Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

vendredi 6 décembre 2013

Ou l'on reparle de préparation

Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je suis avec intérêt le blog de VolWest, qui traite du "survivalisme", qui est un mot que je n'aime pas beaucoup, car il est trop vague et connoté. En gros, il s'agit de la préparation à des scénarios de catastrophes de degrés variés: VolWest parle d’événement "vert" (moins de 72 heures), "jaune", "orange", "rouge" (effondrement total de la civilisation).

Quand on dit que l'on est survivaliste, ou "prepper", comme on dit aux US, on est souvent un peu pris pour des tarés paranoïaques, et il faut bien dire que l'on n’est pas aidé par toute une frange du mouvement qui sont des espèces de guerriers du dimanche qui se préparent à une invasion de zombies en stockant des années de bouffe et des tonnes d'armes et de munition. C'est très dommageable, il y a beaucoup de survivalistes qui sont des gens comme moi, qui sont simplement prévoyants, intéressés par les concepts de résilience, par une forme d'indépendance face au système, par l'écologie aussi.

C'est à chacun de définir ses besoins en terme de préparation, et d'envisager les risques éventuels auxquels vous pouvez être confronté. Pour vous donner une idée du type de réflexion que l'on peut avoir, je vais vous expliquer en gros mon analyse de mes risques personnels.

Premièrement, une chose dont les survivalistes ne parlent à mon avis pas assez, c'est la "survie" au sein du système. Dans notre monde actuel, le risque le plus important, ce n'est pas l'effondrement de la société et la famine, comme certains paranos peuvent nous le faire croire, mais c'est la perte d'un emploi, ou un accident, une hospitalisation, ou celle d'un proche. La première chose à faire c'est de s'assurer d'avoir tous les filets de sécurité nécessaire au sein du "système". Pour la petite histoire, lorsque j'ai changé de boulot ici à Seattle, j'ai eu à choisir si je voulais prendre une assurance complémentaire santé en plus de mon assurance principale... Je me suis posé la question, en me disant, "A 30 ans, quel est le risque que j'aie un accident grave?"... Et puis finalement j'ai décidé qu'il serait stupide d'essayer d'économiser 10$ par mois sur un truc pareil... Pas besoin  de vous faire un dessin: si je ne l'avais pas fait, à l'heure actuelle, je serais sacrément dans le caca. Donc, avoir les assurances qui vont bien, avoir une réserve d'argent (ie, ne pas vivre à crédit, comme beaucoup de gens le font ici...) ...

Une fois ceci fait, pour moi, il faut s'intéresser au risque d'accidents de la vie: il est pour moi impératif de faire une formation aux premiers soins, et d'avoir en permanence sur soi une mini trousse de premiers secours. Je ne compte plus les fois où la petite pochette que j'ai en permanence dans ma sacoche a été mise à contribution pour moi ou mes amis. En tant que "grand malade", j'ai aussi dans mon sac un pilulier avec l'équivalent d'une journée de tous mes médicaments. L'idée, c'est que si pour une raison ou une autre, je suis coincé quelque part, j'ai toujours les essentiels sur moi.

Alors pourquoi est-ce que je pourrais me retrouver coincé quelque part, me direz-vous? Et bien, je vous propose deux scénarios. Première hypothèse: il arrive parfois à Seattle de se retrouver prise dans des tempêtes de neige ultras violentes qui paralysent la ville. Ne riez pas, une fois une de mes amies s'est retrouvée coincée pendant 10h sur l'autoroute à cause d'une tempête de neige soudaine.  Deuxième hypothèse, il faut rappeler que Seattle est une zone sismique. En 2006, la ville a été frappée par un tremblement de terre de magnitude 6, qui a fermé ma boite pendant une semaine le temps de nettoyer les dégâts. Il est donc parfaitement possible de se retrouver piégé hors de chez soi par un tremblement de terre. Dans ces deux cas, pour moi, pas de problème, j'ai toujours sur moi des médicaments, de quoi tenir le temps de regagner mon domicile, même si cela doit me prendre 24h.

En parlant de tremblement de terre, l'essentiel de notre préparation "catastrophe naturelle" est axée sur ceux-ci. Nous avons des sifflets sur nos portes-clés, nous avons des lampes torches dans l'appartement et dans la voiture, nous avons une caisse dans la voiture avec tout ce qu'il faut pour survivre pendant 72h (eau, nourriture, réchaud, couvertures..), et la même caisse dans notre appartement. Nous avons aussi un filtre à eau dans la voiture, et un stock d'eau d'une semaine pour deux dans l'appartement. Cela vous semble délirant? Lors du typhon Hayan, il y a eu énormément de morts... de soif, parce qu'il n'y avait plus d'eau courante et que les sources d'eau étaient contaminées par les cadavres, etc... Si chaque foyer avait eu un filtre à eau, même un petit filtre à 40$ qui peut alimenter 10  personnes par jour en eau pure, des centaines de morts auraient pu être évitées. S'il y a un tremblement de terre à Seattle et que l'eau courante est coupée pendant quelques jours, nous sommes autonomes en attendant les secours.

A l'heure actuelle, nous ne nous préparons pas à un scénario de type rouge, "effondrement de la civilisation", car avec nos ressources et la maladie, c'est pratiquement impossible. Nous nous informons et c'est déjà pas mal. Nous rêvons aussi de construire un jour une maison écologique, indépendante énergétiquement, mais c'est avant tout parce que le sujet nous passionne tous les deux et non pas parce que nous sommes dans une psychose "fin du mondiste".

Le plus amusant dans tout ceci c'est que toutes ces préparations qui semblent faites pour des événements exceptionnels comme des tremblements de terre  se révèlent utiles dans toutes sortes de petits accidents de la vie au quotidien. Par exemple, ce week-end, en revenant de Palouse Falls, Celia ouvre la fenêtre de la voiture pour prendre une photo du paysage magnifique, et là, la vitre tombe dans la portière. Blam. On se retrouve comme des quiches, à 1h30 de la ville la plus proche, en plein week-end de Thanksgiving, alors que tous les magasins sont fermés (chose extrêmement rare aux US, il faut l'avouer), par 0C, avec une vitre cassée. Galère?

Et ben, par vraiment en fait. Il se trouve que quand nous avons fait de la peinture dans notre appartement, j'ai gardé les feuilles de plastique que nous avions acheté, et que je les ai stockées juste au-dessus de la roue de secours, en me disant que ça pourrait servir de protection un jour. Il se trouve aussi que j'ai du Duct Tape dans mon kit voiture. Et hop, en quelques minutes, nous bricolons une fenêtre de fortune, qui non seulement nous permettra de rentrer chez nous ce soir-là, mais qui nous permettra de rentrer à Seattle le lendemain (5h de route). Ce qui aurait pu être une sacrée galère, surtout vu mon état de santé, ne s'est révélé être rien de plus qu'une aventure.







7 commentaires:

  1. On peut résumer par un mot : prévoyance.

    C'est un état d'esprit qui commence par un truc bête comme de regarder le temps qu'il fait pour voir ce que l'on va mettre comme manteau si l'on sort.

    Je m'amuse toujours de voir des collègues qui viennent au travail avec un blouson léger sous prétexte qu'ils utilisent les transports en commun et que ces derniers sont chauffés...

    Le plus alarmant se sont les gens qui adopte cette attitude désinvolte avec leurs enfants et qui les envoient à l'école en pull basket en octobre alors qu'il y a une sortie cueillette de pommes dans le verger gadouilleux du coin et que le temps est froid et couvert.

    Personnellement, j'ai toujours dans mon sac à dos, un vêtement de pluie (si je ne le porte pas sur moi), une gourde d'eau, un sachet de fruit sec.
    De cette façon, si un problème de transport en commun survient, et honnêtement c'est un scénario "jaune" qui a un niveau de probabilité plus qu'élevé en ville, j'ai de quoi assurer l'essentiel.

    Ainsi, si pour une raison ou pour une autre je me retrouve immobilisé dans un train de banlieue entre deux gares ou sur un quai humide et froid, j'ai de quoi assurer, non pas ma survie, puisqu'on ne parle pas ici d'une situation ou sa vie est en danger, mais de passer en toute sérénité un moment qui autrement aurait été franchement pénible, si j'avais du me retrouver à avoir soif, à devoir sauter un repas ou être trempé.

    David Manise, qui est un instructeur de survie, raconte une anecdote amusante dans le même ordre d'idée :
    http://stages-survie-ceets.org/author/manitou/

    Ce n'est bien sûr qu'un exemple, mais cela relève simplement d'un minimum de présence d'esprit et de compréhension de notre environnement direct. Ce minimum d'anticipation permet de s'adapter de façon fluide aux changement du monde qui nous entoure.

    Avoir de quoi se soigner en cas de bobo est aussi pour moi un minimum.
    Cela va du simple pansement/cachet d'aspirine au fond du sac à main, à une vraie trousse de soin. Sachant que cette dernière option ne signifie pas qu'on traîne avec soi un brancard, des atèles et un défibrillateur :)

    Pour ma part cela se limite à un mini flacon d'huile essentielle de tea tree en guise de désinfectant/ cicatrisant, une compresse stérile, une bande adhésive non collante (donc repositionnable), un ou deux pansements, une dose de sérum phy. et deux cachets, un de paracétamol, un d'antidiarrhérique. Autant dire que cela ne pèse quasi rien...

    RépondreSupprimer
  2. Bel exemple de prévoyance, qui à mon avis est aussi une forme de survivalisme. Bravo et merci du partage.

    RépondreSupprimer
  3. Moi, ce que j'ai en tête, c'est un événement similaire à l'embrasement des banlieues il y a quelques années. Comment s'assurer, dans un cas similaire, de pouvoir passer 3 jours sans sortir de chez soi, en attendant que l'ordre revienne dans les rues ?
    Scénario catastrophe en banlieue parisienne, certes. Mais quand on a une maison et une famille de 3 personnes, on se rend compte que l'on a souvent tout ce qu'il faut pour cette éventualité. Il faut juste s'assurer qu'on a suffisamment de packs d'eau en permanence. Mais si l'électricité venait à être coupée ? Plus de chauffage, plus de quoi faire chauffer la nourriture... Pour le coup, là encore il suffit de peu de choses, comme tu le dis, pour faire face. Il vaut mieux investir les quelques dizaines d'euros pour rien plutôt que de le regretter.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La coupure de courant, meme en banlieue parisienne, est toujours possible... Avoir chez soi un réchaud de camping, ca dépanne, au cas ou. Regarde les victimes de sandy, sur la cote ouest.... mieux vaut effectivement dépenser quelques dizaines d'euros que d'en chier plus que de nécéssaire le jour venu.

      Supprimer
  4. Côté tremblement de terre, tu ne dors pas avec des chaussures au pied de ton lit pour quand les vitres seront tombées et avec des grands sacs plastiques pour quand le réseau des égouts aura craqué?!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. non, par contre, je sais ou est mon extincteur et mes chaussures de marche et elles sont accessibles, et j'ai une reserve de sac plastiques au cas ou le système sanitaire ne fonctionnerait pas quelques temps.

      Supprimer

Un petit mot fait toujours plaisir!
Si vous ne savez pas quoi choisir dans la liste déroulante, choisissez "Nom/Url". L'url est optionnelle.

Search Results


Free Blogger Templates by Isnaini Dot Com and Architecture. Heavily modified beyond all recognition by Lo�c. Social icons by plugolabs.com .Powered by Blogger