Carnets de Seattle: Patchwork d'impressions et d'humeurs de deux Français expatriés aux Etats-Unis. Depuis mars 2011, ces carnets sont aussi le journal de notre combat contre la leucémie.

dimanche 28 septembre 2014

Le jeu des 10 livres sur Facebook, deuxième partie

Bien.

Juste pour donner quelques news, l'arrivée à Paris s'est faite sans trop de mal grâce notamment à l'aide de mes parents et de mes frères d'armes, qui ont assuré comme des bêtes. En parlant de bêtes, les minettes s'adaptent. Lhassa est souvent assise face à la porte, comme si elle attendait Celia. Luna a vraiment souffert du stress et se remet doucement. Quelque part, cela nous a rapproché, elle ne me quitte pas d'une semelle et dors avec sa tête dans ma main, c'est assez cool. La reprise de contact avec la France, bon, ben c'est compliqué, je vous raconterais plus tard.

Les 10 livres qui m'ont marqué donc.

En quatrième position, Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

Que dire, que dire, que dire, face à un tel monument? J'ai d'ailleurs l'impression que c'est un monument qui n'est pas aussi connu et apprécié qu'il le mérite, mais bon. Pour moi, et c'est un avis purement subjectif, c'est juste le meilleur texte que je connaisse à tous les niveaux, que cela soit sur le plan de l'intrigue, de ses personnages, ou tout simplement et principalement de la qualité de l'écriture.

Je ne sais pas pour vous, mais en lisant Cyrano, j'ai ce sentiment que c'est le texte le mieux écrit de la littérature, point à la ligne. J'avoue ne pas connaître Shakespeare très bien, surtout je ne l'ai jamais lu dans le texte (une erreur que je vais réparer un jour ou l'autre puisque j'ai l'intégrale de son œuvre), mais c'est à peu près le seul écrivain que je voie qui puisse arriver à la cheville d'Edmond Rostand. J'avoue aussi ne rien connaître d'autre de Rostand que Cyrano (il a écrit d'autres pièces pourtant) alors que Shakespeare est connu pour de multiples œuvres, mais bon ce n'est pas une compétition, nous parlons de Cyrano là et c'est un texte exceptionnel.

Je crois que ce qui me troue (désolé pour la crudité, mais c'est vraiment comme cela que je le ressens, je ne suis pas juste impressionné, je suis juste  complètement abasourdi), ce qui me troue donc à chaque fois que je lis Cyrano, c'est à quel point ce texte est "effortless", mes excuses pour l’anglicisme. C'est à dire que l'auteur arrive à ce tour de force d'écrire une pièce de la taille d'un roman entièrement en vers. Mais non seulement on a l'impression qu'il arrive à ce tour de force absolument sans effort, mais en plus cela se fait sans effort de la part du lecteur, et ça, c'est vraiment fort.

Parfois, lire du théâtre en vers, c'est difficile, on voit les ficelles, cela ne coule pas de manière fluide... En lisant Cyrano, en revanche, on oublie parfois que l'on lit des vers, et cela n'est pas fait au prix de la qualité du texte, bien au contraire. Pour moi c'est fascinant. C'est comme ces rares comédies musicales où l'on ne se dit jamais que le chant est bizarre, même quand le personnage parle de sa liste de courses.

Mais ce qui fait ressortir Cyrano par rapport à tous les autres livres, c'est quand Edmond Rostand parle d'amour. Les poèmes de Cyrano à Roxane sont juste magnifiques, je me rappelle en temps qu'ado essayant comme tous les ados écorchés d'écrire des déclarations d'amour et de me sentir tellement nul à coté de Cyrano... Comment trouver des métaphores plus belles que celles de ce livre? C'est juste impossible et quand on passe après, on a vraiment ce sentiment d'être d'une nullité crasse tellement la barre est placée haut.

Ah, mince, voilà ce que j'ai craignais est arrivé, j'ai écrit un post entier sur Cyrano.. Bon tant pis, ce post sera plus long que la moyenne, d'autant que je dois ajouter que même si Depardieu me déplaît profondément, il fait un Cyrano absolument magnifique, et le film de Rapppeneau est vraiment proche de l'original (d'ailleurs la proximité de son nom avec Ragueneau, pâtissier des poètes, m'a toujours beaucoup fait rire). Aussi, j'ai eu l'occasion de faire regarder ce film en anglais à un ami turc (Hi, Emre), et il ne perd rien de sa force même si la qualité du texte est perdue.

Bon, ben voilà, faut que je me bouge alors je vais m'arrêter là, mais bon, c'est vraiment mon livre préféré entre tous, je pouvais pas vraiment faire autrement. Si vous n'avez jamais lu de théâtre, ou de théâtre en vers, je vous encourage vraiment à essayer, vous ne serez pas déçus.
A
A


jeudi 18 septembre 2014

Un nouveau départ

Je vous avait promis une grande nouvelle, la voici et je pense que vous n'allez pas être déçu.

Je vous écris une fois de plus depuis un avion qui a le wifi à bord.

Je suis dans un avion qui vole actuellement vers Paris. Je pars définitivement de Seattle pour retourner vivre dans mon ancien appartement. Celia ne m'accompagne pas, du moins pour l'instant.

La situation est difficile à expliquer sur un blog sans trop rentrer dans des détails faisant partie de notre vie privée. En gros, le postdoc de Celia devait durer 5 ans, elle a pris un peu de retard à cause de moi et de mon traitement, donc elle continue un peu plus longtemps, mais sous une autre forme de visa, un H1B. Ensuite elle devra chercher du boulot, que cela soit en France ou aux USA.

Cette situation est délicate pour plusieurs raisons: tout d'abord, il est tres difficile de trouver le type de travail qu'elle recherche â Seattle. Pour vous donner une idée, Amgen, qui était la plus grosse boite de Biotech  à Seattle, vient de fermer ses portes, 850 personnes sur le carreau, dont une bonne partie ayant le profil de Celia. Bref nous serions parti probablement vers le début de l'année prochaine. Il faut ajouter à cela le fait que sous le nouveau visa je n'ai pas le droit de bosser et que si tout se
passe bien et que le sevrage de la prednisone se fait sans incidents majeurs je pense pouvoir commencer à reprendre doucement d'ici janvier... Et un certain nombre d'autres choses, comme le fait que je suis très fragile psychologiquement et que je ressens vraiment le besoin de me rapprocher de la famille et de mes meilleurs amis.

J'ai souvent dit que l'expatriation étai une expérience très violente psychologiquement, qui oblige à beaucoup de lâcher prise et de détachement (qui sont des qualités importantes et intéressantes à travailler, mais c'est parfois épuisant). Avec le contrecoup de la maladie et les multiples deuils qui nous ont frappés récemment, je ressens le besoin de me rapprocher des gens qui comptent vraiment... Non pas qu'il n'y en ai pas à Seattle bien au contraire, mais il y en a moins, forcément.

Bref, je rentre en avance et Celia me rejoindra bientôt, des qu'elle aura fini son postdoc.

Bien sûr, vous imaginez bien qu'il y a beaucoup à dire lorsque l'on quitte une ville que l'on aime profondément. Mais pour l'instant l'émotion qui prévaut, c'est la fatigue. Imaginez, déjà un déménagement dans une autre vile cela peut-être fatiguant, alors sur un autre continent, et lorsque l'on est toujours convalescent... Je suis complètement à ramasser à la petite cuillère. D'ailleurs je suis en train de tomber sur ma tablette... Alors à très bientôt! :-)

lundi 15 septembre 2014

Le jeu des dix livres sur Facebook

Bon j'ai été nommé pour le jeu des 10 livres qui vous ont marqués sur Facebook.

D'habitude, je n'aime pas bien ce genre de chaînes, qui ne servent pas à grand chose et qui sont plus une perte de temps qu'autre chose (surtout quand c'est à volonté soi-disant caritative... Plutôt que de poster sur Facebook, allez vous investir, bon sang de bois!)

Mais pour une fois le but du jeu est intéressant puisqu'il s'agit de poster une liste de 10 livres nous ayant marqués. Comme on n'encouragera jamais assez les gens à lire, et que la meilleure façon de le faire, c'est de conseiller des bouquins absolument géniaux, je trouve que c'est une super idée.

Sauf que je vais aller un peu plus loin en expliquant le pourquoi de mes choix, qui sont comme le précisent le jeu très spontanés à la base, la réflexion venant après.

Tout d'abord, ma première réaction face à ce challenge, c'est de me dire: 10 livres, cela ne sera jamais assez, tellement il y a de livres fabuleux. D'autre part je me suis rendu compte en lisant la liste de la personne m'ayant nominée (Charlotte) que l'un de ses livres m'avait effectivement énormément marqué. Je vais donc moi aussi l'inclure, en vous expliquant pourquoi.

Il y a dans cette liste beaucoup de livres de Science-Fiction/Fantasy, des styles n'étant pas forcément reconnu comme des pierres angulaires de la littérature. Ce qui m'incite d'autant plus à vous en parler afin de faire découvrir ces deux genres qui me passionnent. N''en déduisez pas que je ne lis que ça!

Je précise un truc les images sont cliquables et sont des liens publicitaires Amazon. Faites moi confiance si vous ne connaissez pas ces livres et laissez vous tenter... Ça m'aidera à payer mes médocs! :)

Le seigneur des anneaux, J.R.R.Tolkien

Contrairement à ce que vous pourriez croire, ce n'est ni mon livre de Fantasy préféré, ni celui que je considère comme étant le meilleur mais c'est celui qui m'a le plus profondément affecté pour plusieurs raisons. 

Il m'a été recommandé par mes oncles, que j'adore, et ce moyen de rentrer un peu dans leur univers alors qu'ils étaient bien plus âgés que moi était quelque chose de fabuleux. 

C'est aussi le livre qui m'a donné confiance en moi, qui m'a fait réaliser que lire de la Fantasy n'était pas un crime et que si un professeur d'Oxford parlant 6 langues donc 4 mortes et considérées comme les pus difficiles du monde, alors c'était que c'était de la vrai littérature, quoi que puissent en dire les gens n'aimant pas ce genre. Cela a validé pour moi le fait que les histoires que j'inventais dans ma tête n'étaient pas une perte de temps de gosse mais quelque chose de vraiment intéressant. 

Paradoxalement, le Seigneur des Anneaux est un livre qui m'a aussi beaucoup desservi: j'avais reçu une édition intégrale, 1250 pages en un volume, écrit minuscule. Nous n'étions pas à l'époque Harry Potter qui a un peu rendu normal le fait de voir un bout de chou en culottes courtes lire à la recrée, mais de mon temps (punaise, je fais mon vieux clou qui radote), c'était tout sauf normal et cela m'a valu une certaine ostracisation (j'étais en 6ème). Ce que je considère maintenant comme une bonne chose: je n'ai jamais aimé rentrer dans des cases, et c'était une forme de rébellion moins destructive que de fumer dans les toilettes. 

La horde du contrevent, Alain Damasio

C'est un livre que j'ai lu relativement récemment (2006?) mais qui est directement rentré au top 1 de mes livres préférés de tous les temps. La horde, c'est à la fois une histoire absolument fabuleuse et une écriture d'une beauté à couper le souffle. Alain Damasio sait écrire, vraiment. Le livre est un peu raconté comme la saga du Trône de fer: on alterne régulièrement entre les points de vues de tous les protagonistes (ce n'est pas du copiage, les deux livres ayant été écrits à peu près en même temps il me semble), et l'écriture est à la première personne à chaque fois, contrairement au Trône de fer. Il y a donc le vrai tour de force de produire une douzaine de voix différentes, et croyez mon expérience d'apprenti écrivain de fiction: c'est vraiment balèze.

J'aime aussi beaucoup la verve de Damasio, sa capacité à écrire aussi bien une jeune femme innocente et pleine d'espoir qu'un vieux bonhomme aigri et usé par la vie. Surtout, j'aime son talent pour inventer des mots "français", des néologismes absolument fabuleux qui sont un peu sa marque de fabrique et qui sont un véritable délice.

A savoir, dans le lien ci-dessous, j'ai lié une édition regroupant "La horde..." avec son premier livre, "La zone du dehors", qui est aussi un livre fabuleux sur la résistance et la révolte politique, 

Le cycle de Dune, Frank Herbert

Dune, pour moi c'est le sommet de la littérature de science-fiction des années 60. Comprenez bien: à cette époque, la science fiction, ce n'était pas raconter des histoires de gars se battant dans des robots géants dans l'espace. Et je vous dis ça, j'adore les robots géants. C'était avant tout un moyen de se poser des questions sur la vie, sur la science, sur l'univers, sur l'humain, en poussant certaines idées dans leurs retranchements en se servant de la fiction. Il est d'ailleurs très surprenant de constater à quel point certains romans avaient de l'avance et prédisaient avec une précision assez étonnante le futur. Minority Report, 1984... Les exemples ne manquent pas.

Dune, c'est un cycle que je relis régulièrement, tous les 5-6 ans. La dernière fois, c'était pendant la transplantation et la chimio. Pourquoi relire autant de fois non pas un, mais 7 livres? Simplement car ce sont des romans très riches, et que ma compréhension et mon analyse de l'histoire évolue à chaque fois, avec mon développement et ma maturité. Quand j'étais en 5ème, ce qui me plaisait, c'était les indomptables guerriers fremens combattant l'oppresseur en chevauchant les gigantesque vers des sables. Dernièrement, j'ai plutôt lu ce cycle sous l'angle du rapport à la mort et du sacrifice. Il y a quelques années, c'était sous l'angle de l'écologie...

Un des trucs que je préfère dans Dune, c'est que ce sont des histoires d'amour tragiques dignes des plus grandes tragédies. L'amour de Paul pour sa femme Chani, qui voit son futur et qui sait qu'elle va mourir prématurément en donnant naissance à leurs enfants, et qui essaie par tous les moyens d'éviter ce destin funeste. Mais c'est aussi l'amour de Chani pour ses enfants à naître et pour l'humanité, qui refuse que son mari mette l'univers à feu et à sang pour la sauver. C'est aussi l'histoire de l'amour fraternel entre Leto II et Ghanima, qui grâce à leur pouvoir de vision du futur savent que l'un d'entre eux va devoir se sacrifier et vivre un destin pire que la mort pour sauver l'humanité... Ou l'amour d'un chef pour son plus fidèle soldat, qui le fait constamment revenir à la vie au court des millénaire grâce à l'ingénierie génétique... 


Bon, normalement il faut citer 10 livres, alors je continuerais dans un prochain post :)


lundi 8 septembre 2014

Quand l'univers nous parle

Salut à tous !

Me voici de retour après une longue interruption. Je m’en excuse, mais j’avais besoin de souffler un peu et beaucoup de choses se sont passées récemment, d’où mon silence. Il se trouve que j’ai une grande nouvelle à vous annoncer et plein de choses à vous raconter, alors me revoici.

Avant de vous annoncer cette grande nouvelle, je voulais vous raconter une jolie histoire qui m’est arrivée récemment. Vous savez que je pratique un art taoïste et que je m’intéresse aux Amérindiens et au chamanisme : je vous avais par exemple raconté le Pow-wow de l’année dernière et cette histoire fabuleuse d’orques suivant le ferry transportant les reliques d’une tribu ayant pour totem ces animaux majestueux.

Depuis que je suis à Seattle, je cherchais à trouver quelqu’un qui puisse m’en apprendre plus sur ces traditions. Mes souhaits ont enfin été récompensés il y a quelques mois, quand j’ai rencontré une personne enseignant la tradition des chamans sibériens, les Ulchis.

Ce n’est pas exactement une culture amérindienne, mais cela s’en rapproche, de plus elle enseigne le tambour sibérien, lui aussi très proche du tambour amérindien. Son discours m’a beaucoup touché, j’ai vraiment apprécié son approche de la spiritualité et de la vie. Après un cours, je lui ai parlé du fait que je pratiquais un art taoïste et que j’étais assez étonné de voir que les Ulchis avaient une vision très proche de ce que je connaissais. Elle m’a souri en m’expliquant qu’en fait les Ulchis étaient descendant de peuples du nord de la chine, qui, ayant été persécutés et chassés par les Hans avaient fuit en Sibérie il y a plus de trois mille ans. C’étaient des taoïstes et leur tradition est basée sur sa version la plus ancienne, très chamanique dans sa nature, avant qu’il ne soit influencé par le confucianisme et le bouddhisme. Je trouve cela assez fort: son enseignement me parlait, et pour cause, puisque c’est un grand frère de ce que je pratique déjà. Comme quoi il n’y a pas de secret et j’ai vraiment trouvé une pratique qui me convient, c'est cohérent.

Lors du dernier cours, elle nous a expliqué que selon les Ulchis, lorsque nous sortons de notre demeure, nous devons faire attention à bien nous comporter, à être le plus silencieux possible (sans tomber, dans l’excès, on peut évidemment parler, mais crier comme un zouzou) car en fait nous sommes des invités dans la demeure des animaux, des arbres, des insectes... De la même manière que l’on se comporte avec respect lorsque l’on est dans la maison d’un hôte (humain), on se doit d’être respectueux de la Nature qui est notre hôte sur cette terre. Je trouve cette philosophie très belle et si tout le monde suivait ce conseil, le monde serait surement en bien meilleure santé.

Elle nous a ensuite dit que selon les Ulchis, toute chose dans le monde a un « esprit » (spirit) dans le monde invisible. Que cela soit nous, humains, qui avons tous un esprit gardien (à comparer à la tradition chrétienne parlant d’anges gardiens et des démons [daimon] grecs et romains), ou les arbres, les animaux, les villes... Même les voitures ont un esprit. Lorsque l’on sort de chez soi, tous ces esprits nous observent et les Ulchis affirment que lorsque l’on a une idée qui surgit de nulle part, une intuition subite, ce sont en fait des esprits qui nous « soufflent » l’idée.

En rentrant du cours en marchant, je pensais profondément à ce que je venais d’apprendre, et je faisais attention à marcher en faisant le moins de bruit possible, pour me comporter en « bon invité ». Et puis pris d’une inspiration soudaine, j’ai changé de chemin par rapport à d’habitude, pour profiter de l’ombre des arbres et de la tranquillité du parc qui n’est pas loin.

C’est alors que je suis tombé sur cette plaque d’immatriculation. On y lit « So mad », ce qui se traduit littéralement par « tellement fou », mais qui peut aussi se traduire suivant le contexte par « Tellement en colère ».




Je me suis arrêté, interlocuté... Tellement en colère... Oui, c’est vrai, à ce moment précis, j’étais tellement en colère, débordant de colère (pour des raisons diverses, problèmes avec l’équipe soignante de Seattle, avec l’assurance...). Est ce que la nature m'invitait au calme?

Ce n’est pas la première fois que ce genre de coïncidence m’arrive. Il y a un an, j’ai reçu de mauvaises nouvelles après un rendez-vous chez le médecin. Je vous passe les détails, en gros il m’expliquait que j’avais plus de séquelles qu’initialement prévu, et que ma convalescence serait probablement un peu (...) allongée. En sortant du cabinet, j’étais démoli et contrairement à mon habitude, je ne suis pas retourné directement à ma voiture, je suis sorti de l’hôpital pour marcher un peu dans le quartier. J’ai erré sans but pendant une petite demi-heure, et alors que le désespoir menaçait de me submerger, je suis tombé devant la vitrine de ce magasin. On peut lire sur la vitrine : « Alive and Well », ce qui se traduit par « En vie et bien portant ».





« C’est vrai », me suis-je alors dit. « Je suis en vie, je marche sur mes deux jambes... Je suis bien portant comparé à mon état lors de la transplantation! ».

Pourquoi suis-je passé devant ce magasin à ce moment ? Je ne vais jamais à cet hôpital en particulier, c’était un concours de circonstances qui m’y a emmené exceptionnellement, et d’habitude je rentre directement chez moi après un rdv chez le médecin. Alors pourquoi ?

La dernière coïncidence du même genre qui me vient à l’esprit s’est passée un an après la leucémie. Malheureusement, je ne retrouve pas la photo. Nous nous promenions avec Celia, et je lui parlais en ressassant tout ce qui s’était passé pendant la dernière année, en disant, « Tu te rends compte, si je n’avais pas eu la leucémie, à l’heure actuelle, je serais probablement chef de ma propre équipe, on aurait pu partir en vacances en Alaska, on aurait pu aller skier tout l’hiver... ». Et quand j’arrivais à la fin de mon discours, c’était reparti pour un tour, en boucle. Le bon radotage bien pathologique quoi.

Et puis tout à coup, en passant devant une maison avec un magnifique parterre de fleurs, j'ai aperçu  un panneau en bois peint, sur lequel on pouvait lire :

« En l’honneur de Leonore Wood, atteinte d'une leucémie à 2 ans en 2006, transplantée en 2008 et maintenant guérie ».

Et la je me suis dit, mais punaise, la pauvre gamine, les pauvres parents... Une leucémie à 2 ans ? 2 ans et plus de traitement puis de convalescence... Elle a probablement passé son enfance, de 2 à 5 ou 6 ans convalescente, dans le milieu hospitalier, éloignée de gamins de son âge, avec des séquelles qu’elle gardera probablement à vie... Moi je suis adulte, j’en bave un peu, mais j’ai fini ma croissance, j’ai des séquelles, mais rien qui ne se résorbera pas (plus ou moins) avec le temps... Faut que j’arrête de radoter un peu et que je serre les dents et que je continue à tenir bon !

Bref, où est-ce que je veux en venir ?

Peux importe que vous croyez aux esprits ou que vous pensiez que ce sont des coïncidences. Ce qui est important, c’est de marcher dans la vie les yeux ouverts, de façon consciente. D’être un invité poli qui respecte la Terre et qui écoute attentivement les messages qu’elle transmet. Beaucoup d’entre nous évoluons dans la vie de façon plus ou moins automatique, dans un brouillard hypnotique quasi permanent. Vous pensez peut-être "Mais certainement pas! Moi je suis conscient, pas endormi debout". Mais pensez-y quelques minutes... Dans notre vie de tous les jours, beaucoup de nos actions sont du domaine du réflexe : nous prenons toujours le même café dans le même bar le matin, nous passons toujours par le même chemin pour aller au boulot, nous jouons sur nos téléphones dans le métro sans regarder les gens, nous marchons dans la rue perdus dans nos pensées... Ne vous arrive-t-il jamais de vous demander si vous avez fermé la porte à clé? C'est un exemple parmi des milliers d'autres.

La vie est tellement magnifique, je crois qu’il est important de marcher conscient et éveillé, à l’écoute du monde et avec une certaine forme de respect pour celui-ci. Non ?

Écoutez les esprits :).

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