Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs d'un Français expatrié puis revenu des Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de mon combat contre la leucémie, les séquelles de la greffe de moelle osseuse et le cancer secondaire apparu en Janvier 2024...

mercredi 26 mars 2014

Dépression post leucémie, 3 ans plus tard...

Cela va faire maintenant quelques semaines que je n’ai rien posté.

Rassurez-vous, tout va presque bien, c’est juste que j’ai atteint une espèce de point de saturation et que j’ai besoin de décompresser. Je pourrais écrire des posts sur Seattle et l’expatriation, mais en fait pour la petite histoire, j’ai commencé à écrire une nouvelle de science-fiction pour m’amuser et me changer les idées (et en anglais, histoire de pimenter le jeu), et je me suis tellement pris au jeu que c’est en train de devenir un vrai bouquin : j’en suis à environ 80 pages, en 3-4 semaines. Cela me passionne et je m’amuse tellement que j’ai du mal à faire autre chose que d’écrire ce bouquin ou me documenter et faire des recherches pour enrichir mon monde. C’est simple, j’y pense tout le temps, j’écris tous les jours et je m’éclate comme un petit fou.

C’est très amusant d’ailleurs, car il y a un processus un peu étrange : quand j’écris, je ne sais jamais trop ce qui va venir et où l’histoire va m’emmener. J’avais une idée très simple au début, qui s’est rapidement enrichie. Maintenant, j’ai globalement un plan du début à la fin, avec une idée de la structure globale (qui peut encore complètement changer, d’ailleurs), mais je ne sais absolument pas ce qui se passe après le chapitre que je viens d’écrire. Je me suis couché hier, après avoir terminé un chapitre, en disant à Celia : « J’ai hâte d’être à demain pour savoir ce qui se passe ensuite ! », parce que c’est vraiment comme cela que ça marche : je découvre l'histoire au fur et à mesure que les idées me viennent et s’assemblent. C’est très étrange et très sympa comme processus.

Je vais peut-être créer un blog et partager les premiers chapitres histoire d’avoir un retour et de vous montrer de quoi il retourne, mais je suis pas encore bien sur. Je suis partagé entre le désir de faire lire mon bébé (je le montre et je soule tous mes amis avec ça), et, forcément, la crainte de la critique ! :) Et puis cela m’embête un peu aussi parce que cela ne serait pas un travail complètement terminé, avec des incohérences qui ne sont pas encore éliminées même si je les ai déjà repérées, etc... Bref, je vais voir.

Sinon, comment je vais... Et bien assez moyennement en fait. Figurez-vous que je suis dépressif (modérée, pas grave), fallait bien que ça finisse par m’arriver. La fin de l’année a été très dure (mort de plusieurs amis, entre autres), et cela m’a salement amoché le moral. Vous savez, c’est un des trucs qui est peut-être difficile à comprendre quand on a affaire à des malades de longue durée comme nous : au fur et à mesure que le temps passe, on ne va pas forcément mieux. Oh, physiquement, c’est en voie d’amélioration surtout depuis que j’ai arrêté dasatinib ; même si les effets positifs tardent à se faire sentir, il y a un peu de mieux et cela va continuer à s'améliorer dans les semaines qui viennent. Mais il faut bien comprendre que psychiquement, c’est très dur de garder le cap sur une durée aussi longue : à force d’être fatigué et d’encaisser des coups durs, on finit par épuiser les réserves de bonne humeur. Cela n’a pas été arrangé par la hernie discale, qui m’a empêché de partir en vacances et de me changer un peu les idées... Du coup cela fait en gros un an que je ne suis pas sorti de mon appartement, et je commence à saturer sévère. C’est aussi cela qui m’a poussé à arrêter dasatinib, d’ailleurs : la constatation qu’à force d’en baver, je risquais de mettre en péril ma « santé mentale », ce qui impacte aussi mon couple et tout le reste.

C’est aussi une des raisons pour lesquelles je ne blog pas trop en ce moment : j’ai toujours voulu être un message d’espoir, et comme ce n’était pas la super forme ces dernières semaines, autant que je m’abstienne. Je pense qu’il est important que je rende compte aussi de la galère, qu’on n’ait pas l’impression que de guérir d’une leucémie c’est une balade, mais il vaut mieux que je le fasse quand je suis bien portant, afin de ne pas noircir le tableau inutilement.

En ce moment, je suis suivi de très près, à ma demande, par toute une équipe (psychiatre et psychologue), je prends des antidépresseurs, je vais chez le kiné pour renforcer mon dos, qui s'est d'ailleurs malheureusement rebloqué ce week-end, je suis à nouveau coincé, mais cela à l’air de se remettre plus vite que la dernière fois, bref, après une période d’intense fatigue et de laisser-aller (ce qui est normal, il faut toujours un moment pour se rendre compte que l’on a plongé), j’ai repris la barre et je suis fermement décidé à aller mieux. Aujourd’hui, je suis plutôt heureux, je vais me remettre à écrire mon bouquin de SF dès que j’ai fini ce post ce qui m’excite terriblement. Ma femme est toujours aussi jolie et formidable et j’en profite pour l’embrasser bien fort.

Au passage, je crois que la fille de Biquette a toujours besoin de vos votes, elle est en finale. Son texte est très touchant!

Voilà, je ne peux pas vous promettre de reprendre un rythme de publication régulier, j’ai besoin de souffler, de me vider la tête, mais je vais revenir en forme, promis !

7 commentaires:

  1. Amie de Bretagne26 mars 2014 à 14:25

    Même si tu n'écris pas....on ne t'oublie pas ! Tu est d'une lucidité incroyable...et l'envie d'écrire, d'aller au bout de ton livre.... fait partie d'une thérapie qui te va, te fais aller de l'avant.......
    Continue au gré de ton humeur....les beaux jours reviennent !
    On t'embrasse

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  2. z'êtes toujours près de moi...
    Ecrit ce roman, vis cette histoire qui te fait du bien en sortant de ton imagination, et qui te nettoie un peu le cerveau en te faisant faire des recherches...
    On peut attendre un peu, tu ne te débarrasseras pas de nous comme ça ! (même si je suis peu présente)
    Des bises à vous deux !

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  3. La famille d'Avignon27 mars 2014 à 00:17

    Nous pensons fort à vous deux. Tu as développé des nouvelles compétences Loïc et c'est bien que tu les laisses s'exprimer…. Ces compétences sont également ta thérapie. L'écriture t'a énormément aidé à aller de l'avant, continue, continue….
    C'est très bien que tu te fasses également accompagné, aidé et surtout que tu prennes en considération toute cette "souffrance"…. Ce sont des étapes difficiles, mais ô combien une fois passées les beaux jours cléments seront de retour !
    Belles pages d'écritures….
    Nous vous embrassons très tendrement.

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  4. Allez ça va aller mieux. Comme à chaque fois avec tous ces putains de médicaments, c'est long mais les effets se résorbent, et au bout du compte on sort la tête de l'eau. Le dasatinib t'a certainement aidé, mais tu as bien fait d'arrêter: ça fait 3 ans, et si tu avais dû rechûter, tu l'aurais déjà fait de toute manière. Aussi, tu as toutes les raisons de positiver. D'autant plus que tu es dans un processus créatif, ce qui est toujours super stimulant.

    Il nous est arrivé un truc similaire ici, mais c'est ma compagne qui déprimait. On voulait vendre notre appart pour tirer un trait, évacuer les mauvais souvenirs, et de fil en aiguille on a carrément décidé de rentrer en France. En plus la famille et les copains seront plus près au cas où mon cas s'aggraverait...

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  5. C'est curieux ce post dans lequel tu exprimes l'exaltation au début et la "déprime" à la fin. Je pense plus à un ras le bol qu'à une véritable déprime. Les oncologues sont tous persuadés que nous sommes déprimés, surtout quand on en est à un stade où l'on peut éloigner les rendez-vous. Ils ont l'impression qu'on ne peut plus se passer d'eux et que nous "lâcher" va nous faire perdre pied. Mais c'est sûr ce ras le bol induit des sautes d'humeur auquel notre entourage n'est pas toujours prêt à faire face.
    Ecrire un bouquin, surtout s'il ne traite pas du sujet est une bonne échappatoire, une ouverture sur un autre monde que la maladie. Bravo ! C'est ce que j'ai fait à l'époque et moi aussi y ai pris un énorme plaisir. Alors quand en plus c'est un roman de SF... Évade-toi un peu et fais-nous partager.

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  6. C'est vrai ca que tu es d'une lucidite et d'une honnetete absolument incroyable. Je t'admire.Vraiment.
    Yas

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  7. Le contenu a fourni des renseignements pertinents merci pour le partage d'informations
    poele en pierre

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