Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mardi 25 septembre 2018

Parlons écologie, ou plutôt parlons de l'apocalypse qui nous attend

Je voulais vous parler un peu d'écologie.

Je vous entend déjà penser. Il va nous soûler avec un discours hippie, nous parler des abeilles et des bienfaits du jus d'herbe. Et bien non. Je vais vous parler du fait qu'on va tous crever.

Bon c'est un fait, on va tous crever, à plus ou moins long terme. Mais ce n'est pas de nos morts individuelles dont je veux vous parler, c'est de notre extinction.

Je suis fermement convaincu que l'humanité est en train de se diriger, à court terme, vers son extinction. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact, je suis sur que l'humanité survivra, mais dans des conditions tellement terribles que l'on pourra assimiler cela à une extinction. En tout cas, cela sera la fin de notre civilisation.

Vous me voyez venir, je vais vous parler de réchauffement climatique. On sait que la planète se réchauffe, c'est un fait, tous les gens qui étudient le sujet sont d'accord. Je n'aime pas dire les scientifiques, cela fait un peu comme si c'était un groupe de gens fermé et élitiste alors que tout un chacun peut constater ce réchauffement, il suffit de vivre à la montagne pres de grands glaciers pour s'en convaincre. Vous parlez à n'importe quel éleveur de chèvres des Alpes (L'amour est dans le pré represent!), il vous expliquera que la planète se réchauffe.

Tout le monde est d'accord, le seul point qui fait encore débat, c'est la vitesse de ce réchauffement et de savoir si on va crever dans 50, 100 ou 200 ans.

Quelles sont les conséquences de ce réchauffement?

A court terme, plus d’événements climatiques intenses, qui vont avoir des répercussions économiques et humaines importantes. On voit déjà que c'est le cas, avec les successions de canicules, les tornades qui dévastent en ce moment les états-unis (en ce moment même des troupeaux entiers de bétail sont noyés et des lagons de manure sont inondés et se déversent dans les sources d'eau potable). Le tableau est déjà noir, d'autant que souvent, pour lutter contre ces conditions climatiques extremes, on pollue encore plus, il n'y a qu'a voir qu'on consomme maintenant plus d'électricité en été pour se refroidir qu'en hiver pour se réchauffer.

A moyen terme, des bouleversements drastiques de notre civilisation. Problèmes d'approvisionnement en nourriture et en énergie. Montée des eaux, inondations, exode et immigration climatique de masse, avec pour conséquence un retour de la guerre dans nos contrées occidentales. Quand on voit que les gens parlent d'insécurité alors que nos rues sont plus sures qu'elles ne l'ont jamais été, je crois que cela va être un choc pour beaucoup de gens. Evidemment, vous imaginez bien que je dis ça ironiquement.

A long terme, une planète largement invivable pour l'être humain et quantité d'espèces animales, à part dans des zones réduites du globe, et donc un effondrement global de notre civilisation. Je ne plaisante pas, on commence à parler du fait que certaines zones du globe seront tellement chaudes que notre chair cuira comme dans un four. Que la vie sera tout bonnement impossible. On est déjà à la limite: dans certaines zones tropicales, quand la température avoisine 50C et que l'humidité est maximum, les hommes ne peuvent plus dissiper leur chaleur interne.

Je précise que pour moi (enfin, pour les moyennement pessimistes quoi, certains sont pire que moi) le court terme, c'est 20 ans, le moyen terme 50, et le long terme 100 ans. Cela veut dire que nos enfants connaîtront avec certitude les horreurs dont je parle.

De plus, le réchauffement climatique n'est pas la seule menace à laquelle nous faisons face. La disparition des insectes pollinisateurs, la vulnérabilité de nos sources d'approvisionnement en nourriture face aux maladies, la pollution massive de nos terres, de notre air, et de nos sources d'eau potable, la pollution des mers par les plastiques... On a quantité de problèmes tous dramatiques qui risquent de nous rendre la vie un tantinet compliquée dans un proche avenir.

Bref, c'est la merde. Je crois que tout le monde commence à s'en rendre compte, pourtant on ne fait pas encore grand chose. Et bien voilà, on va parler un peu de cela dans les prochaines semaines. Des problèmes auquel nous avons à faire face, et des solutions que l'on peut envisager, parce que cela ne sert à rien de se faire peur pour se faire peur. Mais je veux déjà commencer à poser le décor: pour moi il est noir, très noir, et si vous pensez encore que tout va bien se passer, et bien lisez quelques articles parlant du réchauffement climatique et revenez me voir. Je ne crois pas qu'il soit possible d'être informé et optimiste en même temps.

Je vous laisse sur une vidéo qu'il faut absolument avoir vu sur le sujet tellement l'orateur est bon, intelligent, clair, passionnant et effrayant tout à la fois.



A bientôt!




lundi 17 septembre 2018

De retour

Cela fait vraiment longtemps que je n'ai rien posté. Pendant longtemps, c'était en partie dû à un manque d'inspiration, c'est évident, mais aussi à une fatigue chronique m'obligeant à faire des choix quant aux projets sur lesquels je travaille.

Aujourd'hui, j'ai une masse incroyable de choses dont j'ai envie de parler, et une envie brûlante de redonner vie à ce blog.

Le problème, c'est que le problème de la fatigue chronique est non seulement toujours présent mais vient d'empirer brusquement. Du coup, j'espère que cette envie ne restera pas un vœu pieu, mais que j'arriverai à tenir le rythme.

Petit résumé de ma situation.

Je suis à 7 ans post-greffe. Je travaille depuis trois ans, 3 après-midi par semaine. Cela semble bien peu et pourtant c'est beaucoup. Les deux premières années, j'arrivais à peine à suivre le rythme, et ce n'est que depuis un an que j'arrive à fournir un travail qui approche la qualité que je me targue d'être capable de produire. Je suis en plein sevrage des opioïdes, j'ai divisé par deux la dose proprement astronomique que je m'envoyais par jour en un peu plus d'un an. Et depuis une semaine, je suis à nouveau en phase de sevrage d'hydrocortisone, et je me reprend un coup dans les dents niveau fatigue.

Rappelez-vous: après avoir survécu à la greffe et m'en être d'ailleurs sorti vraiment bien, sortant sur mes deux jambes de l'hôpital, j'ai fait du rejet de greffe. Et c'est principalement des séquelles de ce rejet dont je souffre actuellement, car on m'a gavé (à juste raison) d'anti-rejets pendant des années, ce qui a eu pour conséquence de "désactiver" mes surrénales. Actuellement, je ne produit plus du tout mes propres hormones, mon taux de testostérone est très bas, et je dépend de l'hydrocortisone, une hormone de synthèse, pour fonctionner à peu près normalement.

Pour que mes surrénales daignent repartir, un seul moyen, diminuer l'hydrocortisone. Forcément, cela engendre une fatigue encore plus prononcée. Pour vous donner une idée, depuis des années je dors 12 heures par jour et j'ai régulièrement besoin d'une sieste dans l'après-midi pour arriver à fonctionner. Je me lève fatigué, je passe ma journée fatigué, je me couche épuisé.

C'est très dur à appréhender, ce genre de convalescence ultra-longue. J'ai récemment croisé un ancien collègue, et lorsque j'ai commencé à lui expliquer où j'en étais actuellement, il m'a dit quelque chose du genre "Mais la leucémie, c'étais il y a 8 ans, c'est réglé, non?". Et bien non, enfin oui, la leucémie, je m'en suis sorti, mais tout ce qui l'entoure, j'en ai encore pour un moment. Selon l'endocrinologue, mes surrénales peuvent mettre 3 à 5 ans à repartir, SI elles repartent. Le marathon n'est donc pas fini.

Je vous raconte ça pour que vous compreniez le contexte, maintenant cela ne m'empêche pas de vivre: je vais me marier (à nouveau, et oui, je ne suis pas désabusé), je travaille, j'ai des projets... Mais tout cela se fait à mon rythme, nécessairement ralenti.

Voilà pour cette "reprise de contact", cher lecteur. Je vais vraiment essayer de bloguer régulièrement et de m'y tenir. Si je n'y arrive pas, vous l'aurez compris, c'est que la fatigue aura pris le dessus, mais je vais vraiment essayer.

A très bientôt!

lundi 12 février 2018

L'horreur du supermarché

Vous allez peut-être me prendre pour un fou, mais aller au supermarché est une épreuve pour moi.

Pas parce que je ne supporte pas le monde, ou les files d'attentes, ou la musique pourrie. Non, ce qui me fait mal au cœur, à chaque fois, c'est que quand je me balade dans les rayonnages je ne vois pas que des produits, je vois l'ensemble du cycle de vie de chaque produit, de sa conception à sa fin de vie dans une décharge. Et c'est vraiment pas beau.

Cela fait un moment que j'ai ce problème, et cela s'est encore intensifié depuis que j'ai découvert le chamanisme. Dans le cadre de cette pratique, j'ai eu à faire un exercice assez particulier. En gros l'idée, c'était de prendre quelques instants, plusieurs fois dans une journée, pour essayer de voir les liens entre les choses qui nous entourent. Je vais prendre un exemple, car comme cela ce n'est pas très clair.

Mettons que vous achetiez une baguette chez le boulanger. Vous pouvez d'abord visualiser le boulanger qui a cuit cette baguette à quatre heure du matin, pour que vous ayez votre pain chaud à midi, et explorer ce que doit être la vie de ce boulanger, sa vie de famille, etc. Puis vous pouvez explorer ce qui rentre dans la composition de cette baguette.

Elle est faite de farine, qui a été moulue, probablement dans un moulin industriel, par des employés payé le salaire minimum. Vous pouvez remonter la vie de ces employés, mais continuons de remonter la farine. Cette farine, c'était du blé, qui a été acheté sur un marché. On peut remonter les traders qui s'échangent des tonnes de blé sur les places de marché, mais on va continuer sur le blé, donc ce blé a été acheminé par une compagnie de transport (on peut explorer cette voie aussi, mais vous avez compris le principe, on va continuer à suivre le blé). Il a été récolté par un agriculteur. Avant cela, il a poussé dans un champ. Ce blé est composé de plusieurs choses, d'eau, qui vient de la pluie (suivre la pluie, c'est intéressant aussi), de lumière (la encore, amusant de remonter la source de la lumière), de CO2, de nutriments qui viennent du sol. Ces nutriments viennent de minéraux (on peut remonter cette filière), mais aussi de composés organiques, venant d'animaux morts ou de végétaux morts... Et vous avez deviné, on peut remonter ces branches-ci aussi.

Le but du jeu, c'est de voir à quel point nous sommes connectés à toutes choses. Le chamanisme fait partie de ces spiritualité non-duelles, où l'un des but est de revenir à Un, en très très gros de comprendre que nous sommes une partie de quelque chose de plus grand.

Une image que j'adore et celle de l'océan. En temps qu'humains, nous sommes tous des vagues de l'océan. Nous avons un début, nous naissons d'autres vagues. Nous nous déroulons vers la rive, puis nous nous écrasons dessus et nous retournons à l'océan. Chaque vague est unique, chaque vague est une individualité, pourtant chaque vague fait partie sans le savoir d'un grand tout et est reliée à toutes les mers de la terre. En gros.

Bref, maintenant, quand je me balade dans un supermarché, c'est l'horreur. Je passe devant les bidons de coca-cola, je vois le bidon qui va finir dans une décharge, je vois les problèmes de santé que cela cause chez les gens qui vont le boire, je vois le dentiste qui va soigner les caries causées par le soda, je pense au trou de la sécu, je vois la compagnie qui ne paie pas d'impôts en France, je vois le supermarché qui dépend de ses ventes, je vois les nappes de plastique qui polluent les océans de la planète, je vois le pétrole qui fait partie de sa composition, j'en viens même à me dire, punaise, il y a des millions d'années des arbres sont morts et se sont fossilisés pour qu'on finisse par en faire des bouteilles.

Quand je suis au supermarché, je vois des arbres vieux de millions d'années dans les bouteilles sur les étagères, je ne plaisante même pas. Vous imaginez bien que c'est un peu dur à gérer.

Quand j'étais petit, ma mère me disputait en permanence parce que j'oubliais d'éteindre la lumière, en me disant des trucs comme "tu sais combien ça coûte l'électricité". Et cela ne marchait pas du tout, parce que l'argent n'a jamais été une motivation chez moi. Par contre, quand j'ai commencé à comprendre, à vraiment comprendre, d'où venait l'électricité, là, j'ai commencé à éteindre derrière moi. Idem pour le chauffage. Avant, je montais le chauffage quand j'avais froid, maintenant, je met un pull.

Encore une fois, je veux vraiment souligner que le moteur de mon changement n'est pas l'argent, économiser quelques euros n'est pas une motivation suffisante pour que je change de comportement. Par contre penser à l'empreinte que je laisse derrière moi, ça oui. A la rigueur, peu importe la motivation du moment que cela marche... Aujourd'hui, c'est pareil. Je n'achète pas des œufs bios parce que je pense qu'ils sont meilleurs pour ma santé (encore que je suis à peu près certain que cela soit le cas) mais parce que je ne supporte pas l'idée de manger des œufs venant de batteries industrielles. Et c'est comme cela pour tout.

Quand je prend conscience d'à quel point un de mes comportements pollue, ou contribue à la survivance que quelque chose que je trouve ignoble, j'essaie de le remplacer, dans la mesure du possible, compte tenu de mes moyens et de mes limitations.

Où est-ce que je veux en venir avec ce post?

Et bien tout d'abord, voilà, je suis peut-être un peu limité intellectuellement, mais je n'avais pas encore bien compris que pour faire changer des humains de comportement, il faut trouver une motivation qui les touche. Ce n'est pas parce que quelque chose est "bien" que nous allons le faire. Il faut trouver le bon moteur. Argent, environnement, affection, pouvoir... Je sais, cela ne casse pas trois pattes à un canard, mais je l'avais jamais vraiment conscientisé, ou plutôt, appliqué à moi-même pour faciliter ma propre évolution.

Deuxièmement, j'ai été très impressionné par la vidéo d'une nana ayant décidé de ne plus faire de déchets. En gros, ses ordures sur un an tiennent dans un bocal d'un litre. Cela prouve que c'est possible, et cela montre que nous pouvons vivre dans le confort moderne sans détruire la planète.

Plus j'avance dans la vie, plus je ressens le besoin de vivre en accord avec mes convictions, et donc en l'occurrence, plus j'avance, plus j'ai du mal à vivre en participant à la destruction de notre environnement. Pour le moment, je me justifie en me disant que dans mon état, je n'ai pas bien le luxe de prendre le temps, l'énergie et l'argent de faire comme cette nana et de ne plus faire de déchets. Pourtant, cela me ronge, vraiment. J'essaie de limiter mes déchets, de trouver des solutions. Et je me pose une question fondamentale: comment orienter ma vie pour vivre en accord avec ce que je ressens?

Vaste question, que nous explorerons peut-être plus tard.

lundi 29 janvier 2018

Meilleurs voeux pour 2018

Je sors de mon silence pour le traditionnel post de bonne année 2018. Mais avant, quelques explications.

L'année 2017 a été très violente pour moi. C'est probablement l'une des plus importantes depuis la greffe, car ça a été l'année de tous les sevrages, et cela n'a pas été une mince affaire. C'est d'ailleurs un sujet tellement vaste que je vais écrire un post complet à ce sujet, promis, juré, pas craché, ça transmet les microbes. Je vais donc résumer de façon très brève la situation.

J'ai démarré un sevrage des opioïdes à la méthadone en Janvier 2017. Un an plus tard, j'ai réussi à tenir sans retoucher à des opioïdes "normaux" et  j'ai réussi à baisser les doses de moitié, ce qui est considérable. C'est vraiment la chose la plus importante que j'ai faite en 2017, car les opioïdes étaient en train de mettre ma vie en l'air, pour plein de raisons qui demanderaient une série de posts pour être expliquées d'une façon qui ne soit pas simpliste.

J'ai aussi démarré un sevrage de l'hydrocortisone en Novembre (j'avais déjà essayé puis abandonné l'année dernière car j'étais trop fatigué, je ne pouvais pas faire les deux sevrages en même temps). Sans surprise, ce nouveau sevrage est difficile. Je suis crevé comme j'ai rarement été, mais je tiens le coup. J'en suis à 25% de baisse, et on va bientôt voir comment continuer.

Voilà pour le résumé de la situation. C'est aussi la raison pour laquelle je m'y prends aussi tard pour écrire ce post, j'ai passé un mois de Janvier un peu compliqué avec 2 changements de dosage au même moment, ça m'a un peu retourné la tronche. Je commence à récupérer.

Passons aux vœux.

Récemment, j'ai été contacté, comme il arrive parfois, par la femme d'un malade qui m'a demandé un retour d'expérience. Je vous encourage d'ailleurs à m'écrire, je réponds toujours (même si parfois un peu tardivement), et je crois que l'échange est toujours très intéressant pour la personne qui me contacte comme pour moi.

Cela m'a amené à me poser les questions suivantes.

Comment faire pour arriver à faire voir au malade que ce qui lui arrive peut être positif, à court terme comme à long terme? Que c'est avant tout une question d'état d'esprit? Que tout passe, même le pire? Comment arriver à faire passer le choc de la peur de mourir et de tous les changements à venir? Comment aider le patient et ses accompagnants à voir que s'ils prennent les choses de façon positive, peut-être que cela ne les sauvera pas mais qu'en tout cas ils pourront vivre au mieux leurs épreuves? Comment arriver à faire comprendre au patient que ce qui lui arrive est à la fois une des pires choses qui puisse arriver à quelqu'un dans notre monde moderne, et une chance incroyable d'évolution?

La vie étant bien faîte, je suis tombé la semaine dernière sur un livre (Man's search for Meaning) écrit par un survivant des camps de concentrations. Le gars était psychologue ; il a étudié en profondeur la psychologie des prisonniers, argumentant d'ailleurs que seul quelqu'un ayant vécu la chose pouvait vraiment apporter un éclairage sur ce qui peut se passer dans la tête d'un prisonnier, tout le reste n'étant que spéculation, un sentiment que je partage.

Ce livre m'a bouleversé. Je crois qu'il fait partie des quelques livres qu'il faut lire dans une vie, vraiment. Il y a peu de livres sur Terre qui peuvent prétendre vous donner une réponse crédible à ce qu'est le sens de la vie, et celui-ci en fait partie. Il est d'autant plus marquant que ce n'est pas de la spéculation: l'auteur a vécu l'enfer, en est revenu, et a tiré du sens de cet enfer. On ne peut pas l'accuser de masturbation intellectuelle. Quand un hippie vous dit qu'on peut trouver du sens au pire, vous pouvez lui coller une tarte. Quand je vous dis qu'on peut trouver du sens au pire, vous pouvez commencer à vous poser des questions. Quand un prisonnier de camp de concentration vous dit qu'on peut trouver du sens au pire, alors là, vous pouvez y croire sans l'ombre d'un doute.

Je vous assure que quoi qu'il arrive, quelle que soit l'épreuve, on peut choisir comment la vivre. Les épreuves de la vie nous permettent d'évoluer, de progresser en tant qu'être humain. Elles nous apprennent qui nous sommes, et nous apprennent la valeur de la vie.

Voyez ces gens qui ont tout, mais qui sont dépressifs, qui vivent une vie vide de sens. Voyez ces gens qui n'ont rien, mais qui ont le sourire aux lèvres. Les épreuves ont cela de sublime qu'elles nous forcent à trouver un sens à notre souffrance. Ce sens diffère pour chacun de nous, et il vous appartient de trouver le vôtre.

Au cour des années qui se sont écoulées depuis la greffe, j'ai vécu quantité de choses plus difficiles les unes que les autres. La maladie n'était que le prologue à une longue suite d'épreuves et de souffrances. A chaque fois que je me suis laissé aller au désespoir, à chaque fois que je me suis laissé emporter par la colère, que j'ai voulu me rebeller contre mon destin, les choses ont empiré. A chaque fois que j'ai fait passer ma souffrance avant celle des autres, elle m'a dévoré.

En revanche, à chaque fois que j'ai lâché prise, que j'ai fait taire mon ego, que j'ai laissé la colère me traverser, que je me suis replacé dans une attitude d'ouverture et d'amour (mon dieu, cela fait hippie sur le retour, pourtant c'est la bonne formulation), à chaque fois ma vie s'est éclairée.

Je pensais que j'allais mourir avant l'âge du Christ. Et bien j'ai survécu à Johnny. Mieux, je suis allé à un concert de Metallica, j'en rêvais depuis que j'avais 12 ans. Je pensais ne jamais avoir d'enfant, la vie m'a donné une fille de onze ans et un neveux adorable (avec son petit frère en chemin). J'ai vu des paysages magnifiques, rencontré des gens incroyables. J'ai plus appris sur moi en quelques années que durant tout le reste de ma vie. Je ne suis toujours pas bien sûr de savoir ce que je fous sur cette terre, je ne suis pas toujours sûr de savoir comment faire pour être heureux, complètement et parfaitement, mais j'ai avancé. Je suis plus souvent heureux que malheureux. Presque aussi important, je sais que j'apporte quelque chose aux gens qui m'accompagnent dans cette vie, que je les aide à apprendre à être plus heureux.

Et ça c'est déjà un bon début.

Bonne année à tous!

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