Je vous avoue d'ailleurs que je n'ai pas vraiment envie de me lancer dans un post type dissertation aujourd'hui, donc je vais vous raconter ma journée du mardi 8 mars histoire de vous donner une idée des bons cotés de ce système tant critiqué. On reparlera plus tard du système en temps que tel de façon plus globale une autre fois.
Mardi 8 mars donc.
La journée démarre de façon presque normale: lever, douche, bus, arrivée à 8h45 au boulot, je prépare notre réunion hebdomadaire. Globalement, j'ai la pêche: toujours cette satanée fatigue qui me mine, mais je suis plutôt de bon poil et le cerveau carbure comme d'habitude. Je suis avachi comme une loque sur ma chaise, mais je suis dispo intellectuellement, ce qui est l'essentiel dans mon travail.
Il y a juste un truc qui me tarabuste: j'ai remarqué ce matin des points noirs sur ma langue, des ganglions hypertrophiés à l'aine (je suis maigre comme un coucou du coup ils sont super visibles) et si l'on associe cela à ma fatigue générale, cela commence à faire un peu beaucoup. Ce coup-ci quelque chose cloche, vraiment.
La réunion de l'équipe terminée, je me décide à appeler rapidement mes parents sur Skype pour leur parler de ce nouveau symptôme (ils sont médecins). Le verdict est sans appel: je dois consulter immédiatement. Crap, comme on dit ici.
J'informe mon "dev lead" que je vais essayer d'avoir un rendez-vous chez le médecin dans la soirée ou le lendemain, auquel cas je travaillerai de chez moi. Quand je lui explique pourquoi, il me force quasiment à partir dans l'instant. Il faut dire que ces points noirs sur la langue, c'est vraiment flippant. Coup de bol, j'arrive à avoir un rendez-vous chez le médecin dans la journée, à 16h.
Ça doit être dur, d'être médecin. Celui qui est en train de m'ausculter est un petit jeune, un interne. Je vois qu'il joue un jeu difficile: mes symptômes l’inquiètent manifestement au plus au point et il cherche clairement à faire passer le message. C'est sérieux, il faut faire des examens poussés, très vite.
Cela dit, il ne peut rien conclure et ne doit pas me faire paniquer. Il recule, il hésite, il cherche comment me faire peur, mais pas trop. Je n'aimerai pas être à sa place, mais je n'aime pas trop être à la mienne non plus, pour être honnête. Il lâche finalement le morceau et me dit penser à un ensemble de pathologies, d'une infection qui serait bien cachée, au sida (hautement improbable), à un lymphome.
Sueur froide. Crap. Non, impossible. Pas à mon âge. A tout les coups c'est une saleté d'infection, pas de soucis. Il faut juste vite la trouver et ça va aller.
Il faut savoir, pour la suite de l'histoire, que le médecin avec lequel j'ai rendez-vous officie dans une espèce de clinique tout intégrée (située à environ une dizaine de minutes à pied de chez nous, pratique). Chaque étage a une spécialité et la clinique dispose de ses propres laboratoires, de son propre service de radiologie et d’échographie, de sa propre "pharmacie" (le terme a un usage légèrement différent).
Cinq minutes après cette ébauche de diagnostic peu réjouissante, je suis donc au labo, en train de me faire tirer le sang.
Le doc a commandé tellement d'examens que l'infirmier est obligé de me piquer deux fois, une dans chaque bras. Je ne sais pas encore que ce n'est que le début, mais même pas mal, je plaisante avec lui en l'accusant de chercher à me vider de mon sang.
La clinique ferme ses portes, il est cinq heures. J’appelle Celia pour lui demander de me raccompagner à la maison. Je crois qu'il faut qu'on parle de ce qui m'arrive.
(à suivre)