Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mardi 31 juillet 2012

Hydravions de Seattle III

Il y a quelques semaines, nous avons accueilli pendant quelques jours un de nos amis parisien.

Hors de question de le laisser repartir sans faire le truc le plus incroyable que l'on puisse faire à Seattle (à part me parler en chair et en os, surtout en os d'ailleurs, cela va de soi).

Presque un an après notre première balade en hydravion nous avons donc remis ça!

Et notre PY, tout photographe qu'il est, il a eu la bonne idée de filmer et de nous faire un montage en musique, que voici.



Quelques endroits intéressants:

A 0:30, on aperçoit en arrière plan et en briques rouges quelques bâtiments du Fred Hutchinson Cancer Research Center et derrière le, le cube, c'est le Seattle Cancer Care Alliance, ma clinique.

 0:46, envol vers le nord sur le Lake Union, en fond, Eastlake et ses maisons flottantes.

1:22, voici pourquoi on appelle Seattle la citée d'émeraude. Le vert que vous voyez, c'est la ville. Pas les faubourgs ou la banlieue, hein! C'est Seattle même.

1:44, le pont flottant de l'I-90 et le sud du Lake Washington. On aperçoit Seward Park au loin, mais pas Rainier, malheureusement.

2:02, on peut apercevoir le centre de Bellevue sous le soleil


 2:58, au dessus de l'I-520, deuxième pont flottant, et en fond Union Bay

3:05, le Puget Sound avec Bainbridge Island au second plan, et l'un des célèbres ferries de Seattle, suivi d'une vue nord du Puget Sound

3:11, Alki Beach et derrière le port et SODO. On aperçoit un autre ferry.

3:18, Downtown Seattle

3:52, ce ruban de béton, c'est l'I-5, l'artère principale de Seattle. Jusqu'à 14 voies par endroits. En fond, on revoit le Lake Union. A 4:01, on voit particulièrement bien la Smith Tower et à 4.09 dans le coin en bas à droite les bâtiments ou je travaillais.

4:14, le Seattle Waterfrond, avec l'aquarium, un ferry au dock, et notre toute nouvelle grande roue qui vient d'ouvrir

4:40, de l'autre coté de l'avion, magnifique vue de la Space Needle... Vous ratez tout, faut regarder voyons!

4:55, en gros plan le SCCA, ma maison quoi (voir plus haut). Oui c'est grand, mais pas assez!

Et on atterit, tout en douceur...

Merci PY pour le montage (et j'attend toujours des photos pour refaire ma bannière, wink wink).

dimanche 29 juillet 2012

Un an plus tard

Aujourd'hui cela fait un an que j'ai reçu les cellules souches d'un donneur allemand, sans lesquelles je serais actuellement soit mort, soit bien parti pour.

C'est un anniversaire très particulier dans la communauté de transplantés. Une seconde naissance, presque plus importante que la première puisque celle-ci est consciente et qu'elle n'est possible qu'en acceptant pleinement la possibilité très réelle d'y passer... Et oui, comme dirait mon professeur, le problème c'est que pour renaître il faut accepter de mourir.

D'ailleurs, le jour où j'ai reçu mes cellules souches est moins important que le premier jour de la transplantation, le jour où il a fallu franchir la porte, se mettre presque nu devant la machine d'irradiation et donner le oui final. J'étais terrorisé par la procédure et comme toujours on trouve dans ces moments des raisons de reculer. J'avais le nez qui coulait et peur d'être en train d'incuber un rhume, ce qui aurait pu être dramatique s'il s'était déclenché sur les ruines de mon système immunitaire fraichement atomisé, et j'ai failli demander à ce que l'on décale tout de quelques jours pour être sûr... Mais quelques jours plus tard, ça aurait été autre chose alors...

C'est un peu comme quand on monte en scène, ce trac horrible qui vous prend comme si en vous mettant à nu devant une audience vous risquiez de mourir... Sauf que dans ce cas, c'est exactement ce qui risque de se passer. Et il faut l'accepter, prendre une grande respiration et y aller. Lâcher prise. Après tout, au pire, on meurt, c'est tout!

Et puis, comme sur scène, la peur disparaît. Je suis comme mon père, je suis bon dans l'action. j'ai collé mon CD dans le lecteur portable, de la bonne techno bien puissante à fond les ballons, tellement fort que les techniciens sont sortis de leur cagibi pour me demander de baisser afin de pouvoir entendre si j'appelais à l'aide. Un conseil avisé, puisque le lendemain, lors de ma 3ème séance d'irradiation, je tomberais quasiment dans les pommes, interrompant momentanément la procédure. C'est d'ailleurs à ce moment qu'on se rend compte que ces rayons invisibles et indolores sont bien en train de nous tuer.

Je vous parle de ça, mais ce n'était pas mon intention. Demain, c'est un jour à célébrer, disais-je, mais j'ai du mal à avoir l'impression que c'est un jour spécial. Pour moi, le jour magique, ça sera quand je serais en vacances à Hawaii et que je me rendrais compte que j'ai plongé dans la mer en n'ayant aucune pensée sur le fait que l'eau c'est sale et plein de microbes et que les poissons pissent dedans. Là, la vie sera vraiment redevenu normale et j'ouvrirais une bouteille de champagne.

C'est donc assez symbolique. Je n'ai plus que 10% de risque de rechute, ça se fête! C'est aussi l'occasion de remercier à nouveau tout les gens qui m'ont soutenu au cours de cette année et demie. J'allais écrire "de merde", mais quand j'y pense, j'ai plus de souvenirs de joie qu'autre chose. Comme j'ai déjà fais une séance de remerciements (ici, , et ) il y a quelques temps, je vais condenser.

Il faut que je remercie en premier lieu mon donneur, que je vais pouvoir à présent contacter par lettre et remercier personnellement, ce qui me tient très à cœur. Merci du fond du cœur.

Forcément, Celia. Ça n'a pas été facile, hein, mais on a quand même bien rigolé et beaucoup appris, non?

Ma famille et celle de Celia qui sont venus nous supporter pendant cette épreuve. Ma mère en particulier. On en a chié, mais j'étais content de vous voir et de vous faire découvrir ma ville, même si c'était à moitié mort sur la banquette arrière de la voiture.

Deuxlames et mon professeur. Ils ont le support aride, mais en béton armé, du genre, je paraphrase, "Ca va bien se passer", "Mais si j'étais au bord de la mort, tu dirais ça aussi", "Ben oui, mais c'est vrai, non?"... Et il faut bien reconnaitre que c'est vrai, même si ce n'est pas évident au premier abord.

Et finalement, toute l'équipe médicale du SCCA, le docteur Estey et ma PAC préférée Kelda, Donelle et Eileen, la réceptionniste Lauren, le planton du garage qui me connait et ne me demande plus des tickets de parking validés, le personnel de l'hopital de l'Université de Washington et en particulier l'équipe du 7NE, mes infirmières préférées, Lynsi, Renée, Erica, Stacey, Kirsten et toutes celles dont le nom s'efface, bien malgré moi. Nous venons vous voir demain, vous distribuer des chocolats, vous l'avez bien mérité. Une pensée spéciale aussi pour le tout jeune interne qui m'a diagnostiqué, qui pour la première fois diagnostiquait une maladie mortelle à quelqu'un.

Un dernier mots pour ceux qui sont en train de subir cette épreuve, ou une épreuve similaire, spécialement les enfants qui sont victimes de cette terrible maladie. On s'en sort, la preuve. On peut même en tirer plein de bonnes choses, la preuve. Et puis de toute façon, ne vous inquiétez pas. Ça va bien se passer. Courage, je vous embrasse à distance, au travers d'un masque de chirurgien. Les bisous, c'est pleins de microbes!

mardi 24 juillet 2012

La morsure du soleil

Il y a un proverbe local qui dit qu'ici, l'été commence le 5 juillet. Et comme de juste, après une semaine pourrie, le lendemain d'Independance Day, le soleil s'est montré pour ne (presque) plus repartir.

Comme tout le monde, j'attendais cela avec une impatience certaine, d'autant plus qu'ayant passé l'été dernier dans une chambre d'hopital pratiquement étanche, j'étais en sérieux manque de grand air. Pas question d'aller bronzer à la plage, vous vous doutez bien. Par contre, j'entendais bien passer la journée au parc, à l'ombre avec un bouquin.

Petit problème imprévu: par grand soleil, même de la crème solaire indice 50+ appliquée toutes les deux heures n'est pas suffisante pour éviter que le soleil ne me brule la peau. Les médicaments contrôlent à peine mon GVHD et la moindre exposition provoque des crises très désagréables. Vous savez quand vous avez un coup de soleil et que quelqu'un vous touche, ça fait mal? Et bien mes crises c'est un peu ce type de sensations, sur tout le visage et le cou, du matin au soir.

C'est dur, psychologiquement. En mai, ma santé commençait à s'améliorer, j'ai arreté les immunosupressants, je commençais à reprendre une activité normale, l'été approchait... Puis le GVHD est revennu, plus pugnace que jamais, et le soleil à encore fait empirer les choses. Nous en sommes à un point ou les docteurs sont inquiets: un peu de GVHD, c'est bien, cela protège de la leucémie, mais hors de contrôle, cela peut devenir aussi dangereux que la maladie, il faut donc faire très attention...

Par précaution on va peut-être me remettre sous stéroïdes. Cela serait vraiment dur à avaler. Les stéroïdes, cela veut dire une immunosupression plus forte, sans compter les effets secondaires: impact sur l'humeur, la densité des os, fonte musculaire... Tout un programme.


Je fais par conséquent tout mon possible pour éviter d'empirer le GVHD, en ne sortant qu'après 16h, et en m'équipant de façon adaptée. Je vais me promener habillé de la tête aux pieds, avec un chapeau, des lunettes, et un foulard sur le cou et le visage. C'est assez désagréable, comme vous pouvez vous en douter, car les gens, les enfants en particuliers, sont vraiment mal à l'aise, voir inquiets, en ma présence.

C'est marrant, parce que ce problème m'a ouvert les yeux sur les méfaits du soleil. Au jour le jour, on ne se rend pas forcément compte des dommages qu'une exposition prolongée peut causer... Sauf que moi, je le sens, puisque la moindre exposition me fait mal. Quand je vois les gens, tout rouges d'avoir passé deux heures en plein soleil sans protection, j'ai envie de hurler, mais rendez-vous compte, c'est dangereux le soleil, faites attention!

A ce sujet, j'ai d'ailleurs acheté un bracelet qui change de couleur quand il est exposé aux UV, qui m'aide à me rendre compte de l'intensité du soleil. Ainsi, en voiture, le pare-brise avant est polarisé, mais pas les vitres latérales. Dans l'appartement, où je ne met pas de crème solaire, il y a une quantité substantielle d'UV qui passent si j'oublie de fermer tout les stores... C'est un petit truc que je conseillerai à tout le monde de porter en plein été, juste pour avoir un rappel permanent de faire attention.




Au chapitre des anecdotes, j'ai aussi eu un dialogue assez surréaliste avec une agente de sécurité, qui vient vers moi, me demande d'enlever mon masque car c'est interdit sur le sol de Westlake Center. J'enlève donc mon masque, et je lui explique que j'ai un cancer (petit raccourci, je ne vais pas expliquer les détails de la transplantation) et que je dois continuer de le porter. Elle ne veut rien savoir, les masques sont interdits, point. Nous étions assez choqué, pour tout vous dire, mais bon j'ai l'habitude, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.

Franchement, vous trouvez que j'ai l'air d'un gangster?



vendredi 20 juillet 2012

Mon Saint-Frusquin

J'ai été plutôt silencieux cette semaine car nous avons la visite d'un parisien. Forcément, je m'occupe de lui plutôt que du blog :).

Je fais juste un passage rapide, avant une reprise normale des activités la semaine prochaine pour vous dire que j'ai écrit un post pour le blog de Vol.West, qui détaille mon EDC (Everyday Carry), c'est à dire l'équipement que je porte toujours sur moi.
 
Vous voyez les survivalistes américains qui se terrent dans un bunker en attendant la fin du monde? Et bien VolWest, ce n'est pas du tout ça. Pour VolWest, le survivalisme, c'est en gros deux choses (c'est mon interprétation de ses propos): analyser les risques de la vie quotidienne et s'y préparer de façon adéquate, sans paranoïa mais sans négligence non plus, et d'autre part, travailler à retrouver une autonomie que nous avons globalement perdu dans notre monde moderne (nous sommes dépendants de l'électricité, de l'eau courante, des pompiers, de l'essence...), ce qui peut s'avérer dramatique lors de dysfonctionnements de la machine.

Contrairement aux cinglés qui ne pensent qu'à s'équiper pour survivre à une apocalypse qui n'en fini plus d'arriver, VolWest parle de la vie de tout les jours, de se préparer à la possibilité d'un incendie, d'un accident de voiture, de la maladie, de la perte d'un travail ou d'un proche, d'un tremblement de terre, d'une coupure d’électricité due à un orage, etc...

Comme vous pouvez peut-être l'imaginer, c'est un sujet qui m'intéresse. La perte de normalité, je connais, comme qui dirais. Je suis donc son blog avec beaucoup d'intérêt.

Un des problèmes récurrents de VolWest, c'est d'expliquer aux gens que c'est à eux d'étudier leur vie et de déterminer les risques correspondants à leur situation, et de se préparer en fonction. Il y a une tendance dans la communauté survivaliste, qui est très masculine, de toujours chercher le nouveau gadget, le dernier couteau, le dernier fusil, d'accumuler du matos pour se composer un EDC de la mort qui tue plutôt que de vraiment se poser la question qui fais mal: comment évacue-t-on la ville avec nos 3 enfants et nos deux chats en cas de tremblement de terre.

Vu mes contraintes, convalescent, immunosupprimé, gavé de médocs jusqu'au yeux, j'ai un EDC qui est particulier. Loin du sac en goretex tactique dernier cri qui fait le café, mon matériel de choix, c'est mon gel désinfectant et ma crème solaire. J'ai donc proposé à VolWest de détailler mon équipement, ce qui fais un peu un contrepoint à ses posts et ce qui me permet de faire au passage de la pub pour le don de moelle osseuse sur son blog, et ce qui apporte un éclairage sur le fait que la préparation, c'est vraiment quelque chose de personnel. VolWest peut donner des idées et montrer une direction, mais c'est à nous de faire le travail et de se gratter la tête.

Voilà, j'ai conscience que c'est un sujet éloigné de ce dont je parle d'habitude, mais je vous recommande le blog de VolWest.

mercredi 11 juillet 2012

L'alcool et les américains, quelques anecdotes

Depuis deux ans, nous ne buvons quasiment plus d'alcool, surtout moi d'ailleurs car je ne le supporte pas, et nous avions donc un peu perdu de vue la relation étrange qu'ont les américains avec celui-ci. Depuis quelques jours cependant, en nous baladant, nous avons récolté quelques anecdotes.

En général quand il fait beau, je prend mon matériel (une chaise pliante, un bouquin, de l'eau, à manger, de la crème solaire, un vrai bardas quoi) et je vais au parc pour lire, m'entrainer et méditer. J'ai trouvé un endroit parfait sur le campus de l'Université de Washington: un tout petit parc au bord de l'eau avec des arbres pour me faire de l'ombre, et ou il n'y a jamais personne.

Vendredi dernier, alors que j'étais en train de réfléchir sur le sens de la vie, de l'univers et du reste, arrive un petit groupe d'une dizaine de personnes avec deux ou trois bouteilles de vin. Elles se posent à l'une des tables du parc et commencent à prendre l'apéro.

Environ une heure plus tard, une voiture de police s'arrête, le flic descend, les interpelle, constate qu'ils ont de l'alcool dans des récipients non dissimulés (ce qui est interdit) et leur demande de s'en aller.

Ces gens n'étaient absolument pas bourrés, bruyants ou quoi que ce soit, ils étaient juste assis au soleil, à discuter en buvant un verre de rosé, dans un endroit isolé des regards. J'étais la seule autre personne présente, en train de méditer à trente mètres d'eux, c'est dire s'ils étaient gênants!

Malgré ma méditation (petit scarabée a encore un maximum de travail), j'étais complètement furax. Le jour précédent il y a encore eu un mort par balle dans le centre de Seattle, et les flics n'ont que ça à foutre d'emmerder des gens qui sont tous seuls à prendre l'apéro et qui ne dérangent personne? C'est vraiment n'importe quoi. Le pire c'est que les gens d'ici ne mouftent pas, ils pourraient lui dire d'aller bosser plutôt que de faire chier les honnêtes gens... Mais bon vu la propension aux bavures de la police de Seattle, il vaut mieux s’exécuter.

l'endroit est isolé, derrière une haie et sous un saule pleureur

La deuxième histoire se déroule au Seattle Center, dimanche dernier. Nous venions voir une exposition, et nous sommes tombés par hasard sur le Beerfest qui avait donc lieu ce week-end. Comme toujours dans ces festivals, la zone où l'on à le droit de boire de l'alcool, c'est à dire tout le festival dans ce cas, est grillagé, et mieux que ça, dissimulée aux regards, grâce à des bâches pendues aux clôture. Sait-on jamais, la vue d'une bouteille pourrait faire défaillir ces dames.

Nous, ça nous fait toujours rigoler ces espèces d'enclos, mais celui-ci a vraiment récolté le pompon. A l'entrée, il y a des gens qui contrôlent les cartes d'identités des gens qui veulent rentrer dans l'enclos et qui leur mettent un bracelet afin de leur permettre ensuite de sortir et de rentrer sans se refaire contrôler. Et bien figurez-vous que quand nous sommes passés devant l'entrée, l'une des garde chiourme était en train de mettre des bracelets sur les colliers des chiens des gens entrant dans l'enceinte. Et à voir la tête du bouledogue, il n'était pas vraiment content, et le faisait savoir en bavant profusément sur sa tortionnaire.

Alors nous n'avons pas bien compris pourquoi toute cette mascarade. Est ce que c'était un règle du festival et que tous les chiens devaient porter un bracelet? Cela ne me surprendrais à vrai dire pas plus que ça. Ou bien, est ce que les propriétaires des chiens ont demandé à ce qu'on mette un bracelet sur leurs chiens pour se marrer? Mystère. Nous étions un peu trop morts de rire pour pouvoir demander poliment ("Mais vous êtes cons ou il y a une explication rationnelle?") donc nous avons passé notre chemin.

le bouledogue est passé, c'est le tour du chihuahua

Ils sont fous ces américains.



jeudi 5 juillet 2012

Aller au cinéma

A cause de l'immunosuppression, je dois faire attention à ne pas aller dans des endroits où il y a trop de monde. Pas le droit de prendre le bus, l'avion c'est pas idéal non plus, et le cinéma ça peut être problématique si la salle est bourrée à craquer. Je suis aussi devenu légèrement (beaucoup) agoraphobe, et j'ai beaucoup de mal à rester calme dans une foule, conséquence compréhensible du temps que je passe seul d'une part, et à essayer de ne pas me faire tousser dessus d'autre part.

Au bout d'un an et demi, ça commençait quand même à bien faire d'être terrés comme des marmottes en permanence, et nous avons fini par trouver un moyen pour que nous puissions aller au cinéma sans risque et sans que je sois stressé à mort: nous y allons le lundi, l'un des jours les moins fréquenté de la semaine, et nous essayons de taper dans les dernières semaines d'exploitation des films. Salle quasi-vide garantie.

Cela marche relativement bien mais cela pose un problème récurrent dont je n'ai pas la solution et que je vous soumet donc: comment estimer quand un film va sortir des écrans afin de taper dans les dernières semaines sans rater le coche?

Au passage, on s'est rendu compte que chez Costco, il y avait des packs 2 tickets de cinéma pour 15 dollars (normalement un ticket c'est 10.50$, c'est du vol). Les expats, est-ce que  vous connaissez des méthodes pour avoir des tickets à prix réduit? J'avoue que nous n'avons pas encore investigué les cartes d'abonnement.

Pendant que j'y suis à vous parler de cinéma, je recommande chaudement "The best exotic Marigold Hotel", l'histoire de plusieurs retraités anglais qui pour diverses raisons en Inde vont délocaliser leur retraite en Inde et apprendre à lâcher prise et à recommencer à vivre. Le scénario est globalement sans surprises, mais les acteurs sont tous des légendes en Angleterre et sont vraiment fabuleux.


Je vous recommande aussi plus que chaudement "Safety not guaranteed", un petit film qui se passe à Seattle et dans notre région, ce qui est en soit une raison suffisante pour le regarder, et qui d'autre part est juste fabuleux. L'histoire? Trois reporters désabusés d'un journal de Seattle décident d'aller faire un reportage sur l'auteur d'une petite annonce qui cherche des partenaires "pour retourner dans le temps, amenez vos armes, sécurité non garantie". On a adoré, et pas juste parce que cela se passe chez nous.




mardi 3 juillet 2012

Les sacs plastiques bannis de Seattle

En septembre 2009, quelques mois après notre arrivée, j'avais écrit un article sur l'élection du maire de Seattle, où je me moquais gentiment (et avec ma compréhension limitée du moment) des enjeux de la campagne comme l'utilisation de sacs plastiques dans les supermarchés et le salage des routes.

L'actualité m'a finalement rattrapé, puisque depuis le 1er Juillet 2012, les supermarchés de Seattle ont interdiction de proposer des sacs en plastique. Seuls sont disponibles des sacs en papier, à un prix surchargé (5 centimes). Le but est clair: pousser les citoyens à utiliser des sacs réutilisables.

Et bien figurez-vous que je trouve que c'est une excellente chose.

Cela semble dérisoire comme mesure, au vu des problèmes environnementaux de notre planète. Vous pourriez me dire, "en perdant de l'énergie à faire cela on ne s'occupe pas des autres problèmes".  Oui, mais on ne s'occupe pas des autres problèmes de toute façon, et les sacs plastiques, c'est un problème qui peut être résolu ici et maintenant sans coût pour personne. Pourquoi donc ne pas le faire?

Les sacs plastiques c'est une triple peine: on consomme une ressource finie (le pétrole) pour les produire alors que cette ressource pourrait être utilisée pour des choses non dispensables, on utilise de l'énergie (pétrole ou nucléaire, choisissez votre poison) pour les fabriquer, et ensuite ils se retrouvent soit dans les décharges, soit dans la mer, continuant leur vie de pollueurs chez les ours polaires.

Pourtant nous les utilisons tous tout les jours sans y porter la moindre attention.

C'est dingue quand on y réfléchit: autant la pollution d'une voiture est difficilement dispensable, autant la pollution des sacs plastiques est complètement évitable: il suffit d'avoir en permanence sur soi un sac réutilisable comme celui présenté en photo ci-dessous, ou d'en avoir deux ou trois dans la voiture, pour ne plus jamais avoir à utiliser un sac plastique de sa vie. En plus ces sacs sont bien plus résistants que des sacs plastiques! Celia a le sien depuis 3 ans et a part le logo qui est effacé, il est comme neuf. Le mien est plus récent.

plié: 15g, se range n'importe où (poche, sac à main, voiture)

déplié, un sac ultra résistant

Ce genre de débat, ca me flingue parce que c'est vraiment une question de prise de conscience. Jusqu'à il y a encore quelques mois, j'avoue avec honte que je ne me posais pas la question. J'utilisais des sacs plastiques parce que depuis que je suis né, personne ne m'a jamais montré que c'était inutile (c'est d'ailleurs faux, car mes grands-parents allaient toujours faire les courses avec de grands sacs réutilisables), parce que j'ai toujours vécu avec des sacs plastiques. J'avais vaguement conscience que c'était super polluant, mais comme au quotidien je ne vois pas des montagnes de sacs plastiques devant ma porte, il  m'était facile d'ignorer le problème.

Curieusement, j'en suis venu à me rendre compte de la stupidité d'utiliser des sacs en plastiques en allant à la bibliothèque. Non, je n'ai pas lu un livre sur le sujet! J'allais souvent chercher un livre à l'improviste et j'ai fini par m'acheter un sac réutilisable pour éviter d'avoir en permanence à me coltiner 10 bouquins à la main. Et puis je me suis rendu compte que je l'utilisais sans cesse, et cela a fait tilt dans ma tête, quelques mois avant que Seattle n'en vienne à la même conclusion. Comme quoi, la culture, c'est important.

Mais pourquoi aucune autre grande ville n'a la même démarche? Tout simplement parce que les gens, comme moi il y a encore quelques mois, ont toujours vécu avec des sacs plastiques et ne se posent même pas la question. A Seattle il y a une prise de conscience car nous sommes (notez le 'nous sommes', je suis intégré maintenant!) une ville côtière avec une vie marine et des plages magnifiques qui se dégradent énormément à cause de la pollution. Dans la baie on peut voir toutes sortes de baleines, orques, saumons, "otaries"... Mais on en voit de moins en moins, ou alors on les voit... Morts, étouffés par des sacs plastiques, qui de la rue tombent dans les égouts, puis dans le Puget Sound.

notez le tag "Puget Sound starts here", qui signale que ce drain va directement dans la mer

Pour conclure, quelques chiffres:

Seattle, ville de 500.000 habitants, consomme au bas mot 300 millions de sacs par an. Imaginez un tas de 600 sacs chez vous, faites le test avec une dizaine de sacs, et ensuite imaginez pour Paris ce que cela représente. Seattle consomme aussi 70 millions de sac en papiers. Ces sacs sont aussi polluant: il faut couper des arbres pour les produire, il faut beaucoup d'énergie pour produire le papier... Mais au moins ils sont rapidement biodégradables.

crédit photo: cliquer sur l'image. Dégoutant, non?

A vos sacs réutilisables!

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