Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

vendredi 8 mai 2015

La loi des plaines, chapitre 6

Voici la suite de la "Loi des Plaines", ma nouvelle située dans le monde du roman que j'écris, "Les citées assiégées de Yaghan", en anglais "The besieged cities of Yaghan". Dans le chapitre précédent, Yahnee, sous forme d'esprit, assiste à l'attaque du train éolien "Veronica" par une horde de morlocks, et à sa défense par les guerriers magiciens d'élite de Gond. 

«Frère Yahnee. Peur. Dents pointues. Peur. Dents pointues. Combat.
Frère Yahnee".

Le cri de Wakaree sortit Yahnee de sa fascination, le renvoyant instantanément dans son corps. Sous lui, il sentit les muscles de sa monture frissonner de tension. C'était un mélange de peur et d'agression, la réponse naturelle d'un cheval face à un prédateur. Wakaree était parfaitement entraîné et rompu au combat, d'où le relatif calme de sa réaction, mais Yahnee compris immédiatement le danger. Pour un chasseur aguerri, les mouvements brusques des longues herbes de la plaine ne laissaient aucun doute quand à la menace qui planait sur eux.

"Des carnirats. Wakaree, tu as bien fait de m'appeler" dit Yahnee. Les oreilles du cheval étaient droites et légèrement tournées vers son
cavalier, en attente d'instructions.

Un bruit derrière eux, un cri aigu. Yahnee tenta d'atteindre son arc, mais Wakaree était bien plus rapide que lui et d'une ruade, il écrasa la tête du premier carnirat assez fou pour essayer de lui mordre les jarrets. Yahnee fit voler une flèche, accompagnée d'un claquement de la corde faite de tendons de son arc et en tua un autre. Les carnirats étaient l'autre fléau des plaines, des animaux de la taille d'un gros chat qui vivaient dans des terriers et chassaient en meute, en infligeant des centaines de blessures à des proies beaucoup plus grandes qu'eux grâce à leurs dents acérées. Les Nʉmʉ les haïssaient avec passion et détruisaient chaque nid qu'ils rencontraient. Comme les Morlocks, ils étaient des adversaires redoutables pris individuellement, mais c'était en large nombre qu'ils devenaient vraiment mortels. Une horde pouvaient submerger n'importe animal, même le roi des
plaines, l'imposant kʉtsʉtoya. Heureusement, ce soir là, ce n'était qu'une petite meute. Yahnee hurla le cri de guerre des Nʉmʉ, un cri
aigu à vous glacer le sang, perçant et lancinant, tellement terrifiant que même les carnirats eurent un moment de recul en l'entendant.

Comme s'il attendait ce signal, Wakaree s'élança. Il piétina plusieurs rats et rompit momentanément leurs rangs mais les petits diables se lancèrent bientot allaient à sa poursuite. Ils essayèrent à nouveau de lui lacérer les talons, mais Yahnee était plus rapide et les tua l'un après l'autre avec des flèches bien placées. Quand enfin il se trouva à court de munitions, il saisit sa lance courte, prêt à embrocher les rats les plus proches. Il n'eu finalement pas à le faire car les rats cessèrent rapidement leur poursuite: une proie ripostant si violemment n'en valait pas la peine.

En temps normal Yahnee aurait rebroussé chemin et tué les traînards ainsi que tous les rats qu'il pouvait trouver, mais il était seul, et
seul, on savourait la victoire du jour et on ne tentait pas le diable. C'était une petit meute mais d'autres pouvaient se cacher aux
alentours, potentiellement trop nombreux pour que Yahnee puisse leur faire face. Le jeu n'en valait pas la chandelle. Se fiant à sa vision perçante, ils revinrent sur leurs pas, afin que Yahnee puisse récupérer autant de flèches que possible. Il ne les trouva pas toutes, les rats blessés s'étaient probablement faufilé dans un terrier pour mourir.

Ses pensées se tournèrent à nouveau vers le train et il se demanda s'ils avaient réussi à échapper à la horde de morlocks. Il regarda dans la direction de la bataille, quant il fut soudain aveuglé par une énorme explosion. Il était à des dizaines de kilomètres de là, mais malgré la distance il sentit tout de même l'onde de choc.

"Wakaree, je dois savoir ce qui se passe" dit Yahnee. «C'est bien mon ami, tu restes alerte, les carnirats sont probablement encore proche. Tu me protéges, Wakaree. Je serais bientôt de retour". Le fier  alezan brillait de sueur. Il ne réussit pas à répondre, il était trop excité, les images formées par son esprit étaient floues et incohérentes. Malgré tout, Yahnee était confiant, Wakaree finirait par se détendre. Il connaissait bien
son partenaire.

Il ferma les yeux et une fois de plus, s'imagina debout à côté du train, il visualisa tous les détails de la scène, puis "poussa". Sa conscience se déplaça vers ce point et juste comme ça, il fut hors de son corps. Presque instantanément, il se retrouva là-bas, à quelques
dizaines de mètres devant la locomotive, tel un fantôme planant au-dessus de la douce herbe des plaines.

2 commentaires:

  1. salut Loïc,
    Pourquoi ne pas publier sur Wattpad ? Il y a un gros potentiel de lecteurs et d'éditeurs ....
    take care

    RépondreSupprimer
  2. Merci Guylaine, je viens de m'inscrire et de publier un premier texte:)

    RépondreSupprimer

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