Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

lundi 19 décembre 2016

De l'écriture

Cela fait maintenant à peu près 3 ans que je vous dis que j'écris un roman. Qui n'est toujours pas terminé, et j'avoue que même si je me suis fixé le but de finir en 2017, je ne sais pas du tout si en pratique je vais y arriver.

Il y a 2 raisons à cela (enfin, 3 en fait).

La première c'est évidement que j'écris en anglais, ce qui ralentit tout le processus. C'est assez évident pour que je ne détaille pas plus.

La deuxième, c'est que je suis perfectionniste (en tout cas en ce qui concerne l'écriture). J'ai du éditer le premier chapitre une bonne dizaine de fois, et ce n'est pas encore "parfait". Je vais probablement encore travailler dessus. Alors comme il y a une trentaine de chapitres, vous imaginez le boulot...

La plupart des écrivains confirmés conseillent d'écrire d'abord le premier jet, sans se préoccuper d'éditer, afin d'être sûr de finir le bouquin, sans tomber dans le piège de l'édition permanente qui fait que l'on ne finit jamais. C'est un conseil que j'essaie de suivre, mais il faut être clair: il y a des moments où l'on n'a pas d'inspiration, et alors plutôt que de ne rien faire, j'édite des chapitres déjà écrits.

Je suis vraiment sensible à la qualité de l'écriture. Non seulement j'ai envie de raconter une bonne histoire, mais j'ai aussi envie de livrer un texte d'un haut niveau "littéraire". Cela ne veut pas dire forcément un texte complexe d'ailleurs, un truc plein de métaphores imbitables et de mots que personne ne connait. Au contraire même. J'ai envie que chaque phrase soit parfaite, que le style disparaisse à la lecture. Cela semble contradictoire, alors je m'explique: le texte doit être tellement poli que le lecteur ne bute jamais sur une phrase. Il faut qu'il puisse avaler les pages sans qu'il n'y ai jamais de ralentissement parce qu'un paragraphe est trop lourd, confus ou quoique ce soit du genre. Comme j'ai tendance à faire de longues phrases alambiquées, ce que vous avez peut-être remarqué en lisant ce blog (ce paragraphe même), cela me demande beaucoup de travail d'édition. Et puis ensuite, il y a une limite fine à trouver! A quel point est-ce que je cisèle le texte consciement, et à quel point je laisse ma "voix" naturelle s'exprimer? C'est un problème compliqué, d'où le temps passé.

La troisième raison pour laquelle je n'ai toujours pas fini ce livre est en définitive la plus importante.

J'ai commencé ce livre pour rire. J'ai écris un paragraphe de fiction, un jour, pour voir, comme ça. Et puis ensuite c'est sorti tout seul. J'ai aimé ce que j'écrivais, alors j'ai continué. Et continué, et continué, sans véritable plan. Je ne suis plus un écrivain débutant : après les années passées à écrire sur ce blog, j'ai écrit l'équivalent de deux "La guerre et la paix" (j'ai compté --avec un programme informatique--, en nombre de mots, j'en suis en gros au million de mots). Cela représente une certaine expérience. En revanche, je suis un écrivain débutant en fiction. C'est très différent de l'écriture d'un blog, la fiction.  Cela nécessite des compétences très particulières : intrigue, rythme, développement des personnages, écriture des dialogues, des descriptions, construction d'un monde... Tout un ensemble de choses que j'apprend au fur et à mesure.

3 ans plus tard et plus de 400.000 mots écrits jusqu'ici entre le roman, les deux nouvelles et mes notes, je commence à avoir un peu de bouteille. Et j'en arrive à un point où je comprend comment on doit écrire des dialogues. Comment on doit développer une intrigue. Comment on développe un personnage. Sauf que j'ai déjà 75% du roman écrit, pendant une période où toutes ces notions étaient plutôt vagues.

A force de travailler, à force de lire des livres sur 'l'écriture", de visionner des cours donné par des pros, j'ai développé ma compréhension de ce qui fait un bon livre, une bonne histoire... Et je sais que je n'ai pas encore le niveau. Si vous voulez c'est un peu comme la différence entre moi, un passionné de voiture, et un garagiste. Moi, je sais qu'une ferrari, c'est une pure caisse. Le passionné de voiture qui lit auto-plus va pouvoir expliquer pourquoi en détail. Le garagiste va pouvoir intervenir sur la mécanique. Là, en ce qui concerne l'écriture, je suis au niveau de l'amateur passioné, c'est à dire de la personne qui comprend toute l'étendue et la complexité du travail du professionnel. Et je réalise le chemin qui me reste à parcourir.

Je me retrouve à un point où je me dis que je devrais jeter tout ce que j'ai écrit, et recommencer, avec un plan cette fois-ci. Je me retrouve à un point où je me dis que je devrais écrire une centaine de dialogues pour m'entrainer et arriver au niveau qui m'intéresse, que je pressens exister, que j'entrevois grâce à l'expérience.

Je sais que ce n'est pas la solution. Les retours sur ce que j'ai fait lire sont bons. Mais j'ai maintenant envie d'ajouter des éléments à mon histoire qui sont difficiles à intégrer à la structure existante. En fait, je dois trouver un équilibre entre l'enthousiasme juvénile qui caractérise ce que j'ai déjà écrit, l'écriture plus mature et posée qui me caractérise à présent, et la vision de ce qu'est une écriture réellement de qualité, que j'ai maintenant (passé, présent, futur...). Je dois trouver un équilibre entre le travail que je fourni pour me développer en temps qu'auteur, la "musculation", et le fait d'écritre mon histoire. C'est tout le paradoxe: il ne faut pas tomber dans le piège de ne rien livrer et de ne faire que de la musculation non plus...

En fait, la solution c'est que je dois accepter que ce livre reflète mes compétences du moment. Il faut que lorsque j'écris, j'oublie la technique pour me concentrer sur ce qui importe vraiment: écrire l'histoire que j'aurais envie de lire. Ce n'est pas facile, mais bon.

Allez au boulot, et je le répète: ma bonne résolution de 2017, c'est de le finir, ce bouquin.

2 commentaires:

  1. je suis une lectrice"compulsive" (toujours un livre en route) ,mais je ne me rendais pas compte que c'est si compliqué d'écrire! courage à toi et reste naturel, ça se voit dans l'écriture..
    bon retour sur la toile

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  2. IL me semble que le problème ne vient pas de l’écriture, Loic : ce serait plutôt un manque de simplicité, chez toi : je ne voudrais pas t'effaroucher, mais explique moi un peu pourquoi tu ne laisse pas aller ton style, tel qu'il est , sans essayer de le freiner, ni de le faire entrer dans un carcan de "il faut" ou "il ne faut pas " qui te freinent au point de te laisser au parking ?

    Si tu as la chute en tete - ou sur papier - et si tu as un bon plan a suivre, fonce. Écris, écris, écris. La suite viendra d'elle meme, et oui, bien sur, tu devras corriger... plus tard, quand tout sera termine.

    Bon courage et que 2017 te soit propice.

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