Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mercredi 30 mars 2011

Le diagnostic de la leucémie, partie I

Cela fait un moment que je rumine une série de posts sur le système de santé américain et vous vous doutez peut-être que le ton général allait être gratiné, très gratiné même. Et puis je suis tombé malade et la qualité des soins que j'ai reçu me force à nuancer, à revoir certaines de mes positions. J'ai même maintenant des scrupules à vilipender un système qui m'a globalement "sauvé la vie" (dans le sens, empêché de claquer à court terme, je ne suis pas guéri) en un temps record.

Je vous avoue d'ailleurs que je n'ai pas vraiment envie de me lancer dans un post type dissertation aujourd'hui, donc je vais vous raconter ma journée du mardi 8 mars histoire de vous donner une idée des bons cotés de ce système tant critiqué. On reparlera plus tard du système en temps que tel de façon plus globale une autre fois.

Mardi 8 mars donc.

La journée démarre de façon presque normale: lever, douche, bus, arrivée à 8h45 au boulot, je prépare notre réunion hebdomadaire. Globalement, j'ai la pêche: toujours cette satanée fatigue qui me mine, mais je suis plutôt de bon poil et le cerveau carbure comme d'habitude. Je suis avachi comme une loque sur ma chaise, mais je suis dispo intellectuellement, ce qui est l'essentiel dans mon travail.

Il y a juste un truc qui me tarabuste: j'ai remarqué ce matin des points noirs sur ma langue, des ganglions hypertrophiés à l'aine (je suis maigre comme un coucou du coup ils sont super visibles) et si l'on associe cela à ma fatigue générale, cela commence à faire un peu beaucoup. Ce coup-ci quelque chose cloche, vraiment.

La réunion de l'équipe terminée, je me décide à appeler rapidement mes parents sur Skype pour leur parler de ce nouveau symptôme (ils sont médecins). Le verdict est sans appel: je dois consulter immédiatement. Crap, comme on dit ici.

J'informe mon "dev lead" que je vais essayer d'avoir un rendez-vous chez le médecin dans la soirée ou le lendemain, auquel cas je travaillerai de chez moi. Quand je lui explique pourquoi, il me force quasiment à partir dans l'instant. Il faut dire que ces points noirs sur la langue, c'est vraiment flippant. Coup de bol, j'arrive à avoir un rendez-vous chez le médecin dans la journée, à 16h.

Ça doit être dur, d'être médecin. Celui qui est en train de m'ausculter est un petit jeune, un interne. Je vois qu'il joue un jeu difficile: mes symptômes l’inquiètent manifestement au plus au point et il cherche clairement à faire passer le message. C'est sérieux, il faut faire des examens poussés, très vite.

Cela dit, il ne peut rien conclure et ne doit pas me faire paniquer. Il recule, il hésite, il cherche comment me faire peur, mais pas trop. Je n'aimerai pas être à sa place, mais je n'aime pas trop être à la mienne non plus, pour être honnête. Il lâche finalement le morceau et me dit penser à un ensemble de pathologies, d'une infection qui serait bien cachée, au sida (hautement improbable), à un lymphome.

Sueur froide. Crap. Non, impossible. Pas à mon âge. A tout les coups c'est une saleté d'infection, pas de soucis. Il faut juste vite la trouver et ça va aller.

Il faut savoir, pour la suite de l'histoire, que le médecin avec lequel j'ai rendez-vous officie dans une espèce de clinique tout intégrée (située à environ une dizaine de minutes à pied de chez nous, pratique). Chaque étage a une spécialité et la clinique dispose de ses propres laboratoires, de son propre service de radiologie et d’échographie, de sa propre "pharmacie" (le terme a un usage légèrement différent).

Cinq minutes après cette ébauche de diagnostic peu réjouissante, je suis donc au labo, en train de me faire tirer le sang.

Le doc a commandé tellement d'examens que l'infirmier est obligé de me piquer deux fois, une dans chaque bras. Je ne sais pas encore que ce n'est que le début, mais même pas mal, je plaisante avec lui en l'accusant de chercher à me vider de mon sang.

La clinique ferme ses portes, il est cinq heures. J’appelle Celia pour lui demander de me raccompagner à la maison. Je crois qu'il faut qu'on parle de ce qui m'arrive.

(à suivre)

lundi 28 mars 2011

Cerisiers en fleur

Au printemps, il y a un évènement à ne pas manquer à Seattle: la floraison des cerisiers.

Il y a plusieurs endroits où l'on peut voir ce spectacle exceptionnel, les plus connus, pour être honnête les deux seuls que je connaisse, étant l'Arboretum de Seattle et le parc de l'Université de Washington.

L'Arboretum est apparemment très impressionnant avec une colline recouverte de cerisiers, mais nous n'avons jamais eu l'occasion d'y aller. En revanche, l'année dernière nous sommes tombés complètement par hasard sur ceux de l'université.


Le lieu est assez spécial: c'est un petit parc, entouré de bâtiments dans un style de vieux "College" anglais façon Oxford. Le parc en lui même n'a pas de nom, pour le trouver, cherchez les facultés d'Arts et de Musique ou l'intersection de Pierce Lane et King Lane.


Petite note pour geek au passage, si vous cherchez l'endroit dans Street View sous Google maps, vous constaterez que les photos ont été prises lors de la floraison des cerisiers ce qui est à mon avis tout sauf un hasard.

Votre serviteur, en combinaison!
Vous vous doutez bien que les cerisiers n'envoient pas d'invitation Facebook pour prévenir de leur floraison, donc chaque année nous sommes aux aguets. Si le temps est clément, le week-end où les cerisiers fleurissent le parc est en effervescence. La communauté japonaise vient en costume traditionnel, les familles sont de sortie avec les moutards, les étudiants viennent passer la journée sur la pelouse avec des instruments de musique... Vous constaterez sur nos photos que le temps n'est pas très clément cette année, nous sommes sorti le temps d'une éclaircie, du coup le parc est presque désert :).

jeudi 24 mars 2011

Invincible II

Samedi 5 mars donc, nous sommes arrivé à l'Emerald City Comicon avec une mission. Faire signer ma pile de comics, acheter les nouveautés de mes auteurs préférés et les faire dédicacer, et pourquoi pas trouver quelques pièces chouettes à mettre au mur.

Dès notre arrivée, nous sentons que quelque chose n'est pas normal. Je suis excessivement fatigué, et naviguer dans les allées du Centre de Convention de Seattle me donne l'impression d'être en train de faire de la marche à 4000 mètres d'altitude: en quelques minutes, j'ai le souffle court. Je suis obligé de faire des pauses régulièrement, monter l'escalator m'éreinte, mon sac semble lourd alors qu'il ne contient que quelque comics...

Cependant, c'est une journée de 'fête' pour moi, alors je serre les dents et nous nous dirigeons vers le stand d'Image Comics. Ryan Ottley est présent, mais il n'accepte malheureusement plus de commandes pour la journée. Enfer et damnation. Dépité je décide de continuer notre tour, et cahin-caha nous poursuivons notre visite.

Le bruit, le monde, pas assez d'air, cela m'épuise, je n'ai plus de souffle, un mur, vite trouver un mur, s’adosser, assis, enfin, assis, respire, respire...

Le voile noir s'estompe et j'essaie de faire comme si de rien n'était pour ne pas trop stresser Celia. Nous repartons.

Malgré cette fatigue extrême qui me préoccupe, je suis aux anges. Nous passons voir les petits gars de la 501ême légion, nous passons devant des stands de jouets qui ont des modèles de mon enfance, nous dénichons un artiste qui fait des estampes japonaises décalées à un prix défiant toute concurrence...

Rien à faire j'accuse le coup. Je suis à nouveau obligé de m'asseoir. Il va falloir partir, vite.

C'est ma dernière chance d'aller voir Ottley et Max Brooks. Nous passons devant le stand de ce dernier mais la queue est longue. Il n'y a pas moyen que je tienne aussi longtemps. Celia me propose alors de faire le pied de grue à ma place, le temps que j'aille dédicacer chez Image Comics. Elle me dit qu'aujourd'hui c'est ma journée, qu'elle est prête à faire ce qu'il faut pour que j'ai ce que je veux.

Quelque part, on dirait qu'elle a un pressentiment, et moi aussi. Je profite autant de la convention que mon état le permet, avec une âme de gamin.

Arrivé au stand d'Image, je m'aperçois que si Ryan Ottley n'acceptes plus de commandes, il a en revanche des planches originales du comics à vendre. Rendez-vous compte: une planche originale, dessinée au crayon, de votre bande-dessinée! Je suis obligé de craquer.


Je jette mon dévolu sur l'une d'elles (d'un volume que je possède, encore plus la classe) et Ryan m'informe que je peux aussi prendre une autre planche, gratuitement. Il m'empaquette tout cela dans une pochette et me rajoute un poster couleur dédicacé, gratuitement aussi, puis signe ma petite pile de comics. Un gars sympa et classe, il n'y a pas à dire.

Je retourne au stand de Max Brooks, juste à temps: c'est au tour de Celia. Là encore, excellente surprise: Max Brooks est un gars génial. Il nous entend parler en Français, parcours rapidement le livre qu'il s'apprêtait à dédicacer, s'arrête sur un chapitre qui se passe en France et dédicace à cet endroit avec un énorme "Long live France!". J'apprécie, et j'en profite pour le complimenter sur sa description des catacombes dans World War Z. Pas tout les jours qu'on peut dire à un auteur que l'on a adoré son bouquin!

Manque de bol, Mike Mignola (Hellboy) s'est absenté de sa table. Je suis à bout, pas assez d'énergie pour attendre son retour dans une petite heure... Nous décidons (enfin, mon corps décide) de mettre les voiles.

Mon sac est lourd, rempli de mon butin (j'ai un peu dévalisé le stand Image au passage, il faut avouer). Dans le hall, vers la sortie, je fais une nouvelle crise, voile noir, obligé de m’asseoir et d'attendre que cela passe. Celia me prend mon sac et le porte à ma place.

Quand je repense à cette convention, j'ai froid dans le dos. Etant donné mes résultats sanguins trois jours plus tard, j'avais déjà à l'époque un système immunitaire complètement en vrac, plus de plaquettes sanguines, et environ le tiers de globules rouges d'une personne normale (d'où mon essoufflement). J'aurais pu attraper n'importe quelle infection. J'aurais pu tomber dans les vappes, me blesser et faire une hémorragie. Bref j'aurais bien pu claquer.

Il se trouve que non. C'était un dernier jour d'insouciance, un espèce de petit retour en enfance, l'espace de quelques heures. Le calme avant la tempête.


Vous l'avez surement compris en lisant le titre de ce post, Invincible, c'est maintenant ma mascotte, et le poster que j'ai acheté à cette convention a trôné à la place d'honneur pendant mes deux semaines à l'hosto, et il sera avec moi pour chaque chimio. Ce n'est pas grand chose, mais c'est une bonne mascotte je pense. Et puis Invincible, il a sa copine super-héroine (Atom Eve, je vous l'avais dit on se moque des poncifs); moi j'ai ma femme indestructible. On ne peut que gagner.

Nouveau site pour les expats: Expat United

Un nouveau site vient de voir le jour pour les expats: Expat United. C'est relativement neuf pour le moment, mais le principe à l'air sympa, avec notamment une plate-forme qui permet de créer des événements (et donc doit surement faciliter la réunion d'expats d'un lieu donné).

Le site est jeune mais à l'air vivant, plein de web conférences sont organisées (je n'y ai pas assisté, trop fatigué), l'équipe à l'air active... C'est une initiative qui me parait suffisamment intéressante pour en parler ici. Oh, et si je le fais ils font de la pub vers mon blog, donc on ne va pas se priver.

A tenir à l’œil, cela peut devenir vraiment bien si la communauté prend.

mardi 22 mars 2011

Invincible

Samedi 5 mars, juste avant que j'apprenne ma maladie, autant dire dans une autre vie, nous sommes allé à l'Emerald City Comicon, la convention de comics de Seattle.

Comme l'année dernière, c'était un joyeux rassemblement de nerds en tout genres, de gens déguisés, d'auteurs, de dessinateurs et de personnalités médias.

Et il faut dire qu'ils n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère cette année, niveau invités médias: William Shatner (le Kirk de la série Star Trek originale, une légende vivante), Bruce Boxleitner, acteur de Tron dans les deux films éponymes, James Marsters (le vampire Spike dans Buffy), Will Wheaton (Star Trek et Big Bang Theory)...


Je ne me faisais cependant pas trop d'illusions: pour voir ce beau monde, il faut payer son écot, attendre trois plombes, et au final tu te retrouves à sourire comme un niais le bras autour des épaules d'un illustre inconnu, bref très peu pour moi. J'espérais pouvoir, comme l'année dernière, croiser fortuitement Will Wheaton mais pas moyen, trop verrouillé. Tant pis!

De toute façon, si j'aime aller à la Comicon, c'est surtout pour l'ambiance un peu folle qui m'éclate: gens déguisés partout, nerds de tous les horizons grouillant entre les stands, bizarreries en tout genre au détour de chaque allée.


Et puis cette année j'avais trois objectifs: obtenir une dédicace de Max Brooks, le génialissime auteur de "World War Z", une dédicace de Mike Mignola (créateur d'Hellboy), et surtout rencontrer les petits gars d'Image Comics. Image, c'est une maison d'édition, un peu comme Marvel, fondée par Todd Mac Farlane notamment (Spawn), qui publie deux titres dont vous avez peut-être entendu parler: "The Walking Dead" et "Invincible".

The Walking Dead, c'est l'histoire en noir et blanc d'un petit groupe de survivants d'une apocalypse zombie. Cruel, sans pitié, d'un suspense hallucinant (je ne connais personne qui ai lu les cinq premières parutions sans avoir lu les 75 suivantes), intelligent, avec des personnages d'une profondeur rarement égalée, c'est probablement ce que j'ai lu de mieux cette année, toute catégories confondues.

Si l'on excepte "Invincible".

Invincible, c'est à l'origine une espèce de parodie de comics de super-héros, mais pas balourde: on joue avec les poncifs du genre, on se moque gentiment de la concurrence, mais aussi on en profite pour écrire une vraie histoire de super-héros à la testostérone, bourrée d'action, de rebondissements, en assumant à mort le coté over the top, mais en montrant régulièrement que plutôt que de faire du neuf avec du vieux (Superman...), on peut aussi faire du neuf, de l'original, du jamais vu. En fait Invincible c'est ce que devrais être tout comics de super-héros: grandiose, déjanté, rapide, musclé, gavé aux stéroïdes, avec ce second degré omniprésent ou l'on se moque de soi (ou de la concurrence) en permanence.

Crédit image inconnu, me contacter si pb. La bulle dit "Sorry dude, totally my bad."

Vous aurez compris. Je suis complètement fan.

Invincible, c'est ma BD préférée de tous les temps, de très très loin. Et si son auteur, le génial Robert Kirkman, n'était pas à la convention, son dessinateur, Ryan Ottley, lui y était. Comme un gamin, samedi matin, j'ai donc empaqueté mes volumes d'Invincible et trainé Celia avec moi (elle aura une part importante dans la suite de cette histoire), à la comicon pour faire signer mon trésor.

(à suivre)

lundi 21 mars 2011

Ecouter le corps

Encore une fois, je vais parler de quelque chose de récent alors que j'ai plein de choses à dire sur les deux dernières semaines, mais cette fois ci c'est avant tout pour me faire une leçon à moi-même et me la graver en mémoire.

Je suis à la maison depuis quelque jours et je récupère plutôt bien du premier round de chimio. Samedi, je pétais même le feu et je ne voulais pas aller me coucher, il a fallu que mes femmes (ma mère et Celia) me forcent à aller au pieu.

Hier, même combat: levé à 9h, j'avais une pêche d'enfer et j'ai passé ma matinée à m'occuper du blog, à répondre à des mails, à mettre de l'ordre dans mes papiers. Après le déjeuner, petite sieste, mais je l'ai abrégée pour que nous allions faire une balade en voiture, afin d'aller voir les cerisiers en fleur de l'Université de Washington (qui sont juste au bord de fleurir d'ailleurs, surement la semaine prochaine).

Tout excité de faire découvrir "ma" ville à ma mère, j'ai voulu poursuivre la balade et nous sommes allés sur les hauts de l'Arboretum afin de lui montrer la vue hallucinante que l'on a sur le lac Washington et la chaine des Cascades.

Nous sommes ensuite rentrés, j'ai continué à glandouiller sur l'ordi, nous avons diné...

Et la fièvre a commencé à monter.

La fièvre, c'est le truc qui me stresse. Nous devons surveiller ma température régulièrement, car la moindre fièvre peut-être un signe d'infection, ce qui est grave dans ma situation d'immuno-déprimé (ou neutropénique, car je ne suis pas déprimé du tout).

Et pour la première fois depuis que je suis à la maison, j'ai tapé dans les 38C. Pour le péquin lambda, ce n'est pas grand chose. Pour moi cela commence à devenir préoccupant.

Du coup je me suis couché, on a mis le réveil une heure plus tard, et on a vérifié que ça redescendait. Coup de stress.

Je pratique un art martial où nous avons ce principe d'écouter le corps finement et d'équilibrer travail et repos au mieux. Cela a toujours été l'un de mes plus gros problèmes, je suis quelqu'un d'excessif, un "mental" qui peux rester concentré des heures sur un truc sans écouter son corps, et même en bonne santé, cela me jouait des tours.

C'est fini tout ça.

Écouter mon corps, c'est maintenant littéralement une question de survie. Je ne peux pas me permettre, pendant ces phases de convalescence, de me fatiguer. Chaque jour doit autant que possible apporter un mieux, pas être un pas en arrière, et ce qu'il est intelligent de faire pour une personne saine (se reposer quand on est fatigué) doit être systématique pour moi.

Il faut que j’apprenne à écouter mon corps maintenant, très vite. Bonne leçon, que tout le monde devrait apprendre d'ailleurs, trop de gens brûlant la chandelle par les deux bouts dans notre monde moderne. Pour moi c'est juste urgent car vital à court terme.

dimanche 20 mars 2011

Problème de mails

Rapidement, rien à voir avec la choucroute (quoi que je m'en taperais bien une, comme quoi je remonte la pente), je viens de m'apercevoir (merci marina) que le dispositif sensé rediriger les mails des carnets vers mon mail perso ne fonctionne plus.

Du coup j'ai un retard considérable, et je n'ai jamais répondu à certain d'entre vous qui m'ont écrit il y a des lustres. Je suis confus, désolé, et vais m'empresser de réparer cette bourde.

Toutes mes excuses à nouveau, je vais rétablir la situation.

samedi 19 mars 2011

Coiffeur

Vous connaissez surement la blague: "Tu es allé chez le coiffeur? Non, ils sont tombés tout seuls!".

Bon quand tu es leucémique, la blague devient drôle parce que tu penses: "Moi mes cheveux, ils tombaient tout seuls, ça m'a soulé, je les ai coupé".

Ce soir, donc, on a coupé mes cheveux.

En fait, ils ne doivent commencer à tomber que Lundi, mais on a remarqué aujourd'hui que j'en laissais déjà plein derrière moi. Apparemment, quand ça tombe et que tu les as bien dru, tu te réveilles avec des cheveux partout, dans la bouche, dans les oreilles... Du coup il vaut mieux prendre les devants.

C'est un peu dur psychologiquement. J'avoue mon coté fashion-victim, toujours à me foutre du gel effet décoiffé mouillé pendant trois plombes le matin en essayant de trouver l'arrangement floral décoiffé mais coiffé, fier de mes cheveux parce que je le vaux bien quoi.

Du coup, les couper, ça me gave un peu. D'un autre coté, cela sera surement moins "traumatique" que de ramasser des poignées sur mon oreiller toute la semaine qui vient. De toute façon, ils vont se faire la malle, autant en finir quand on le décide nous.

Le truc qui me turlupine un peu c'est que j'ai toujours eu des cheveux d'une qualité rare (c'est mon coiffeur qui le dit), et qu'ils ne repousseront surement pas pareil de la même façon quand tout cela sera fini. Se demander la tête qu'on aura, je trouve ça bizarre.

Soyons positif, je peux essayer mon bandana, maintenant. Je suis sur que ça va me faire une petite tête de bad boy qui va faire craquer les nurses. Je reste français: tant que je peux charmer, rien n'est perdu!

vendredi 11 mars 2011

Le cas Salomé

Il y a quelques temps (fin Janvier?), un scandale a éclaté dans la blogosphère. Une jeune fille s'est faite passer pour une leucémique pendant quasiment deux ans et a profité d'une façon honteuse de la générosité des gens, en ce comportant comme un véritable vampire émotionnel. Elle a été démasquée, finalement, et je vous laisse imaginer les réactions des gens qui lui apportait du soutient, notamment de ceux qui ont connu cette maladie de près.

Une sale histoire, quoi. Sordide.

Forcément, quand tu passes après ça, tu te dis, "merci bien!". Il y a plein de gens qui ont été blessés profondément et qui repenserons à deux fois avant de "s'attacher" à un bloggeur malade, aussi charmant qu'il puisse être.

Quelque part, c'est bien: mon but n'est pas de provoquer de la pitié (encore que j'ai contacté un auteur en lui disant, "hé tu m'envoie un pdf de ton nouveau bouquin, je suis leucémique, soit cool", il a refusé poliment, normal, mais bon ça m'a fait passer le temps pendant un changement de perf).

Cette sale histoire est donc un rappel, pas nécessairement inutile, de la retenue nécessaire à chacun, à moi en temps que blogger en particulier, mais aussi à vous en temps que lecteurs.La dernière chose à faire est de tomber dans un pathos malsain.

Vous pouvez quand même me dire que vous m'aimez, ça mange pas de pain.

Je suis en revanche très touché de tous les commentaires sur le post précédent. Je ne peux pas répondre à tout le monde par pure fatigue et manque de temps mais on se lit les commentaires et mail avec Celia et cela nous touche beaucoup.

Quelqu'un disait dans l'un deux, "je devrais peut-être arrêter de lire si ce blog prend une tournure privée". Je ne pense pas. Je ne sais pas bien ce qui va sortir, mais si je l'écrit ici, c'est que cela ne me pose pas de problème que n'importe qui le lise. J'espère justement arriver à être pertinent sans avoir a vous montrer mes urinoirs.

Une dernière chose, mon orthographe était déjà parfois hasardeuse, le temps d'édition va encore ce réduire et donc cela va encore empirer, et je m'en excuse. Voilà!

Aujourd'hui prélèvement de moëlle, et début de la chimio. Pas folichon mais on va me donner une sucette qui fait rire, faut voir le bon coté.

jeudi 10 mars 2011

De l'expatriation à la leucémie: changement de direction, changement de thème...

Depuis le début de ce blog, une des règles du jeu était de ne pas parler de moi, en tout cas pas en termes personnels. Je vais violemment briser cette règle aujourd'hui.

Vous êtes un certain nombre à me lire, certains amis proche, d'autres plus éloignés, certains inconnus.

Je vais donc m'adresser avant tout aux proches, car j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, et si je le fais par ce blog c'est que c'est un moyen facile de joindre tout le monde. Je suis désolé de vous l'apprendre par ce biais mais cela me permet de toucher beaucoup de gens d'un coup, et je n'ai pas le temps d'appeler tout le monde.

Allez on va arrêter de reculer.

J'ai appris mardi soir que j'ai une leucémie, c'est à dire un cancer des cellules sanguines.

Je ne vais pas rentrer dans les détails, j'aurais certainement l'occasion de le faire par la suite, mais il faut savoir qu'il y a des bonnes chances de guérison. En gros comme je le comprend, c'est une vrai saloperie, le traitement est quasiment pire que la maladie (sauf qu'il ne te tue pas) et je vais en chier grave pendant les mois qui viennent, mais si on ne lâche rien, dans un an je serais comme neuf.

Je décide donc de briser ma règle et d'en parler sur ce blog car je ne connaissais pas cette maladie et je me rend compte que des choses qui ne me touchaient pas (dons du sang par exemple) sont maintenant vitales pour moi. Hier, sans plaquettes, je restais sur le carreau.

Si vous souhaitez me contacter, particulièrement mes "amis réels", n'hésitez pas à me mailer, mais je vais être surement cassé les prochains jours.

Je vous avoue que je suis un peu en vrac là. Je repense à ma journée de lundi, au boulot comme d'hab'. Je n'avais presque plus de plaquettes dans le sang, en gros tomber par terre aurait pu me tuer. C'est un peu irréel, dur à assimiler.

Je suis dans de bonnes mains, dans ce qui est probablement l'un des meilleurs lieux pour soigner ma maladie dans le monde. J'ai le moral, j'ai décidé que ma première est de sourire à tout le monde, et cela semble marcher. Demain, je commence la chimio, le combat va commencer.

Ce blog se transforme, j'ai encore plein de choses à vous dire sur les US, mais il risque de se transformer en "Carnets d'un leucémique à Seattle". Si je peux ne serais-ce que toucher cent personnes qui décident de se mettre à faire des dons de sang et de plaquettes régulier, je serais heureux.

Si ma thérapie se passe bien et que je peux donner du courage à des gens dans la même merde, je serais heureux.

Et si j'ai assez de matos pour écrire un bouquin à la fin de ce merdier, je ne dirais pas non :)

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