Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

samedi 24 décembre 2011

Joyeux Noël!

L'année dernière, lors de notre visite annuelle pour les fêtes de fin d'années, nous prévenions un peu tout le monde que nous ne rentrerions pas en 2011. La raison à l'époque était simple: avec 2 semaines de vacances, c'était soit partir en vacances dans un endroit inconnu, soit rentrer en France, ce qui pour plaisant que cela soit, ne peut pas vraiment être qualifié de vacances. Comme nous commencions à tirer un peu la langue après 3 ans sans vraies vacances, nous avions donc pris cette décision.

Un an plus tard, je me rends compte qu'en fait, si tout avait été normal, nous serions rentrés quand même. Noël, c'est ma période de l'année préférée, pour deux raisons. C'est le moment de mon stage d'hiver, et j'adore les fêtes de fin d'année en famille, l'apéro au coin du feu avec tout le monde, l'ouverture des cadeaux... Cela a pris une importance d'autant plus grande depuis que nous sommes expats que c'est le seul moment de l'année ou nous voyons nos amis et nos proches. Et puis l'année à été dure, et pas que pour nous, et on a un peu envie de se retrouver avec ses proches et apporter un peu de soutient.

Mais, tout n'est pas normal, je n'ai pas le droit de voyager (je n'ai déjà pas le droit de prendre le bus, alors vous imaginez un avion?) et donc nous sommes "coincés" à Seattle. Sans compter que je ne suis pas sur d'être prêt psychologiquement à m'éloigner de "mon" hôpital. J'en reparlerais peut-être.

C'est un noël un peu étrange pour moi. Je ne travaille pas, nous n'avons pas la TV, donc je suis un peu déconnecté de ce qui se passe dehors. J'ai du mal à réaliser que c'est Noël et tout le tintouin. C'est la première fois de ma vie que je rate Noël en famille, c'est aussi la première fois depuis 4 ans que je rate mon stage. Bref, je suis un peu triste, pour tout vous avouer, mais en même temps comme je ne réalise pas bien que c'est Noël, cela compense.

Pour couronner le tout nous devions diner avec des amis pour le réveillon et ils sont malheureusement malades, un bête rhume, mais on ne peut pas prendre de risque...


Un noël un peu nostalgique à deux donc, mais au final si on a bien appris un truc cette année c'est que le bonheur c'est à nous de le créer. On a donc bien mangé, on a fait un joli sapin, on a déballé nos cadeaux, on a fait des câlins à nos chats (qui malgré une propension certaine à toujours trouver une connerie à faire, n'ont pas encore eu l'idée de monter dans le sapin; espérons que cela continue), on a regardé un truc marrant, et on a décidé que comme nous sommes une famille, et bien nous passions Noël en famille quand même et puis voilà.

Tiens au passage, un truc vraiment étrange ici: il faut faire attention quand on souhaite "Joyeux Noël" (Merry Christmas) aux gens ici: suivant leur appartenance religieuse, ils peuvent le prendre relativement mal. C'est vrai que je n'y avais jamais réellement réfléchi, mais c'est une fête chrétienne, même si en France j'ai l'impression que c'est devenu une tradition "athée" (ou plutôt œcuménique, mot compte triple). Victoria avait écrit un article excellent à ce sujet mais je ne le retrouve pas. (Je vous recommande son blog au passage, qui est absolument génial).

Bref, je vais la faire de façon politiquement correcte à l'américaine, je ne vais pas vous souhaiter un joyeux Noël, mais d'excellentes fêtes de fin d'année. Comme ça on ne peut pas se gourer.

mercredi 21 décembre 2011

L'incroyable histoire des livres perdus

Il y a une semaine, j'ai lancé une bouteille à la mer, afin de retrouver des livres qui m'ont particulièrement marqués pendant mon enfance.

Le lendemain, il s'est passé un truc très bizarre: j'ai eu l'idée de taper "grotte enfants révolution roman" dans Google. Et, magie de la technologie, le premier lien m'a renvoyé sur le site de livre d'occasion livrenpoche.com, sur la page de présentation du livre que je cherchais ("Les enfants sous la lande"), que j'ai d'ailleurs immédiatement commandé.

En parcourant un peu ce site, je me suis rendu compte que l'on pouvait trier les livres par collection (bibliothèque verte, livre de poche...). Hors, si je ne me souvenais pas des titres, je me souvenais parfaitement des couvertures des bouquins en question. Chaque collection ayant un design de couverture particulier, j'ai pu déterminer les collections des livres que je recherchais. De là, tout est devenu facile: il m'a suffit de patiemment éplucher les listings de chaque collection pour trouver la plupart de mes livres. En tout et pour tout, cela ne m'a pas pris plus de deux heures.

Cet épluchage qui aurait pu être fastidieux s'est avéré en fait être un vrai voyage dans mon enfance, car je suis tombé au passage sur des dizaines de couvertures de bouquins que j'ai lu étant gosse (j'ai toujours lu énormément, et je me rappelle que l'on avait une inscription dans les bibliothèques de deux villes différentes, seul moyen d'avoir suffisamment de matière pour nous rassasier).

J'étais déjà drôlement content d'enfin faire un progrès significatif dans cette quête qui me tenaille depuis une dizaine d'années, surtout compte tenu de la maigreur des indices de départ, mais le miracle ne s'arrête pas là.

L'un des livres, "Casque de Feu" (de Robin McKinley), est en fait un classique de la littérature fantastique américaine. Il a même reçu un prix, et c'est apparement un livre très connu ici. Reflexe de base, je vais voir sur le site de la bibliothèque de Seattle: il est en stock. Deux jours plus tard, j'avais le livre chez moi! 

Ce n'est pas forcément évident, de décider de se lancer dans la lecture de quelque chose qui vous a marqué étant enfant. On connait tous ce syndrome: on a un souvenir impérissable d'une chose, et on se rend compte a posteriori que c'était vraiment de la daube et que l'on aurait mieux fait de ne pas toucher à notre souvenir.

C'est donc avec une certaine appréhension que j'ai démarré la lecture de Casque de Feu... Et je comprend pourquoi cela m'a laissé un souvenir impérissable étant gamin, et pourquoi je n'ai rien pigé à ce que je lisais. Le livre est plein de flashbacks, de discontinuités, l'univers est magique mais d'une façon subtile: pas de grosses boules de feu lorsque l'héroïne combat le mage maléfique, mais une altération de la réalité, de ses perceptions, de sa mémoire... Même en temps qu'adulte, ce n'est pas forcément complètement évident à suivre... Alors pour un enfant! Un livre magnifique donc, à lire enfant ou adulte.

J'ai aussi retrouvé la série se passant durant la préhistoire: il s'agit du "Silex Noir", de "Youg" et de "Grite parmi les loups". A vrai dire, je n'ai rien de spécial à en dire, c'est une super série pour vos enfants, mais je n'ai pas spécialement envie de la relire, cela m'agaçais juste de ne pas me rappeler le titre.

J'ai retrouvé un dernier bouquin: "La 5eme dimension". C'est marrant, de ce bouquin je ne me souvenais que de la dernière scène ainsi que de la couverture. Mais alors je m'en souvenais dans ses moindres détails, cela m'a fait un choc de la revoir, identique à l'image mentale que j'en avais. Pour une raison que j'ignore, sur le moment je décide que je le commanderais plus tard.

Le soir même, je reçois un mail, d'une française, expatriée à Seattle et habitant à 5 minutes de chez moi. Cette personne (que je remercie encore au passage) m'explique alors qu'elle a aussi lu ce bouquin étant gamine et qu'elle l'a tellement aimé qu'elle l'a gardé pour le transmettre à ses enfants. Il se trouve qu'elle l'a même emporté à Seattle, et elle me propose de passer me le prêter.

Si ce n'est pas de la magie, je ne sais pas ce que c'est!

Comme pour "Casque de Feu", je n'ai pas été déçu par la lecture. Le style est simple, adapté pour un enfant, mais l'histoire est fantastique... Et je suspecte l'avoir lu bien plus jeune que recommandé, parce que je n'avais vraiment rien pigé :), le seul truc dont j'étais sûr je crois c'est que j'étais en train de lire un truc vraiment génial. Bizarrement, je pense que ce sont des choses simples qui ont fait que je ne comprenais pas grand-chose: je ne savais pas ce qu'est un dictateur, par exemple, ce qui est gênant quand c'est le thème central. Il y a d'autres détails qui m'échappaient, mais je ne peux pas en parler sans révéler le noeud de l'intrigue ;).

Voilà, vous savez tout de ma quête. Il me manque encore deux livres, celui avec cette histoire de boule de glaise qui va vraiment être dur à trouver car je ne me souviens même pas de la couverture, et le livre édité chez Signe de Piste. D'ailleurs si vous êtes de la famille, vous avez surement lu ce dernier. L'un des oncles, H. ou A. l'a récupéré il y a quelques années. L'un d'entre vous doit donc savoir de quoi je parle :).

lundi 19 décembre 2011

Golden Blog Awards Finale

Au fait j'ai complètement oublié de vous parler de la finale des Golden Blog Awards!

La soirée avait carrément la classe, c'est vrai que quand j'ai vu les salons de la mairie de Paris, j'ai un peu eu une fracture de l'oeil, ça fait un bon moment que je n'ai pas vu de bâtiment aussi beau. Quand on est Parisien et que l'on évolue sans cesse dans cet environnement c'est vrai que l'on oublie un peu la chance que l'on a de vivre dans un musée, mais après trois ans passés dans une ville de moins de 150 ans, cela met une bonne claque, jugez plutôt:




Je vous rassure, je n'étais pas présent sur place. Toujours pas le droit de voyager! Mais plein de photos ont tourné sur Twitter :). Cela m'a d'ailleurs un peu donné le mal du pays, je vous avoue! (Soit dit en passant, j'ai complètement oublié de noter à qui appartenaient les photos dans l'excitation du moment, donc si vous êtes l'auteur de l'une des photos et que vous souhaitez que je l'enlève, aucun soucis et mes excuses).

Il y avait aussi une personne filmant tout l'évènement sur son téléphone et le diffusant en temps réel en streaming, coup de bol d'ailleurs, car la vidéo officielle déconnait. J'ai ainsi pu assister à quasiment l'intégralité de la cérémonie. Je vous avoue, mon cœur s'est bien emballé quand on est arrivé à la catégorie "Voyages" et que l'on a annoncé le nom de mon blog devant 1500 personnes. C'était un bon petit moment de suspense!!!

Malheureusement, je n'ai pas gagné, c'est le blog Vizeo  qui a remporté le prix de sa catégorie... Un prix bien mérité car le blog est vraiment magnifique techniquement parlant. Je vous avoue que j'ai eu la flemme d'aller voir si cela tenait la route niveau contenu, mais j'imagine que oui :).

Bref, pas de victoire, d'ailleurs je doute que je puisse gagner un jour vu le peu de soin que j'apporte à la présentation, mais c'était une expérience très sympa. J'ai vraiment bien aimé assister à la cérémonie, j'y ai cru, j'ai croisé les doigts, j'ai été un peu émotionné qu'on parle de mon blog devant 1500 personnes même si ce n'était que 5 secondes. Cela m'a bien distrait et cela a mis un peu de piment dans une vie qui est un peu monotone par ailleurs.

Merci encore à toutes les personnes ayant voté pour moi et m'ayant permis de participer à ce deuxième tour, c'était vraiment une expérience très sympa!

jeudi 8 décembre 2011

Avis de recherche

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai été marqué par un certain nombre de lectures étant gamin. Des livres probablement trop compliqués pour mon âge qui m'ont laissé perplexe, des livres que j'ai adoré et que j'aimerais relire, des livres que je n'ai pas fini. Ce sont un peu mes saints Graal: depuis des années, je suis à la recherche de ces livres. Parfois, par accident, je tombe sur l'un d'entre eux, mais récemment, j'ai eu assez peu de succès.

Tout ces livres ont un point commun: je suis incapable de me rappeler le titre. Dur donc de les retrouver. Et puis en lisant les commentaires de mon article sur Picsou, j'ai eu un flash. Vous êtes un certain nombre à avoir globalement mon âge, et donc vous avez donc peut-être lu un de ces livres mystères.

Bref je ne perd rien à essayer: voici une liste des livres que je recherche. Peut-être aurez vous des indices!

Le premier livre que je cherche était publié chez "Signe de Piste". Il me semble que la couverture était verte, mais je ne suis pas certain, et cela dépend de toute façon de l'année de publication. En gros l'histoire parlais d'un groupe de gamins, vivant dans une maison au milieu de la forêt, apprentis d'un magicien mais aussi plus ou moins prisonniers dudit magicien. Je n'ai jamais lu la fin de ce livre, et cela m'irrite. Et puis le magicien avait un secret et les secrets, cela m'intrigue :).

Le deuxième est une trilogie (ou peut-être plus) de livres se passant pendant la préhistoire. Je n'ai quasiment aucun souvenirs de l'histoire, mais je me souviens de façon précise des illustrations absolument magnifiques. Il me semble que le héros du deuxième volume était un gamin muet, vivant seul sur une ile au milieu d'un fleuve mais je n'en suis pas certain.

Pour le troisième livre, j'ai encore moins d'indices: je me souviens que c'était une histoire de fantasy, avec une femme comme héroine, et une histoire de coeur de dragon. J'ai juste une image de ce livre en tête, un combat de l'héroine au pied d'une tour blanche. Je sais, c'est maigre comme indice...

Le quatrième, j'ai un peu plus de matière. C'était une histoire bizarre, d'un gamin malade je crois, qui se retrouvait projeté (lors de ses rêves? A cause d'un médicament? D'une machine?) dans un espèce de monde parallèle, en guerre il me semble. Tout au long du livre, il faisait des aller retours, je crois. J'ai le souvenir d'une couverture avec la tête du gamin en question, couverte d'un casque bizarre avec des électrodes etc...

Le cinquième bouquin que je cherche est une histoire de fantasy, enfin je crois. La seule scène dont je me souviens du bouquin, c'est quand deux personnages se marient, et ils façonnent une boule de glaise dans laquelle ils marquent l'empreinte de leurs mains, et cuisent ensuite cette boule dans un feu: si la boule ne se fend pas, cela veut dire que leur union sera solide.

Le dernier livre qui me manque se passait durant la révolution, en vendée il me semble. Une bande de gamins vivants dans une grotte partaient à la recherche d'un jeune garçon sensé être le dernier espoir du monde, et le ramenaient dans cette espèce d'immense grotte pour le protéger jusqu'à ce qu'il soit en âge de les mener.

Voilà, j'ai conscience que les indices sont ultra maigres, mais si jamais cela vous dit quelque chose, n'hésitez pas!

mardi 6 décembre 2011

La jeunesse de l'oncle Picsou

A la bibliothèque, je suis tombé par hasard sur un exemplaire de "The life and times of Scrooge McDuck", en français, "La jeunesse de l'oncle Picsou". J'étais comme beaucoup de gens de mon age un grand fan du vieil avare, et je me suis donc jeté sur cette collection de douze histoires publiées entre 1992 et 1995 qui raconte les débuts difficile du jeune héritier du clan Picsou (Mac Duck en VO) et son ascension difficile à la position convoitée de canard le plus riche du monde.

Pour comprendre pourquoi cette série est exceptionnelle, il faut se pencher un peu sur l'historique de sa publication. Picsou a été crée par Carl Barks en 1947, à l'origine comme personnage secondaire dans une histoire de Donald, mais la popularité du personnage l'a vite propulsé sur le devant de la scène, et il a rapidement hérité de sa propre série. Carl Barks est à l'origine d'une bonne partie des éléments de l'univers des "Ducks", comme Donaldville, les Castors Juniors, Miss Tick, Les Rapetous, Géo Trouvetou... Je ne sais pas si vous vous rendez compte: cet homme est à l'origine de dizaines de personnages qui sont connus mondialement et c'est probablement l'un des auteurs les plus influents de sa génération.

A partir des années 70, Picsou était traduit dans tellement de langues et publié dans tellement de pays que d'autres auteurs ont commencé à écrire des aventures utilisant les personnages de Barks. L’Italie en particulier était particulièrement friande des aventures de Picsou et Romano Scarpa par exemple a publié énormément d'histoires, ajoutant même des personnages à l'univers Barksien. Oh, et Barks a pris sa retraite en 1967, d’où la nécessité de nouveaux auteurs pour continuer à faire vivre nos canards préférés.

En 1987 arrive un nouvel auteur pour la version US: Don Rosa. Rosa est un fan absolu de Barks, et il considère dès le début que seules les histoires de celui-ci sont canoniques, faisant de son mieux pour que ses histoires respectent la continuité Barksienne. En 90, il entreprend de raconter la jeunesse de l'oncle Picsou, et fidèle à son habitude, il recherche de façon presque obsessive chaque référence à sa jeunesse dans l'oeuvre de Barks, même si ces références consistent en une simple phrase, traitant presque le sujet comme la biographie d'un personnage historique.

Il résulte donc de ce travail le magnifique "The life and times of Scrooge Mc Duck", qui est exceptionnel tant par sa qualité graphique (Rosa dessine bien mieux que Barks, même s'il s'en défend) que de part la qualité de son histoire. La série est d'ailleurs récompensée par l'Eisner Award de la meilleure série en 1995, l'équivalent d'un Oscar dans le monde de la bande dessinée US.

Mais le plus intéressant dans ce bouquin, ce ne sont pas les aventures de Picsou, ce sont les explications de Rosa entre chaque épisode. Il détaille notamment comment il s'est servi des indices laissés par Barks pour construire l'histoire, quels faits il n'a pu intégrer à l'histoire pour des soucis de continuité (Barks lui-même ne faisait absolument pas attention à la continuité, et se contredit par endroit), ainsi que ses efforts pour coller le plus possible à la réalité historique.

Dans l'un de ces commentaires, Rosa explique que ce qui lui plait le plus dans les histoires de Barks, ce sont celles où toute l'équipe se retrouve à explorer une civilisation antique, au fond de la mer, ou dans un coin reculé du monde, et qu'au cours de ses discussions avec des historiens lors de ses recherches, ceux-ci mentionnaient régulièrement les aventures de Picsou comme source de leur passion pour l'histoire et l'archéologie. Il a alors cette réflexion que j'aime beaucoup: "Je me demande de quel futur rêvent les  jeunes fans de comics actuels? De devenir de sombres justiciers masqués?".

Et effectivement je trouve que cela a un sens: étant jeune j'étais fan d'Asterix, de Lucky Luke, de Picsou, de Tintin, de Pif et Hercule... J'avais un imaginaire coloré, drôle, farfelu. Quand je vais au comic book store maintenant, il est clair que l'on trouve majoritairement des séries de plus en plus noires: les X-mens par exemple était dans les années soixante une série adaptée à un jeune public, mais dernièrement, c'est un public adulte qui est visé (enfin j'espère, au vu de la noirceur des évènements). Le problème étant que les jeunes achètent toujours ces séries au contenu nettement plus adulte.

J'ai donc cogité un certain temps sur cette remarque de Rosa, la trouvant extrêmement pertinente. Surement plus pertinente que Rosa lui-même le pensait en 92 d'ailleurs, si on l'applique à la crise financière d'aujourd'hui. On vit en effet dans une époque où seul importe de faire de l'argent, toujours plus d'argent, sans raison autre que de faire de l'argent... Comme l'Oncle Picsou, qui ne fait rien de son argent, si ce n'est nager dedans et en amasser toujours plus juste pour le fait d'en amasser plus. Cela me fait penser à Apple et son trésor de guerre de 70 milliards de dollars. Pourquoi amasser tant d'argent, si ce n'est pas pour l'utiliser à une fin constructive? Peut-être que les histoires de Picsou ont participé à légitimer dans notre inconscient collectif que c'est bien de chercher à faire de l'argent pour faire de l'argent.

J'aime beaucoup la conclusion de l'histoire de Rosa, d'ailleurs, qui adresse justement cette problématique. 40 ans après son premier milliard, Picsou vit reclus, aigri et persuadé que le monde entier ne pense qu'à le voler. Il en est devennu carrément détestable alors qu'au début de l'histoire c'est un personnage attachant, volontaire, optimiste et plein d'humour. Il est même presque suicidaire, attendant la mort dans son manoir qui ne reçoit jamais aucun visiteur, et ce jusqu'à l'arrivée de Donald et de ses neveux qui viennent lui coller un sacré coup de pied au derrière. C'est l'une des premières fois (à ma connaissance) dans toutes les histoires de Picsou que son comportement est aussi fermement condamné.

Le contraste avec Donald est d'ailleurs saisissant: Donald, cousin d'Homer Simpson, n'est pas très futé, il est aussi bourré de défauts, notamment son tempérament colérique... Mais il vit simplement, dans le présent, et a besoin de peu de choses pour être heureux (des mots même de Rosa: pour Donald, une simple glace est l'expression du bonheur le plus complet). Une leçon dont nous ferions bien de tous nous rappeler...

vendredi 2 décembre 2011

Leucémie et greffe de moelle osseuse, J+120

Deux semaines sans rien écrire. Je manque à tout mes devoirs...

L'une des raisons de ce silence, c'est que je suis un peu hanté par un post que je veux absolument écrire, mais qui ne sort pas. Le sujet? Le rapport à la mort. Pas étonnant que j'ai du mal à en accoucher... Je suis un peu bloqué par ce truc qui me trotte dans la tête, alors que je pourrais vous raconter des trucs sympas; comme mes réflexions sur l'Oncle Picsou.

Il y a une deuxième raison qui fait que je ne suis pas très productif: je suis complètement crevé.

Il y a encore 3 semaines, je pétais la forme, j'avais l'impression de récupérer à toute vitesse, et je commençais à me demander pourquoi la durée d'arrêt de travail post transplantation est d'environ un an.

Et puis est venu le jour ou j'ai arrêté les stéroïdes. Et il n'y a pas vingt façons de le dire: je me suis pris une grosse tarte dans la tronche. Et oui! Les stéroïdes, c'est stimulant, il ne faut pas l'oublier... Bref je faisais le fanfaron alors qu'en fait j'étais plus dopé qu'un coureur du tour de France.

Cela a fait beaucoup rire les "anciens" du groupe de soutien auquel j'assiste: apparemment tout le monde commet plus ou moins la même erreur... Il y a trois semaines je m'entrainais pratiquement deux fois 1h par jour, aujourd'hui j'ai du mal à faire le strict minimum. C'est un peu dur, de se retrouver projeté plusieurs mois en arrière et d'avoir de nouveau l'énergie d'une tortue neurasthénique mais bon il y a des bons coté à l'arrêt des stéroïdes qui compensent. Nous avons ainsi pu quitter Seattle pour passer Thanksgiving avec des amis à la campagne d'une part, et nous avons récupéré nos chats hier soir d'autre part!

Dans les commentaires du dernier post ou je vous faisais par de mon état de santé (qui est globalement excellent), quelqu'un m'a demandé ce qui m'attendait maintenant.

Et bien c'est relativement simple: encore deux ans à croiser les doigts!

Il ne faut pas se mentir: il y a un risque de rechute, qui est difficile à évaluer. Les statistiques parlent d'entre 30 et 40%, ce qui est probablement loin de la vérité pour une personne de 30 ans car cela inclus toutes les tranches d'age (les personnes âgées subissent un régime de chimio moins intensif, d’où plus de rechutes). Ces statistiques sont aussi relativement vieilles, et les traitements actuels n'ont rien à voir avec ceux d'il y a ne serait-ce que cinq ans. Le médicament que je prend (dasatinib) est probablement un ordre de magnitude plus performant que son prédécesseur, par exemple.

Bref, dur d'estimer ce risque. Ce que l'on sait de façon plus certaine, c'est que 60% des rechutes interviennent dans les 120 premiers jours, 90% dans la première année et 99% avant la deuxième année. Je crois que personne n'a jamais rechuté après 3 ans, et l'on vous considère guéri au bout de 5 ans.

Si l'on en croit les stats donc, la majorité du risque est derrière moi (chose que j'ai fêté ce week end avec un fond de whisky, même si je n'ai pas le droit!). Je vous parle de la possibilité de rechute uniquement car je pense qu'il est important d'être préparé "au pire", notamment pour ne pas se retrouver démuni matériellement. Mais bon la vérité, c'est que c'est binaire: soit je suis guéri, soit je ne le suis pas! Ne me demandez pas pourquoi, je suis persuadé que je suis guéri.

Vous me croirez ou pas, mais je suis convaincu que la pensée influence la réalité et j'essaie de toute mes forces de faire en sorte que la guérison soit ma réalité. Et puis je ne peux pas vivre dans la peur de la rechute en permanence, c'est trop fatiguant pour les nerfs. Alors j'ai choisi d'être guéri, c'est plus reposant. Même s'il m'arrive parfois de me faire des frayeurs violentes. Je vous raconterai peut-être.

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