 premières phrases de chaque chapitre, mais je n'ai évidement que l'édition anglaise sous la main. Ce que je vais faire, c'est que je vais les recopier ci-dessous, et si quelqu'un a l'édition française ou allemande (ou une autre langue, l'espagnol et l'italien, ça serait amusant!) et veut participer, cela serait génial. Contactez-moi dans les commentaires ou par email!

Je me demande si en fait, ce n'est pas le premier paragraphe de chaque chapitre qu'il faudrait recopier, mais on va déjà commencer par cela.
  1. All the beasts in Howling Forest were safe in their caves, nests and burrows.
  2. Because of their special importance, deliberations concerning the welfare of all Fantastica were held in the great throne room of the palace, which was situated only a few floors below the Magnolia Pavillion.
  3. Cairon, the old black centaur, sank back on his bed of furs as Artax's hoofbeats were dying away.
  4. Dire hunger and thirst pursued Atreyu. 
  5. Ever so slowly, Atreyu awoke to the world.
  6. Falkor was still sound asleep when Engywook brought Atreyu back to the gnomes' cave.
  7. Gladness buoyed Atreyu's heart as he strode into the forest of columns which cast black shadows in the bright moonlight.
  8. High in the air rode Atreyu, his red cloak flowing behind him.
  9. In the endless sky, somewhere above the roaring waves, Falkor's voice rang out like a great bronze bell.
  10. Just as Atreyu passed through the somber gate of Spook city and started the exploration that was to end so dismally in a squallid backyard, Falkor, the luckdragon, was making an astonishing discovery.
  11. Knitting his brow, powerless to utter a single word, Atreyu stood gazing at the Childlike Empress.
  12. Long-thundering avalanches descended from the heights, snowstorms raged between towering ice-coated summits, dipped into hollows and ravines, and swept howling onward over the white expanse of the glaciers.
  13. "Moon Child, I'm coming!" Bastian repeated in the darkness.
  14. Never had Bastian slept so soundly as in that glowing red blossom.
  15. "O master," said the rumbling lion's voice.
  16. Purple light passed in slow waves across the floor and the walls of the room.
  17. Querquobad, the Silver Sage, had slumped down his chair asleep, for already the hour was late.
  18. Rain was coming down in buckets.
  19. Sunbeams were fighting their way through the cloud cover as the travelers started out that morning.
  20. The dewdrops on the orchids glistened in the morning sun as the caravan started out again. 
  21. Uninterruptedly new emissaries from all parts of Fantastica poured in to swell the army of those accompanying Bastian on his march to the Ivory Tower.
  22. Vigilant scouts returned to camp, reporting that the Ivory Tower was not far off and could be reached in two or at the most three days' marches.
  23. While Bastian was racing through the pitch-black night miles ahead, his companions were still making preparations for departure.
  24. Xayide's end is soon told, but hard to understand and full of contradictions like many things in Fantastica.
  25. Yor, the blind miner, was standing beside his hut, listening for sounds on the snow-covered plains around him.
  26. Zigzagging unsteadily, scarcely able to control his feet, the boy who had no name took a few steps toward Atreyu. 

Pour conclure, j'en profite pour vous recommander un autre livre de Michael Ende, "Momo". Drôle de titre? En résumé, c'est l'histoire d'une jeune vagabonde en Italie (ou Ende a passé une partie de sa vie), qui se trouve confrontée à d'étranges "Hommes Gris" qui achètent le temps de ses amis. Un thème d'actualité, non?

lundi 28 mai 2012

La connerie du dimanche après-midi

Vous souvenez surement que lors de la chimio, puis de la transplantation, tous mes poils sont tombés. Par poil, j'entends tout ce qui ressemble de près à un poil, cela inclus les cheveux, les sourcils, les cils, les poils pubiens, la barbe, les poils sur et dans les oreilles et le nez... Tous les poils.

Et autant perdre ses cheveux c'est pas une expérience particulièrement amusante, autant il y a des poils qu'on est content de voir disparaitre, les poils sur le nez en premier.

J'étais assez content que mes cheveux et mes cils repoussent (vous ne pouvez pas imaginer ce que la vie sans cils cela peut être pénible), mais cela s'est accompagné d'un certain nombre de surprises. Non seulement ils ne repoussent pas à l'identique (j'ai les cheveux légèrement bouclés maintenant) mais j'ai globalement plus de poils. Sur les épaules, par exemple, alors que j'en ai jamais eu à cet endroit, mais aussi sur les pommettes et sur le front.

Dimanche après-midi, nous avons donc eu une idée de génie: m'épiler ces nouveaux poils disgracieux avec des bandelettes de cire. Comme toutes les "idées de génie" cela a commencé par une conversation normale à base de même pas cap'.

"Tiens c'est marrant j'ai des poils sur les pommettes maintenant..
- Oui, il faudrait t'épiler! Comme ça tu saurais ce que l'on endure.
- Tsss je suis pas une chochotte, en plus j'ai jamais essayé, t'as de la cire?
- Je vais voir."

Et comme de juste, parce qu'une "idée de génie" est toujours encouragée par les circonstances, il restait 3 bandes de cire, nous avons donc mis notre plan à exécution.

Première constatation, punaise ça fait mal l'épilation. Mais alors un mal de chien. Tellement mal que je m'inquiète légèrement, mais pas suffisamment pour nous interrompre. Nous passons donc à la deuxième joue puis, comme je suis vraiment maso, aux sourcils. Celia est en train de découper un bout de cire suffisamment fin pour pouvoir épiler cette petite surface quand je lui demande de vérifier mes joues, parce que décidément ça brûle. Je tourne la tête et je vois tout de suite qu'elle ne rit plus.

Direction la salle de bain, où je découvre ceci, ou plutôt une version pire de ce qui va suivre puisque dans cette photo j'ai mis de la crème à la cortisone et pris un bénadryl et que cela a déjà commencé à diminuer.

bien besoin d'un petit rasage moi

Ce qui nous ramène à la rêgle des trois de la survie, qui dit que pour mourir il faut:
- 3 semaines sans manger
- 3 jours sans boire
- 3 heures sans réguler sa température
- 3 secondes d’inattention ou de bêtise

Certains de mes amis se demandent parfois pourquoi je continue à faire super attention à tout ce que je mange, pourquoi je ne fais pas la bise, pourquoi je ne serre pas les mains, etc etc. La réponse elle est là: mieux ça va, plus on oublie facilement que la situation est fragile et que le moindre stress peut avoir des conséquences inattendues.

Hier, on avait aucune excuse. C'est marqué sur la cire que ce n'est pas à utiliser sur une peau sensible... Mais on n'a pas réfléchi et voilà, j'ai passé la moitié de mon Dimanche avec le visage brulé et déglingué par le bénadryl (ça endors).

Voilà pourquoi je continue à faire attention à tout même si cela semble parfois un peu paranoïaque. Il ne faut pas longtemps pour faire une connerie qui peut avoir des circonstances pénibles.

Et vous savez le pire?

On a pas réussi à avoir tous les poils.

vendredi 25 mai 2012

Clins d’œil

Comme tous les après-midi, je m'installe dans mon fauteuil pour ce qui devrait être une méditation (mais qui se transforme régulièrement en grosse sieste, soyons honnête). Comme tous les après-midi, Luna saute sur mes jambes, s'installe, tourne, retourne, trouve un endroit confortable, me regarde, ronronne et cligne doucement des yeux. Je cligne à mon tour lentement: moi aussi, je t'aime. Elle pousse un soupir de contentement et s'endort. 


Attention ce n'est pas le clin d’œil que l'on fait pour draguer. C'est un lent clignement des deux yeux en même temps. Une de mes amies appelle cela un bisou de chat, moi j'appelle cela un sourire, un sourire de chat. C'est une expression de détente, de félicité, de calme. Je pense que c'est aussi une marque de confiance: je peux me permettre de te perdre du regard car je sais que tu n'es pas un danger et je peux arrêter de te fixer car je ne vais pas te sauter dessus, tu es un copain, pas une proie.

Depuis la transplantation, je passe énormément de temps avec les chats et je travaille beaucoup avec elles (mais j'en reparlerai plus tard!), et j'ai pris l'habitude de cligner des yeux pour communiquer: détends toi, clin d’œil; tu es bien au soleil, clin d’œil; n'ai pas peur c'était juste l'alarme incendie que j'ai déclenché en faisant cramer ma pizza, clin d’œil; c'est bien, clin d’œil... On a des conversations entières comme cela.


Le problème c'est que depuis quelques jours je me suis rendu compte que je transférais cela dans mes relations avec des humains: Celia me passe le sel, clin d’œil. Merci d'être passé rendre visite, clin d’œil.

Et je ne déconne pas!

J'ai intégré cela comme faisant partie de mon langage, et je le fais de façon totalement inconsciente. A force d'avoir plus de contact avec des animaux qu'avec des humains, je me transforme en enfant sauvage. Pour tout vous dire, c'est un peu embarrassant, quand je me surprend en train de cligner des yeux comme un attardé pour dire merci à quelqu'un.

En tout cas, je vous encourage à essayer cela avec vos chats. J'ai remarqué que c'est un geste qui est impossible à faire si l'on est tendu et stressé. C'est un peu peu comme un sourire (d'humain); même si l'on est en colère, il suffit de se forcer à sourire pour que cela ai un effet calmant, c'est d'ailleurs quelque chose que j'ai beaucoup fait au début de ma maladie. Je me suis forcé consciemment à sourire à tout le monde, et au bout d'un moment le sourire, et l'état d'esprit qui va avec, devient naturel. Le clin d’œil de chat, pour vraiment le faire comme un chat, il faut être calme et serein, et le faire est étrangement apaisant.

Allez je vous laisse, c'est l'heure de mes croquettes.

lundi 21 mai 2012

Pains au chocolat

On va continuer (sauf qu'en fait j'ai écrit ce post il y a un mois donc en fait on ne continue pas... :) ) un peu dans le domaine de la nourriture française qui nous manque en parlant, évidement, des pains au chocolat.

Il est quasiment impossible de trouver des bons pains au chocolat à Seattle. Il y a quelques boulangeries "Françaises", avec un propriétaire soit Français, soit ayant travaillé pendant un certain temps en France qui ont des produits au dessus de la moyenne (déplorable) des boulangeries, mais même dans la meilleure d'entre elles (sur Eastlake Avenue), c'est bon sans être exceptionnel.

Un soir nous regardions une émission sur les dix meilleures pâtisseries des États-Unis. Parmi elles, une boulangerie "française" (des propriétaires américains ayant travaillé 10 ans en France) de San Francisco, connue entre autres pour ses pains au chocolat excellents. Nous étions mi-amusés, mi-atterrés devant le témoignage d'une cliente du magasin affirmant de façon tout à fait sérieuse que c'était les meilleurs pains au chocolat du MONDE et qu'ils étaient bien meilleurs que les pains au chocolat Français, "sorry, France, but that's the truth".

Ah. Ah. Ah. Sachant que les pains au chocolat du Shopi de Boulogne-Billancourt (for my american readers, a kind of Safeway) sont nettement meilleurs que tous les pains au chocolat (d'un ordre de magnitude!) que j'ai eu l'occasion de manger ici, et que la boulangerie de Shopi c'est tout sauf le top du top, j'ai comme un énorme doute, et je me permet donc de franchement rigoler quand j'entends des conneries choses pareilles.

Bref, (punaise, on devrait faire une étude du nombre de bref que je met dans ce blog depuis les débuts et me créditer au générique de l'émission éponyme), on commençait à désespérer, quand je suis tombé la dessus:



Des pains au chocolats surgelés produits par Délifrance, importé directement de la-bas!

Et bien figurez-vous qu'ils sont tout bonnement excellents et d'un prix tout à fait raisonnable. Bon c'est sur qu'ils ont en leur faveur le fait qu'on les fait cuire nous même et qu'on les mange donc tout chaud, ce qui est forcément meilleur qu'un pain de boulangerie tout froid, mais quand même. Je ne sais pas, on doit pas avoir le même beurre, ou le même sucre (ça c'est clair), ou la même farine, pour que le gout soit si différent. Là, c'est le vrai goût français!

Pour tous les expats américains, vous pouvez trouver ces pains au chocolats dans les rayons surgelés des Whole Foods.

Je vous laisse, je vais faire chauffer mon four, ça m'a collé une méchante dalle tout ça :).

vendredi 18 mai 2012

Homosexualité, jeux vidéos et société II

Hier c'était la journée mondiale de lutte contre l'homophobie. Je vous garanti que je n'était pas au courant et c'est donc un pur hasard, plutôt amusant, si j'ai choisi d'écrire ces articles maintenant. Ceci étant dit, vous vous demandez peut-être pourquoi j'ai écrit plusieurs articles sur le mariage homosexuel, étant hétéro et pas forcément concerné. 

Il y a en fait plusieurs raisons.

La plus aisée à expliquer c'est tout simplement que je trouve cela fascinant sur un plan presque "ethnologique" de voir presque en temps réel, les évolutions de ce problème de société dans l'espèce de microcosme ultra masculin qu'est le jeu vidéo. C'est un espèce de baromêtre de la progression de l'opinion que je trouve intéressant.

Cependant, il y a une autre raison.

J'ai toujours eu des amis homosexuels et pour moi cela n'a jamais été un problème. En revanche, ces amis m'agaçaient parfois par leur coté militant et revendicateur. En fait, comme me marier et faire des enfants n'a jamais été le but de ma vie, j'avais un peu de mal à concevoir que l'on puisse en faire tout un pataquès. Pour moi, c'était un non problème: pas besoin de se marier si on est amoureux, et voilà, affaire réglée, on ne va pas en faire tout un plat; et puis il y a le pacs, faut arrêter de pleurer.

Et puis j'ai rencontré Celia, qui partait aux US, et (en simplifiant un peu) nous avons du nous rendre à l'évidence: le mariage était la seule solution pour que nous puissions rester ensemble. J'ai exploré tous les moyens possibles pour pouvoir la suivre aux US sans passer par la case mariage, y compris envoyer plus de 400 lettres de candidatures dans des boites américaines, avant de me rendre compte que c'était le SEUL moyen.

Et la j'ai percuté.

Si j'avais été homo, je serais resté sur le carreau. J'aurais du soit demander à mon partenaire de ne pas réaliser le rêve de sa vie, ce qui est hors de question, soit le laisser partir. Et cela m'a monstrueusement fait chier de réaliser l'injustice de nos pseudo démocraties.

Et quelque part j'ai été encore plus fortement sensibilisé au problème aux US. Ici, c'est comme toujours très extrême: 13 états ont légalisé les mariages de sexe identique, un certain nombre sont partagés, une majorité interdisent formellement ce type d'union... Il y a à la fois une tolérance absolument magnifique par endroits, et une haine d'une rare intensité qui rappellent les parties les plus noires (pun intended) de l'histoire américaine dans certaines communautés.

L'actualité de ce sujet est vraiment intéressante. Obama a abrogé la loi "Don't ask don't tell", qui était un espèce de système bancal où les homosexuels étaient tolérés dans l'armée tant que personne n'était au courant, mais licenciés si le moindre détail sur leur vie privée était rendu public. En Novembre 2011, l'état de Washington a été le 13ème à rendre légal les mariages de même sexe.  Il y a quelques jours, le président Obama a pris position en faveur du mariage homosexuel et François Hollande en a aussi fait un des éléments de son programme.

Vous allez me dire qu'il y a des problèmes plus important dans le monde que celui du mariage homosexuel, que c'est un peu du temps perdu considérant les problèmes de l'économie, de l'emploi, etc, etc... Mais c'est un problème de société qui qui ne coute rien à régler, qui ne prend pas de temps... Si on le décidait, demain, nos société pourraient être un peu plus justes. Bien sur, cela ne règlera pas la faim dans le monde, mais chaque petit pas dans la bonne direction est important... Surtout si ce pas ne coute rien à personne!

Voilà pourquoi je m'intéresse à ce sujet!


mercredi 16 mai 2012

Homosexualité, jeux vidéo et société I

A peu près à la même période l'année dernière, j'avais écrit un post au sujet de l'ouverture vers la communauté homosexuelle dans les jeux vidéos. La sortie de la suite de l'un de ces jeux,  Mass Effect 3 (ME3), ainsi que l'actualité me donnent à nouveau l'occasion de reparler de ce sujet fascinant. 

Nous avions donc vu que dans les séries Mass Effect et Dragon Age, il possible d'initier une romance entre le personnage principal et l'un de ses acolytes, avec une diversité de choix des options homosexuelles qui s'agrandit au fil des jeux de chaque série.

Entendons nous bien: dans ces jeux, la possibilité de déclencher une romance homosexuelle était présente, mais pas mise en avant: il fallait une volonté délibérée du joueur de flirter avec un des personnages du même sexe pour que cette possibilité apparaisse. Pour un joueur hétéro ne souhaitant pas être confronté au thème de l'homosexualité, il est donc possible de jouer à ces jeux et d'évoluer dans un monde sans aucune référence homosexuelle.

Mass Effect 3 a profondément changé cela.  Dès les premières heures de jeu, on est obligé de se rendre compte que l'un des personnage secondaire est homosexuel quand il nous raconte la mort de son mari. Et oui, dans l'univers spatial des années 2250, le mariage gay est légal! Plus on se balade dans le monde de Mass Effect 3, plus on se rend compte, par petites touches que le mariage gay est totalement accepté: au détour d'un couloir on croise ainsi une femme éplorée qui a perdu sa femme dans des combats, nous indiquant au passage que l'univers de Mass Effect 3 est aussi paritaire.

Bref, impossible d'ignorer la question homosexuelle en jouant à Mass Effect 3, d'autant que certains personnages flirtent carrément avec vous. Cela n'avait gêné personne dans Mass Effect 2 de se faire draguer quand c'était une grande brune callipyge, mais cela a provoqué un remou certain dans une certaine partie de la communauté de joueurs à la sortie de ME3 quand c'est un grand brun latino qui a commencé à leur faire de l’œil. On a même droit à un vrai baisé non censuré entre le personnage principal et le lieutenant Cortez sus-mentionné, si l'on choisi de l'encourager dans cette voie, ce qui est loin des ellipses pudiques des jeux précédents. 

Dans un pays très divisé sur la question homosexuelle, on ne peut que saluer l'ouverture d'esprit des studios Bioware et EA. Nous ne sommes plus dans un monde aseptisé où vous pouvez choisir d'ignorer ce qui vous dérange, c'est plutôt comme dans le monde réel: quel que soit votre opinion, Mass Effect 3 ne fait plus du babysitting pour ses joueurs et fait plus que d'offrir des possibilités supplémentaires à certains de ses joueurs: il affirme de façon franche et délibérée son opinion sur ce sujet très controversé aux US. En substance, ME3 envoie un message très clair: si ce sujet vous dérange, changez de jeu, et basta. Cela peut vous sembler anecdotique, mais ces jeux étant joués par des millions de joueurs en vaste majorité masculins et ce dans le monde entier, je pense que c'est un pas très important dans la bonne direction.

En lisant cet article, vous vous demandez peut-être pourquoi ceci m'intéresse à ce point, vu que je suis hétéro et marié... La réponse au prochain numéro!


lundi 14 mai 2012

Greffe de moelle osseuse, J+9 mois

Cela fait un moment que je n'ai pas fait un "point santé" pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas grand chose à dire: "Pas de rechute, toujours fatigué, circulez y a rien à voir!".

Mais depuis quelques semaines, il se passe quand même des choses relativement importantes dans mon petit monde.

Un des grands mystère de la transplantation de moelle c'est que contrairement aux greffes d'organes solides où le rejet dure toute la vie de l'organe, au bout d'un moment, le nouveau système immunitaire d'un transplanté fini, grâce à un mécanisme qui n'est pas connu,  par percuter que le nouveau corps n'est pas un ennemi. Il arrête donc peu à peu d'essayer de lui tordre le coup cellule par cellule.

Le truc c'est que ce processus prend un certain temps, un temps qui varie de façon énorme suivant les individus.. Donc on diminue les doses d’immunosuppresseurs lentement, en espérant aller suffisamment doucement et que le patient ne se mette pas à faire du GVHD à pleins tubes.

Depuis quelques mois, nous diminuions ainsi de façon lente mais constante ma dose d'immunosuppresseurs. Il y a une semaine, nous sommes arrivé à 0. 

Nous attendions cette date avec avec une impatience certaine. Plus d'immunossupression, cela veut dire recommencer doucement à prendre des risques, enfin à vivre normalement quoi: c'est à dire aller au ciné, dans des magasins sans porter de masque, vivre relativement normalement sans tressaillir à la moindre toux d'une personne à proximité. C'était une étape importante vers la guérison.

Sauf que cette lente diminution des médicaments s'est accompagnée par de plus en plus de symptômes gênants: plaques rouges sur la peau, plaques blanches dans la bouche, texture sableuse de la muqueuse buccale... Le plus pénible étant l'impression que la peau de mon cou se déchire quand je tourne la tête, chose que les gens ne peuvent bien évidement pas deviner quand ils interagissent avec moi. 

On me demande souvent quand est-ce que je pense retourner travailler, et je reçois parfois des regards dubitatifs quand je réponds que je suis trop fatigué. Évidement de dehors, on ne peut pas se rendre compte de l'état de guerre permanent dans lequel se trouve mon organisme. Dans une maladie standard, vous êtes fatigués par l'agent infectieux et le fait que votre corps lutte contre celui-ci. Dans mon cas, c'est mon système immunitaire qui attaque mon corps, un peu comme si une armée attaquait ses propres lignes de ravitaillement. Ce n'est pas très visible, surtout que les plaques rouges sont sur mon ventre et que je ne me balade pas tout nu, mais en fait c'est comme si j'avais la grippe, 24/24 depuis 6 mois... Ça use.

Une semaine après que j'ai arrêté les immunosuppresseurs, il a fallu se rendre à l'évidence: mon système immunitaire et moi, on est pas encore copains. On a m'a donc ré-augmenté les doses de médicaments. Oh pas grand chose, juste un peu pour voir si cette dose de maintenance est suffisante pour calmer mes symptômes. Pour l'instant on ne sort pas le grand jeu des stéroïdes etc, car ces médicaments ont pleins d'effets secondaires déplaisants que l'on souhaite éviter... Mais quand même. Cela veut dire au minimum deux mois de plus sous immunosuppresseurs, dont nous nous serions bien passés.

Dans cette grande épopée qu'a été ma maladie, c'est un évènement qui a une importance relativement mineure dans l'absolu, pourtant cela pèse assez fortement sur notre moral. Je recommençait à sortir, à aller au supermarché sans masque respiratoire, à aller chez des amis même s'il y a plus de monde que la limite arbitraire de 10 personnes... Et maintenant je suis obligé de remettre mon masque et de remettre en places mes mesures draconiennes de protection.

D'autant qu'il y a en ce moment une épidémie incroyable de coqueluche (3000 cas en 5 mois contre 500 l'année dernière), une maladie hautement contagieuse et surtout qui se transmet de façon aérosol, ce qui va drastiquement limiter mes possibilités les prochaines semaines... Et qui est évidement un stress supplémentaire: il ne fait pas bon être immunosupprimé pendant une épidémie, vous vous en doutez. 

Moi qui voulait aller voir the Avengers, mon premier ciné depuis 1 an, c'est raté, enfin bon, on peut aussi considérer que c'est une change: vu qu'il fait un temps magnifique, je vais pouvoir passer mon temps au parc plutôt que de m'enfermer dans une salle noire...

mercredi 9 mai 2012

Quelques notes sur l'emploi aux US

Au vu des réactions concernant mon licenciement et le post que j'ai écrit à ce sujet, je pense qu'il y a plusieurs choses à éclaircir quant à l'emploi aux US, avant de vous parler plus avant de comment je m'en sors moi.

Une petite mise en garde pour commencer: mon expérience du travail aux US est forcément particulière. Je suis très qualifié, dans une région avec énormément de travail pour des ingénieurs informaticiens... Ce que je vais vous raconter ne s'applique donc peut-être pas pour une femme ayant quatre enfants vendeuse dans un supermarché du fin fond de l'Alabama... Je ne peux vous parler que de ce que je connais.

Tout d'abord, il faut rappeler que la notion de contrat à durée indéterminée n'existe à ma connaissance pas, sauf peut-être pour les emplois fédéraux (nos fonctionnaires) mais je n'en suis pas sûr.

Ici, un emploi à temps plein, l'équivalent social du CDI français, est un emploi où l'on peut se faire virer du jour au lendemain, voir d'une minute à l'autre. Contrepartie, on peut aussi quitter un job sans aucun préavis, même si en pratique il est courant de donner deux semaines par politesse et ce d'un coté comme de l'autre.

Ce qui ne veut pas dire qu'on se fait virer dès que l'on dit un mot de travers à son supérieur, bien au contraire!

Il faut bien comprendre qu'un employé, c'est 3 mois de formation avant qu'il ne soit efficace. Un recrutement, dans mon secteur, cela a un coût total qui doit aller chercher dans les 50k$: annonces, entretiens, salaire d'une nouvelle recrue qui apprend, temps des membres de l'équipe qui se chargent de la formation, erreurs diverses inévitables chez quelqu'un sans expérience. Bref, cela n'a aucun intérêt de recruter quelqu'un, de le former et de le virer au bout de 6 mois sur un coup de tête.

En pratique, dans mon entreprise, je n'ai vu qu'un licenciement "guillotine", où un gars est sorti de réunion, et a fait ses valises. Je vais schématiser un peu parce que je ne connais pas tous les détails, mais en gros le gars en question était connu pour son tempérament, que l'on tolérait car il était compétent. Un jour il a pété un plomb en réunion et a insulté un collègue. La sanction a été immédiate et justifiée.

Pour tout vous dire, l'immense majorité des employés de mon (ex) entreprise ont plus de 5 ans de boite: on ne vire pas un employé formé et efficace, et l'on ne quitte pas facilement un boulot ou l'ancienneté procure des avantages (plus de vacances notamment, un jour de plus par an en général), et ou l'on a une couverture santé. Car la couverture santé, aux US, est essentiellement dépendante du travail et hors de prix pour les professions libérales et les chomeurs (environ 150$ par mois pour un employé, 700$ pour un particulier, l'entreprise paye la différence).

C'est un paradoxe d'ailleurs: aux US, l'entrepreneuriat est roi et il n'y a pas un seul américain qui ne rêve de monter LE nouveau facebook, mais se lancer en solo cela veut dire une grosse pression financière si l'on veut avoir son assurance santé, ou alors une prise de risque que je trouve déraisonnable (faire sans). D’où aussi l'attachement des américains au mariage, qui permet entre autre de bénéficier de l'assurance santé de son conjoint. D’où aussi pourquoi le chômage, pourtant moins élevé qu'en France, a des conséquences dramatiques.

Au final, l'absence du concept de CDI a des avantages comme des inconvénients: aux US, il est ainsi en général plus facile de trouver un travail car le risque est moindre pour l'employeur. Les petites entreprises en particulier peuvent prendre des risques impossibles à prendre pour une boite française, ce qui explique d'ailleurs peut-être en partie pourquoi il y a tant de start-ups aux U.S par rapport à la France. On peut embaucher un ingénieur et le virer si les commandes ne sont pas au rendez-vous, ce qui peut être un bonne chose, pour l'employé comme pour l'employeur. En revanche, si votre boite décide de délocaliser en Inde, et ce malgré des profits honteux, vous n'avez aucun recours... Il n'y a pas que du bon, c'est évident!

 Il faut quand même noter que le chômage aux US est traditionnellement bas: 4 à 5% en temps normal, 10% au moment de la crise, 8% actuellement... Il y a donc surement des leçons à en tirer. Comme toujours il y a du positif, et du négatif (comme le risque de se trouver sans couverture santé décente si l'on se retrouve au chomage). C'est très complexe et je ne fais qu’effleurer le sujet...

lundi 7 mai 2012

Le changement, c'est maintenant

Et oui, en mai c'est l'échéance: nous devons renouveler notre plaque d'immatriculation. En gros c'est un peu comme la vignette en France: tous les ans, il faut passer à la caisse (jeu: repérez tous les jeux de mots dans ce post).

Vous vous rappeler peut-être que l'an dernier, pour rigoler, nous avions choisi ALBATOR.

Cette année, nous cherchons une blague, un truc drôle et positif, si possible compréhensible en anglais et qui n'ai pas la consonance "Terminator".

On cherche, on cherche, c'est difficile en 7 lettres ou moins. J'avais pensé à "Cheese" (qui veut dire fromage, mais que l'on dit aussi quand on fait une photo: "Say cheeese!". C'est évidement pris.

Pour l'instant on sèche, on trouve des trucs comme Boumbo ou Belénos qui seraient marrant mais incompréhensibles pour un américain... Et puis on a essayé ça, et ça nous a fait rigoler (cliquez sur l'image pour l'agrandir).



Essayons autre chose! (même principe, cliquez sur l'image pour agrandir...).



Bon, blague à part, on cherche encore.



mercredi 2 mai 2012

Boom Boom Boom

En ce moment, je ne suis pas aidé pour écrire sur ce blog.

Hier, je ne sais pas trop pourquoi, j'étais complétement déglingué, impossible d'aligner trois pensées cohérentes sur la page...

Ce matin, ils ont enfin commencé à travailler sur notre toit, pour réparer les fuites.

Des fuites?

Et oui!

On a beau habiter à Seattle, où il pleut quand même un minimum de 200 jours par an, les entreprises de BTP sont incapables de faire des toits de qualité. Surprenant, non?

Ce qui est marrant c'est que j'en ai parlé à un ami qui m'a dit en gros "Oui, mais les toits c'est difficile à faire". Ce qui m'interlocute (je l'aime ce mot) un tantinet, puisque le toit de la maison de mes grands-parents, qui a 300 ans, ne fuit jamais, et que plus généralement, en vivant 20 ans dans un des départements les plus pluvieux de France, je n'ai jamais vu un toit fuir. Cela contraste singulièrement avec nos deux appartements Seattleites successifs qui ont chacun 'fuit', et ceci parfois même en plein été.

Mais rappelez vous, j'avais écrit des posts au sujet de l'infrastructure US qui est dans un état lamentable. Et bien dans le bâtiment, c'est pareil: le capitalisme est roi, la marge est plus importante que tout, et donc on fait des toits les moins chers possible en espérant que cela suffise.

Ce qui est bien sur complètement idiot. Le toit au dessus de notre appartement fuit tellement (de l'eau gouttant du plafond au milieu du salon suffisamment fort pour me réveiller à plusieurs reprises), qu'il faut tout arracher, enlever l'isolation détrempée, et tout reconstruire... Super les économies.

Et surtout, depuis ce matin, ça tape au marteau au dessus de ma tête et je ne m'entend plus penser. Déjà qu'au repos, j'ai du mal! Raaaaah!

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