L'année 2017 a été très violente pour moi. C'est probablement l'une des plus importantes depuis la greffe, car ça a été l'année de tous les sevrages, et cela n'a pas été une mince affaire. C'est d'ailleurs un sujet tellement vaste que je vais écrire un post complet à ce sujet, promis, juré, pas craché, ça transmet les microbes. Je vais donc résumer de façon très brève la situation.
J'ai démarré un sevrage des opioïdes à la méthadone en Janvier 2017. Un an plus tard, j'ai réussi à tenir sans retoucher à des opioïdes "normaux" et j'ai réussi à baisser les doses de moitié, ce qui est considérable. C'est vraiment la chose la plus importante que j'ai faite en 2017, car les opioïdes étaient en train de mettre ma vie en l'air, pour plein de raisons qui demanderaient une série de posts pour être expliquées d'une façon qui ne soit pas simpliste.
J'ai aussi démarré un sevrage de l'hydrocortisone en Novembre (j'avais déjà essayé puis abandonné l'année dernière car j'étais trop fatigué, je ne pouvais pas faire les deux sevrages en même temps). Sans surprise, ce nouveau sevrage est difficile. Je suis crevé comme j'ai rarement été, mais je tiens le coup. J'en suis à 25% de baisse, et on va bientôt voir comment continuer.
Voilà pour le résumé de la situation. C'est aussi la raison pour laquelle je m'y prends aussi tard pour écrire ce post, j'ai passé un mois de Janvier un peu compliqué avec 2 changements de dosage au même moment, ça m'a un peu retourné la tronche. Je commence à récupérer.
Passons aux vœux.
Récemment, j'ai été contacté, comme il arrive parfois, par la femme d'un malade qui m'a demandé un retour d'expérience. Je vous encourage d'ailleurs à m'écrire, je réponds toujours (même si parfois un peu tardivement), et je crois que l'échange est toujours très intéressant pour la personne qui me contacte comme pour moi.
Cela m'a amené à me poser les questions suivantes.
Comment faire pour arriver à faire voir au malade que ce qui lui arrive peut être positif, à court terme comme à long terme? Que c'est avant tout une question d'état d'esprit? Que tout passe, même le pire? Comment arriver à faire passer le choc de la peur de mourir et de tous les changements à venir? Comment aider le patient et ses accompagnants à voir que s'ils prennent les choses de façon positive, peut-être que cela ne les sauvera pas mais qu'en tout cas ils pourront vivre au mieux leurs épreuves? Comment arriver à faire comprendre au patient que ce qui lui arrive est à la fois une des pires choses qui puisse arriver à quelqu'un dans notre monde moderne, et une chance incroyable d'évolution?
La vie étant bien faîte, je suis tombé la semaine dernière sur un livre (Man's search for Meaning) écrit par un survivant des camps de concentrations. Le gars était psychologue ; il a étudié en profondeur la psychologie des prisonniers, argumentant d'ailleurs que seul quelqu'un ayant vécu la chose pouvait vraiment apporter un éclairage sur ce qui peut se passer dans la tête d'un prisonnier, tout le reste n'étant que spéculation, un sentiment que je partage.
Ce livre m'a bouleversé. Je crois qu'il fait partie des quelques livres qu'il faut lire dans une vie, vraiment. Il y a peu de livres sur Terre qui peuvent prétendre vous donner une réponse crédible à ce qu'est le sens de la vie, et celui-ci en fait partie. Il est d'autant plus marquant que ce n'est pas de la spéculation: l'auteur a vécu l'enfer, en est revenu, et a tiré du sens de cet enfer. On ne peut pas l'accuser de masturbation intellectuelle. Quand un hippie vous dit qu'on peut trouver du sens au pire, vous pouvez lui coller une tarte. Quand je vous dis qu'on peut trouver du sens au pire, vous pouvez commencer à vous poser des questions. Quand un prisonnier de camp de concentration vous dit qu'on peut trouver du sens au pire, alors là, vous pouvez y croire sans l'ombre d'un doute.
Je vous assure que quoi qu'il arrive, quelle que soit l'épreuve, on peut choisir comment la vivre. Les épreuves de la vie nous permettent d'évoluer, de progresser en tant qu'être humain. Elles nous apprennent qui nous sommes, et nous apprennent la valeur de la vie.
Voyez ces gens qui ont tout, mais qui sont dépressifs, qui vivent une vie vide de sens. Voyez ces gens qui n'ont rien, mais qui ont le sourire aux lèvres. Les épreuves ont cela de sublime qu'elles nous forcent à trouver un sens à notre souffrance. Ce sens diffère pour chacun de nous, et il vous appartient de trouver le vôtre.
Au cour des années qui se sont écoulées depuis la greffe, j'ai vécu quantité de choses plus difficiles les unes que les autres. La maladie n'était que le prologue à une longue suite d'épreuves et de souffrances. A chaque fois que je me suis laissé aller au désespoir, à chaque fois que je me suis laissé emporter par la colère, que j'ai voulu me rebeller contre mon destin, les choses ont empiré. A chaque fois que j'ai fait passer ma souffrance avant celle des autres, elle m'a dévoré.
En revanche, à chaque fois que j'ai lâché prise, que j'ai fait taire mon ego, que j'ai laissé la colère me traverser, que je me suis replacé dans une attitude d'ouverture et d'amour (mon dieu, cela fait hippie sur le retour, pourtant c'est la bonne formulation), à chaque fois ma vie s'est éclairée.
Je pensais que j'allais mourir avant l'âge du Christ. Et bien j'ai survécu à Johnny. Mieux, je suis allé à un concert de Metallica, j'en rêvais depuis que j'avais 12 ans. Je pensais ne jamais avoir d'enfant, la vie m'a donné une fille de onze ans et un neveux adorable (avec son petit frère en chemin). J'ai vu des paysages magnifiques, rencontré des gens incroyables. J'ai plus appris sur moi en quelques années que durant tout le reste de ma vie. Je ne suis toujours pas bien sûr de savoir ce que je fous sur cette terre, je ne suis pas toujours sûr de savoir comment faire pour être heureux, complètement et parfaitement, mais j'ai avancé. Je suis plus souvent heureux que malheureux. Presque aussi important, je sais que j'apporte quelque chose aux gens qui m'accompagnent dans cette vie, que je les aide à apprendre à être plus heureux.
Et ça c'est déjà un bon début.
Bonne année à tous!
merci pour ce message qui me parle tant.
RépondreSupprimerça fait quelque temps que je te lis en faisant des recherches sur les expat aux USA (j'ai eu une opportunité pour aller travailler à Seattle mais finalement cela ne s'est pas fait).
Je ne traverse aucune de tes épreuves loin de là même, mais je suis aussi dans un cheminement de lâcher prise , d'acceptation , de "décentrage" bref de moins se regarder le nombril. (merci la méditation)
alors je te souhaite aussi une bonne année 2018 et bon courage pour tous les efforts que tu fais pour te sevrer.
bonne année Agnès
RépondreSupprimerBonne annee coco!
RépondreSupprimerBonne année et bon courage pour les épreuves de 2018!
RépondreSupprimerAisling