Au tout début de mon traitement, j'ai posé la question suivante à mon médecin: "Est ce que je dois modifier mon alimentation?".
C'était bien évidement une question piège. Cela fait un moment que je m'intéresse à ce sujet et je connais très bien la réponse, qui n'est pas "Oh non, vous pouvez manger tout ce que vous voulez" comme me l'a affirmé le médecin avec un grand sourire. Il est évident que c'est faux, et c'est malheureusement un domaine qui est encore trop négligé dans le traitement de tous les cancers1. Pourtant, il ne faut pas être Einstein pour se dire que l'on va mieux se porter si l'on mange un bon steak bio avec des légumes variés, des fruits et du thé vert que si on s'envoie une pizza industrielle et un coca, et c'est doublement vrai lorsque l'on subit un traitement lourd comme de la chimio ou de la chirurgie où le corps à besoin de toute l'aide que l'on peut lui donner. De toute les choses sur lesquelles vous avez un contrôle et que vous pouvez améliorer pour rendre la thérapie moins difficile, l'alimentation est la plus simple, la plus efficace et potentiellement la plus agréable (miam).
Pourtant peu de médecins vous en parleront. Certains d'entre eux sont même ouvertement hostile à toute approche alternative, une hostilité qui est surement due à une part d'ignorance, mais aussi à la crainte que les patients refusent la thérapie conventionnelle et se tournent vers des médecines plus douces. C'est compréhensible, et récemment l'exemple de Steve Jobs nous rappelle que même les gens les plus intelligents peuvent commettre des erreurs de jugement dramatiques: il a en effet refusé la chirurgie pendant neuf mois, comptant sur une modification de son alimentation pour combattre la maladie, ce qu'il a vivement regretté plus tard. Selon plusieurs sources, il est assez probable qu'il serait en vie actuellement s'il avait suivi l'avis des médecins.
Soyons clair: ce qui vous sauvera, c'est la médecine occidentale: radiothérapie, chirurgie, chimiothérapie. Ce qui n'empêche que l'on peut faire plein de choses en plus, soit pour mettre toutes les chances de son coté, soit pour améliorer sa qualité de vie durant un traitement qui est très éprouvant.
Pour beaucoup des choses dont je vais vous parler dans cette série de posts, il y a des études qui montrent un effet sur la survie à long terme... Mais elle ne sont pas forcément encore très reconnues car trop peu nombreuses. Malheureusement, démontrer que le thé vert améliore la survie à 5 ans de 20% (je prend un chiffre au hasard) ne rapporte de l'argent à personne (mais je digresse)... Il est par conséquent très possible que si vous en parlez à votre médecin celui-ci minimise l'importance de boire du thé vert (par exemple) comme étant anecdotique. Mais le médecin n'est pas en train de se battre pour sa vie, vous si.
C'est un peu idiot de raisonner en terme statistique mais mettons que de boire du thé vous donne 2% de plus de chances de survie à 5 ans. Idem pour la méditation, une alimentation plus saine, le sport, et participer à un groupe de support. D'un coup ces petites choses, cumulées nous donnent 10%... Quand votre pronostic de base, c'est 70% de chances à 5 ans, c'est énorme! De plus, on sait que des choses comme l'hypertension, l'obésité, pour n'en nommer que deux sont des facteurs de morbidité supplémentaire lors des traitement lourds... Et comment on lutte contre l'hypertension, l'obésité etc? CQFD. Plus votre corps sera sain, mieux vous résisterez au traitement, qui est aussi une cause de mortalité, malheureusement.
Et puis calculer en terme de chances de survie c'est vraiment ne pas voir très loin: si vous vous impliquez et que vous mettez en œuvre tout ce que je vous propose, votre qualité de vie sera meilleure et vous serez plus heureux au quotidien, ce qui est de loin le plus important. D'ailleurs je m'adresse ici à des malades (merci à J. dont les questions m'ont motivé à écrire ce post au passage, j'espère que tu tiens bon!) mais si vous êtes bien portant, appliquer ce que je vous dis vous donnera une meilleure santé et vous permettra d'être plus heureux au quotidien. Il n'y a donc pas d'excuse pour ne pas le faire, même si le médecin vous dit que cela ne vous aidera pas à guérir. Ceci étant dit, communiquez toujours avec lui, certaines de vos idées peuvent être dangereuses et certains suppléments ont des interactions avec les médicaments.
Bon, je parle, je parle, mais en pratique, qu'est ce qu'on peu faire en plus? Je vous ai donné quelques pistes: alimentation, exercice, travail de l'esprit, spiritualité, sourire, support psychologique, repos et responsabilisation me semblent être les huit piliers fondamentaux. Certains de ces sujets, tous en fait, méritent que l'on s'y attarde de façon substantielle (l'alimentation, en particulier est un vaste sujet et j'ai un peu peur de me lancer là dedans, je vous avoue), et donc on en reparlera très bientôt.
J'oubliais le plus important: la première chose, c'est bien évidement de mettre un terme à nos habitudes nocives: si vous fumez, ou si vous êtes alcoolique, la première chose à faire c'est de vous débarrasser de ces comportements. Et si vous me répondez que vous êtes trop anxieux pour arrêter de fumer... Je ne peux pas grand chose pour vous aider. Je peux vous donner des conseils, mais pas vous donner l'envie de vivre, ça c'est quelque chose que vous devez trouver en vous-même.
Pour conclure, je vous conseille vivement le livre "Anticancer" de Sevran-Schreiber, qui a beaucoup contribué à structurer ma pensée dans ce domaine. C'est une lecture indispensable pour tout malade: si seulement la moitié de ce qu'il dit est vrai, et je suspecte fortement que c'est bien plus que ça, cela change complètement la donne sur comment envisager sa thérapie. Plus encore, il est vraiment intéressant pour les gens bien portant pour vous aider à adopter un style de vie aidant à prévenir les risques de cancer.
(A suivre: l'alimentation!)
1 Il faut que je précise que c'est une exception au SCCA ou je suis soigné, où ils sont justement très en avance sur les thérapies complémentaires. J'ai ainsi eu plusieurs consultations avec une diététicienne, entre autres choses.
Merci pour ce post... Hâte de voir celui sur l'alimentation !!
RépondreSupprimerN'oublie pas le curcuma :-)
La question du role de l'alimentation me passionne et ton article me plait beaucoup. J'attendais la fin de l'article pour te suggerer Anticancer mais je vois que tu l'as deja lu :)
RépondreSupprimerAttention cependant, la viande rouge est aussi fortement soupconnee dans le developpement des cellules cancereuses...
Depuis que je mange differemment (c'est a dire que je ne pense plus en terme de gras/pas gras mais en terme de nourrissant/pas nourrissant, j'ai reellement la grande forme (je suis aussi devenue vegetarienne, et je decouvre les delices d'une cuisine completement decadente... et saine...)Parfois je me dis qu'on enseignerait cette facon de manger aux gens et on n'entendrait plus parler d'obesite et de problemes de sante publique. On pourrait alors peut etre passer a d'autres sujets urgents...
Pour aller plus loin, si ca t'interesse :
- l'avis d'une jeune medecin sur le livre Anticancer: antigonexxi.com/2012/10/30/lordonnance-ou-la-vie/
l-ordonnance-ou-la-vie.com/anticancer-de-david-servan-schreiber-que-retenir/
A mon avis le blog de cette femme t'interessera pas mal ;)
Un autre blog ecrit par un americain tres renseigne sur la sante (il est mormon mais ca ne l'empeche pas d'avoir beaucoup lu sur la question) : www.wordofwisdomliving.com
J'attends aussi avec impatience l'article sur l'alimentation ! :)
David Servan-Schreiber ! Voici enfin un médecin qui savait de quoi il parlait, et avec humilité. Pas comme la plupart, imbus d'eux mêmes qui pensent tout savoir sur la question. Puisque je parle livres, il y en a deux qui m'ont beaucoup apporté aussi, ce sont "Messages de Vie" de Bernie Siegel et du même auteur "l'Amour, la Médecine et les Miracles".
RépondreSupprimerPour parler alimentation, j'étais végétarienne (non pas par philosophie spirituelle, mais par raison) quand je suis tombée malade et à l'issue du diagnostic, je me suis mise à manger tout ce dont je m'étais "privée" toutes ces années. Aujourd'hui ça me fait penser à une réponse du Pr Schwarzenberg lors d'une conférence à laquelle j'assistais (végétarienne et bien portante) en tant que bénévole d'une association d'aide aux familles de malades du cancer. Un homme lui dit qu'il avait lu un livre qui disait que manger macrobiotique permettait de guérir du cancer et lui demandait ce qu'il en pensait. A cela il répondit qu'il connaissait aussi des cas de gens qui se sont guéris en ne mangeant plus que des pizzas et du coca (là, je pense qu'il déconnait !) et que ce n'est pas ce qu'il y a dans l'assiette qui est important, mais le fait de changer quelque chose dans sa vie (mode de vie, alimentation, pensées, etc) autrement dit de se prendre en main. A l'époque, j'avais été étonnée de sa réaction et impressionnée par sa réponse qui me semblait pleine de bon sens.
C'est important en effet d'aborder ce sujet : mettre toutes les chances de son côté quand on lutte contre un cancer...
RépondreSupprimerDepuis 2003 et le bouleversement dans ma vie causé par ce foutu cancer, je me suis interrogée sur mon comportement, mes habitudes, mon environnement...
J'avais déjà une "vie saine", mais j'ai quand même changé des choses, surtout dans l'alimentation. Alors j'ai hâte de voir ton post!
@charlotte, oui, la viande et le cancer y a des liens. On va en reparler. J'ai bien aimé ton lien, et je suis totalement d'accord avec toi. Quand je vois tout le fric qui passe en recherche contre l'obésité, traitements, médoc... Alors qu'il suffit d’arrêter le coca a tous les repas (je schématise) ça me fait vraiment mal au derche (la vulgarité est volontaire pour montrer combien ça m'agace!).
RépondreSupprimer@labricole Pour moi, pas question de privation. Si un jour j'ai envie d'un coca, je me tape un coca. Si j'ai envie d'une pizza, idem. Il se trouve qu'à force de manger sain, je n'ai vraiment pas souvent envie de ce genre de choses, parce que je me sens physiquement mal après,(et parce que mon corps n'est pas dereglé pour vouloir une nourriture toujours plus sucrée ou toujours plus salée).
Je suis d'accord sur le changement comme jalon psychologique, clairement.
On vient de diagnostiquer un cancer chez ma mère je recherche des choses sur l'alimentation et voilà que je passe sur ton blog que je visite régulièrement et je tombe sur cet article.... un signe ? Je te conseille le livre de Raymond Dextrait La méthode harmoniste plein de bons conseils..... Merci pour ce que tu viens de m'apporter....
RépondreSupprimertu as raison, le traitement ne suffit pas, il faut aussi avoir une volonté de fer (faire aussi) de s'en sortir et de vouloir vivre..le sourire, un plus, mais le sourire franc et pas forcé, donc le sourire qui vient du coeur, et pas celui plaqué sur le visage..difficile parfois.. j'attends aussi le billet sur l'alimentation..
RépondreSupprimerbon We!
Faudrait preciser que Servan est dcd du cancer.....
RépondreSupprimerC'est exact. Il est mort d'une tumeur au cerveau, plus de 20 ans après le diagnostic, sachant que normalement ce genre de tumeur tue en quelques années (moins de 5 ans).
RépondreSupprimerIl vivait ce qu'il disait et il est une sorte de preuve que ce qu'il avancait était sur le bon chemin.