Ce matin je me suis levé vraiment déprimé, au fond du trou. Ça arrive. Et je ne sais pas pourquoi j'ai cherché cette vidéo, dont je vous avais peut être déjà parlé... Je ne me rappelais pas de la fin. Je vous laisse la regarder à nouveau.
Comme vous le savez, je ne crois pas aux coïncidences. Je suis persuadé que si l'on regarde assez attentivement, le monde nous fait signe en permanence. Et cette vidéo, qui fini par une révérence du personnage principal dans sa maison de Seattle, me parle, là tout de suite étant donné ce que je suis en train de vivre. Seattle, je tire ma révérence et te quitte avec beaucoup de nostalgie et d'amour dans le cœur pour écrire une nouvelle page.
2014 aura été une des pires années de ma vie. La pire, je crois bien. Pire que l'année du diagnostic, je pense car l'année du diagnostic était aussi une année d'espoir, de rassemblement, de courage... Cette année 2014 par contraste a été une année de solitude, de deuil, de douleur. La mort d'un frère d'école, Henry. La mort du Warrior (sa femme l'a tellement appelé par ce nom qui lui va si bien que j'ai toujours du mal à me souvenir de son prénom). La mort de Katy, diagnostiquée après moi et partie avant, que j'avais interviewé ici, qui avait bien compris comme tous les membres de notre petite communauté, que le bonheur se conjugue au présent. La rechute de Kristina, après 7 ans sans maladie, un truc de dingue qui n'arrive jamais. La rechute du fils d'un de mes amis, diagnostiqué un an après moi de la même maladie, qui va subir le seul traitement qui a un espoir de le sauver, la thérapie par lymphocytes reprogrammés.
Et puis pour terminer, la mort de ma grand-mère, ce 22 décembre. Il faut que je vous raconte, brièvement. Elle était à hôpital, suite à une chute, relativement stable. Nous avions décidé de tous nous retrouver le 22 dans notre maison de famille, pour la première fois tous ensemble depuis une dizaine d'année. Et puis le 21, coups de fils en catastrophe, nous sommes venus un jour plus tôt, sa condition empirant rapidement. Cela peut vous sembler dramatique, une mort avant noël, mais la plus grande hantise de ma mère était que la sienne parte seule dans une chambre hôpital, et cela a été un grand soulagement pour elle que de pouvoir l'accompagner jusqu'à son dernier souffle.
C'était la meilleure configuration possible pour cette mort: toute la famille réunie dans cette maison qui vivait une dernière fois un de ces rassemblements que notre grand-mère aimait tant. Les plus vieux des petits enfants pour gérer l'intendance pendant que les parents s'occupent des obsèques, et qui s'occupent aussi de leurs plus jeunes cousins. La famille soudée comme elle ne l'a jamais été.
J'ai parlé à l'enterrement, très brièvement, j'ai raconté l'anecdote suivante. Nous marchions en famille il y a une vingtaine d'année, je traînais à l'arrière avec ma grand-mère et un de mes petits cousins, bien plus jeune que moi, qui tout à coup demande "Mamie, qu'est ce qu'on devient quand on meurt". J'ai haussé l'oreille, et sa réponse m'a marqué à vie. Elle a dit, "Quand on est quelqu'un de méchant, personne ne se souvient de vous, mais quand on est quelqu'un de bon et de gentil, on devient des jolis souvenirs dans la mémoire des gens qui nous ont aimé". Et c'est vrai que lorsque je pense à elle, la première image qui me vient c'est son visage souriant alors qu'elle se penchait vers nous pour nous écouter, toujours très attentivement.
Il y a aussi eu des bons moments, comme la guérison de Sean, une personne très chère pour moi, que j'ai accompagné à l'hosto pendant sa deuxième transplant. J'ai bien cru qu'il allait claquer, ce con, mais non. Il est même de retour au taff avant moi. 2014, cela a aussi été l'année de l'indépendance, l'année où je peux à nouveau faire des trucs tout seul, comme un voyage à NYC en solitaire, où, coïncidence délirante, deux membres de ma famille se trouvaient en même temps.
2014, c'est aussi l'année où tout les aspects pratiques s’emboîtent correctement. Cela aurait pu être une année géniale s'il n'y avait pas eu les deuils et la douleur, car tout ce qui devait aller bien a fonctionné. Enfin presque tout.
Je disais dans un autre post que j'étais heureux d'être rentré et c'est vrai. Mais Seattle me manque aussi, je vous avait dit que ce n'était pas blanc ou noir. J'ai adoré cette ville, j'y ai vécu des choses incroyables et inoubliables qui ont changé ma vie d'une façon que je n'appréhende pas encore totalement. Mais la vie est un mouvement perpétuel et les vagues me poussent ailleurs.
C'est marrant, parfois des gens ou les médecins, me disent, "vous devez apprendre à lâcher prise" ou des variantes de la même chose. Sans se rendre compte que c'est à eux qu'ils se parlent, en s'imaginant à ma place avec les mêmes poids. Car s'il y a bien une qualité dont je ne manque pas, c'est justement le lâcher prise. J'ai vécu des joies et des peines qui dépassent tout ce que j'aurais pu imaginer. Pourtant je me rends compte de la chance que j'ai, tous les jours, et au quotidien, je souris plus souvent que je ne pleure, et j'ai vraiment compris je crois que le plus important c'est toujours de lâcher les peurs, les colères, les rancœurs, les douleurs et les peines. Refuser la peur et lâcher la colère, et accepter d'aimer et d'être aimé. D'avancer dans le monde en gardant un regard émerveillé, toujours disponible pour le bonheur. De laisser de jolis souvenirs dans la mémoire des gens.
Je vous souhaite une très bonne année 2015, et je vous laisse en musique.
Je n'aime pas trop les formules toutes faites. Je te dis juste merci et prends soin de toi en 2015.
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