Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

mardi 18 décembre 2012

"La mongoliade" et "Le nom du vent"

Dans la série "ma librairie est formidable", il y a quelques jours ont eu lieu deux évènements vraiment cools.

La Mongoliade


Tout d'abord ils ont invité toute l'équipe de "La Mongoliade" (the Mongoliad), avec parmi eux les deux légendes vivantes que sont Neal Stephenson et Greg Brear. Je sais je dis toujours ça, mais c'est parce que c'est vrai. On ne les présente plus, ils ont tous les deux été récompensés et nominés pour la Hugo Award (et Greg Bear pour la Nebula), qui sont les Goncourts de la littérature fantastique US, en quelques sorte.

La Mongoliade, c'est quoi?

Et bien au départ c'était une série écrite sur Internet, par un collectif d'auteur dont les deux légendes sus-mentionnées. Les auteurs font tous partie d'un groupe de recherche en escrime ancienne et au cours d'une session d'entrainement, ils se sont demandé pourquoi est-ce que les Mongols avaient conquis la moitié du monde connu pour s’arrêter en gros en Allemagne, rentrer chez eux, et remettre ça de l'autre coté en partant à la conquête de la Chine. C'était aussi de leur propre aveu un prétexte pour décrire des scènes de combat les plus réaliste possible, et la plupart des combats de la Mongoliade ont d'ailleurs été simulés à l'entrainement pour s'assurer de leur cohérence.

Petite digression, qu'est ce que c'est que la recherche en escrime ancienne?

Et bien figurez-vous que l'on ne connait pas grand chose de l'escrime du moyen-âge. Je vous parle de combat avec de vraies épées, pas les cure-dents comme que l'on voit aux Jeux Olympiques. Il nous reste des vieux manuels de l'époque, mais étant donné le niveau des illustrations, c'est assez compliqué de retrouver exactement ce que pouvait être l'art de combat en vrai, et d'ailleurs la dérive sportive de la plupart des styles modernes n'aide pas à se faire une idée, bien au contraire.

Il se trouve que je m'intéresse beaucoup à l'escrime, pratiquant moi-même un style d'épée venant des Philippines et donc forcément j'étais au taquet pour poser des questions, en particulier à Neal qui est mon idole depuis un moment déjà.  L'avantage de connaitre le sujet, c'est que l'on peut glisser des références historiques dans les questions afin de montrer que l'on fait "partie du gang", et tout de suite la discussion prend une autre dimension. Pour ne rien gâcher, il n'y avait pratiquement personne car ils avaient oublié de faire la promotion de cet évènement et donc j'ai pu tailler une bavette avec Neal Stephenson et apprendre où ils s’entraînent.  Bon, pour le moment, cela ne me sert pas à grand chose vu mon état, mais un jour, j'irais croiser le fer avec Neal Stephenson et ça, c'est bien cool.

Parmi les trucs intéressant que j'ai appris en posant ces questions, c'est qu'ils ont substantiellement remanié l'histoire parce que certains combats ne collaient pas: étant donné la configuration, un personnage aurait gagné à coup sûr alors que pour les besoins de l'histoire, c'est l'autre qui devait gagner, les conduisant à développer et enrichir substantiellement des personnages secondaires.

Bon et le bouquin dans tout ça? Et bien déjà, il est publié en version papier chez 47North, la boite d'édition papier d'Amazon basée à Seattle. Il y a donc une petite Space Needle sur la tranche et ça c'est classe. En plus, les miens sont dédicacés par toute l'équipe, et ça c'est doublement classe. A part cela, j'ai plutôt bien aimé, mais ce n'est pas non plus le bouquin du siècle. J'aime particulièrement tout ce qui se passe chez les Mongols, bien plus attachants et fascinants que les Européens. C'est en outre agréable de lire des combats d'escrime réalistes pour une fois. Maintenant cela n'a pas le niveau du "Trône de Fer" de Martin, par exemple. La découverte de l'invasion Mongole est vraiment sympathique, mais c'est une lecture relativement dispensable au final. Je crois que ce qui me gène c'est que l'on a l'impression que les deux premiers volumes sont une mise en place de tous les personnages. Le troisième volume va être aussi gros que les deux premiers, donc on peut espérer que cela décolle vraiment, et d'autres livres à d'autres périodes sont prévus dans le même monde (The Foreworld, notre monde avec des adaptations).

Allez, un petit lien Amazon, si vous voulez tenter.



Le nom du vent et sa suite La peur du sage


Autant je suis positif mais mitigé sur la "Mongoliade", autant "Le nom du vent",  c'est ma grosse claque de l'année 2012 en fantasy. Un ami me l'avait conseillé à sa sortie, je ne l'avais pas acheté car je pensais que l'auteur, Patrick Rothfuss, était français et je n'avais pas envie de me taper 10 euros de frais de port... Sauf qu'en fait l'auteur est américain et donc quand j'ai enfin percuté (qu'est ce que je peux être con, des fois), je me suis jeté dessus.
 
Le Nom du vent, c'est l'autobiographie (donc plus ou moins fiable...) d'un certain Kvothe, magicien de talent, musicien d'exception, tueur de roi et légende vivante de son état. J'aime beaucoup le parti pris: contrairement à un Aragorn ou un Harry Potter qui sont des légendes de naissance, Kvothe est à la base un garçon normal doté d'une volonté et d'une intelligence exceptionnelles, qui va devenir, par l'unique force de ses actes, un (anti?) héros.

En parlant d'Harry Potter, j'ai vu des critiques faisant la comparaison entre Harry Potter et le Nom du Vent. Il y a évidement une similitude très claire, la majeure partie du premier volume consistant en l'éducation de Kvothe à l'Université (qui est autant une université de Magie que de Mathématique, ça ne vous a jamais choqué qu'Harry arrive à 18 ans sans prendre un cours de Math?), mais c'est traité très  différemment. En particulier les personnages secondaires sont bien plus nuancés que les caricatures d'Harry Potter ou des séries de Robin Hobb. J'adore Robin Hobb mais parfois on a envie de jeter ses bouquins à la poubelle tellement ses personnages prennent toujours la plus mauvaise décision, celle qui les fera le plus souffrir. Ce n'est pas le cas dans le Nom du Vent, même si Kvothe, étant adolescent, n'est parfois pas le plus malin malgré son intelligence remarquable.

Il y a un truc que j'ai aussi vraiment apprécié dans ce bouquin c'est que le monde est décrit par petites touches, souvent au travers de l'explication de son système de magie qui détermine une part importante du niveau technologique de la société dans laquelle évolue Kvothe. Rothfuss ne commet jamais l'erreur particulièrement agaçante de mettre dans la bouche de ses personnage des explications sur son monde (du genre "Mais, au fait Kvothe, une drab, ca vaut combien de pennies? Mais voyons Will, tu devrais réviser les taux de change que tu as pratiqué toute ta vie enfin, tu sais bien qu'une drab vaut 0.1 pennies et 1 talent vaut 10 pennies!"), et on découvre le passé du monde au fur et à mesure des investigations de Kvothe sur un sujet précis, qui sans cela ne ferait évidement pas un cours d'histoire à son interlocuteur.

La plus grande force de cette série d'ailleurs, c'est que c'est extrêmement bien écrit, ce qui est quand même assez rare dans ce genre et donc d'autant plus remarquable et remarqué.

Quelques mots sur l'auteur en passant, vu que je l'ai croisé à la séance de dédicaces. Déjà, pour continuer la comparaison avec Harry Potter, le monsieur ressemble à Hagrid dans les films, il a en particulier exactement la même barbe... Mais un Hagrid cultivé, qui, quand on lui demande son livre préféré, cite "Cyrano De Bergerac". Raison de plus pour être fan de lui puisque c'est aussi mon cas. Contrairement à beaucoup d'auteurs que j'ai vu en séance de dédicaces, il est aussi tout sauf introverti (contrairement à Neal Stephenson par exemple, qui malgré son statut de légende vivante, est visiblement mal à l'aise en public).  Son intervention était un véritable one-man show, la librairie, qui était bourrée à craqué de fans, était gondolée de rire pendant une heure d'affilée. Il me fait penser à Louis C.K, pour ceux qui connaissent. Il vous raconte sa vie, et c'est juste drôle. Je raconterais le même truc, on se ferait chier, mais lui c'est drôle. Pour vous donner une idée de l'ambiance, allez voire cette vidéo où  il parle de son cochon d'inde. C'est en anglais, désolé, en résumé, il raconte comment, pour avoir le droit de garder son cochon d'inde en résidence universitaire, il a eu à prouver que c'était un poisson, en immergeant notamment le cochon dans un bol d'eau sous le regard de l'intendant médusé.

Bref, si vous aimez la littérature fantastique, foncez, le seul truc que vous perdrez c'est le sommeil. Pour ceux qui aiment Harry Potter, foncez, c'est mieux. Pour ceux qui n'aiment pas Harry Potter, foncez aussi, je dis ça aux autres juste pour les faire acheter, vous allez voir ça n'a rien à voir, c'est carrément mieux. Bref, foncez.




2 commentaires:

  1. Le recommandes tu pour mes ados de 15 ans dont l'une a dévoré et re dévoré Harry Potter dès 8 ans !
    Je continue de te lire...avec grand plaisir surtout en cette période Noël ! Bonnes Fêtes

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    Réponses
    1. Je conseille totalement pour des ados de 15 ans. J'ai lu le seigneur des anneaux en 5ème, et je ne pense pas que cela soit ni plus difficile, ni plus adulte.

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