Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

jeudi 20 septembre 2012

Une balade en montgolfière

Je ne sais pas comment j'ai eu l'idée (ou plutôt si, mais c'est trop la honte), mais dans la lignée des balades en hydravion, j'ai décidé que nous allions fêter mon anniversaire en faisant une balade en montgolfière.

Bizarrement, c'est vraiment une activité que je n'avais jamais imaginé faire de ma vie. Comme si c'était réservé à une certaine élite, comme s'il fallait être initié par quelqu'un... Alors qu'en pratique, il suffit de cinq minutes sur internet pour trouver des compagnies proposant des vols. Comme pour beaucoup de choses, il suffit d'avoir l'idée et de passer à l'action! Sitôt décidé, sitôt fait: nous avons porté notre choix sur "Airial Balloon", une petite compagnie située à Snohomish, à environ 45 minutes au nord de Seattle.

Les vols en ballon étant fortement soumis aux aléas météorologiques, il faut appeler une heure avant le rendez-vous pour vérifier que le vol aura bien lieu. Le samedi venu, la météo est clémente, le rendez-vous est confirmé; nous nous rendons donc sur place, trépignants d'excitation comme des fans de Justin Bieber à une séance de dédicaces chez Auchan... Pour être renvoyés presque immédiatement chez nous: le temps de faire la route, le temps a commencé à changer et voler serait trop dangereux. On ne plaisante pas avec Dame Nature, et l'on ne prévoit pas toujours ses humeurs!

Qu'à cela ne tienne, nous reprogrammons donc notre vol pour le jeudi suivant. La deuxième fois est la bonne: il fait exceptionnellement beau, avec juste une légère brise: c'est parti, nous embarquons dans la fourgonnette qui va nous emmener dans le champ qui va nous servir de piste de décollage!

C'est vraiment une expérience difficile à raconter, vous savez. A la fin du vol, nous étions littéralement sans voix, et quelques semaines plus tard, j'ai encore du mal à trouver comment vous raconter cette histoire pour vous faire comprendre à quel point c'est magique.



Quelque part, toute l'expérience s'approche plus d'une balade sur un vieux bateau que d'un vol en avion. La nacelle est en osier et en rotin, les instruments sont rudimentaires, des cordages pendent de partout, il y a 4 bonbonnes de gaz et un bruleur tout simple. La pièce la plus technologique de l'ensemble est surement le ballon en nylon lui-même, mais l'on pourrait imaginer qu'il est en taffetas et se retrouver transporté cent ans en arrière. Dès que l'on décharge la nacelle de la remorque, on a l'impression d'entrer dans un film d'animation comme "Là-haut" ou "Le château dans le ciel" ou dans un roman de Jules Verne.

La première étape est de déplier le ballon dans le champ et de l'attacher à la nacelle. Ensuite il faut le gonfler à l'aide un gros ventilateur. Je ne peux pas m'exposer aux poussières donc c'est Celia s'est collée à maintenir la soupape ouverte. Une fois le ballon suffisamment rempli d'air, il faut réchauffer cet air pour que le ballon se dresse, et pour cela il faut balancer de gros coups de bruleur.



J'étais juste à coté, en train de filmer, quand elle a allumé le bruleur la première fois. J'aime mieux vous dire que j'ai fait un bond (voir à 0:34, la caméra remue violemment, c'est moi qui sursaute)! Le bruit  et la chaleur sont impressionnants, on dirait un souffle de dragon. La flamme doit faire entre 2 et 3 mètres de long et la température est infernale. Et puis stupeur, en quelques dizaines de secondes, le ballon se dresse et soulève la nacelle. On a beau comprendre pourquoi et comment, cela défie notre expérience normale et nous sommes tous fascinés par le spectacle.

Pas le temps de rêvasser: il faut vite monter dans la nacelle, et les plus stressés d'entre nous (moi, quoi), n'ont même pas le temps d'imaginer le pire: notre pilote commence à "bruler" comme une malade mentale. En quelques secondes nous sommes au-dessus de la cime des arbres. C'est complètement surréaliste: nous n'avons quasiment rien senti. C'est encore plus doux qu'un ascenseur, il n'y a aucune sensation de prise d'altitude, aucune sensation de vitesse. Il n'y a absolument aucun vent, puisque nous évoluons dans le vent. Nous ressentons juste une légère brise quand le ballon change d'altitude et que le haut et le bas du ballon sont dans des courants différents.

Nous sommes complètement médusés. Nous sommes au minimum à 300 ou 400 mètres au dessus du sol, et nous n'avons rien senti. Nous n'avons même pas l'impression de bouger, en fait nous avons l'impression d'être immobile et que c'est le monde qui bouge autour de nous. Il n'y a à ma connaissance aucun autre véhicule qui produise cette sensation. Et le plus marquant dans tout cela, c'est le silence. Il n'y a aucun bruit. A un moment nous redescendons dans la vallée pour profiter des courants près du sol, nous passons au dessus d'un pécheur et nous avons une conversation avec lui comme si l'on était côte à côte... La seule chose qui trouble cette paix absolue, c'est le vacarme ponctuel produit par le bruleur.



Pas question d’atterrir n'importe où et de s'inviter dans n'importe quel champ: les pilotes ont décidé à l'avance de l'endroit où nous allons nous poser. C'est aussi quelque chose de très impressionnant: il n'y a pas de volant sur ces engins, cela va où le vent va, et c'est tout! Et pourtant les pilotes se posent exactement où ils ont prévu. C'est bluffant.


D'ailleurs, parlons de l’atterrissage. S'il y a le moindre vent, le ballon a un mouvement horizontal... Or, comme vous l'aurez surement remarqué, il n'y a pas de roues sur les nacelles. Il y a donc moyen de se faire trainer, que la nacelle se renverse et qu'elle se transforme en machine à laver. Mais pas de problème pour notre pilote. Elle fait un virage autour d'un arbre (je me demande encore comment c'est possible) et soudain le vent s'abat. Le ballon s'immobilise, elle le laisse refroidir, et poc, on se pose tout doucement. Surréaliste je vous dis.

La journée est pourtant loin d'être finie. Tout d'abord il faut remettre la main à la pâte, le ballon ne va pas se ranger tout seul! Ensuite, il faut que l'on reçoive le toast des nouveaux aéronautes.  Et la surprise: on se rend compte que "Hot Air Balloon" en français, ça se dit Montgolfière! Et que nos pilotes adorent les français, car leur passion, les montgolfières, sont une invention française. Ils ont même acheté un vieux sabre de cavalerie pour sabrer le champagne, et nous délivrent des "diplômes" tout en français, et sans fautes s'il vous plait! Nous leur corrigeons juste deux accents manquants, ils sont tous fiers d'avoir leur document validé par des vrai français de France. Coïncidence, le premier vol avec des êtres vivants à eu lieu le 19 septembre 1782... Nous fêtons donc en quelque sorte cet anniversaire très spécial pour nos pilotes.

Finalement, c'est l'heure de rentrer. Dans la voiture, nous avons du mal à parler de l'expérience, tellement c'était fabuleux.

(photos à venir sur Facebook demain, quand je serais moins décalqué).

5 commentaires:

  1. Là, je regrette vraiment d'avoir le vertige...

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  2. J'aime beaucoup la comparaison avec le souffle du dragon en tout cas! Il y a un festival international organisé chaque année au Nouveau Mexique, j'ai des collègues qui y sont allés et ils en ont pris plein les yeux!

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  3. Nadine, pas d'inquiétude, personne ne souffre du vertige à montgolfière, je peux vous l'assurer je suis moi même aérostier. D'une part parce que vous n'êtes pas reliée au sol, deuxièmement parce que la nacelle est très stable. Alors foncez...

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  4. En effet il n'y a pas de vertige en montgolfière, cela s'expliquant simplement que vous ne pouvez avoir le vertige que si vous êtes en contact avec le sol.

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