Le fait que ce blog n'est qu'une façade, une vue totalement partielle et souvent très positive et où je n'écris que quand ça va bien. Non pas que cela soit une chose nécessairement mauvaise, mais c'est quelque chose que j'avais un peu perdu de vue.
Et c'est vrai que dans les derniers posts sur la greffe de moelle osseuse notamment, je vous fais part de tous les bons résultats, et de tous mes efforts, et de tous les trucs super que les gens font pour nous, mais tous le reste, ce que dans ma tête j’appelle "la merde", toute cette merde qui fait partie de notre quotidien, je n'en parle pas.
Il y a deux semaines, je concluais un post, presque en souriant, en annonçant que je commençais surement une petite crise de GVHD et que cela n'était pas forcément une mauvaise chose car c'est statistiquement corrélé à moins de rechute post-transplantation.
Deux semaines plus tard, je peux vous dire que ce n'est en fait pas une partie de plaisir et que je m'en serai bien passé: j'ai fêté mon anniversaire en vomissant, ont suivit deux semaines avec des symptômes atypiques (nausées, vomissement, puis plus rien pendant quelques jours, avant que cela recommence) qui ont retardé le diagnostic des médecins, avant que l'on confirme la présence de ce foutu GVHD.
Je suis à présent traité pour ce problème, mais c'est toujours stressant car c'est une maladie mal connue, qui peu aussi avoir des complications graves voir mortelles, et donc le traitement est tout sauf innocent (en gros on me file des stéroïdes, qui peuvent causer plein de problèmes par eux-même, le moindre étant une immunosuppression encore plus violente que celle qui m'affecte actuellement).
Et je ne vous parle pas du stress constant de tomber malade, des problèmes administratifs et financiers qui surviennent toujours au meilleurs moment, c'est à dire quand tu as le visage au dessus de la cuvette des chiottes, du mal du pays qui te prend au tripes alors que tu n'as aucune idée de quand tu seras à nouveau en état de voyager...Sans parler de la pression que je crée sur mon entourage, des tensions inévitables qui se créent alors que tout le monde est à bout, de la charge de travail que je représente pour les autres qui me rend malade, et de la merde que je fous dans leur vie aussi...
Toute cette merde, j'évite d'en parler trop c'est vrai. Je laisse parfois surement des indices au fil des posts mais ce n'est pas ce que j'ai envie de faire de ce blog, dans l'absolu. J'ai lu des blogs de leucémique, se terminant parfois mal, qui étaient vraiment déprimants à la lecture; j'essaie un peu de faire l'inverse, d'écrire tout ce que je peux de positif, qu'il y ait un message d'espoir dans ces pages même s'il venait à m'arriver quelque chose (ce qui n'arrivera pas).
Mais c'est vrai, que peut-être, une fois de temps en temps, ça fait du bien de le rappeler. On en chie quand même comme on en a jamais chié, que cela soit physiquement (pour ma part), ou mentalement (toute la famille). On peut peut-être se dire que cette saleté de leucémie nous aura rendu plus fort, mais parfois j'ai des doutes. Elle nous a aussi fait vivre tellement de choses que l'on est pas sensé vivre que certaines marques mettront bien longtemps à s'effacer.
Enfin, pour finir sur une note positive (on ne va quand même pas changer une équipe qui gagne, non d'un petit bonhomme!) cela fait 3 jours que mon GVHD est traité et mon état s'améliore de jour en jour.
(GVHD, pour rappel, c'est la réaction d'attaque du corps de l'hôte par le système immunitaire greffé, dans mon cas, l'estomac).
Je me disais justement ce soir que l'on n'avait pas eu de tes nouvelles depuis un moment,mais que tu traverses surement beaucoup de journées moments intenses,difficiles et éprouvantes. Ayant eu des proches qui ont vécu le combat du cancer et la marraine de mon fils qui a une maladie très rare, une encéphalopathie d'Hashimoto c.a.d des anticorps qui attaquent le cerveau; pour lequel les traitments sont de la chimiothérapie, des stéroides à forte dose, et bien d'autres. Cela fait passer des moments très difficiles et inquiétants pour le malade mais aussi pour la famille. Les familles font toujours du mieux possible auprès des personnes atteintes de la maladie, mais dans tous les cas, il ya des tensions énormes. Cela ne vous rendra peut être pas plus forts mais vous aurez combattu ensemble. C'est vrai qu'être privé de voyage vers son pays à cause de sa santé, ce n'est pas facile à vivre (je suis pour ainsi dire dans la même situation) et le mal du pays, il faut au moins 10 ans à l'étranger avant vraiment de s'y faire. Je vous souhaite beaucoup de courage, de force, de patience. C'est dur de perdre la capacité de travailler et de changer de vie: devenir le malade qui dépend des autres et qui voit son avenir remis en question. Beaucoup de personnes, famille, amis, collègues bien sur et aussi les lecteurs de ton blog aux 4 coins du monde pensent à toi évidemment et croient en ton combat! Cela fait plaisir que ton état du au GVHD s'améliore. A bientot sur ton blog.
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire Pascale. Parfois j'ai l'impression (sans vouloir manquer de respect aux autres lecteurs) que seuls des gens comme toi ayant traversé ce genre de "merde", peut vraiment comprendre ce qui se passe dans la vie d'autres malades comme moi.
RépondreSupprimerMerci encore
Tu as bien fait d'écrire ce passage, Loïc. C'est important de ne pas cacher le quotidien et toute cette merde dont tu parles. Pour être juste avec soi-même et avec les autres. C'est sûrement un soulagement de pouvoir tout balancer. Tu as bien fait. On est plus conscients de ce que toi et ton entourage vivez (même si perso, j'imagine bien que tu ne nous dis pas tout et que tu dois plus qu'en baver pour ne pas dire autre chose... enfin, tes fameux indices). En tout cas, ne change pas cette fameuse équipe qui gagne comme tu dis :) Et de notre côté, on est tous là avec toi, à te lire, à te soutenir par nos pensées, nos petits mots et le reste... A bientôt, Loïc. Et courage, courage, accroche-toi. Grosses bises.
RépondreSupprimerJe me permets de vous laisser ce message pour vous apporter mon soutien, et vous dire combien vous avez raison d'aborder "the dark side of the force". J'ai personnellement des amis dont le très jeune fils combat une saloperie de cancer ; ma fille est expat en Alabama : le cumul des deux situations doit être ô combien difficile, et je suis de tout coeur avec vous.
RépondreSupprimerDites-vous bien que vous ne "foutez pas la merde" dans la vie des autres. C'est la maladie, pas vous ! Votre entourage, j'en suis sûre, même s'il y a des moments de tension, le comprends et sait faire la différence. Je vous adresse toutes mes pensées les plus positives et salue votre courage.
Il y a cette équipe qui gagne, et il y a ce qui doit etre évacué... Ce n'est pas juste que seulement tes tres proches connaissent le coté obscur de la force.
RépondreSupprimerTu sais pourquoi seules les personnes ayant vécu une maladie comme la tienne peuvent te comprendre ? Parce que les malades parlent peu des "down", de peur de nous faire peur / fuir /déprimer...
Etant loin, si tu (vous) ne nous racontes pas, on ne peut pas appréhender...
Ensuite, c'est ton ressenti qui est important : quand tu as envie de "lacher" tu dois le faire, que ce soit déprimant ou non pour les autres : il sera alors de leur responsabilité de te lire ou non, d'être là ou non...
Toi, tu dois juste ecrire ce qui te fait du bien A TOI, si besoin d'évacuer ...fais le !
Pour le reste, nos mains sont toujours dans les votres...
Je t'ai écrit un jour quelque chose dans le genre : "on se sent seul avec sa maladie, et même si les personnes autour de nous sont compatissantes, nul ne peut comprendre ce que nous ressentons. Nous sommes rentrées dans un autre monde où les bien-portants ne peuvent pas pénétrer". Mais toi, tu n'es pas seul parce que tu n'as pas eu peur d'exprimer, même avec pudeur et retenue, ce que tu traverses. C'est important et au niveau d'un blog lu par des centaines de lecteurs, tu en trouveras toujours qui vivent des périodes semblables aux tiennes. Alors si ça te fais du bien de te "lâcher" parfois, ne prends pas ça pour une marque de faiblesse mais plutôt de courage. Il y aura ceux qui compatissent, la majorité heureusement, et ceux qui comprennent, même entre les lignes, ce que tu ressens. Ceux-là se sentent plus proches de toi et ont aussi besoin de ce reflet d'eux-mêmes que tu leur renvoies.
RépondreSupprimerPrends soin de toi.
Je pense que c'est essentiel que tu puisses écrire ce genre de choses. Et même si la majorité d'entre nous ne percevra jamais plus qu'une infime partie de ton/votre épreuve, ca permet quand même de se rappeler que la merde dont tu parles n'existe pas que ponctuellement, lorsque tu la couches sur ce blog.
RépondreSupprimerDes bisous. Plein.
Je suis d'accord avec ce qu'a écrit la-bricole. Voilà bientot 9 ans que je vis avec une maladie qui m'a changé beaucoup la vie et qui s'est aggravée au point ou surtout en 2009-2010, je ne pouvais que rarement sortir de chez moi et souffrais énormément.Je ne fonctionnais plus dans le sens que je ne peux plus travailler et que même des taches faciles me fatiguentphysiquement et aussi du point de vue cérébral, cognitif. Je faisais/fais de la fibromyalgie grave. J'en souffre toujours mais il y a eu amélioration depuis 2011. Cependant cette maladie continue à être un handicap important. Mais il est vrai que même les personnes proches à qui je parlais de ce que ma vie est devenue au quotidien ne s'en rendait pas vraiment compte. Il y a un monde des bien-portants et d'autres mondes parallèles ou beaucoup vivent +/- un calvaire quotidien et uncertain. Bien que la plupart des maladies ne soient pas contagieuses, peu de personnes prennent le temps de rendre visite à la personne souffrante et ne savent pas comment aider.. J'ai un fils de 12 ans maintenant et souvent j'avais du mal à m'occuper de lui bien qu'il soit un enfant facile. Pendant l'été surtout, je demandais parfois aux amis de m'aider; mais je me suis souvent aperçue que même les amis proches ne comprenaient pas mon quotidien. Par ex, je peux rarement aller à la plage ou faire des courses. Donc ce que je demandais c'était que des amis invitent mon fils pour qu'il puisse prendre un bon bol d'air au soleil. Je m'excuse de parler surtout de moi, mais bon je t'ai envoyé aussi un message à 1 h du mat après lecture de ton message...;). Il faut s'accrocher ce que tu fais. L'isolement est pour beaucoup difficile à supporter. Mais il faut continuer à se battre. Je suis devenue très positive at ai appris le "mindfulness" c.a.d une pratique liée aussi à la méditation, consistant à vivre dans le moment présent. Ne pas penser au passé et ne pas s'inquiéter pour l'avenir. C'est un peu cela. Loic, bien que tu sois très affaibli, tu me sembles avoir un force mentale considérable qui est un atout dans ton combat contre ta maladie. De par mon expérience et bien des proches qui ont eu un cancer ou des maladies très graves, accepter que son propre corps soit en fait devenu l'ennemi est une étape que l'on ne connait que si on l'a vécu. "Focus on the positive and not the negative". Je me suis même accrochée à tout ce qui pouvait renforcer ma force mentale, physique et émotionnelle. Des trucs simples comme en anglais: The glas is 1/2 full & not half empty", gratitude practice, etc. Repose toi, la pratique de la respiration profonde comme en yoga m'aide souvent. Dis toi que tu es très fort de vivre ce que tu vis et de l'écrire et d'arriver à positiver. A bientot.
RépondreSupprimerLoic ....Je peux comprendre l'envie de montrer une autre "image" du cancer mais la réalité est là...Cette cochonnerie n'est pas belle, elle est fait souffrir celui qu'elle a pris dans ses filets et son entourage. Moi aussi, j'essaie à travers le blog de ma puce de donner de l'espoir parceque je veux y croire, c'est ce qui me porte mais parfois, il est important de dire les choses telles qu'elles sont car la nature humaine est ainsi faite : si on ne la remue pas un peu, si on ne lui lance pas les choses en pleine face, elle a du mal "à comprendre"...et en même temps, il est difficile de faire comprendre la souffrance morale et physique induite par cette maladie à ceux qui vont bien..et on ne peut pas leur en vouloir de vivre dans "l'illusion". Nous aussi nous étions bien dans cet état d'ignorance avant que le ciel ne nous tombe sur la tête
RépondreSupprimerAlors, un grand OUI pour ce coup de voix car il n'y a rien de plus sain que d'exprimer ce que l'on ressent.
Le cancer est un enfer à vivre ...et on se sent si seul ...
Mais promis, le temps fera le reste ...et tout doucement, sans t'en rendre compte, je te promets, le soleil chassera les nuages ...
Autour de nous gravitent plein d'enfants traités comme Cassie par chimio ou par greffe..LAL LAM, Philadelphia..Nous sommes tous embarqués sur ce radeau qui dérive vers le meilleur, il ne peut pas en être autrement. POSITIVE ATTITUDE.
Patricia
Merci pour ce nouveau post...keep going, tu vas y arriver...Take care. Sophie
RépondreSupprimerJE viens de lire pas mal de vos derniers posts. ALors juste parce que un petit mot même d'une inconnue peut apporter un petit sourire. JE voudrais dire que votre blog était beau mais ca pourrait être mal interprété. Alors je préfère rajouter qu'il est poignant et sensible.
RépondreSupprimerJE vous souhaite encore tout plein de courage et d'amour pour continuer sur la bonne voie.
De mon bout du monde, je penserai à vous.
ça fout la trouille ton truc.
RépondreSupprimerMais Hervé va bien.
Il faut dire qu'il a eu la "chance" d'avoir une auto greffe !
Courage.
je pense souvent à vous deux .
il est vrai que les personnes confrontées à la maladie, comme toi avec la leucémie, comprennent un peu mieux ce que tu vis..mais les autres peuvent aussi compatir, c'est le propre de l'homme..
RépondreSupprimerdans quelques années, tu auras oublié tout ce que tu vis en ce moment, tu te demanderas si tu l'as vraiment vécu, c'est aussi le propre de l'homme, oublier..
c'est le cas de notre famille, la leucémie de notre fille ainée a bouleversé notre vie, mais maintenant, 9 ans après, c'est plus supportable..
bien sûr c'est parce qu'elle a guéri..même si à chaque anniversaire du jour où la leucémie est apparu dans notre vie, le moral est dans les chaussettes..
je te souhaite un bon dimanche, j'espère que tu vas te porter de mieux en mieux!
Merci pour ce post, Loic. Je trouve ça très bien de l'avoir écrit. Ca nous bouleverse peut-être un peu, mais on se rapproche de toi en lisant ça. Il n'y a pas que du bon à partager, mais tout se partage. Et t'es plus proche de nous ; même si c'est souvent l'inverse qui semble important, c'est très important dans ce sens aussi. Eh oui :-)
RépondreSupprimerMaybe this is not so clear... :-/
Proverbe Hollandais: "Amour partagé = amour amplifié ; Peine partagée = peine diminuée" et on pourrait dire "temps difficile partagé = temps difficile atténué" peut-etre.
RépondreSupprimerAller, file te reposer ;)
Continue le combat Loïc, plein de pensées. Antoine.
RépondreSupprimer