Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mercredi 17 décembre 2014

Retour en France II

Je commence à avoir assez de recul pour vous parler de mes sensations suite à ce retour en France.

Cela va peut-être vous étonner mais le sentiment qui prédomine, c'est le soulagement. Quoi? Moi qui parle toujours de Seattle avec un amour profond, je suis soulagé d'être rentré en France?

Et bien oui, je respire enfin. Je crois que l'expatriation était quelque chose de très très dur et pour pas mal de raisons je me mentais sur mon propre état de bonheur au cours de cette expérience. C'était une expérience géniale, attention, et il n'est pas exclu que je reparte un jour autre part (moins loin, probablement). Et j'adore Seattle! Mais l'expatriation, surtout aussi loin et aux US, n'est pas, n'est plus une vie qui me convient. C'est paradoxal et il faut bien que vous compreniez que deux sentiments coexistent en moi et que toute la subtilité consiste à arriver à comprendre lequel est le plus fort.

Vous savez, quand Celia et moi sommes arrivés à Seattle, nous avons eu des réactions très différente. Elle a détesté d'emblée: le rapport entre les gens trop superficiel, la nourriture immonde, l'hypocrisie latente sur des sujets comme l'alcool, l'absence de convivialité... En revanche, elle supportait bien le fait d'être loin, aimant l'aventure.

Moi c'était l'inverse: ayant déjà vécu aux US, je retrouvais un vieil ami en quelque sorte, et je me suis tout de suite plu. Toutes les expériences me fascinaient et la vie française ne me manquait absolument pas. J'avais par contre beaucoup de mal à me faire à l'idée que je ne verrais pas grandir les enfants de mes amis, qu'il y avait un risque que mes grand-parents meurent en notre absence etc. Ce qui est arrivé, pour chacun d'entre nous, malheureusement.

Précisons que nos impressions ont changé considérablement au cours de ces 5 ans et que Celia ne déteste plus Seattle, bien évidement, sinon nous ne serions pas resté si longtemps, cela illustre juste le choc culturel dont je vais parler plus loin.

Il y a quelques mois, j'étais terrorisé de retourner en France. Peur de retrouver les défauts supposés de la France, peur de retourner dans le béton de Paris... Mais aussi une peur bien plus  insidieuse : la peur de la fin de l'expatriation, de la fin de l'aventure, de la fin du rêve. Car c'est un peu un rêve, une aventure, une vie moins ordinaire que d'être expat, et on s'accroche et on devient fier de ce sentiment de vivre quelque chose d'exceptionnel au quotidien, de vivre à l'étranger, de voyager. Sans se rendre compte qu'en fait, on bosse toute la journée, on rentre épuisé, on n'a presque pas de vacances alors on les passe en France voir la famille, du coup on ne voyage en fait pas du tout...

Si j'étais resté en France pendant ces 5 ans, je serais allé au minimum une fois par an dans un pays étranger, avec en tête de liste Norvège, Turquie, Australie, Nouvelle Zélande (je sais, j'ai la chance de pouvoir faire cela). Au final, en 5 ans, nous sommes allé 3 fois à Portland, une fois à San Francisco et 3 fois à Vancouver, à chaque fois juste quelque jours. Tous les autres voyages, nous sommes rentré en France. Conclusion, en fait de vie de voyage et de vie moins ordinaire, c'était surtout une vie stressante, épuisante et avec des contraintes incroyables.

C'est difficile de s'en rendre compte, de se rendre compte que la vie dans un pays ou une ville ne nous convient pas. Comme on est constamment déstabilisé par la nouveauté, par l'exotisme, on ignore souvent des signaux importants. Par exemple, j'ai toujours dit que Seattle était une ville magnifique et que la nature était absolument incroyable et que je ne pourrais plus vivre ailleurs... Sauf que lorsque nous sommes allé en 2010 à San Francisco, une ville avec un vrai centre urbain un peu similaire à Paris en terme de densité de choses à faire, j'ai eu l'impression de revivre. Mais vraiment quoi, j'ai eu l'impression de revivre, de me retrouver, de me ressourcer. Oui, la nature me coupe le souffle, mais en fait au jour le jour, j'aime la ville, j'aime descendre au bar en bas de chez moi prendre un (vrai) café et discuter avec mes voisins, j'aime me balader sans fin dans une grande ville... Et cela m'avait manqué, la vie dans une ville très décentralisée comme Seattle étant très différente (et encore, ce n'est pas L.A).

Car il y a un autre facteur important: l'adaptation culturelle. Et là encore, j'ai eu beaucoup de mal. Je me rappelle très clairement, il y a quelques années, nous avions reçu une jeune française qui bossait à Vancouver mais qui passait à Seattle. Lors du dîner, je me suis senti plus proche d'elle que de mes meilleurs amis américains, et j'en ai fait la remarque à Celia alors que nous rentrions chez nous: j'avais l'impression de la connaître depuis des années alors que je galérais vraiment pour arriver à tisser des liens avec mes collègues. Il faut remarquer aussi que c'est un problème spécifique à Seattle qui est bien connu (le "Seattle Freeze"). Des américains venant à Seattle ont le même problème et galèrent à se faire des amis, il y a vraiment un truc spécifique à cette ville. Les gens sont sympas, vous discutez en soirée, et on ne vous rappelle jamais. J'en reparlerais.

J'en parlais hier soir avec une amie anglaise expatriée à Paris, qui comprend assez bien de quoi je parle: il y a vraiment une culture européenne, un mode de pensée qui se ressemble, même pour les anglais qui sont anglo-saxons. Mon amie est allée aux US et décrivait un peu ce que j'essaye de vous expliquer: elle avait beau parler la langue, fondamentalement elle n'arrivait pas à "connecter" avec les américains, il y avait trop de différence dans la manière de penser (rien que dans le "Have a good day!" qui conclu une conversation et qui aux US devient "Have a fantastic/awesome/incredible/best day of your life!" on sent une différence profonde sur la manière de voir la vie, modération contre excès pour simplifier).

Au bout d'un moment, il devient très difficile de vivre dans un pays dont on ne partage pas les valeurs de base. Il m'est arrivé, en parlant avec un de mes meilleurs amis, pourtant démocrate et vraiment éduqué, de tomber des nues lorsque de nulle part, on s'embrouillait sur un truc donné (du type pour ou contre la peine de mort, si vous voulez), et que je me rendais compte que nous avions des valeurs complètement différentes et que nous n'arriverions jamais à nous comprendre. Parfois, ce n'est pas grave, la différence est enrichissante... Et parfois, c'est très dur, quand cela touche à des concepts comme la solidarité entre les gens par exemple. Parfois, c'est inacceptable, cela entre trop en conflit avec nos valeurs. Ce n'est pas grave, hein, chacun ses opinions et sa vie... Mais dans ce cas, il faut accepter que l'on n'est juste pas fait pour vivre ensemble et que cela n'est pas grave.

 J'ai d'ailleurs assez peu d'ami proches à Seattle, et comme par hasard, mes meilleurs amis étaient soient des expats (turcs, français), soit un ami très cher qui a passé plusieurs années en France, soit une autre qui a voyagé pendant des mois au Tibet... Je crois que je n'ai que deux couples d'américains relativement standards que je considère vraiment comme des amis proches, et en y réfléchissant bien, l'une d'entre elle a passé son enfance à Chypre... Comme quoi, il n'y a pas de hasard.

Il y a donc une combinaison de trois choses qui font que je ne pense pas être fait pour vivre là-bas: ce conflit de valeurs de bases entre ma culture et la culture américaine (un autre exemple dont il faudrait reparler, l'éducation des enfants), les contraintes épuisantes que cela crée sur les voyages et sur la vie de famille au sens large, et la vie de tous les jour, le lien entre les gens, notre identité profonde, ce qui fait que l'on est français. Tiens, anecdote, j'ai complètement halluciné au petit supermarché de quartier, au rayon pâtisserie... Même les produits surgelés, c'est "petite tarte aux pommes avec son glaçage de mousse de citron". Si vous saviez à quel point ce qui passe pour de la pâtisserie de qualité aux US est immonde à coté... C'est aussi cela, la culture, la vie de tous les jours... Et je me rends compte qu'en temps que français, oui, cela m'importe, oui, j'aime manger à un point qui ne se trouve dans aucun autre pays. C'est notre truc, et ça m'a manqué.

En fait, pour être heureux à Seattle, il faudrait que je puisse prendre l'avion à volonté pour les occasions spéciales (naissances/mariage/décès), que je puisse prendre des vacances "ailleurs", et que je puisse passer 6 mois par an à Paris pour satisfaire mon "besoin de ville et de France". Bien sûr c'est impossible.

Au final, je vous écris de mon canapé, avec mon chat sur les genoux, comme d'habitude. J'aime mon appartement, ses beaux parquets en chêne, il est agréable, cosy, il a bien plus de charme et de caractère que les constructions en contreplaqué modernes de Seattle Je connais tous mes voisins qui me filent des coups de mains régulièrement (je n'ai jamais parlé à un voisin à Seattle), et inversement. J'ai un rade en bas de chez moi où je peux aller traîner quand j'ai un coup de flemme. En 15 minutes, je suis à Notre-Dame et je peux me gorger des vieilles pierres que j'aime tant. J'ai eu quasiment deux ou trois fois par semaine du monde à dîner chez moi (aux US, c'est super dur de bouger les gens). J'ai pu aller voir ma grand-mère qui a Alzheimer et apporter un peu de soutient à mon grand-père en personne plutôt que juste l'appeler au tel. Bref, mon âme n'est plus déchirée par cette plaie béante qu'est la contrainte de la distance, l'impression de vivre une autre vie dans un autre monde, les chaines très réelles imposées par les statuts d'immigration aussi (je me suis parfois retrouvé coincé aux US, n'ayant pas le droit de sortir sous peine de ne pouvoir re-rentrer, je vous assure, c'est pénible).

C'était une expérience à faire, c'est sûr, et si je n'avais pas été malade, cela aurait probablement été plus facile, j'aurais eu assez d'argent pour prendre des congés sans solde et nous permettre de souffler un peu. Si c'était à refaire, je le referais, mais probablement moins longtemps. Paradoxalement, je crois que je projetais tellement de choses sur le retour en France (et franchement avec un vécu merdique comme le mien, je vous met au défi de faire le contraire) que je ne me rendais pas compte qu'en fait, c'était ce dont j'avais besoin, de rentrer. Je crois que de toute façon on ne peut vraiment s'en rendre compte que lorsque l'on est vraiment rentré.

Attention, durant tout ce post, j'ai passé mon temps à parler de tout ce qui m'a rendu cette expérience difficile, mais rappelez vous bien aussi qu'en moi coexistent deux sentiments et que j'ai vraiment adoré cette ville. On peut aimer passionnément, et j'emploie ce mot à dessein, quelque chose qui nous cause aussi beaucoup de souffrance, nous ne sommes pas des créatures binaires. Paradoxalement, je vais aussi maintenant souffrir d'être loin de Seattle, mais toute la subtilité est là: qu'est ce qui me fait le moins souffrir, qu'est ce qui me rend le plus heureux?

J'ai passé la dernière semaine à un séminaire de méditation de mon école, qui se déroule dans une vieille ferme transformée en maison d'hôtes. J'ai passé des heures à regarder les vieilles poutres de ma chambre avec les larmes aux yeux. Des poutres plus vieilles que Seattle, j'en suis à peu près persuadé. Je me suis goinfré le matin de baguette chaude à la table communale. J'ai mangé goulûment du pain d'épice fait maison par notre cuisinière Marie-Pierre que je connais depuis presque 10 ans et j'ai eu presque une expérience mystique en goûtant ses poires au vin et à la cannelle (c'est tellement simple! pourquoi cela n'existe pas ailleurs?). J'ai discuté pendant des heures adossé à un vieux mur de pierre plusieurs fois centenaire avec des amis qui, s'ils ne sont pas toujours de mon avis, partagent mes valeurs fondamentales et me comprennent sans que j'ai besoin de parler. J'ai médité à la chaleur du poêle et j'ai rentré du bois avec un de mes meilleurs amis. J'ai râlé de ne pas m'être fait contrôlé dans le train et donc d'avoir "payé pour rien". J'ai acheté un chausson au pomme à mon ami en me goinfrant d'une torsade au chocolat.

Je suis chez moi, enfin.

dimanche 30 novembre 2014

De rouille et d'os

Et merde.

Je voulais vous parler du film "De rouille et d'os" pour vous conseiller très vivement de le voir, et j'ai oublié. Je viens de m'en souvenir en zappant sur les dernières minutes du film.

En quelque mots, ce film raconte l'histoire d'une jeune femme dresseuse d'orques dans un delphinarium qui perds une jambe suite à un accident (elle se fait bouffer, en gros et en simplifiant). Ce film m'a littéralement transpercé. Tout le film est bon, mais il y a une scène particulièrement dure où Marion Cotillard se réveille amputée. Elle découvre son amputation au réveil, n'ayant pas repris conscience depuis l'attaque.

Bon vous vous doutez que l'annonce de diagnostique pas jobard, je connais. Mais là, se réveiller avec un bout de soi en moins sans avoir eu le temps de digérer, de réfléchir, de se préparer... C'est insoutenable. C'est d'autant plus insoutenable que je sais ce que ça fait et que c'est PIRE. A la limite, quelqu'un qui n'a jamais eu de diagnostic épouvantable dans sa vie, bon ben il imagine, mais ce n'est que cela, de l'imagination matérialisée par la performance d'acteur (excellente). Mais quand on a vécu un truc du genre, je vous assure que:

  • c'est bien joué et pas fake (contrairement à une expérience littéraire ratée que je ne mentionnerais même pas)
  • Les conséquences sur le psychisme sont bien explorées, 
  • c'est insoutenable pour moi parce que ce n'est pas de l'imagination. Je sais exactement ce qu'elle ressent à ce moment, ayant vécu un truc similaire avec l'insertion du Hickman dans la poitrine (je vous assure que d'avoir un tube de plastoc qui dépasse du pectoral et qui est inséré de manière permanente en vous, c'est pas trivial comme expérience). Je laisse au lecteur l'exercice de retrouver la photo de mon Hickman sur ce blog. 
  • Les conséquences de la douleur physique sont assez bien explorées (quelque part, je me demande si des gens autant amochés que nous peuvent vivre avec des personnes qui ne sont pas autant amochées justement, parce que qui d'autre peut partager le quotidien de quelqu'un comme nous que quelqu'un qui souffre aussi constamment et qui comprend ce que c'est? Parce qu'attention, c'est incompréhensible quand on ne le vit pas directement, faut bien en être conscient... enfin bref). 
Bref, regardez ce film quoi. Trouvez le en VOD, démerdez-vous (justement il se trouve que j'ai mal un peu partout ce soir alors j'abrège, désolé)


Cela me fait penser, il faut que j'ajoute deux trois choses.

Je ne sais pas bien ce qui m'a amené à cela, mais je me suis fait la réflexion hier matin que si l'on m'accordait un vœu, en dehors des évidences que sont "la santé" et des trucs plus personnels, je demanderais que l'on m'accorde un jour, un jour comme il y a six ans maintenant. Un jour de liberté avec mon corps d'avant, à dévaler les pentes de Montmartre vers Place Clichy et Saint Lazare à roller, à traverser Paris à roller à toute vitesse, infatigable, la musique à fond dans les oreilles, sans soucis, sans pensée, sans fatigue, sans douleur autre que celle des muscles qui réagissent d'eux-même aux changements de la route.

Putain ce que je donnerais pas!

Bon bref j'avais un autre truc en tête, mais je ne me rapelle plus alors tant pis.

Ah si... Ce film qui m'a tant marqué, forcément, c'est une histoire d'orque...

dimanche 23 novembre 2014

Retour à Paris: impressions

Voilà deux mois que je suis rentré à Paris et je commence à avoir le recul pour vous en parler.

On ne vas pas se mentir, ces deux derniers mois ont été assez violents. Changement d'appartement, de pays, de système de santé, de système social, de médecins... Chacun des ces événements pris individuellement peut-être assez traumatisant alors tous ensembles, c'est un peu le cocktail explosif. Pourtant, cela va relativement bien, je m'adapte sans trop de problèmes. Il n'y a qu'un seul truc qui soit vraiment dur, c'est d'être seul le soir, pour le reste, je vis ça plutôt bien. Il faut dire que je crois que la leucémie m'a surentraîné à accepter le changement et à complètement m'abandonner et lâcher prise face aux événements quels qu'ils soient.

Je pensais que le retour en France provoquerais un gros choc culturel, mais en fait non. Comme je suis rentré un mois en Juillet avant de rentrer définitivement, j'ai eu le temps de reprendre mes marques. J'habite dans l'appartement dont je suis propriétaire à Vanves, que je louais pendant ces cinq ans (par chance, les locataires sont partis en Juin). Cela m'a fait très bizarre, de revenir dans cet appartement. Je l'ai quitté à un des moments les plus heureux de ma vie, juste après notre mariage, et je le réintègre cinq ans plus tard, fatigué, en souffrance, sans femme, sans boulot. De ces cinq ans, j'ai gagné deux chats, beaucoup, beaucoup de cicatrices et pas mal de plomb dans la tête. Il y a cinq ans, je regardais par la fenêtre en rêvant d'ailleurs, aujourd'hui, je regarde par la même fenêtre en pensant aux amis que j'ai laissé là-bas, aux paysages magnifiques de l'état de Washington avec, je dois l'avouer, un peu d'amertume. J'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose, mais est-ce vrai? Comment aurais-je pu vivre ces années de façon plus intense qu'en ayant cette foutue leucémie? C'est un peu extrême comme point de vue, et j'en ai conscience, douloureusement conscience.

Je regrette un peu de ne pas avoir eu plus l'opportunité de travailler, j'ai bossé pendant un an et demi où j'ai eu le sentiment d'apprendre plus qu'en cinq ans à Paris et j'aurais aimé aller plus loin... Mais d'un autre côté, ce regret, c'est un regret du Loïc d'avant. Le Loïc d'aujourd'hui s'en moque comme d'une guigne. C'est bizarre d'ailleurs cette schizophrénie: j'ai changé beaucoup plus vite que l'on ne change normalement (d'ailleurs certains vous dirons qu'on ne change pas, hors circonstances extrêmes). J'ai encore des souvenirs, des à priori sur mon caractère et sur ce que je désire (ou pas) qui sont ceux du Loïc d'avant et je m'aperçois petit à petit qu'il faut que je réactualise ma "cartographie" intérieure.

L'une des choses qui a été les plus dures d'ailleurs depuis que je suis rentré, c'est de faire face à l'incompréhension de mes proches, qui s'adressent à quelqu'un qui n'existe plus. Je pense que tous les expatriés rentrant au pays sont changés de façon assez profonde ce qui peut compliquer les relations avec les gens, Dans mon cas, c'est encore plus compliqué que cela: en plus de mes valeurs et de ma culture, ce sont mes comportements les plus profonds qui ont changés. L'avantage c'est que comme j'ai appris à lâcher prise, je m'adapte à cette incompréhension, après un moment assez bref de colère.

Donc, le choc de rentrer en France... Oui, c'est vrai, tout est différent: les routes sont étroites, il y a des pharmacies partout, les bâtiments sont tous en dur et pas en bois, les parcs et l'éclairage municipal sont bien entretenus, les trottoirs sont crottés, les pains au chocolat sont bons et ne coûtent rien... Quelque part, je m'adapte bien parce que c'est une expatriation à l'envers: je viens d'arriver dans un pays étranger qui est la France, et j'apprends les coutumes locales avec une part certaine d'émerveillement, comme lorsque je découvre que je peux acheter pour 3 euros du foie gras à mon Intermarché (désolé Eric ;p). Oui, je vous assure qu'au bout de 5 ans dans un pays étranger, on oublie ce genre de choses.

Cela fait du bien de retrouver ses amis français, je dois dire. Aux US, j'ai eu du mal à me faire beaucoup d'amis et d'ailleurs c'est quelque chose de spécifique à Seattle: des américains qui viennent habiter à Seattle alors qu'ils sont adultes ressentent la même chose. C'est un peu triste à dire, mais le courant passe plus facilement entre moi et ma coiffeuse ici qu'entre moi et certains de mes amis américains: nous avons un référentiel commun, je marche beaucoup moins sur des oeufs et je n'ai pas peur de faire un impair à chaque détour de phrase. Il y a plein de choses dont on ne peut pas vraiment parler aux US, qui sont très sensibles et que l'on réserve vraiment à ses meilleurs amis, et encore. Ici, les conversations sont beaucoup plus faciles et fluides et c'est assez relaxant.

Le paysage absolument magnifique de Seattle me manque, c'est sur. De ma fenêtre, je voyais les Olympics, je voyais le Puget Sound et la Space Needle, j'avais vue sur un parc et quand je sortais faire les courses le matin (hum, l'après-midi  ^^), cela sentait la mer... Ici à Vanves, ma fenêtre donne ouest aussi, c'est lumineux.. Mais j'ai vue sur une cour et c'est l'odeur de pot d'échappement qui m’accueille. Pourtant, je ne suis pas sur d'y perdre au change. Je ne vais que rarement dans Paris, tous les jours je me promène dans Vanves qui est une petite ville très agréable, avec une ambiance de village vraiment particulière. Vanves, c'est un peu le secret bien gardé de la banlieue Parisienne: personne ne connait, et les vanvéens en sont très content car eux seuls savent qu'il est possible de vivre dans une ambiance calme et détendue si près de Paris.

Un autre truc qui permet d'adoucir le retour, c'est Paris justement. Il y a des gens qui m'ont dit "Ah, mais moi je pourrais pas vivre à Paris, pour ceci ou pour cela..." Bon ben c'est très bien pour vous, (d'ailleurs, parlez moi plutôt de ce que vous aimez, cela me changera...) mais en attendant, moi j'adore Paris. J'adore les monuments, j'adore toutes ces/ses vieilles rues et ses vieux quartiers, j'adore le fait qu'après 8 ans à Paris j'ai encore des tonnes de choses à découvrir. Il y a toujours un monument, un musée, une expo, que l'on n'a pas faite. C'est un truc qui me manquait sévèrement à Seattle, on avait vraiment l'impression d'avoir tout fait de multiples fois et on ne savait plus vraiment quoi inventer pour s'occuper le week-end. C'est une ville tournée vers la nature, le week-end tout le monde part camper... Ce qui est très bien sauf que 9 mois de l'année durant, il fait un temps pourri et camper dans ces conditions, moi ça me fais suer (je ne suis pas contre camper l'été attention!). C'est amusant d'ailleurs, car à Seattle je me disais que jamais je ne pourrais vivre à nouveau à Paris, que c'est une ville trop étouffante, sans vert, sans océan... Mais je me rends compte que je m'y fais très bien et cela m'avait manqué ces vieilles pierres. Justement le fait d'habiter à Vanves me permet d'avoir un cadre un peu plus calme, avec des supers parcs pas loin de chez moi, tout en étant vraiment près de tout ce que Paris a à offrir. C'est sur que je ne pourrais plus vivre dans le 18ème comme je l'ai fait de 2002 à 2008.

Voilà, j'ai encore pas mal de choses à raconter sur l'impatriation mais je le ferais plus tard.

lundi 3 novembre 2014

"The Law of the Plains", prologue et premier chapitre: dispo :)

Et voilà j'ai mis en ligne le premier chapitre de ma nouvelle de SF.

The Law of the Plains, Chapitre I.

Encore une fois, c'est en anglais, je suis désolé. Vous pouvez faire comme mes amis américains ont fait pour ce blog, utiliser le widget Google Translate qui se trouve dans la barre de droite... Il y aura de la perte, mais cela vous donnera une idée de l'histoire. J'espère que ça vous plaira en tout cas, n'hésitez pas à me laisser vos commentaires ici où là-bas! ;).



Mon nouveau projet: "Les citées assiégées"

Salut à tous, et oui je vais encore m'excuser de ne pas avoir posté depuis longtemps, mais d'une part j'ai été très occupé (les démarches RSA, CAF, CMU..., c'est long!). et d'autre part comme je vous dit de temps en temps, ben en fait j'écris beaucoup, mais ailleurs, sur un bouquin de science-fiction et sur un bouquin basé sur ce blog. 
J'en ai parlé à un ami qui a pas mal de succès en publiant un jeu vidéo indépendant (gratuit, il fonctionne sur un système de donations), je lui ai fais lire la nouvelle que j'ai fini il y a quelques semaines, et il a vraiment bien aimé. Pour le coup, ça m'a vraiment fait plaisir parce qu'il a un sale caractère (désolé, N. :p) et qu'il adore la Science-Fiction et la Fantasy. Mais  surtout il est très critique et il n'hésite pas à dire ce qu'il pense donc s'il ne pose pas le truc après une page, c'est que je tiens un truc. 
Bon et donc il m'a convaincu que maintenant que j'avais cette nouvelle terminée, il ne fallait pas juste la laisser prendre la poussière sur une étagère virtuelle et qu'il fallait que je la publie sur un blog, juste pour faire découvrir mon monde. 
Alors je me suis exécuté, j'ai configuré un blog, j'ai écrit quelques textes explicatifs, j''ai tout mis en place pour pouvoir publier la nouvelle petit à petit lors des prochaines semaines. Je suis sur le point de vous donner le lien, et honnêtement je suis terrifié. Jusqu'à maintenant, j'étais tout fier de montrer mon travail à ms amis, mais cela ne m'engageait à rien. Là, de tout publier sur un blog, ça rend tout le truc bien plus réel, je me sens plus ou moins obligé de finir ce que j'ai commencé, mais si au final mon bouquin était vraiment pourri? Et problème subsidiaire, c'est très différent de faire lire un texte à un ami qu'à des étrangers, et pour une raison que j'ignore, je suis beaucoup plus "impressionné" à l'idée de présenter de la fiction, mon monde intérieur si l'on veut, que des posts basés sur la réalité.
Bref. Je me lance. Tout se passe ici:
Pour l'instant il n'y a pas grand chose, juste quelques posts donnant une image succincte du projet et introduisant la nouvelle que je vais publier dans les jours qui viennent. Je mettrais le premier texte en ligne demain. J'espère que cela vous plaira, malheureusement c'est en anglais donc je vais perdre certains d'entre vous en  route et j'en suis désolé.
J'espère que cela vous plaira.


dimanche 26 octobre 2014

Coincidences

Il vient de m'arriver un truc vraiment bizarre.

Hier, je n'ai rien fait de la journée, j'étais démonté par ma journée de vendredi où j'ai été faire des trucs dans Paris. Je me suis juste sorti pour aller à la pharmacie, chercher ma prednisone. 

Un jeune médecin me sert, on discute un peu de je sais plus bien quoi, et à un moment je lui sors: "En fait la prednisone c'est pour le rejet de greffe, j'ai eu une leucémie". 

Il "bug" pendant une ou deux secondes, me regarde et me dit, "Vous allez jamais le croire, j'ai eu une leucémie quand j'avais 6 ans. Vous avez eu quel type? Parce que le type que j'ai eu, vous devinerez jamais, c'est trop rare". 

Je lui sors: "Ça serait pas une leucémie aiguë lymphoblastique par hasard". Il bug à nouveau... "Vous aussi?". Ben ouais. 

Alors seule différence entre nous il n'avais pas le chromosome de Philadelphie donc il n'a pas eu besoin de greffe. J'ai pu lui poser une question qui me taraude depuis des années: "Comment des enfants qui n'ont pas une psychologie construite et solide peuvent ils appréhender ce genre de chose sans complètement devenir cinglés, quels sont les conséquences psychologiques?".

Il m'a expliqué qu'en fait il ne se souvenais pratiquement pas, que ses seuls souvenirs étaient de dormir avec sa mère à l'hosto. Il n'avait pratiquement pas de souvenirs des trucs les plus pénibles comme les aspirations de moelle. Apparemment il y a des études qui montrent qu'il y a plus de dépressifs chez les gamins ayant subit des cancers, ce qui ne me surprend pas trop (je pense qu'en fait il doit y avoir plus de population aux deux extrême, dépression et gens qui profitent vraiment de la vie, sans compter les gens qui comme moi oscillent entre les deux suivant l'humeur, la fatigue etc). Bref, en tout cas il était super sympa et agréable et il avait l'air vraiment heureux.

Aujourd'hui j'ai pris un taxi (long story). Bon faut savoir que maintenant, je cause à tout le monde. Rappelez-vous mon post précédant, où je disais qu'il y a des gros changement dans ma personnalité? Avant j'étais plutôt mutique dans un taxi ou chez le coiffeur "SVP me causez pas je suis en train de rêver...". Maintenant, je raconte ma vie, ou  plus intéressant je fais en sorte que les gens me racontent la leur. 

Là on causait du boulot de taxi, du fait qu'ils font des grosses heures mais qu'ils ont une flexibilité totale. Il me demande alors ce que moi je fais, ça vient d'un peu nulle part, on était en train de parler de l'organisation de taxis G7. Et là, alors que j'essaie vraiment de pas en parler parce que j'en ai marre qu'on voit que l'ex-malade en moi, je lui balance à nouveau, comme le jour d'avant, que j'étais aux US, mais que j'en ai pas profité à fond, parce que leucémie et tout le toutim, vous connaissez l'histoire. 

Le taxi me regarde dans le retro et me dit: "Je comprend, ma fille de 4 ans à une leucémie depuis Janvier, elle vient de finir la chimio, elle est tirée d'affaire." 
J'ai cru que j'aillais me mettre à chialer, sans déconner. Pourquoi ce taxi? Pourquoi à t-on parlé de cela? 

Pourquoi tombe-je sur deux malades coup sur coup, dès que je sors de chez moi, à un moment où je suis fatigué et passablement déprimé? 

Ce qui est vraiment cool en plus c'est qu'à la fois cela me fait du bien, car je vois des gens qui s'en sortent et qui sont forts et qui prennent les coups de la vie sans fléchir, et parce que je leur envoie le même message en leur disant, voilà, moi aussi je suis tiré d'affaire, pas de raison d'avoir peur pour votre petite, cela marche!

Bon je vais terminer ce post avec un nouveau truc, une espèce de tradition que je voudrais instaurer sur ce blog: je vous recommande un truc par post. 
Ici, je vais vous recommander d'aller voir les vidéos "Kids react" sur Youtube.

Je vous met un épisode tout à fait au hasard (yeah, right).
Dernière chose, ce post est un premier jet non relu, pas le courage de faire plus. Désolé si des erreurs traînent.


vendredi 24 octobre 2014

Réalisation profonde

Je viens de réaliser deux choses très importantes.

L'une d'entre elle m'est venue ex-nihilo, c'est une compréhension profonde sur mon fonctionnement interne et l'autre quelque chose que plusieurs personnes s'évertuent à m'expliquer depuis des lustres sans que j'arrive à vraiment le percuter réellement.

La première chose est assez personnelle, j'hésite même à en parler car cela ne regarde personne d'autre que moi, mais je pense que cela peut servir à des gens en souffrance, alors je me lance.

Tous les gens qui me connaissent vraiment bien (donc maintenant, vous) savent que j'ai un certain problème avec les substances psychotropes. Je vais toujours dans l'excès et j'ai de 2002 à 2004 vécu deux années effroyables à fumer joint sur joint (de hashish) dès que j'étais sorti du boulot, le boulot étant le seul endroit ou j'étais "sobre". Un instinct de préservation primaire, je me rendais bien compte que l'essentiel c'était quand même de gagner de quoi croûter. Malgré cela, je pense que mes abus m'ont quand même amené sérieusement près de me faire virer, parce que bon, même si vous n'êtes pas éclaté au boulot, à un moment, la fatigue d'un mode de vie vraiment pas sain s'accumule et se ressent sur le travail que vous produisez.

Bref, à l'époque mes proches voyaient cela comme l'expression d'un mal être, une fuite en avant, une manière d'éviter la réalité. Soyons clair, il y avait un peu de cela: je n'étais pas préparé à me confronter au monde du travail, fondamentalement je ne suis pas vraiment branché pour être heureux dans un travail de bureau (même si j'assure aux employeurs potentiels qui me lisent que quand je m’attelle à un boulot je bosse dur et je suis en général bon dans ce que je fais, de toute façon c'est simple je ne fais que ce qui me plait, donc si je travaille pour vous c'est que je suis motivé, sinon je n'arrive pas à me forcer, et c'est un mécanisme inconscient, je suis branché comme ça, c'est tout... mais je digresse).

J'ai réalisé ce matin en méditant qu'en fait, depuis longtemps, je cherche à voir au delà de la réalité. J'ai compris depuis longtemps que la réalité que nous expérimentons est subjective et sujette au filtre de notre mental. Si vous ne comprenez pas le concept, buvez 3 bières, vous verrez que le monde change, CQFD. Et donc depuis longtemps, j'essaie d'explorer ce qu'il y a au delà, je me rappelle d'ailleurs d'expériences vraiment géniales de trip en ayant fumé des pets où j'étais juste étendu dans mon lit a écouter de la musique et à l'expérimenter d'une manière complètement différente que quand j'étais sobre, avec en particulier des expériences de synesthésies (voir des sons par exemple). Attention, je ne fais pas l'apologie de la fumette, je suis assez bien placé pour vous dire que cela devient assez vite un piège et une véritable prison, un enfer personnel (et un enfer pour vos proches). Mais il y a des expériences à faire, cela aussi est vrai. D'ailleurs, petite note, je me suis tiré de cela tout seul comme un grand en me remettant aux arts martiaux, qui sont un peu incompatibles avec ce style de vie. J'ai eu un choix à faire, et j'ai choisi les arts martiaux. Au passage, je remercie mes tontons (E. et T.) qui m'on vraiment aidé à faire le point à un moment critique.

Bref, tout cela pour dire que je ne cherchais pas tant à fuir la réalité qu'à voir plus loin. Je ne savais pas à l'époque qu'il y avait pleins de techniques comme la méditation permettant d'avoir ce genre d'expériences, de façon saine et surtout autonome. En fait, pour moi le travail de méditation que je fais maintenant est la suite des expériences de fumette, et je suis désolé si c'est dur à comprendre ou à admettre, mais c'est vrai. D'où aussi les confrontations parfois dures avec mon entourage qui faisaient un peu fausse route en me disant que j'allais mal: oui, certes j'allais mal, mais surtout parce que je cherchais quelque chose de la mauvaise manière et que je n'aboutissais nulle part (au passage, un jeune qui se drogue, c'est rarement simplement pour le fun de la substance, il y a quasiment toujours une raison sous-jacente à trouver si vous voulez l'aider et puis au bout d'un moment il y a le problème de la dépendance, qui vous paralyse même si vous détestez votre addiction).

Voilà pour la première prise de conscience, honnêtement je ne m'attend pas à ce que vous compreniez, et je ne vous prend pas pour des débiles, c'est juste que c'est très particulier comme vécu et que c'est un sujet où les émotions obscurcissent assez fortement... la réalité.

La deuxième réalisation que j'ai eu ce matin est très différente. J'oscille en permanence entre une timidité maladive et le besoin maladif de m'exprimer (cf ce blog) et de transmettre ce que je découvre. Remarquez que je n'ai mis sur ce blog des photos de moi à visage découvert que très récemment, par exemple.

Ce qui est assez bizarre, d'ailleurs, c'est que je me "pense" comme étant timide, que j'ai l'impression d'avoir peur de parler en public et d'être terrorisé par cela, mais j'ai eu quelques expériences récentes où pris par surprise, je parle sans problème devant une large assistance sans aucune peur. Je suspecte assez fortement que j'ai changé depuis trois ans et que certaines données que j'ai sur mon caractère ne sont plus d'actualité. Je dis par exemple parfois que si j'étais face à Obama, je pourrais lui dire d'aller se faire cuire un oeuf sans être impressionné le moins du monde, et je suspecte fortement que c'est vrai. Après tout il fait caca comme tout le monde (désolé maman). En touchant le fond, j'ai réalisé qu'on était tous égaux, si l'on veut, même si c'est un peu plus compliqué que cela.

Donc j'ai percuté ce soir que si je voulais me "réaliser", il fallait que je passe par le fait de parler en public.  Mon prof me le répète depuis des années, Celia m'exhorte depuis des années à parler aux "ignite", ma prof de tambour chamanique me l'a dit il y a quelques mois ("Trouve ta voix, tout le reste suivra", et en anglais pas de méprise possible sur Voie/Voix). Mais c'est en lisant quelqu'un qui a un parcours similaire au mien qui était d'une timidité maladive et qui a du combattre cette peur et parler en public pour devenir ce qu'il devait être que j'ai finalement vraiment compris que je ne pouvais pas éviter cela beaucoup plus longtemps. Si je ne suis pas la voie que les esprits ont décidés pour moi, je vais vers une vie de malheur... C'est un peu con. Autant se bouger un peu les fesses.

Bon, je comprend vite, mais il faut m'expliquer longtemps.

Voilà donc si certains d'entre vous cherchent quelqu'un pour parler de la maladie, de la douleur, du rapport à la mort ou de trucs connexes, vous savez ou me joindre, faut que je me botte le cul un peu et que je me lance quelque part (ce qui n'empêche que je vais chercher de mon coté).

Et vous, qu'est ce que vous devez faire dans la vie que vous ne faites pas, par peur?

mardi 14 octobre 2014

Faut arrêter de penser qu'au pognon, merde!

Depuis un moment je suis les activités d'un sacré débile nommé David Laffargue.

Alors en fait, ce mec, c'est tout sauf un débile comme il le prétend, parce que s'il était vraiment débile il serait déjà mort, étant donné que son passe-temps favori c'est le BASE jump.

Parmi ses conneries les plus marrantes, citons un saut depuis le viaduc de Millau, un autre depuis la Défense... Difficile de les citer toutes, le gars est inventif, essayant par exemple de bouffer une banane en sautant du haut d'une tour à Kuala-Lumpur (conseil d'expert, apparemment il faut peler la banane avant car sinon avec le vent relatif on se retrouve à bouffer la peau et c'est pas bon).

Mais dans toutes ces/ses conneries, il y a une gemme que j'aime particulièrement, où il parle de comment il finance sa vie de barge.

Et je trouve sa réflexion particulièrement pertinente, eu égard à l'obsession maladive que notre société a envers l'argent. Si tout le monde pensait comme lui, on aurait surement moins de problèmes...

Bon je vous laisse vous marrer en regardant les 3 premières vidéos, mais regardez surtout la dernière!

Et salut à David et à Pierre!









dimanche 28 septembre 2014

Le jeu des 10 livres sur Facebook, deuxième partie

Bien.

Juste pour donner quelques news, l'arrivée à Paris s'est faite sans trop de mal grâce notamment à l'aide de mes parents et de mes frères d'armes, qui ont assuré comme des bêtes. En parlant de bêtes, les minettes s'adaptent. Lhassa est souvent assise face à la porte, comme si elle attendait Celia. Luna a vraiment souffert du stress et se remet doucement. Quelque part, cela nous a rapproché, elle ne me quitte pas d'une semelle et dors avec sa tête dans ma main, c'est assez cool. La reprise de contact avec la France, bon, ben c'est compliqué, je vous raconterais plus tard.

Les 10 livres qui m'ont marqué donc.

En quatrième position, Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

Que dire, que dire, que dire, face à un tel monument? J'ai d'ailleurs l'impression que c'est un monument qui n'est pas aussi connu et apprécié qu'il le mérite, mais bon. Pour moi, et c'est un avis purement subjectif, c'est juste le meilleur texte que je connaisse à tous les niveaux, que cela soit sur le plan de l'intrigue, de ses personnages, ou tout simplement et principalement de la qualité de l'écriture.

Je ne sais pas pour vous, mais en lisant Cyrano, j'ai ce sentiment que c'est le texte le mieux écrit de la littérature, point à la ligne. J'avoue ne pas connaître Shakespeare très bien, surtout je ne l'ai jamais lu dans le texte (une erreur que je vais réparer un jour ou l'autre puisque j'ai l'intégrale de son œuvre), mais c'est à peu près le seul écrivain que je voie qui puisse arriver à la cheville d'Edmond Rostand. J'avoue aussi ne rien connaître d'autre de Rostand que Cyrano (il a écrit d'autres pièces pourtant) alors que Shakespeare est connu pour de multiples œuvres, mais bon ce n'est pas une compétition, nous parlons de Cyrano là et c'est un texte exceptionnel.

Je crois que ce qui me troue (désolé pour la crudité, mais c'est vraiment comme cela que je le ressens, je ne suis pas juste impressionné, je suis juste  complètement abasourdi), ce qui me troue donc à chaque fois que je lis Cyrano, c'est à quel point ce texte est "effortless", mes excuses pour l’anglicisme. C'est à dire que l'auteur arrive à ce tour de force d'écrire une pièce de la taille d'un roman entièrement en vers. Mais non seulement on a l'impression qu'il arrive à ce tour de force absolument sans effort, mais en plus cela se fait sans effort de la part du lecteur, et ça, c'est vraiment fort.

Parfois, lire du théâtre en vers, c'est difficile, on voit les ficelles, cela ne coule pas de manière fluide... En lisant Cyrano, en revanche, on oublie parfois que l'on lit des vers, et cela n'est pas fait au prix de la qualité du texte, bien au contraire. Pour moi c'est fascinant. C'est comme ces rares comédies musicales où l'on ne se dit jamais que le chant est bizarre, même quand le personnage parle de sa liste de courses.

Mais ce qui fait ressortir Cyrano par rapport à tous les autres livres, c'est quand Edmond Rostand parle d'amour. Les poèmes de Cyrano à Roxane sont juste magnifiques, je me rappelle en temps qu'ado essayant comme tous les ados écorchés d'écrire des déclarations d'amour et de me sentir tellement nul à coté de Cyrano... Comment trouver des métaphores plus belles que celles de ce livre? C'est juste impossible et quand on passe après, on a vraiment ce sentiment d'être d'une nullité crasse tellement la barre est placée haut.

Ah, mince, voilà ce que j'ai craignais est arrivé, j'ai écrit un post entier sur Cyrano.. Bon tant pis, ce post sera plus long que la moyenne, d'autant que je dois ajouter que même si Depardieu me déplaît profondément, il fait un Cyrano absolument magnifique, et le film de Rapppeneau est vraiment proche de l'original (d'ailleurs la proximité de son nom avec Ragueneau, pâtissier des poètes, m'a toujours beaucoup fait rire). Aussi, j'ai eu l'occasion de faire regarder ce film en anglais à un ami turc (Hi, Emre), et il ne perd rien de sa force même si la qualité du texte est perdue.

Bon, ben voilà, faut que je me bouge alors je vais m'arrêter là, mais bon, c'est vraiment mon livre préféré entre tous, je pouvais pas vraiment faire autrement. Si vous n'avez jamais lu de théâtre, ou de théâtre en vers, je vous encourage vraiment à essayer, vous ne serez pas déçus.
A
A


jeudi 18 septembre 2014

Un nouveau départ

Je vous avait promis une grande nouvelle, la voici et je pense que vous n'allez pas être déçu.

Je vous écris une fois de plus depuis un avion qui a le wifi à bord.

Je suis dans un avion qui vole actuellement vers Paris. Je pars définitivement de Seattle pour retourner vivre dans mon ancien appartement. Celia ne m'accompagne pas, du moins pour l'instant.

La situation est difficile à expliquer sur un blog sans trop rentrer dans des détails faisant partie de notre vie privée. En gros, le postdoc de Celia devait durer 5 ans, elle a pris un peu de retard à cause de moi et de mon traitement, donc elle continue un peu plus longtemps, mais sous une autre forme de visa, un H1B. Ensuite elle devra chercher du boulot, que cela soit en France ou aux USA.

Cette situation est délicate pour plusieurs raisons: tout d'abord, il est tres difficile de trouver le type de travail qu'elle recherche â Seattle. Pour vous donner une idée, Amgen, qui était la plus grosse boite de Biotech  à Seattle, vient de fermer ses portes, 850 personnes sur le carreau, dont une bonne partie ayant le profil de Celia. Bref nous serions parti probablement vers le début de l'année prochaine. Il faut ajouter à cela le fait que sous le nouveau visa je n'ai pas le droit de bosser et que si tout se
passe bien et que le sevrage de la prednisone se fait sans incidents majeurs je pense pouvoir commencer à reprendre doucement d'ici janvier... Et un certain nombre d'autres choses, comme le fait que je suis très fragile psychologiquement et que je ressens vraiment le besoin de me rapprocher de la famille et de mes meilleurs amis.

J'ai souvent dit que l'expatriation étai une expérience très violente psychologiquement, qui oblige à beaucoup de lâcher prise et de détachement (qui sont des qualités importantes et intéressantes à travailler, mais c'est parfois épuisant). Avec le contrecoup de la maladie et les multiples deuils qui nous ont frappés récemment, je ressens le besoin de me rapprocher des gens qui comptent vraiment... Non pas qu'il n'y en ai pas à Seattle bien au contraire, mais il y en a moins, forcément.

Bref, je rentre en avance et Celia me rejoindra bientôt, des qu'elle aura fini son postdoc.

Bien sûr, vous imaginez bien qu'il y a beaucoup à dire lorsque l'on quitte une ville que l'on aime profondément. Mais pour l'instant l'émotion qui prévaut, c'est la fatigue. Imaginez, déjà un déménagement dans une autre vile cela peut-être fatiguant, alors sur un autre continent, et lorsque l'on est toujours convalescent... Je suis complètement à ramasser à la petite cuillère. D'ailleurs je suis en train de tomber sur ma tablette... Alors à très bientôt! :-)

lundi 15 septembre 2014

Le jeu des dix livres sur Facebook

Bon j'ai été nommé pour le jeu des 10 livres qui vous ont marqués sur Facebook.

D'habitude, je n'aime pas bien ce genre de chaînes, qui ne servent pas à grand chose et qui sont plus une perte de temps qu'autre chose (surtout quand c'est à volonté soi-disant caritative... Plutôt que de poster sur Facebook, allez vous investir, bon sang de bois!)

Mais pour une fois le but du jeu est intéressant puisqu'il s'agit de poster une liste de 10 livres nous ayant marqués. Comme on n'encouragera jamais assez les gens à lire, et que la meilleure façon de le faire, c'est de conseiller des bouquins absolument géniaux, je trouve que c'est une super idée.

Sauf que je vais aller un peu plus loin en expliquant le pourquoi de mes choix, qui sont comme le précisent le jeu très spontanés à la base, la réflexion venant après.

Tout d'abord, ma première réaction face à ce challenge, c'est de me dire: 10 livres, cela ne sera jamais assez, tellement il y a de livres fabuleux. D'autre part je me suis rendu compte en lisant la liste de la personne m'ayant nominée (Charlotte) que l'un de ses livres m'avait effectivement énormément marqué. Je vais donc moi aussi l'inclure, en vous expliquant pourquoi.

Il y a dans cette liste beaucoup de livres de Science-Fiction/Fantasy, des styles n'étant pas forcément reconnu comme des pierres angulaires de la littérature. Ce qui m'incite d'autant plus à vous en parler afin de faire découvrir ces deux genres qui me passionnent. N''en déduisez pas que je ne lis que ça!

Je précise un truc les images sont cliquables et sont des liens publicitaires Amazon. Faites moi confiance si vous ne connaissez pas ces livres et laissez vous tenter... Ça m'aidera à payer mes médocs! :)

Le seigneur des anneaux, J.R.R.Tolkien

Contrairement à ce que vous pourriez croire, ce n'est ni mon livre de Fantasy préféré, ni celui que je considère comme étant le meilleur mais c'est celui qui m'a le plus profondément affecté pour plusieurs raisons. 

Il m'a été recommandé par mes oncles, que j'adore, et ce moyen de rentrer un peu dans leur univers alors qu'ils étaient bien plus âgés que moi était quelque chose de fabuleux. 

C'est aussi le livre qui m'a donné confiance en moi, qui m'a fait réaliser que lire de la Fantasy n'était pas un crime et que si un professeur d'Oxford parlant 6 langues donc 4 mortes et considérées comme les pus difficiles du monde, alors c'était que c'était de la vrai littérature, quoi que puissent en dire les gens n'aimant pas ce genre. Cela a validé pour moi le fait que les histoires que j'inventais dans ma tête n'étaient pas une perte de temps de gosse mais quelque chose de vraiment intéressant. 

Paradoxalement, le Seigneur des Anneaux est un livre qui m'a aussi beaucoup desservi: j'avais reçu une édition intégrale, 1250 pages en un volume, écrit minuscule. Nous n'étions pas à l'époque Harry Potter qui a un peu rendu normal le fait de voir un bout de chou en culottes courtes lire à la recrée, mais de mon temps (punaise, je fais mon vieux clou qui radote), c'était tout sauf normal et cela m'a valu une certaine ostracisation (j'étais en 6ème). Ce que je considère maintenant comme une bonne chose: je n'ai jamais aimé rentrer dans des cases, et c'était une forme de rébellion moins destructive que de fumer dans les toilettes. 

La horde du contrevent, Alain Damasio

C'est un livre que j'ai lu relativement récemment (2006?) mais qui est directement rentré au top 1 de mes livres préférés de tous les temps. La horde, c'est à la fois une histoire absolument fabuleuse et une écriture d'une beauté à couper le souffle. Alain Damasio sait écrire, vraiment. Le livre est un peu raconté comme la saga du Trône de fer: on alterne régulièrement entre les points de vues de tous les protagonistes (ce n'est pas du copiage, les deux livres ayant été écrits à peu près en même temps il me semble), et l'écriture est à la première personne à chaque fois, contrairement au Trône de fer. Il y a donc le vrai tour de force de produire une douzaine de voix différentes, et croyez mon expérience d'apprenti écrivain de fiction: c'est vraiment balèze.

J'aime aussi beaucoup la verve de Damasio, sa capacité à écrire aussi bien une jeune femme innocente et pleine d'espoir qu'un vieux bonhomme aigri et usé par la vie. Surtout, j'aime son talent pour inventer des mots "français", des néologismes absolument fabuleux qui sont un peu sa marque de fabrique et qui sont un véritable délice.

A savoir, dans le lien ci-dessous, j'ai lié une édition regroupant "La horde..." avec son premier livre, "La zone du dehors", qui est aussi un livre fabuleux sur la résistance et la révolte politique, 

Le cycle de Dune, Frank Herbert

Dune, pour moi c'est le sommet de la littérature de science-fiction des années 60. Comprenez bien: à cette époque, la science fiction, ce n'était pas raconter des histoires de gars se battant dans des robots géants dans l'espace. Et je vous dis ça, j'adore les robots géants. C'était avant tout un moyen de se poser des questions sur la vie, sur la science, sur l'univers, sur l'humain, en poussant certaines idées dans leurs retranchements en se servant de la fiction. Il est d'ailleurs très surprenant de constater à quel point certains romans avaient de l'avance et prédisaient avec une précision assez étonnante le futur. Minority Report, 1984... Les exemples ne manquent pas.

Dune, c'est un cycle que je relis régulièrement, tous les 5-6 ans. La dernière fois, c'était pendant la transplantation et la chimio. Pourquoi relire autant de fois non pas un, mais 7 livres? Simplement car ce sont des romans très riches, et que ma compréhension et mon analyse de l'histoire évolue à chaque fois, avec mon développement et ma maturité. Quand j'étais en 5ème, ce qui me plaisait, c'était les indomptables guerriers fremens combattant l'oppresseur en chevauchant les gigantesque vers des sables. Dernièrement, j'ai plutôt lu ce cycle sous l'angle du rapport à la mort et du sacrifice. Il y a quelques années, c'était sous l'angle de l'écologie...

Un des trucs que je préfère dans Dune, c'est que ce sont des histoires d'amour tragiques dignes des plus grandes tragédies. L'amour de Paul pour sa femme Chani, qui voit son futur et qui sait qu'elle va mourir prématurément en donnant naissance à leurs enfants, et qui essaie par tous les moyens d'éviter ce destin funeste. Mais c'est aussi l'amour de Chani pour ses enfants à naître et pour l'humanité, qui refuse que son mari mette l'univers à feu et à sang pour la sauver. C'est aussi l'histoire de l'amour fraternel entre Leto II et Ghanima, qui grâce à leur pouvoir de vision du futur savent que l'un d'entre eux va devoir se sacrifier et vivre un destin pire que la mort pour sauver l'humanité... Ou l'amour d'un chef pour son plus fidèle soldat, qui le fait constamment revenir à la vie au court des millénaire grâce à l'ingénierie génétique... 


Bon, normalement il faut citer 10 livres, alors je continuerais dans un prochain post :)


lundi 8 septembre 2014

Quand l'univers nous parle

Salut à tous !

Me voici de retour après une longue interruption. Je m’en excuse, mais j’avais besoin de souffler un peu et beaucoup de choses se sont passées récemment, d’où mon silence. Il se trouve que j’ai une grande nouvelle à vous annoncer et plein de choses à vous raconter, alors me revoici.

Avant de vous annoncer cette grande nouvelle, je voulais vous raconter une jolie histoire qui m’est arrivée récemment. Vous savez que je pratique un art taoïste et que je m’intéresse aux Amérindiens et au chamanisme : je vous avais par exemple raconté le Pow-wow de l’année dernière et cette histoire fabuleuse d’orques suivant le ferry transportant les reliques d’une tribu ayant pour totem ces animaux majestueux.

Depuis que je suis à Seattle, je cherchais à trouver quelqu’un qui puisse m’en apprendre plus sur ces traditions. Mes souhaits ont enfin été récompensés il y a quelques mois, quand j’ai rencontré une personne enseignant la tradition des chamans sibériens, les Ulchis.

Ce n’est pas exactement une culture amérindienne, mais cela s’en rapproche, de plus elle enseigne le tambour sibérien, lui aussi très proche du tambour amérindien. Son discours m’a beaucoup touché, j’ai vraiment apprécié son approche de la spiritualité et de la vie. Après un cours, je lui ai parlé du fait que je pratiquais un art taoïste et que j’étais assez étonné de voir que les Ulchis avaient une vision très proche de ce que je connaissais. Elle m’a souri en m’expliquant qu’en fait les Ulchis étaient descendant de peuples du nord de la chine, qui, ayant été persécutés et chassés par les Hans avaient fuit en Sibérie il y a plus de trois mille ans. C’étaient des taoïstes et leur tradition est basée sur sa version la plus ancienne, très chamanique dans sa nature, avant qu’il ne soit influencé par le confucianisme et le bouddhisme. Je trouve cela assez fort: son enseignement me parlait, et pour cause, puisque c’est un grand frère de ce que je pratique déjà. Comme quoi il n’y a pas de secret et j’ai vraiment trouvé une pratique qui me convient, c'est cohérent.

Lors du dernier cours, elle nous a expliqué que selon les Ulchis, lorsque nous sortons de notre demeure, nous devons faire attention à bien nous comporter, à être le plus silencieux possible (sans tomber, dans l’excès, on peut évidemment parler, mais crier comme un zouzou) car en fait nous sommes des invités dans la demeure des animaux, des arbres, des insectes... De la même manière que l’on se comporte avec respect lorsque l’on est dans la maison d’un hôte (humain), on se doit d’être respectueux de la Nature qui est notre hôte sur cette terre. Je trouve cette philosophie très belle et si tout le monde suivait ce conseil, le monde serait surement en bien meilleure santé.

Elle nous a ensuite dit que selon les Ulchis, toute chose dans le monde a un « esprit » (spirit) dans le monde invisible. Que cela soit nous, humains, qui avons tous un esprit gardien (à comparer à la tradition chrétienne parlant d’anges gardiens et des démons [daimon] grecs et romains), ou les arbres, les animaux, les villes... Même les voitures ont un esprit. Lorsque l’on sort de chez soi, tous ces esprits nous observent et les Ulchis affirment que lorsque l’on a une idée qui surgit de nulle part, une intuition subite, ce sont en fait des esprits qui nous « soufflent » l’idée.

En rentrant du cours en marchant, je pensais profondément à ce que je venais d’apprendre, et je faisais attention à marcher en faisant le moins de bruit possible, pour me comporter en « bon invité ». Et puis pris d’une inspiration soudaine, j’ai changé de chemin par rapport à d’habitude, pour profiter de l’ombre des arbres et de la tranquillité du parc qui n’est pas loin.

C’est alors que je suis tombé sur cette plaque d’immatriculation. On y lit « So mad », ce qui se traduit littéralement par « tellement fou », mais qui peut aussi se traduire suivant le contexte par « Tellement en colère ».




Je me suis arrêté, interlocuté... Tellement en colère... Oui, c’est vrai, à ce moment précis, j’étais tellement en colère, débordant de colère (pour des raisons diverses, problèmes avec l’équipe soignante de Seattle, avec l’assurance...). Est ce que la nature m'invitait au calme?

Ce n’est pas la première fois que ce genre de coïncidence m’arrive. Il y a un an, j’ai reçu de mauvaises nouvelles après un rendez-vous chez le médecin. Je vous passe les détails, en gros il m’expliquait que j’avais plus de séquelles qu’initialement prévu, et que ma convalescence serait probablement un peu (...) allongée. En sortant du cabinet, j’étais démoli et contrairement à mon habitude, je ne suis pas retourné directement à ma voiture, je suis sorti de l’hôpital pour marcher un peu dans le quartier. J’ai erré sans but pendant une petite demi-heure, et alors que le désespoir menaçait de me submerger, je suis tombé devant la vitrine de ce magasin. On peut lire sur la vitrine : « Alive and Well », ce qui se traduit par « En vie et bien portant ».





« C’est vrai », me suis-je alors dit. « Je suis en vie, je marche sur mes deux jambes... Je suis bien portant comparé à mon état lors de la transplantation! ».

Pourquoi suis-je passé devant ce magasin à ce moment ? Je ne vais jamais à cet hôpital en particulier, c’était un concours de circonstances qui m’y a emmené exceptionnellement, et d’habitude je rentre directement chez moi après un rdv chez le médecin. Alors pourquoi ?

La dernière coïncidence du même genre qui me vient à l’esprit s’est passée un an après la leucémie. Malheureusement, je ne retrouve pas la photo. Nous nous promenions avec Celia, et je lui parlais en ressassant tout ce qui s’était passé pendant la dernière année, en disant, « Tu te rends compte, si je n’avais pas eu la leucémie, à l’heure actuelle, je serais probablement chef de ma propre équipe, on aurait pu partir en vacances en Alaska, on aurait pu aller skier tout l’hiver... ». Et quand j’arrivais à la fin de mon discours, c’était reparti pour un tour, en boucle. Le bon radotage bien pathologique quoi.

Et puis tout à coup, en passant devant une maison avec un magnifique parterre de fleurs, j'ai aperçu  un panneau en bois peint, sur lequel on pouvait lire :

« En l’honneur de Leonore Wood, atteinte d'une leucémie à 2 ans en 2006, transplantée en 2008 et maintenant guérie ».

Et la je me suis dit, mais punaise, la pauvre gamine, les pauvres parents... Une leucémie à 2 ans ? 2 ans et plus de traitement puis de convalescence... Elle a probablement passé son enfance, de 2 à 5 ou 6 ans convalescente, dans le milieu hospitalier, éloignée de gamins de son âge, avec des séquelles qu’elle gardera probablement à vie... Moi je suis adulte, j’en bave un peu, mais j’ai fini ma croissance, j’ai des séquelles, mais rien qui ne se résorbera pas (plus ou moins) avec le temps... Faut que j’arrête de radoter un peu et que je serre les dents et que je continue à tenir bon !

Bref, où est-ce que je veux en venir ?

Peux importe que vous croyez aux esprits ou que vous pensiez que ce sont des coïncidences. Ce qui est important, c’est de marcher dans la vie les yeux ouverts, de façon consciente. D’être un invité poli qui respecte la Terre et qui écoute attentivement les messages qu’elle transmet. Beaucoup d’entre nous évoluons dans la vie de façon plus ou moins automatique, dans un brouillard hypnotique quasi permanent. Vous pensez peut-être "Mais certainement pas! Moi je suis conscient, pas endormi debout". Mais pensez-y quelques minutes... Dans notre vie de tous les jours, beaucoup de nos actions sont du domaine du réflexe : nous prenons toujours le même café dans le même bar le matin, nous passons toujours par le même chemin pour aller au boulot, nous jouons sur nos téléphones dans le métro sans regarder les gens, nous marchons dans la rue perdus dans nos pensées... Ne vous arrive-t-il jamais de vous demander si vous avez fermé la porte à clé? C'est un exemple parmi des milliers d'autres.

La vie est tellement magnifique, je crois qu’il est important de marcher conscient et éveillé, à l’écoute du monde et avec une certaine forme de respect pour celui-ci. Non ?

Écoutez les esprits :).

samedi 12 juillet 2014

En vacances!

 Salut tout le monde!

Je suis désolé de vous avoir tous laissé si longtemps sans nouvelles. Je ne me suis pas vraiment rendu compte en fait. J'ai laissé passer une semaine, puis deux, puis trois… Jusqu'à ce que je commence à recevoir des mails inquiets de gens s’enquérant de ma santé.

Rassurez-vous donc, je vais bien. En fait, je suis silencieux car mi Juin, un ami (de France) est venu passer quelques jours à la maison, puis nous sommes partis de Seattle, direction la France.

Et oui, depuis 3 semaines, nous sommes en France. Enfin, nous étions: Celia est rentrée il y a deux jours, boulot oblige, alors que je reste encore 2 semaines.

Cette année, nous n'avons prévenu quasiment personne de notre retour, juste la famille et quelques amis. Nous avions besoin de décompresser, de se retrouver un peu tous les deux seuls à Paris, de passer du temps en famille, de dormir et de se reposer. Je n'ai pas vraiment envie de m'éterniser sur les dernières semaines, mais en résumé, elles ont été très dures psychologiquement. Un ami est mort d'une leucémie, emporté en deux jours d'une infection foudroyante pendant un cycle de chimio. Le soir ou j'ai appris la nouvelle, j'ai pleuré pendant des heures. Je me suis mis à la place de sa femme, qui se retrouve seule, je me suis mis à la place de ma femme, si j'étais mort, je me suis mis à ma place, si ma femme était morte de cette manière, et j'ai pleuré, pleuré, pleuré.  Étrangement, la fin de cet ami m'attriste moins que la peine de sa famille. Peut-être parce que j'ai accepté l'idée de ma propre mort, c'est beaucoup plus la douleur des autres qui me touche. L'été dernier, j'ai accompagné un ami pendant sa deuxième transplantation de moelle, et je me suis rendu compte de ce que cela pouvait être que d'être le caregiver de quelqu'un qui risque de mourir. Je ne me suis jamais senti aussi mal, aussi impuissant, que devant le lit de mon ami délirant de fièvre.

J'en profite pour encore exprimer mes condoléances à P. et à sa famille. Votre histoire, votre courage, m'ont beaucoup touché et apporté tout au long de mon parcours. J'aurais aimé rencontrer H. un jour. Peut-être dans une autre vie qui sait.
Au passage, P. tu me diras si tu veux que je mette un lien vers ton site ou pas.

Quelques jours après que nous soyons arrivés en France, j'ai appris la rechute d'une amie de mon groupe de support. Il faut savoir que nous sommes un petit groupe très soudé au "support group" du SCCA, nous sommes une demi douzaine de fidèles qui nous retrouvons tous les jeudi, et nous nous décrivons comme une petite famille (l'ami dont je vous parlais si dessus en fait partie). K, c'est une fille d'une cinquantaine d'années, exubérante, qui, fait rare pour une américaine, a voyagé partout dans le monde et surtout dans les pays les plus reculés du globe. K. m'adore, elle m'appelle "Sweetie", et je le lui rends bien. Elle a été transplantée il y a 7 ans, à cause d'une maladie (MDS) de la moelle osseuse qui dégénère invariablement en leucémie. Particularité, n'ayant pas de famille, elle a affronté sa transplantation toute seule. Une vraie guerrière.

K. donc, avait une chance sur 10.000 de tomber malade. 7 ans après elle était guérie, active, souriante, pleine d'énergie. L'année dernière, elle nous avait invité à une régate contre la leucémie où elle faisait partie de l'équipage, participant à la manœuvre etc. Le lendemain de notre atterrissage à Paris, j'ai appris qu'elle venait de rechuter. Il faut savoir qu'au bout de 6 mois, on a environ 30% de risque de rechute. A un an, c'est 10-20%, à 2 ans cela doit tomber à 5% et après 3 ans c'est inférieur à 1%. A 5 ans, on considère en général la personne comme totalement guérie, le risque de rechute étant infinitésimal. A 7 ans, ce risque doit taper dans quoi, 1 chance sur 10.000? sur 50.000? Bref, le risque est quasi nul…Et pourtant, ma survivante de K. a rechuté.

Cela nous a fait un coup. Déjà, être loin, ne pas pouvoir l'aider, cela m'a gavé. Mais surtout, cela m'a déchiré pour elle… Le malheur, c'est qu'une 2ème transplant, c'est toujours beaucoup plus difficile…Et 7 ans après, on est beaucoup plus âgé, les chances ne sont plus du tout les mêmes… Bref j'angoisse. Pourtant, je suis sûr que K. va s'en sortir. Elle est entre de bonnes mains, elle est forte, elle a l'expérience du système et elle a une horde d'amis pour l'aider. Malgré cette certitude, quand j'ai annoncé cette nouvelle a un de mes amis qui m'hébergeais, j'ai fondu en larmes une nouvelle fois. Avec Celia, nous avons réalisé une chose: même si nous fuyons l'univers hospitalier, que nous partons dans un autre pays, que je suis guéri…Nous faisons désormais partie de ce monde, nous avons des amis dans ce monde, et nous serons toujours touché par la maladie à travers eux. C'est étrange, c'est un monde ou les relations humaines sont plus profondes, plus franches, où les moments de bonheur sont plus intenses... Mais c'est aussi un monde où parfois, on subit des tristesses énormes. C'est notre monde, on ne peut pas y échapper.

J'en parlais à mon professeur d'ailleurs, qui m'a dit: "Loïc, tu exsudes une négativité impressionnante, tu dois te mettre à faire des activités saines, à sortir un peu de ce monde". Je lui ai répondu que j'en avais conscience, que j'avais prévu en rentrant aux US d'aller m'inscrire à un cours de taichi, "d'ailleurs, je connais le professeur, sa femme est malade d'un cancer, du coup c'est bien, il sait ce que je traverse, je ne prendrai pas de risque". Mon professeur m'a regardé bizarrement, et m'a dit: "Tu te rends compte de ce que tu viens de dire?
- Euh, non, ai-je répondu interloqué.
- Je te dis de changer de monde, et tu me dis que la femme du prof a un cancer…"
Je me suis tapé sur le front.
"Punaise, mais c'est dingue, j'avais même pas percuté! me suis-je exclamé.
- Tu vois ce que je veux dire? Tu es tellement dans ce monde que tu ne te rends même pas compte. Trouve toi une activité loin de tout ça", m'a à nouveau conseillé mon professeur.

J'ai enfin compris la différence entre une activité "positive" et une activité "saine". Le groupe de support, c'est bien, j'aide des malades et des malades m'aident... Mais ce n'est pas sain. On marine dans cet univers de mort et de maladie. Il faut que je trouve une activité qui soit "saine". Je pensais par exemple à animer un bibliobus ou un truc du genre, comme j'aime les livres.

C'est marrant d'ailleurs, j'avais conscience de ce problème en tombant malade. Je ne voulais pas parler avec d'autres patients pour ne pas être contaminé par la dépression ambiante, pour ne pas être affecté par les décès… Mais cela n'est pas moi, je suis profondément social, j'aime les gens et le contact… Alors, petit à petit, je me suis de plus en plus investi, je me suis d'ailleurs rendu compte que j'aimais ça, que j'avais un talent pour remonter le moral des gens, pour véhiculer des idées complexes simplement, pour expliquer la maladie etc… C'est quelque chose que je veux continuer, mais avant cela, je dois me guérir moi. Je pensais être guéri, mais je me suis rendu compte récemment qu'alors que le corps allait mieux, l'esprit commençait à lâcher. Toute la pression, la douleur accumulée, les coups durs, les décès… Je commençais à m'effondrer psychologiquement. Pour aider les autres, je dois avant tout être bien dans ma peau, et cela passe par le fait de m'éloigner un temps de ce monde, d'où le fait que je poste beaucoup moins ces derniers temps. Je pourrais poster sur des choses légères, me direz-vous.. Mais ce blog me rappelle trop la leucémie. Alors je continue à écrire de la SF à la place.

Voilà pour les nouvelles. Je rentre fin Juillet à Seattle, et je reprendrai un rythme normal d'écriture vers cette date.

Dernier point, je voudrais saluer Katy, que j'ai interviewée ici il y a quelques mois. Elle souffre de graves crises de GVHD, et ses poumons sont très endommagés, au point qu'elle va devoir recevoir une greffe de poumon… Vous voyez, notre convalescence, c'est pas du gâteau. Katy, je t'embrasse, courage, je t'appelle quand je récupère le net de façon stable.

Un bécot aussi à mon ami Serge qui en chie un peu en ce moment, et à mon amie Nath qui en chie aussi.

P., encore une fois, je t'embrasse. N'hésite pas à m'écrire.

Christine, j'ai un cadeau à envoyer à Loïc, si tu peux m'envoyer ton adresse que je lui poste… :).

Celia, je t'embrasse ma cocotte. Oui, je sais, "What???" :p

A bientôt,

mardi 27 mai 2014

Worldbuilding, conworlding: la construction d'un monde pour les nuls.

Il y a quelques mois j’ai commencé à écrire un roman de science-fantasy en anglais. J’avais besoin d’un projet créatif me sortant la tête de la leucémie, de la maladie et comme je peux difficilement passer plus de deux jours sans écrire, c’est sorti tout seul. Un jour j’ai écrit une phrase, puis deux et en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, j’étais embarqué complètement à la découverte d’un autre monde.

Pourquoi en anglais, d’ailleurs ? Aucune idée. Récemment, j’étais un peu ennuyé par le fait de ne pas pouvoir partager ce que j’écris avec les gens qui sont les plus proches de moi à Seattle, je me suis dit, pour une fois, je vais écrire en anglais pour pouvoir montrer un peu ce que je fais à mes amis d’ici (ce n’est pas que je ne vous aime pas, mais j’ai une vie en dehors de ce blog hein ;)).

Il y a un phénomène auquel je ne m’attendais pas du tout, c’est que la plupart du temps, je n’ai aucune idée de ce qui va se passer ensuite. Longtemps, j’ai cru que je n’étais pas doué pour écrire de la fiction, n’ayant pas assez d’idées originales. Ce n’était pas vrai : ce qui me manquait, c’était le courage de me mettre devant un clavier et d’écrire de la merde jusqu’à ce que je commence à écrire des trucs bien. C’est très étrange, quand les conditions sont bonnes, cela sort tout seul, l’esprit assemble des fragments d’idées, saute d’une idée à l’autre, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, pouf, une histoire est née. Au stade où j’en suis, j’ai tellement d’idées, tellement de fils possibles qui sont intéressants à explorer, que j’ai de quoi écrire 10 romans. Souvent, je glandouille pendant des heures sur mon clavier sans que rien ne se passe, et tout d’un coup, cela me prend comme une envie de pisser (désolé pour l’analogie, mais c’est exactement cela) et je sors 1000 mots d’un coup. Je dis souvent que je dégueule un texte, l'habitude de la chimio surement... Pourtant, c'est vraiment cela: cela m'obsède, je me colle à mon clavier, j'écris frénétiquement pendant une heure ou deux, puis je m'arrête, épuisé, vidé, lessivé.

L’autre chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est la quantité de recherche incroyable nécéssaire pour décrire un monde imaginaire qui soit crédible. C’est ce qu’on appelle en anglais le « worldbuilding » ou aussi « conworlding », comme « CONstructed WORLD ». Il y a des domaines liés, comme le « conlanging », le fait d’inventer un langage, le « conscripting », ou le fait d’inventer un alphabet. Pour quelqu’un qui souhaite écrire un roman se passant dans un monde imaginaire, avoir des notions dans tous ces domaines est plus ou moins indispensable.

Il y a pour moi 3 façons de donner de l’épaisseur à un monde.

La première, c’est de donner l’impression d’une culture ancienne et vaste. C’est l’approche de Franck Herbert dans Dune, qui au travers de quelques pages de glossaires et d’appendices, ainsi que quelques références dans le texte, nous donne des indices sur la culture de sa société. Là où il est extrêmement fort, c’est qu’il est souvent capable, au travers d’une définition d’un terme par exemple, de donner l’impression qu’il est en possession de bien plus d’information, qui n'est pas incluse faute de place (alors qu’en fait, il n’a probablement pas développé très loin certains aspects). Il nous parle par exemple de l'errance des tribus zensunnis à plusieurs reprises, nous donnant l'impression que c'est un fait établi et important de l'histoire de son monde, alors qu'il n'a jamais rien écrit à ce sujet, à ma connaissance. D'ailleurs, quelque chose de vraiment génial, je pense, c'est d'utiliser des mots connus et évocateurs de cultures familières (zen et sunni) pour créer un nouveau mot qui est déjà "chargé" de tout un tas de souvenirs. En temps que lecteur, nous lisons ce mot, et immédiatement, nous avons une image qui se forme de ces tribus, une idée approximative de leur culture, sans qu'Herbert n'ai rien eu à écrire. C'est assez génial.

C’est aussi l’une des approches de Tolkien, qui a écrit un corpus de légendes auquel il fait allusion de manière répétée. Il est assez fort pour nous répéter des mots comme « Héritier d’Isildur » juste suffisament pour que l’on soit familier avec le terme et la légende associée, mais pas trop afin que cela ne soit pas trop visible. Lorsque l’on lit ce terme, on voit défiler tout un pan de l’histoire de la Terre du Milieu. Pan qu’il n’a, à ma connaissance, que très brièvement décrit, mais que nous avons pourtant l’impression de connaitre par cœur.

Un autre angle, lié chez Tolkien à celui de la culture, est celui du langage et l’invention de ceux-ci. Chez lui, l’écriture des légendes était d’ailleurs avant tout un prétexte pour utiliser ses langages, car il était avant tout linguiste (en plus de ses créations, le gars parlait au moins 6 langues couramment, dont 4 mortes). C’est l’un des aspects qui m’agace le plus quand je lis de la fantasy moderne, quand on voit des noms de lieux et de personnages qui ont une sonorité vaguement « elfique », comprenez qui sonne comme les noms de Tolkien, mais qui n’ont aucune consistance interne. Cela me sort tout de suite de l'histoire, surtout quand elle se prend au sérieux, tellement les ficelles sont grosses. Dans mon cas, je n'ai pas ce problème: mes humains viennent de la terre et parlent majoritairement anglais, espagnol et chinois, ou du moins leur version après un millénaire d'évolution. Un problème de moins.

Il y a sur internet énormément de ressources qui abordent la création de langage de façon relativement compréhensible pour des gens qui n’ont pas de formation en linguistique, par exemple le site de Zompist, qui est absolument étonnant. Ce gars développe un monde imaginaire depuis plus de 10 ans, a inventé plus de 10 langages, dont certains qui sont les ancêtres d’autres... Bref, c’est du sérieux, et cela donne une cohérence incroyable à son monde. Cela me parait essentiel pour n'importe qui créant une culture de toutes pièces, sinon on voit trop "les effets spéciaux".

Pour revenir à Tolkien, j’ai un livre qui analyse en profondeur les langues de la Terre du Milieu et leurs relations entre elles et avec l’histoire. Ce qui est fascinant, c’est que l’unité linguistique marche à un niveau trivial pour amener quelqu’un qui n’y connait rien dans son monde... Mais si l’on comprend les liens entre les langages, et que l’on connait des langues dont Tolkien s’est inspiré (ancien Anglais, ancien Finnois), il y a un niveau supplémentaire de sens et de lecture qui se révèle à nous, rempli d’allusions, de références, de clins d’œil, de plaisanteries... Je vous recommande la lecture de The Languages of Tolkien' s Middle-earth qui est particulièrement passionnant et grâce auquel vous ne lirez plus jamais le Seigneur des Anneaux de la même manière. Quoi, vous ne le relisez pas tous les 5 ans? Honte sur vous!

La dernière façon de rendre un monde réel, c’est de travailler suffisamment sa géologie, sa géographie, etc. pour qu’il soit absolument crédible. À ce titre, la Terre du Milieu est tout sauf crédible et ses climats ne pourraient pas exister tels quels sur une planète réelle (à moins qu’elle ne soit dans l’hémisphère sud, ce qui n’est pas le cas). C’est normal, la Terre du Milieu est un monde façonné par les dieux, pas par les lois de la physique, et à ce titre, son impossibilité physique s'explique.

En revanche, dans mon cas, l’histoire se place sur une planète similaire à la Terre (un peu plus grosse mais moins dense -donc gravité équivalente, à quelques pourcents près-), avec plus de mers mais globalement la même surface de terres habitables étant donné le diamètre plus important, orbitant autour de deux soleils jumeaux formant un puits de gravité unique, et ayant deux lunes, une légère et proche et une plus grosse mais plus distance, ce qui crée des marées complexe, si vous voulez tout savoir!). De plus, le climat de chaque continent joue une importance capitale dans l’histoire, l’un des prémisses étant justement que différentes colonies, isolées sur des continents au climat unique et différent les uns des autres, développent des adaptations spécifiques à leur environnement.

Il est donc impératif que les climats soient vraiment cohérents et c’est assez difficile à faire, car il y a une multitude de facteurs qui influent sur le climat d’une zone donnée. L’approximation « on s’approche des tropiques, on obtient un désert » est fausse dans le cas général. Il y a d’autres facteurs qui jouent, par exemple il n’y a pas de désert en Afrique du Sud, car cette partie du continent est en altitude, ce qui abaisse la température. C’est un sujet tout à fait fascinant, sur lequel je m’arrache les cheveux depuis maintenant un bon mois, mon problème étant compliqué par le fait que je ne peux pas utiliser l’approche classique qui consiste à dessiner une carte et à déterminer les climats de chaque zone en fonction de la géographie. Dans mon cas, je dois faire le chemin inverse : où vais-je placer un désert ? Où vais-je placer une jungle ? Et tout ceci afin que cela soit cohérent avec mon histoire. C’est compliqué, il faut tout faire à l'envers, honnêtement, je commence à m'arracher les cheveux. Ce qui est dommage, vu qu'ils commencent juste à repousser normalement suite à l'arrêt de dasatinib.

Pendant toutes ces recherches, je tombe en permanence sur des faits tout à fait fascinants. Par exemple, saviez-vous que la couleur de la chlorophylle dépend de la longueur d’onde de la lumière qui l’éclaire ? C’est logique quand on y pense, mais c’est loin d’être évident quand on est habitué à penser : arbre = vert. En fait, la chlorophylle pourrait tout à fait être rouge si notre soleil était plus chaud de quelques centaines de degrés.

Mais... Si notre soleil était plus chaud, cela voudrait dire que sa durée de vie serait plus courte, et donc que la vie aurait moins de temps pour se développer. La où cela devient un véritable casse-tête, c’est que tout est lié, que chaque facteur intervient sur les autres ! C’est assez vite inextricable, mais c’est aussi ce qui rend l’exercice passionnant.

Bref, depuis quelques mois, je fais des recherches dans toutes sortes de domaines différents, tout en continuant d’écrire mon histoire, ma philosophie étant que cela ne sert à rien de construire un monde cohérent si l’histoire n’avance pas. Je fais les deux en parallèle. La conséquence imprévue c’est que je développe tout un tas de compétences et de connaissances. J’ai énormément progressé au niveau de l’écriture, notamment sur un aspect que je n’ai jamais travaillé sur ce blog, l’écriture de dialogues, mais j’ai aussi appris un nombre considérable de choses.

Je cherchais une façon de continuer d'animer ce blog régulièrement tout en me vidant la tête et je pense que la suggestion que Celia m'a faite de faire des petits posts sur tout ce que j'apprends une bonne idée. Il faut savoir pour l'anecdote qu'elle me suggère souvent d'excellentes idées pour le blog, et que je met toujours un an avant de me rendre compte que c'est une bonne idée. Ce coup-ci, je n'aurais mis que 3 jours :). Il y a du progrès!

Au passage, un petit appel à l'aide: si quelqu'un ici qui est graphiste est intéressé pour m'aider de façon tout à fait bénévole, je suis preneur. Je n'ai pas les moyens de me payer une comissions sur une carte, je préviens tout de suite, mais si cela intéresse quelqu'un de faire ça comme un hobby, je suis preneur. Je cherche aussi quelqu'un pour m'aider à faire un dessin de l'un des personnages principaux de mon histoire, un train qui est propulsé à la fois par un moteur à vapeur et par de gigantesques voiles. Si cela vous branche, mon email est dans l'onglet contacts! Pour vous donner une idée, je suis particulièrement fan du travail de Maxime Plasse.

jeudi 22 mai 2014

Joyeux anniversaire Celia!

Et hop, un petit post pour souhaiter un bon anniversaire à Celia.

Cela va la faire hurler probablement, elle aime pas qu'on parle d'elle, mais en même temps cela va lui faire plaisir je suis sur. N'est-ce pas Mistinguett?

Bref.

Bon anniversaire, mon ptit bout de femme. T'es l'amour de ma vie, tu sais? 

J'en profite pour parler à nouveau du rôle des "caregivers", des gens qui entourent un malade lors de son traitement et de sa convalescence. C'est un rôle très compliqué, vous savez? Je l'ai un tout petit peu vécu lorsque l'un de mes amis Seattleites est tombé malade à son tour (c'est une histoire compliquée, en fait il a une mutation génétique qui fait que l'on est sur qu'il va développer une forme de leucémie à un moment de sa vie, donc il a subit une greffe de moelle "prophylactique", le raisonnement étant qu'il y avait plus de chance que la maladie ne revienne pas si on la prenait avant qu'elle soit complètement déclenchée). Bref, quand il est tombé malade et que je suis allé à l’hôpital lui rendre visite, alors qu'il était délirant de fièvre et au bord de la mort (il en a vraiment chié), je me suis rendu compte du sentiment d'impuissance et de la peur terrible qui vous tenaille quand ce n'est pas vous qui est malade. Quand vous êtes le malade, vous vous battez, parce que vous n'avez pas le choix, quelque part, la peur est moins intense, je trouve.

Parfois, des caregivers ne supportent pas la pression, surtout dans des couples. Ce genre de traitement, cela peut renforcer des couples comme les détruire. Heureusement nous cela nous a renforcé!

Au passage, et cela va faire plaisir à Celia, je voulais vous montrer des photos de son jardin. Souvenez-vous, elle était bénévole dans un jardin communautaire à notre arrivée. C'est une initiative super dans les grandes villes américaines, cela s’appelle les P-Patch. Cela fait maintenant plusieurs années que tout les étés nous mangeons régulièrement (plusieurs fois par semaine) des salades faites avec les produits du jardin. Cette année Celia a décidé de passer à la vitesse supérieure et de faire un jardin beau en plus d'être productif. Je vous laisse admirer.

Je suis un gros boulet tout naze qui fait des photos pourries, mais bon.









Pour conclure, je vais me répéter:

Celia, tu es l'amour de ma vie. Tu es belle comme un camion de pompiers (romantisme, romantisme), non, tu es belle comme un coucher de soleil sur les plages de Yaghan quand les oiseaux Arc-en-Ciel peignent leur amour dans le ciel avec des rubans de lumière multicolore. Tu es ma joie, tu es brillante, tu es drôle, et tu cuisines bien. Surtout, tu cuisines bien. Ça c'est vraiment cool (par contre, bosse sur le fait de faire la vaisselle, dans ce domaine, ça pêche un peu). Je serais toujours là pour te soutenir, quoi qu'il advienne. Bon anniversaire.

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